L’incurie monstrueuse

Depuis toujours, un peu partout dans le monde, des guerres meurtrières sévissent. Elles finissent toujours par s’interrompre, son suivies d’une reconstruction plus ou moins malaisée. Des contrées entières du globe n’ont plus connu de guerres depuis longtemps. Et voilà qu’en 2020 la planète dans sa totalité est aux prises avec un ennemi non organisée en armée, un ennemi invisible que les sociétés les plus « avancées » ne se sont pas préparées à affronter, les plus pauvres à pouvoir le faire faute de moyens. L’ennemi sans visage a pourtant un nom : Covid 19. Cependant, nous ne sommes pas confrontés à une guerre contrairement à ce que proclame d’abusives déclarations officielles. Nous sommes assaillis par une pandémie. Elle va passer mais aura fait auparavant d’incommensurables dégâts humains dans les sociétés ayant négligées de se protéger ou dans celles qui étaient dans l’incapacité de le faire. Il ne s’agit pas non plus d’une crise. Après la traversée d’une crise les choses reviennent à peu près comme elles l’étaient auparavant. Là, il s’agit d’une catastrophe à partir de laquelle il sera impossible de restaurer les sociétés dans leur état préalable. Et, le moment venu, nous aurons à demander des comptes.

La France, contrairement à ce que prétendaient ses dirigeants lorsque le Coronavirus commença de sévir en Chine, est l’un des pays les moins bien armés pour contenir la pandémie. C’est affligeant pour une nation qui appartient à la sphère des pays dits développés et possédait il y a encore quinze ans l’un des premiers systèmes de santé au monde. Nul besoin d’une enquête approfondie pour déterminer les causes de cette vulnérabilité que l’on fait mine de découvrir quand la menace annoncée est devenue une dramatique réalité. Après quinze années d’une politique de santé de gribouille on manque de presque tout ce qui est nécessaire pour faire face à la propagation massive du dangereux virus : tests de dépistage, gel hydro-alcoolique, masques, respirateurs, lits de réanimation, infirmières, etc. Seul l’extrême dévouement des personnels soignants ne manque pas. Cela ne saurait être suffisant car ils ne peuvent tenir indéfiniment le front sans dommages graves dans leurs rangs. Du reste, quand ils furent appelés au front nouveau qui s’ouvrait cela faisait déjà un an qu’ils s’épuisaient à réclamer des moyens humains et matériels pour leurs hôpitaux, moyens que nos gouvernants s’obstinaient à leur refuser au nom d’un dogme budgétaire que l’on sait criminel désormais. On peut bien les applaudir tous les soirs à 20 heures, le mal est fait. On les envoie au casse-pipe comme disaient nos aïeux, et cela sans protection suffisante. Jugeons-en : il y avait en France au début des années 2010 près de deux milliards de masques. Lorsque le virus couronné pointa son nez il n’en restait plus que 110 millions ! Où sont passés les stocks ? Il paraît qu’une commission d’enqête sera nécessaire pour le savoir.

Puisque l’on manque de presque tout il n’y avait plus qu’à confiner tout le monde pour tenter de contenir la progression de l’ennemi invisible. Pour justifier la contraignante mesure on ajouta à l’imprévoyance coupable des mensonges encore plus coupables. On prétendit, avec l’aval de certains « scientifiques », qu’il ne sert à rien de faire des tests de dépistage pour toute la population et que « les masques ne sont pas vraiment utiles car les gens ne savent pas les utiliser ». Il fallait bien prendre rapidement le contre-pied de la pénurie organisée de longue date. Alors, on confina ! Pourtant, là aussi l’inconséquence est de mise. Comme nos dirigeants comptent ardemment faire repartir la machine économique sur les mêmes rails hasardeux une fois passée la pandémie il convient que le monde du travail ne soit pas trop à l’arrêt. Et, on entretint le flou autour des « activités indispensables à la vie de la Nation ». Le droit de retrait est praticable mais avec modération, et pas pour les précaires. Le télétravail c’est surtout pour les cadres. Les autres vont au charbon – encore nos aïeux ! – avec encore moins de protection que les soignants. Bref, nous sommes dans l’incurie, Du latin incuria signifiant défaut de soin, négligence, insouciance. Oui, tout cela à la fois. Une incurie monstrueuse !

