Il y a à peine deux années la presse mondialisée était à l’affût du moindre frémissement de la rue chez les Arabes et assimilés. Il suffisait que quelques dizaines de personnes se rassemblent pour qu’y soit vu le début d’un " printemps " dévastateur pour le gouvernement concerné.
La fébrilité était à son comble. A tel point que l’essentiel des moyens à l’international, reporters, équipe et matériels de tournage, était braqué sur la région. Depuis, il s’en est passé des choses, la fièvre et retombée et des foules peuvent s’égosiller sans que soit dépêché le moindre photographe. Peut-être que si, mais pour faire dans le service minimum. Pas plus. Plus question de s’exciter sur un "changement" en marche ou une explosion populaire vouée à se transformer en "révolution".
C’est ainsi, que les Marocains ont pu manifester par milliers à Rabat, sans que le bruit qu’ils ont fait ait fait conclure au pire. En Tunisie, la partie de bras de fer qui se joue entre le pouvoir en place, détenu par les Frères d’Enahdha et l’opposition ne donne pas non plus beaucoup de grain à moudre aux rédactions jadis "printanières". Absence de visibilité ou modification des données de base, le constat est là. Le "printemps" n’est plus un concept porteur que l’on peut appliquer aux événements actuels. Parce que les mouvements en cours sont plutôt plus ciblés dans leurs déterminations. Au pays du Makhzen ce sont les atteintes au pouvoir d’achat qui suscitent la colère contre les Frères du PJD, auxquels le roi a concédé la fiction de gouverner, en Tunisie c’est l’enlisement des Frères dans l’incapacité de produire les miracles de la "solution" qu’ils étaient censés détenir. Dans les deux cas, le "printemps" a été décrété avoir eu lieu, donc nous pouvons supposer qu’il n’y a plus rien à voir. Même si pour les peuples en question la situation soit a empiré, soit n’a pas évolué dans le sens voulu par les révoltés.
Le fait est qu’il y a eu reconsidération de l’analyse sur ces peuples, réduits un temps à des organismes primaires animés par des pulsions instinctives. Désormais, leur attitude fait peur. Ils n’ont plus l’expression de ces cyber-activistes et "droitsdelhommistes", en phase avec la "démocratie "labellisée" in". Ils sont eux-mêmes, tels qu’ils sont, avec leurs propres aspirations, qui ne figurent pas dans les stratégies des officines occidentales, qui ne sont pas intégrées dans la feuille de route idéalisée d’une ouverture débridée aux "forces du marché". Pis encore, les peuples ont très rapidement perçu qu’en guise d’ "amis" ils avaient plutôt des adversaires à combattre et à neutraliser. Un développement inattendu du processus, qui a dû refroidir l’ardeur des "démocratiseurs" et semer le trouble dans leurs certitudes d’être dans la phase finale d’établissement de leur hégémonie. Maintenant c’est un formidable retour de flamme qui doit être affronté, dont les effets ne sont pas encore connus et qui émane des tréfonds des populations. Là où la notion de démocratie est forte de tous ses signifiants.
Ahmed Halfaoui
"De toutes les ironies exprimées par la politique étrangère américaine, notre position vis-à -vis de Cuba est la plus paradoxale. Une forte dégradation de la situation économique a provoqué une poussée du nombre de Cubains entrant illégalement aux Etats-Unis.
Nous faisons tout ce que nous pouvons pour détériorer la situation économique et ainsi accroître le flux. Nous encourageons également cet exode en accordant aux Cubains, qui arrivent illégalement ou qui s’approchent par voie de mer, un statut de résident et une assistance pour s’installer.
Dans le même temps, nous n’avons pas respecté les quotas de visas pour les Cubains désireux d’immigrer aux Etats-Unis [...] quand Castro tente d’empêcher des cubains malheureux de quitter leur pays infortuné, nous l’accusons de violer des droits de l’homme. Mais quand il menace d’ouvrir grand les portes si nous continuons à accueillir sans limites des cubains sans visas - y compris ceux qui ont commis des actes de violence pour aboutir à leurs fins - nous brandissons des menaces imprécises mais aux conséquences terribles. "
Jay Taylor, responsable de la section des intérêts américains à Cuba entre 1987 et 1990, in "Playing into Castro’s hands", the Guardian, Londres, 9 août 1994.