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Le soldat est un être humain n’est-ce pas ? (Mahsanmilim)

Lundi 1er août 2011, au lever du soleil, les soldats d’occupation ont assassiné Mu’tasem Udwan et Ali Khalifa et gravement blessé Ma’amun Awad.

C’était le premier jour du Ramadan.

Le meurtre est toujours choquant. Parce qu’ensuite il n’y a plus rien. Mais ce qui m’a le plus choquée c’est que sa mère l’ait vu peu après le meurtre par terre près de la porte de sa maison, sa cervelle répandue sur le sol. C’est comme ça qu’elle l’a trouvé, son fils et quelque part c’est ce qui m’a le plus retournée. Parce que lui est mort, il est déjà parti et j’ai pensé aux trous qu’il laissait derrière lui. Mais ce trou particulier, celui de la mère de Mu’tasem, est ce qui m’a totalement bouleversée.

D’un côté, ce qui est arrivé ce matin-là au camp de réfugiés de Qalandiya n’est pas extraordinaire. Les soldats d’occupation envahissent un village palestinien ou un autre, surtout la nuit, sous un prétexte ou un autre, puis ils enfoncent les portes et après avoir enfoncé les portes ils cassent tout dans la maison, les placards, les vitres et la télévision et habituellement enlèvent un jeune ou un autre sur qui on a dit ci ou ça, quelque chose de vrai ou de faux, un témoignage généralement arraché par la force à un autre enfant dont on peut raisonnablement penser qu’il a dit tout ce qu’on voulait qu’il dise et avoué tout ce qu’on lui a ordonné d’avouer, et le plus souvent on jette des pierres aux forces d’occupation et les soldats tirent sur les lanceurs de pierre qui ne sont que des enfants, et ils envoient des gaz lacrymogènes et tirent avec des balles en caoutchouc et aussi à balles réelles dans les maisons et dans les rues sans raison particulière et à la fin des gens sont tués et blessés et cela n’a rien d’extraordinaire. Pas dans le camp de réfugiés de Qalandiya en tous cas ni dans toute la Cisjordanie occupée.

Pourtant les meurtres de Ali Khalifa et Mu’tasem Udwan ont été considérés comme un événement unique et différent de tous les autres événements de ce genre qui sont devenus la routine avec le temps.

Les gens ne cessaient de répéter, "comment ils ont pu faire une chose pareille," et les croyants et les incroyants demandaient "pourquoi justement le premier jour du Ramadan".

Et ce n’est pas parce que le sang d’une personne assassinée pendant le Ramadan est plus précieux que celui des victimes des autres jours. Mais plutôt parce que les gens ne peuvent pas passer leur temps à se plaindre et à crier "Non ! c’est insupportable, inacceptable". Car s’ils le faisaient ils perdraient toute leur joie, leur résistance et leur capacité de se surpasser, d’élever correctement leurs enfants en dépit de tout et de vivre en dépit de tout sans compter qu’il est généralement trop dangereux de se révolter et que cela demande une formidable énergie.

Mais il y a des moments où la vérité qui est toujours là cachée, apparaît soudain au grand jour et le temps s’arrête.

Le Ramadan est un moment symbolique de ce genre. Peut-être parce que pendant le Ramadan les magasins restent ouverts la nuit et qu’on a le devoir de faire des bonnes actions. Peut-être parce que les gens ont besoin de moments qui changent de l’habitude et que ces moments sont offerts par la religion et la tradition et pas seulement aux Palestiniens sous Occupation.

"Voilà ce qui est arrivé cette nuit-là " nous a dit notre ami, Haitham Hamed. Un homme doux et sympathique du camp de réfugiés de Qalandiya. "Voilà ce que j’ai entendu dire.

