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Le 2 février 1943, Stalingrad rallume l’espoir !

Le 2 février 2013 a marqué le 70ème anniversaire de la victoire de Stalingrad.
Hélas ! un silence médiatique assourdissant recouvre d’une véritable chape de plomb ce coup de tonnerre qui ébranla le monde, sonnant l’offensive de la victoire et le glas de l’entreprise de destruction nazie.

Monde politique, médias, documents historiques, films et téléfilms semblent aux abonnés absents. Tout au plus se contente-t-on de repasser un film qui réduit cet événement à un affrontement entre tireurs d’élite !

Chacun sait que les communistes sont paranoïaques, qu’ils voient des fascistes et de l’anticommunisme partout.

Peut-être parce que c’est tout bonnement une partie de la réalité !

En Estonie, en Lituanie, en Hongrie, ce sont les anciens SS collaborateurs qui sont aujourd’hui fêtés après avoir été réhabilités. En France, c’est une autre forme de révisionnisme qui règne, l’oubli et le silence sur cette première victoire qui préluda à celles de Koursk et de Leningrad, portant ensemble le coup fatal à l’hégémonie et à la barbarie nazies.

Quelques faits méritent d’être rapportés : avant le Pacte de non-agression germano-soviétique, que des esprits bien intentionnés raccourcissent volontiers en Pacte germano-soviétique, comme si cette modification n’était pas sans importance historique, l’Union soviétique a cherché, ardemment, une alliance avec la France, l’Angleterre et la Yougoslavie. Cette alliance a été sur le point de se concrétiser. Un de ses artisans fut pour la France un homme de droite qui avait néanmoins compris ce que signifiait l’arrivée au pouvoir d’Hitler et des nazis. Inlassablement, malgré les bâtons dans les roues que lui mettaient un certain nombre de dirigeants français, Louis Barthou, ministre des Affaires étrangères, travaillait à un accord.

A son poste, il essaie de lutter contre les menées hitlériennes en attirant la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Union soviétique dans un front antinazi. Il prône aussi l’isolement de l’Allemagne en montant contre elle une série d’alliances avec les États de l’Europe centrale alliés à la France, la Pologne en particulier, dans un pacte oriental qui n’aboutira pas. Mais le 9 octobre 1934, alors qu’il accueille à Marseille le roi Alexandre Ier de Yougoslavie, celui-ci est assassiné par un fasciste oustachi. Barthou reçoit lui-même une balle. Officiellement, une coïncidence, ce que l’on appelle à présent un dommage collatéral. Pourtant, alors qu’il n’est que blessé, il attendra plus d’une heure des secours qui ne viennent pas et décède. Sa mort signera le glas de la politique d’entente avec l’Union soviétique. Il faudra attendre 1974 pour que soit officiellement reconnu qu’il a été touché par la balle d’un policier français ! Malgré cela, les Soviétiques continuent à rechercher pareille alliance.

Selon Georges Bonnet, ancien radical devenu ministre des Affaires étrangères en 1938, farouchement partisan d’une entente avec l’Allemagne d’Hitler, il faut « lanterner les Soviétiques », leur faire croire que la porte n’est pas fermée tout en cherchant et scellant une alliance ailleurs. En 38, il signe les Accords de Munich, en 39, il reconnaît officiellement la légitimité de Franco - alors que deux ans plus tôt la politique de non-intervention en Espagne a contribué à condamner le gouvernement légal du pays et à renforcer l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie - avant de se rallier à Pétain.