Cependant, comme tout cela ne suffisait sans doute pas à vous discréditer, Monsieur Macron, votre police continue durant le confinement à matraquer les plus démunis. Ce fut le cas tout récemment avec l’évacuation particulièrement musclée du campement de fortune de migrants du nord-est parisien. Ces pauvres gens, hommes, femmes et enfants sont encore plus vulnérables que nos compatriotes face à la pandémie qui gronde mais vous ne trouvez rien de plus urgent que de les faire violenter davantage. Pour tout cela, Monsieur Macron, vous devrez, lorsque nous pourrons de nouveau nous mouvoir normalement, nous rendre des comptes. Vous avez décrété « l’état d’urgence sanitaire » – notion pour le moins floue aux dires de nombre de juristes – que vous pourriez songer à prolonger après le passage de la pandémie dans le but non avoué de faire taire toute contestation. Parions dès maintenant que cet ultime avatar de votre incurie, le cas échéant, ne suffira pas à éteindre l’incendie qui déjà couve sous la braise. Dans l’immédiat, il vous reste, pour sauver un peu votre honneur, à tout mettre en œuvre pour sauvegarder notre population au lieu de songer encore à protéger les intérêts des plus nantis comme vous le faites depuis votre arrivée à l’Elysée. Enfin, ce ne sera pas à vous, M. Macron, qu’incombera la responsabilité de (re)construire la société d’après-pandémie. Pour une raison évidente : les valeurs qui sont les vôtres n’auront pas la moindre place dans la construction d’une société enfin solidaire et plus sûre, plus sûre parce que solidaire.

Yann Fiévet

COMMENTAIRES  

29/03/2020 18:34 par Roger

ll faudra aussi se souvenir de tous ceux qui ont contribué à le placer là et de tous ceux qui ont rejoint LAREM par opportunisme.
On comprend tout d’un coup ce que ça voulait dire, au fond, une "révolution culturelle". Faudra-t-il aller jusqu’ à une "rééducation" à la campagne dans les champs de permaculture, quitte à se faire traiter de régime dictatoriale par les Chinois- de quoi rire jaune en effet !

29/03/2020 21:17 par Papa Razzi

Je vous trouve bien sévère avec notre Président de la République.
Je suis convaincu que Macron est un peu le Nostradamus des temps modernes, qui avait prévu la pandémie de Covid-19 bien avant tout le monde, mais ne pouvait l’annoncer de but en blanc.
C’est pourquoi sa communication s’entoura parfois d’un halo de mystères mais, tout comme les salariées illettrées de chez GAD, nous ne fûmes pas suffisamment affûtés pour en saisir le sens.
Aussi, essayons d’occuper dans ce qui suit notre temps de cerveau disponible, que la truculente Sibeth, notre Pythonisse, ne parvint à pénétrer.
Il apparaît clairement que la pensée macronienne s’articule en deux phases, autour de quelques phrases cultes, en apparence simplistes mais diablement efficaces.

Phase 1. Culpabilisation du Gaulois réfractaire qui sommeille en chacun de nous :
« Les salariés français sont trop payés... Les salariés doivent pouvoir travailler plus, sans être payés plus si les syndicats majoritaires sont d’accord. »
« Je n’aime pas ce terme de modèle social »
« Les aides sociales coûtent un pognon de dingue »
« Le chômage de masse en France c’est parce que les travailleurs sont trop protégés »
« La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler. »
« Il n’y a pas de culture française »
« Je traverse la rue, je vous trouve du travail »
« Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes. »
« 35 heures pour un jeune, ce n’est pas assez »

Phase 2. Exaltation de l’esprit d’entreprise :
« Les Britanniques ont la chance d’avoir eu Margaret Thatcher »
« Le libéralisme est une valeur de gauche »
« Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien. »
« Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires. »
« Bien souvent, la vie d’un entrepreneur est bien plus dure que celle d’un salarié, il ne faut pas l’oublier. Il peut tout perdre, lui, et il a moins de garanties. »
« Je dis aux jeunes : ne cherchez plus un patron cherchez des clients. »
« Je compte sur vous pour engager plus d’apprentis. C’est désormais gratuit quand ils sont mineurs. »
« Je ne suis pas là pour défendre les jobs existants. »
« Une start-up nation est une nation ou chacun peut se dire qu’il pourra créer une start-up. Je veux que la France en soit une. »

Une phase 3 n’aurait fait qu’ajouter de la perplexité dans nos esprits, il suffisait donc d’affirmer la détermination du monarque, en enfonçant soigneusement le clou :
« Je ne céderai rien ni aux fainéants, ni aux cyniques. »
« La France n’est pas un pays réformable. Beaucoup ont essayé et n’y ont pas réussi, car les Français détestent les réformes. Mais transformer le pays en profondeur pour retrouver le destin qui est le sien, ça, c’est un combat qui fait rêver les Français. »
« Vous pouvez parler très librement, la seule chose qu’on n’a pas le droit de faire, c’est de se plaindre. »

Et de conclure, magnanime et sûr de son fait :
« Le responsable vous l’avez devant vous, qu’ils viennent le chercher. »

29/03/2020 21:45 par babelouest

@ Papa Razzi
Bien résumé ! Toute la parole du MAÎTRE !

30/03/2020 05:33 par Antar

Est-ce que la France produit toujours la machine inventée par Joseph Ignage Guillotin ou sa fabrication a été aussi délocalisée ? Faudrait s’informer d’avance parce que vous en aurez besoin en quantité industrielle après la pandémie.

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