Ils sont venus chercher Wajih. Wajih Haitham Khatib. Un adolescent de 15 ans. Ils étaient plus de 200 soldats. 200 soldats pour arrêter un jeune de 15 ans. 200 soldats sont venus chercher un jeune et on tué deux adultes. Voilà ce qui est arrivé.
Ils viennent sans arrêt au camp tous ces soldats israéliens. Ils envoient tous ces soldats juste pour arrêter un enfant ou deux... Et la police des frontières et... Ils viennent et reviennent de mille directions différentes. D’ici, de dehors, de la colonie voisine. Ils viennent d’en haut ou d’en bas ou du camp où étaient les avions (ce qui était autrefois l’aéroport d’Atarot) ou de la grand route ou de n’importe quelle route.
Cette fois ils sont venus des alentours de la colonie voisine.

Et on l’accuse - c’est ce que j’ai entendu dans le camp- savez-vous de quoi on l’accuse ? Vous connaissez la colonie à côté du camp ? Non ce n’est pas Psagot, comment elle s’appelle déjà  ? Ah oui, Kochav Hashachar. On l’accuse d’avoir brûlé la montagne."

"Brûlé la montagne ?

Avec tous les soldats et la police des frontières et les gars en jeep avec leurs armes et les clôtures et les gardes et les caméras partout. Il est allé là -bas et a brûlé une montagne ?"

"Quelle histoire. On n’arrive pas à y croire. Mais c’est ce que ses parents m’ont dit. C’est de ça qu’il est accusé. Cet adolescent de 15 ans est accusé d’être allé près de la colonie et d’avoir brûlé la montagne.

Les soldats ne connaissaient pas son adresse exacte. Alors ils sont entrés dans plusieurs maisons. Et dans chaque maison ils ont cassé des choses. C’est ce qu’on m’a dit. Et c’est normal qu’ils cassent des choses. Ils ne savent pas se conduire autrement.

D’abord ils démolissent les portes avec la machine spéciale qu’ils ont. Ils ne frappent pas. Ils agissent toujours de même : sans dire un mot, ils placent leur machine sur la porte et appuient sur un bouton et -boum- la porte s’ouvre. Toujours. Pas seulement de temps en temps. Comme ils ont fait chez nous, tu te rappelles ? Les gens remplacent beaucoup de portes dans notre camp (rires).
Bref, ils sont venus au camp et n’ont pas trouvé le garçon. Ils ne l’ont pas trouvé.
Alors si vous ne trouvez pas le garçon vous semez la terreur ? N’est-ce pas Tammi ? Vous ne trouvez pas le garçon alors vous tuez deux personnes ?
Et alors qu’est-ce qu’ils ont fait ? Ils ont arrêté son cousin qui a 22 ans. Ils n’ont pas trouvé Wajih alors ils ont pris son cousin et ont dit qu’ils le garderaient jusqu’à ce que le père livre son fils."

Et Tamar dit : "C’est épouvantable, Haitham. Epouvantable. Non seulement ils les tuent mais ils prennent son neveu ... le kidnappent...."

"Oui," répond Haitham. "Et son père l’a amené à la prison d’Ofer le lendemain, je crois. Pour qu’on libère son neveu... Sous quelle sorte de loi vivons-nous ? Arrêter son cousin et dire à son père que quand il livrera son fils il pourra reprendre son neveu... De quelle loi s’agit-il ? Obliger le père à livrer son propre fils. De ses propres mains il mène son fils à la prison. Et l’enfant sait qu’il y va...

Je ne veux pas vous mentir. On leur a jeté des pierres. Ils ont quitté la maison de Wajih pour aller dans une autre et on leur a jeté des pierres. Mais ils sont souvent venus au camp pour arrêter des gens et à chaque fois on leur a jeté des pierres. Et ils n’ont pas toujours réagi comme cette fois-ci.

Alors pourquoi êtes-vous venus cette fois-ci pendant le Ramadan ? Pour arrêter un jeune de 15 ou 16 ans ? Et vous saviez qu’il y aurait du monde dans la rue à cause du ramadan. Et vous saviez qu’on vous jetterait des pierres.

Je voudrais dire quelque chose à propos des pierres qu’on jette. Jeter des pierres c’est le pire que nous faisons. Car qui dans le camp aurait le courage de prendre un fusil et de tirer sur les soldats. Alors au maximum on jette des pierres. Ou parfois un cocktail Molotov, pas vrai Tammi ? Au pire une cocktail Molotov ou des pierres.
Alors on a jeté des pierres, qu’est-ce que ça peut faire. On n’assassine personne avec une pierre n’est-ce pas ? Une pierre ne tue pas, elle peut tout au plus blesser. Et c’est pour ça que vous êtes venus tuer deux personnes ?

