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Le 14 juillet de Maréchal Le Pen

Quand Marion Maréchal Le Pen ose parler de résistance...

Évanescente à l’Assemblée nationale où son travail parlementaire est surtout l’occasion à propositions délirantes, Marion Maréchal Le Pen a donc beaucoup de temps libre.

La députée de Vaucluse (merci Catherine Arkilovitch, merci le PS vauclusien) est donc en campagne pour les élections régionales (le cumul des mandats n’a jamais effrayé personne dans la tribu Le Pen : Strasbourg et Paris se concilient très bien par la grâce d’un taux d’absentéisme qui frise des records).

Donc, l’ex-préférée du vieux chef borgne (elle semble avoir renié tardivement celui qu’elle appelait encore il y a peu « Daddy ») a lancé au Pontet sa campagne.

Emportée par son lyrisme, elle a proclamé vaillamment son amour pour la Provence et ses habitants.

« La Provence est une terre d’identité et de résistance. Résistance des princes provençaux à l’invasion sarrasine, résistance face à la terreur révolutionnaire, face à la Réforme protestante, face à l’occupant allemand, face au funeste projet de l’Union européenne en 2005… »

Holà ! N’en jetez plus !

Où Maréchal Le Pen a-t-elle donc appris l’Histoire ? Dans les œuvres complètes du royaliste Lorant Deutsch, dont nous avons dit il y a quelque temps tout le mal qu’il fallait en penser, ou les pensums truffés d’erreurs du ci-devant compilateur Henri de Fersan, de son vrai nom Christophe Picard, dont l’incompétence à la bibliothèque d’Orange était telle que même Jacques Bompard avait dû se séparer de lui ?

Les responsables protestants de notre pays, indignés, ont justement répondu à la muscadine que le protestantisme français était au fondement même de la République. Mieux, que la guerre livrée à la Réforme protestante dans l’actuelle Provence se manifesta par le massacre de plus de 2000 personnes et la mise à sac dans la vallée du Luberon de Lourmarin, Peypin d’Aigues, Cabrières, Mérindol…

Quant à la « résistance à la terreur révolutionnaire », pourquoi ne pas l’appeler par son nom : Terreur blanche ? Pourquoi ne pas rappeler qu’elle fit en quelques mois de 1795 beaucoup plus de morts que celle que l’on impute (y compris ceux qui en furent les vrais responsables), à Robespierre ? Pourquoi ne pas préciser la nature et l’identité de ces vaillants « résistants » qui égorgèrent 45 jacobins à Aix-en-Provence les 10 et 11 mai, cent prisonniers au Fort Saint-Jean à Marseille le 5 juin, qui ensanglantèrent le Comtat-Venaissin, qualifié de Vendée provençale ? Pourquoi ne pas dire ce que les travaux d’historiens ont révélés : que ces bandes de massacreurs et d’égorgeurs étaient composées d’anciens fédéralistes, d’aristocrates exilés revenus exercer leur vengeance, de déserteurs, de criminels ? Qu’au centre de la toile des réseaux se trouvaient des agents anglais, comme le célèbre Wickam qui recrutait contre argent sonnant ses mercenaires en plein Lyon ? Que la plupart des cibles appartenaient aux couches les plus populaires de la société, laboureurs de Tarascon, ouvriers de l’Arsenal à Toulon, canuts à Lyon ou à l’armée, curés de campagne qui avaient soutenu les idéaux de la Révolution, jacobins qui tentaient d’empêcher le retour à l’ancien régime, et, encore, protestants ?

Et, tiens, puisque Maréchal Le Pen aime le Vaucluse et le Sud, comme le prétendent des affiches dignes de Léni Riefenstahl, comment oublier que parmi ces victimes de la Terreur blanche figurait un garçon de 13 ans, que célèbreront Hugo et Aragon, Joseph Viala, qui mourut en tentant de couper les cordages du bac de Bompas sous les balles blanches fournies par l’Angleterre aux contre-révolutionnaires qui marchaient vers Lyon.

Le drapeau de Maréchal Le Pen et de ses séides n’a rien à voir avec le drapeau tricolore. Le leur c’est le drapeau blanc à la fleur de Lys ! Ils se proclament « républicains », mais leurs ancêtres politiques, qui, eux-aussi, haïssaient les protestants, s’appelaient « royalistes ». Les massacreurs de 1795, de 1830, de 1848, de 1871.

Enfin, comment, en Vaucluse, Maréchal Le Pen ose-t-elle évoquer la Résistance ? Il est vrai qu’elle peut se pavaner le 27 mai à Carpentras ou le 2 août au Beaucet, remettre des gerbes au pied de monuments qui honorent des combattants tombés en luttant contre la barbarie nazie ! Ne sait-elle pas qu’à Sarrians les tueurs d’Albin Durand et Antoine Diouf appartenaient au Parti Populaire Français et à la Milice, comme sept des co-fondateurs du Front national ?

Les mots, les idéaux, les valeurs sont aujourd’hui pervertis.

« Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur la plaine ? », chantaient les Résistants, les vrais, pour appeler au réveil des consciences engourdies de ceux qui se bouchaient les oreilles et s’enfonçaient la tête dans le sable.
Allons, que diable, un peu de ce courage ne peut pas ne pas avoir été transmis à leurs petits-enfants !

Allons-nous laisser, chaque jour un peu plus, ceux qui combattent encore s’épuiser contre l’Infâme ?

Indignez-vous ! Pourquoi pas ?

Mais l’indignation sans l’action, sans l’engagement de tous les jours, c’est comme mettre un cautère sur une jambe de bois, comme vouloir guérir le cancer avec un tricostéril…

« Il est contagieux l’exemple du courage » écrivait Aragon en 1943 dans France Écoute…

Celui de la lâcheté, aussi. Hélas !

Roger MARTIN


La mode est donc aux admirateurs de la royauté. Deutsch hier, Macron, aujourd’hui, Maréchal hier et sans doute demain. À quand le retour de l’Action française et la mise à mort de la « Gueuse » ? L’antisémitisme officiel ? Ah, quand reviendra donc cette époque non politiquement correcte où le prétendant au trône se retirait dans ses cabinets sur ces mots empreints d’une exquise délicatesse : « Je vais parler aux juifs » ?

»» http://www.pcf84danielecasanova.fr/2015/07/le-14-juillet-de-marechal-le-pen.html
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