Yann Fiévet : « l’étau du centralisme bureaucratique français qui bride tellement les énergies créatrices par manque de moyens matériels et par surcroît de réglementations inadaptées aux circonstances régionales. »
Autrement dit, le coupable des malheurs de la Bretagne, c’est Paris. D’une certaine manière, c’est exact, mais en ce sens seulement que Paris est lourdement coupable d’avoir consenti à des transferts de souveraineté massifs vers des commissions non élues siégeant à Bruxelles. Pas un mot dans l’article ci-dessus sur les méfaits du libre-échange imposé par l’UE, sur la concurrence déloyale que fait à la Bretagen le secteur agricole allemand, où n’existe même pas de salaire minimum.
En réalité, si Paris ne plaît pas au patronat, qu’il soit breton ou autre, c’est parce que Paris, le niveau national, est le niveau de pouvoir dont émanent les législations sociales, arrachées de haute lutte par la classe ouvrière dans les siècles précédents. À l’inverse, l’UE, voilà le bon niveau : celui des privatisations, des délocalisations, de la liberté de mouvement des capitaux, de la casse sociale. On entendra donc jamais mettre en cause le jacobinisme européen, tant il est vrai qu’il y a un bon et un mauvais jacobinisme. Incriminer ce niveau national, en instrumentalisant le particularisme breton, est un moyen de faire sauter les législations, pardon : les ‘rigidités’, nationales, qui gênent notre oligarchie. Il est consternant que des gens qui se disent de gauche marchent dans cette grossière combine.
Consternant aussi le commentaire précédent. On est semble-t-il bien décidé à étouffer dans l’œuf la moindre velléité d’indépendance nationale, de volonté de s’affranchir de la tutelle insupportable des diverses commissions exécutives de Bruxelles, issues d’un coup d’État en douceur de la haute finance. Ainsi, toute tentative de restaurer le seul niveau où le peuple ait quelque chance d’avoir son mot à dire, relèverait de la réaction franchouillarde, alors qu’il est clair pour tous aujourd’hui que les forces réactionnaires sont européistes, comme le démontre l’acharnement avec lequel le MEDEF fait la promotion de la dénommée construction européenne.