"Mu’tasem, Mu’tasem Udwan, la première personne qu’ils ont tuée, c’était mon voisin," nous dit Marwan, un habitant du camp que nous venons juste de rencontrer. "Il habitait à 10 mètres de chez moi. Nous avons tous été réveillés par les tirs... C’était la guerre... Je suis monté sur le toit. Et j’ai vu un soldat dans la rue. Son fusil était placé sur un trépied.... Mu’tasem a ouvert la porte pour regarder dehors à cause des tirs et du bruit. Un bruit terrible... Des gaz lacrymogènes et des tirs en rafale.

Mu’tasem qui regardait vers le bas de la rue n’a pas vu le soldat. Le soldat lui a tiré une balle réelle dans la tête et il est tombé sur le sol.

Il a ouvert la porte de chez lui et un soldat lui a tiré une balle réelle dans la tête... et sa cervelle s’est répandue par terre.

Et voilà qu’il n’avait plus de tête. Il n’avait plus de tête...

J’ai tout vu de mon toit. Je m’en rappellerai toute ma vie. Il n’avait plus de crâne... et sa cervelle était répandue par terre.

Abu Ali, Ali Khalifa, l’autre personne assassinée habitait au pied de la colline. Mais cette nuit-là il se trouvait au camp. Un peu comme nous faisons les jour fériés. Il était allé voir des amis chez qui il a passé la nuit. Toute la nuit. Ils ont joué du tambour avant le lever du jour pour réveiller les gens pour qu’ils puissent aller chercher du pain et d’autres choses avant le début de la journée de jeûne.

Et puis tout a commencé.

Quand les tirs sont devenus vraiment intenses il a voulu rentrer chez lui. Il voulait partir. Sa voiture était stationnée près de chez moi.

Il y est peut-être allé parce qu’il ne connaît pas le camp comme nous le connaissons, c’est pour ça qu’il est allé chercher sa voiture.

C’est alors qu’il a vu Mu’tasem par terre. Tout seul. C’était seulement 6 minutes après qu’il ait été tué. Il s’est approché de Mu’tasem. Il a peut-être pensé qu’il était blessé et a voulu l’aider. Il n’a pas vu le soldat...

Et le soldat l’a tué aussi. De deux balles. L’une après l’autre. Et un trou s’est ouvert dans son ventre. Et il est tombé juste à côté de Mu’tasem.

C’est comme ça qu’il est mort.... Que Abu Ali est mort..."

"Haitham, pourquoi tu l’appelles Abu Ali ?"

Son nom était Ali Khalifa. Mais on l’appelait Abu Ali, parce que son nom c’est Ali. Alors on a ajouté Abu (père en arabique, signe de respect, ndt). Comme ça".

"Tout le monde les connaissait" ajoute Haitham. "Le camp est petit mais tout le monde connaissait mieux Abu Ali.

Je le connaissais bien, la veille je l’avais vu à la station service en train de laver sa voiture. Et plus tôt dans la journée aussi. Il était avec moi en prison. Quand nous étions enfants. Dans le Russian Compound (à Jérusalem NdT).

C’était une bonne personne... Il aidait les autres, les personnes âgée, on n’arrive pas à croire qu’il est mort, je t’assure. Il est mort. C’est incroyable. Et il est de Jérusalem. Oui, de Jérusalem. Il habitait en bas de la colline. Pas dans le camp... Ses parents paient les impôts locaux.

Je connaissais Mu’tasem aussi mais pas très bien. Il était sympathique. Vraiment sympa. Il étudiait à l’université. Il devait avoir son diplôme dans un an. Mais il n’avait jamais commis aucun délit. Il n’avait même jamais lancé des pierre. Il était chez lui. Il regardait par la porte et on lui a tiré une balle dans la tête."

