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La grande presse et ses vérités

Il y a un filon inexploité qui pourrait nourrir les études à venir sur la dégénérescence qui a atteint les médias dominant la planète. Chaque jour qui passe, les lecteurs de journaux, les auditeurs de radios et les téléspectateurs sont soumis au feu roulant d’une information que les auteurs ne prennent même plus la peine d’emballer. A tel point, qu’il n’y a aucun effort à faire pour cueillir les plus beaux mensonges.

L’un des derniers en date se trouve dans une dépêche de l’Agence France Presse (AFP), reprise par le Figaro en ligne du 31 octobre, sous cet intitulé : « L’aéroport de Hama : prison terrifiante ». On peut y lire qu’un certain Mourad Al Hamwi, 25 ans, a été détenu pendant 75 jours à l’aéroport parmi 57 personnes dans un cachot de 4 mètres sur 3, soit une surface de 12 m². Un simple calcul peut permettre de se rendre compte que l’AFP ne contrôle rien des communiqués fournis par l’Office syrien des droits de l’homme (OSDH). Elle se serait rendu compte que l’espace carcéral cité aurait offert 0.021 m² par prisonnier et que les victimes auraient survécu, à cet incroyable entassement, deux mois durant. Mais l’AFP ne vérifie pas et peut surtout mentir elle-même dans le mépris qu’elle a pour l’intelligence de sa cible.

Plus tôt dans le mois, concernant Bani Walid, c’était soit « La Libye qui reprend le contrôle de Bani Walid » (La Croix), soit « Des forces pro-gouvernementales s’emparent de Bani Walid » (Nouvel Observateur), soit « L’armée libyenne prend Bani Walid sur fond d’anniversaire » (toujours le Nouvel Observateur), soit « La remise en ordre de Bani Walid, un test pour l’autorité du pouvoir » (Le Monde), soit Les forces pro-gouvernementales « libèrent » Bani Walid » (France 24) et ainsi de suite. Et puis, il y a eu cette sortie du « ministre de la Défense » libyen, qui a déclaré que « ce qu’on appelle "’Dourou Libya’’ ne sont que des bandes de hors-la-loi que son ministère ne reconnaît pas ». On l’aura compris « Dourou Libya », c’est ce que nos médias très déontologiques nommaient soit « la Libye », soit « l’armée libyenne », soit les « forces pro-gouvernementales ». Comme, bien entendu, la déclaration du ministre n’a pas été reprise par ces grands titres. Il a fallu la trouver dans le tout petit site alwihdainfo.com. Là où la grande masse des lecteurs n’ira pas fouiner.

Selon le Nouvel Observateur du 9 octobre, concernant l’Iran on pouvait apprendre ceci : « Iran. On peut être pendu pour une manifestation ». Le titre glace d’effroi. En fait, il reprend l’avis d’un avocat devenu célèbre grâce à un autre gros mensonge qui a fait la une durant des semaines. Il s’agissait de l’Iranienne, qui avait été condamnée à mort pour avoir été complice dans l’assassinat de son mari, par son amant. A cette époque, la grande presse parlait de « lapidation pour adultère », un autre déni de vérité et pour le mode d’exécution qui n’a pas cours en Iran et pour le chef d’inculpation qui est tronqué. L’écrasante majorité de l’opinion intoxiquée ne saura jamais que la condamnée (Sakineh) n’a écopée que de dix ans de prison et qu’elle risque d’être libérée en conditionnelle sous peu, après avoir purgé la moitié de sa peine.

Les mêmes n’auront pas dit un mot sur cette citoyenne d’Arabie, Amina Bint Abdul Halim Ben Salem Nasser, exécutée pour « sorcellerie », en décembre 2011, par la justice des Al Saoud. (*)

Ahmed Halfaoui

lesdebats.com

(*) NdR : l’Arabie Saoudite a exécuté 1,750 condamnés entre 1985 et 2008. Les exécutions s’effectuent par décapitation au sabre et se déroulent en public, sur une place appelée "place coupe-coupe" par les expatriés.

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Donde Estan ? ; Terreurs et disparitions au Pérou (1980-2000)
Daniel Dupuis
La pratique des arrestations illégales, des tortures et des exécutions en dehors de tout procès régulier puis de la dissimulation des dépouilles (d’où le terme de « disparus ») est tristement célèbre en Amérique latine où les dictatures ( l’Argentine de la junte militaire, le Paraguay dirigé par le général Alfredo Stroessner, le Chili tenu par Augusto Pinochet...) y ont eu recours. De 1980 à 2000, sous un régime pourtant démocratique, l’armée du Pérou n’a pas hésité à recourir à la terreur (…)
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En transformant les violences de l’extrême droite vénézuélienne en "révolte populaire", en rhabillant en "combattants de la liberté" des jeunes issus des classes aisées et nostalgiques de l’apartheid des années 90, c’est d’abord contre les citoyens européens que l’uniformisation médiatique a sévi : la majorité des auditeurs, lecteurs et téléspectateurs ont accepté sans le savoir une agression visant à annuler le choix des électeurs et à renverser un gouvernement démocratiquement élu. Sans démocratisation en profondeur de la propriété des médias occidentaux, la prophétie orwellienne devient timide. L’Amérique Latine est assez forte et solidaire pour empêcher un coup d’État comme celui qui mit fin à l’Unité Populaire de Salvador Allende mais la coupure croissante de la population occidentale avec le monde risque un jour de se retourner contre elle-même.

Thierry Deronne, mars 2014

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