Le Pacte de non agression germano-soviétique est donc un pis-aller pour l’URSS, incapable à ce moment de mener seule une guerre contre la puissance allemande. L’historien gaulliste Paul-Marie de la Gorce estimera que les atermoiements franco-anglais face à une« grande alliance » contre l’Allemagne nazie, leurs concessions à Hitler, notamment divers accords comme l’accord naval anglo-allemand de 1935, les accords de Munich en 1938 ou le traité de non-agression franco-allemand peuvent expliquer que l’URSS perçoive les démocraties occidentales comme indifférentes sinon délibérément hostiles envers elle et se rabatte sur un accord momentané et circonstanciel avec l’Allemagne. Churchill lui-même écrira dans ses Mémoires que « l’offre des Soviétiques fut ignorée dans les faits. Ils ne furent pas consultés face à la menace hitlérienne et furent traités avec une indifférence, pour ne pas dire un dédain, qui marqua l’esprit de Staline. Les évènements se déroulèrent comme si la Russie soviétique n’existait pas. Nous avons après-coup terriblement payé pour cela » conclura-t-il. Une analyse qui ne doit pas d’ailleurs interdire aux communistes une réflexion sur la nature de ce Pacte qui contenait des clauses secrètes injustifiables. Ainsi, la Gestapo s’engageait à livrer au NKVD les réfugiés russes présents sur le territoire allemand, en échange de quoi l’URSS livrait à l’Allemagne de nombreux réfugiés antifascistes allemands et autrichiens réfugiés en Union soviétique…

Lancés dans une guerre impitoyable - les directives nazies stipulaient que sur le territoire de l’Union soviétique les lois de la guerre n’existaient plus et qu’il fallait considérer comme ennemis hommes, femme et enfants - victimes d’une barbarie qui multipliait les Oradour, les peuples de l’URSS, malgré des revers et des pertes immenses, surent mettre en oeuvre une résistance inouïe qui permit non seulement dans un premier temps de desserrer l’étau d’une armée infiniment supérieure en nombre et en matériel, mais de contenir puis de repousser les assauts avant de lancer une contre-offensive qui permit la déroute totale de l’envahisseur.

Stalingrad marquera le premier grand tournant de la guerre. Au prix de 487 000 morts et de 630 000 blessés, les Soviétiques jetteront à bas le mythe de l’invincibilité allemande. Il ne s’agit pas de minimiser le rôle des États-Unis dans la lutte contre le nazisme, mais qu’il nous soit permis de souligner que rien qu’à Stalingrad les pertes soviétiques dépassèrent le total des pertes américaines pour l’ensemble de la guerre, tous théâtres des opérations confondus.

Le 2 février 2012 doit être rappelé et célébré partout, par les communistes certes, mais aussi par tous les démocrates. Du 17 juillet 1942 au 2 février 1943, dans la boue, la neige, le froid, les rationnements, dans une ville bombardée, pilonnée, rasée, meurtrie, l’Armée rouge et des dizaines de milliers de civils ont tenu bon, pour défendre leur pays mais également pour sauver le monde.

Quelques mois plus tard, ce sont eux encore qui porteront le coup fatal après lequel rien ne sera plus comme avant. Du 5 juillet au 23 août 1943, à Koursk, ils mettront un terme aux offensives sur le Front de l’Est, y laissant 500 000 soldats.

L’URSS de cette époque regroupait dans ses différentes républiques 194 090 000 habitants. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, elle déplorera la mort de 10 700 000 soldats et de 15 900 000 civils, au total 26 600 000 morts. 13,7% de la population.

Comment alors oublier ?

« On me dit aujourd’hui que ces mots n’ont plus cours
Qu’il vaut mieux ne chanter que des chansons d’amour
Que le sang sèche vite en entrant dans l’Histoire
Et qu’il ne sert à rien de prendre une guitare »

Le poète a toujours raison. Sa guitare s’est tue mais ses mots résonnent encore.

A nous de tenir le flambeau et de ne pas laisser la flamme s’éteindre…

Pour la section Oswald Calvetti du PCF :

Roger Martin

URL de cet article 19208
   
Chroniques de GAZA 2001-2011
Christophe OBERLIN
L’auteur : Christophe OBERLIN est né en 1952. Chirurgien des hôpitaux et professeur à la faculté Denis Diderot à Paris, il enseigne l’anatomie, la chirurgie de la main et la microchirurgie en France et à l’étranger. Parallèlement à son travail hospitalier et universitaire, il participe depuis 30 ans à des activités de chirurgie humanitaire et d’enseignement en Afrique sub-saharienne, notamment dans le domaine de la chirurgie de la lèpre, au Maghreb et en Asie. Depuis 2001, il dirige (…)
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