"Et celui qui a été blessé, Ma’amun Awad, on lui a tiré dessus dans sa voiture" dit Marwan. "Il essayait de partir et les soldats ne voulaient pas le laisser passer alors il les a suppliés et finalement ils ont jeté une bombe lacrymogène dans sa voiture et comme la fumée se répandait, il a ouvert la porte pour échapper à la fumée et ils lui ont tiré dessus avec une M-16 ; il est blessé maintenant. Gravement blessé.

"Tu le connais peut-être" dit Haitham, "c’est Ma’amun Awad ; son père tient la station service de Semiramis, là où se trouvait le camp de l’armée et les soldats lançaient des pierres sur les taxis palestiniens, tu te souviens ? Pauvre homme ! Il a pris deux balles. Deux balles dans la colonne vertébrale et les docteurs craignent que si on essaie de les extraire, il ne reste paralysé. Ils disent que si on enlève les balles, il sera paralysé."

Et il est retombé dans son silence. j’ai laissé passer un peu de temps, puis je lui ai demandé : "Haitham, après que Mu’tasem ait été tué, est-ce que sa famille l’a vu ?" Parce que cela me hantait toujours.

"Bien sûr qu’ils l’ont vu. Il a été tué à l’entrée de sa maison.

Au début sa mère était à l’étage et regardait ce qui se passait dehors. Elle a vu quelqu’un par terre, la cervelle éparpillée sur le sol... Elle ne s’est pas tout de suite rendu compte qu’il s’agissait de son propre fils. Pauvre homme, elle a dit, pauvre enfant, il est blessé, et elle pleurait sans savoir que c’était son fils. Mais elle a vite compris. Elle s’est précipitée dehors. Elle ne le reconnaissait pas. Sa tête avait explosé ; la cervelle s’était répandue sur le sol. Comme ils l’ont tous dit et tout a été arraché au dessus des yeux. Et sa mère est devenue folle, pauvre femme. Nous avons tous pleuré avec elle. Elle s’arrachait les cheveux. Elle est malade ; elle est malade maintenant...

Ce qui est particulièrement insupportable, c’est que Mu’tasem était dans sa maison. Il était chez lui. Vous savez ce que cela veut dire, chez soi ? C’est là que se trouve votre coeur. C’est ce qu’il y a de pire. De plus douloureux. Je me trompe ?"

"Je n’ai pas pu manger pendant 4 ou 5 jours après tout ça" dit Marwan, "ni dormir correctement... Pas après avoir vu sa cervelle par terre... Sa chair brûlante ; la sienne et celle de Abu Ali, brûlantes... Les viscères de Abu Ali par terre... Toute cette chair, comme de la viande... Après le départ des soldats je suis descendu les voir, Mu’tasem et Abu Ali. Je voulais ramasser tous les morceaux de chair qui étaient par terre et les mettre sur le côté. Mais on m’a dit de ne pas le faire. Qu’on allait les emmener aussi et les recoudre plus tard dans leurs corps.... Alors nous avons tout rassemblé et nous avons tout mis dans des sacs plastiques et c’était brûlant, brûlant, leur chair était brûlante."

"Je crois qu’ils le font exprès," a ajouté Haitham. "C’est exprès Tammi... Les gens ici n’ont rien à faire de toutes façons et ils n’ont rien et leur vie est très dure. Tellement dure... Alors pourquoi profiter du ramadan pour faire ça ? Pourquoi faire une chose pareille et détruire leurs dernières illusions ?"

"C’est pour ça justement," ai-je dit. "C’est pour détruire toutes leurs illusions. Leurs... Comment dit-on en Hébreu, j’ai oublié".

"Pour qu’ils n’aient plus d’espoir, Aya. C’est le mot que tu cherches : espoir. C’est ça leur but."

"Je ne suis pas raciste," reprend Haitham. "Je vois les choses sous plusieurs angles. Il peut se passer ceci ou cela et je réfléchis encore et encore. Et je ne mets pas tout le monde dans le même panier. Mais eux ils font tout cela par racisme. J’en suis sûr. Ils ne le font pas à cause des pierres ni à cause de Wajih. Mais par racisme pur et simple. Autrement ils n’auraient pas tué ces deux personnes.
C’est leur racisme qui a tué Mu’tasem. Et Abu Ali. Leur racisme..."

