La pratique des arrestations illégales, des tortures et des exécutions en dehors de tout procès régulier puis de la dissimulation des dépouilles (d’où le terme de « disparus ») est tristement célèbre en Amérique latine où les dictatures ( l’Argentine de la junte militaire, le Paraguay dirigé par le général Alfredo Stroessner, le Chili tenu par Augusto Pinochet...) y ont eu recours.
De 1980 à 2000, sous un régime pourtant démocratique, l’armée du Pérou n’a pas hésité à recourir à la terreur pour combattre la guérilla sanguinaire du Sentier lumineux. Sous trois gouvernements successifs élus au suffrage universel, dans le silence de la population péruvienne et de la communauté internationale, plus de 13 000 personnes ont ainsi disparu après avoir subi toutes sortes de violences. Les paysans indiens de l’Altiplano, pris entre deux feux, ont été les principales victimes de ce crime de masse.
En s’appuyant sur de très nombreux témoignages, Daniel Dupuis expose les mécanismes, les responsabilités et les conséquences de cette pratique systématique de la disparition forcée.
Au lendemain de la condamnation d’Alberto Fujimori pour violation des droits de l’homme, il montre que le sort de la fragile démocratie péruvienne est aujourd’hui intimement liée à la reconnaissance des droits et de la mémoire des familles des victimes.
A travers cet ouvrage, ce sont aussi les usages et les mécanismes de la raison d’Etat, l’indifférence des masses face aux excès du pouvoir, l’instrumentalisation de la question du terrorisme et les problèmes liés à la mémoire des minorités qui sont abordés.
L’ouvrage est préfacé par Christian Rudel, écrivain et journaliste, spécialiste reconnu de l’Amérique latine, dont le dernier ouvrage (Réveils amérindiens. Du Mexique à la Patagonie) a paru en 2009 aux éditions Karthala.
384 pages, prix public 20 euros.
ISBN : 978-2-916952-26-0
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