"L’atmosphère au camp est très pesante maintenant. Notre coeur est lourd" conclut Haitham, en brisant un long silence. "Et nous avons peur. La peur des soldats ne nous quitte pas. Nous avons peur d’être tués si nous sortons la nuit. Ils tirent de très loin. Et la nuit les bruits portent. Les gens n’osent plus ouvrir leurs fenêtres tellement ils ont peur.

Voilà , je vous ai raconté tout ce qui est arrivé dans le camp la première nuit de Ramadan... Tout ce qui s’est passé."

A., est un autre de nos amis de Qalandiya (A. est un de nos meilleurs amis qui nous demande de respecter son anonymat car il a peur que si les soldats apprennent qu’il nous parle de ce qui se passe dans le camp, ils ne s’en prennent à sa famille). C’est lui qui nous a parlé de tout ça le premier, tout de suite après que ça soit arrivé. Il nous a appelées 20 minutes après le meurtre dans le camp, alors qu’on entendait encore l’appel à la première prière du Ramadan, que Mu’tasem était déjà mort, et Ali pas encore et que Ma’amun était inconscient et tout ça semblait irréel comme un roman, un film ou un cauchemar.

Voilà ce que A. nous a dit : Mu’tasem était intelligent, vous savez. Il a entendu du bruit... On dit "Cet homme a fait son temps". Il a ouvert la porte et a fait un pas dehors, les soldats ont vu un gars regarder dehors et ils lui ont tiré dessus.
Je ne sais pas mais pour moi il n’est pas mort tout seul, c’est quelqu’un qui lui a tiré dessus. Cet homme a été tué par balle. Celui qui a tiré, je veux dire, qu’est-ce qu’il dit à sa famille chez lui maintenant ?

Il est assis tout seul chez lui ; il a peut-être des enfants et sûrement une famille ou une mère, des frères, un père lui aussi... Et il est assis chez lui et il raconte qu’il a tué un enfant aujourd’hui. Pourquoi ? il ne sais pas pourquoi. Parce qu’il n’y a pas de raison. Qu’avait fait ce jeune ? Qu’est-ce qu’il m’avait fait ? Etait-il armé ? Non il ne l’était pas. Etait-il, comment vous dites, un combattant arabe ? Non pas du tout. Et je sais qu’il n’avait rien sur lui. Il ne jetait pas de pierres, il a juste fait un pas dehors et soudain je l’ai tué, pourrait dire le soldat.

Et moi je vous le demande, ce soldat, que peut-il dire ?

S’il a un coeur, qu’est-ce qu’il peut dire ?

Il dira peut-être, mon dieu, pourquoi est-ce que je l’ai tué ? Voilà ce que je crois. Il ne peut rien dire d’autre parce que, pourquoi, pourquoi l’a-t-il fait ?"

Et Tamar dit, "je pense qu’il est assis chez lui en train de... réécrire l’histoire.... de se fabriquer un scénario approprié."

"Non, non, attends," l’interrompt A. "Il l’a fait et il le sait bien.

Il aurait pu viser sa jambe, n’est-ce pas ? Il aurait pu lui tirer dans la jambe et le blesser. S’il avait voulu. Mais il a visé la tête.

Et Tammi, sur leurs fusils, ils ont un.... il regarde dans son viseur... il regarde et il sait. Tu comprends... Alors je ne sais pas ce qu’il..... comment il se sent, assis chez lui, en sachant, en sachant qu’il a tué.

Dites moi, le soldat est un être humain, n’est-ce pas ?

Il a un coeur, n’est-ce pas ? Alors qu’est-ce qu’il se dit à lui-même. Qu’aujourd’hui j’ai tué un garçon. Qu’est-ce qu’il se dit à lui-même....."

Aya Kaniuk et Tamar Goldschmidt.

Traduit de l’Hébreu par Tal Haran et de l’Anglais par Dominique Muselet.

Pour consulter l’original : http://mahsanmilim.com/mu3tasem&3ali.htm#english

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