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Plans d’ intervention militaire contre Cuba

Juin 2003

Cuba, point de mire des États-Unis

Par PASCUAL SERRANO *

Plus personne ne met en doute aujourd’hui le fait que la nouvelle politique extérieure de l’administration Bush repose sur l’interventionnisme
militaire, sans respect aucun ni des institutions internationales ni
de l’ opinion publique mondiale. L’excuse de la lutte contre le terrorisme a
été un alibi parfait pour un changement de politique ; la menace du
communisme durant la guerre froide. D’autres ont été moins efficaces, comme la
lutte contre le trafic de stupéfiants. Le silence des Nations unies après l’
invasion de l’Irak, la mise au pas de l’Union européenne (UE) et le
contrôle de fer que le gouvernement nord-américain maintient dans la plupart
des pays arabes par le biais de dictatures fantoches, lui garantit l’impunité.

Les États-Unis ne cessent d’envoyer des ballons-sondes sur leurs
prochains objectifs militaires. Fondamentalement la Syrie, la Corée, l’Iran et
Cuba.

De même qu’ils l’ont fait en Irak, la stratégie consiste à semer dans
les institutions internationales, les gouvernements amis et l’opinion
publique internationale le germe de la complicité contre le terrorisme
international des pays menacés d’intervention, sous l’accusation de dictature et
violation des droits de l’homme. Il ne fait aucun doute que cette campagne
contre Cuba se développe à un rythme accéléré. Voyons comment.

Le 30 avril dernier, dans le rapport annuel Patrons du terrorisme
mondial,
le gouvernement des États-Unis inscrit à nouveau Cuba dans la liste
des pays
qui protègent le terrorisme au niveau international, avec l’Irak,
l’Iran, la
Syrie. Le Soudan, la Libye et la Corée du Nord. Le rapport affirme que
bien
que bien que Cuba ait signé les 12 conventions et protocoles
internationaux
contre le terrorisme, et le Soudan 11, les deux pays continuent de
soutenir
des organisations internationales considérées comme terroristes. Un
fait
hautement paradoxal lorsqu’on sait que Cuba, à quatre reprises, a
proposé
officiellement aux États-Unis la signature d’un Programme bilatéral de
lutte
contre le terrorisme, ce que le voisin du Nord a toujours refusé.

N’oublions pas non plus les déclarations du vice-président Dick Cheney
le
jour de l’occupation de Bagdad, lequel a affirmé que c’était là un
message
clair en direction de tous les pays pratiquant le terrorisme.

De son côté, en mai 2002, le sous-secrétaire d’État, John Bolton,
accusait
Cuba de posséder un programme d’armes biologiques. Et il faut
souligner d’
autre part de nombreuses déclarations de membres de l’administration
Bush,
comme celles de son frère Jeb Bush, gouverneur de Floride, qui a
affirmé qu’
après le succès de l’Irak, Washington devait en finir avec le régime
cubain ;
ou celles de l’ambassadeur nord-américain en République dominicaine,
Hans
Hertell, qui a affirmé que l’agression contre l’Irak était un signal
très
positif et que c’était un très bon exemple pour Cuba. Et d’ajouter que
l’
invasion du pays arabe ne marquait que le début d’une croisade de
libération
qui concernerait les pays du monde entier, y compris Cuba.

Les intentions militaires des États-Unis à Cuba se sont manifestées
dans des
publications comme Military Review, une revue de l’École de commando
et
état-major de l’armée des États-Unis, dans laquelle un article du
lieutenant
colonel Geoff Demarest, dans l’édition de septembre-octobre 2002,
aborde
sans déguisements le rôle de l’armée nord-américaine dans le cas d’une
transition à Cuba. Tout en affirmant dans le deuxième paragraphe que
le rôle
de l’armée étasunienne pourrait consister en des opérations de
stabilité et
de soutien au nom de l’application de la loi et/ou de soutien à des
agences
de secours, il consacre ensuite tout un paragraphe sur ce thème sous
le
titre éloquent : Un rôle pour l’armée des États-Unis ?

Et il commence à énumérer toutes les raisons qui justifieraient l’
intervention militaire : La migration vers l’île et de l’île ; les
arsenaux (y
compris ceux des milliers de petites armes et de munitions) ; l’énorme
site
de recueil d’information électronique de Lourdes ; des soupçons de
trafic de
stupéfiants de la part de membres du régime de Castro et un soi-disant
programme d’investigation et de développement de guerre biologique ne
sont
que quelques points qui pourraient compliquer la transition. Le
lieutenant-colonel termine en disant que pour l’armée des États-Unis
le
message est clair : l’armée des États-Unis pourrait être aussi utile
pour
sa capacité d’interaction avec les militaires cubains, que pour son
habileté
à les menacer.

Si l’on observe les notes des pieds de page concernant le paragraphe
qui
énumère les éléments pouvant justifier une intervention de l’armée
nord-américaine, on observe que toutes ces affirmations se fondent sur
des
travaux journalistiques réalisés par des agences et personnes
financées par
le gouvernement des États-Unis (El Nuevo Herald, Miami Herald,
Hermanos al
rescate, Cubanet/Cubanews, Washington Times Insight magazine).

Comme nous le verrons plus loin, lorsque les États-Unis parlent de
liberté d
’expression et de journalistes dissidents, ils se réfèrent à des
agences de
presse et des rédacteurs dirigés et financés par le gouvernement Bush
avec
pour seul objectif de semer des arguments qui, comme nous l’avons
vérifié
dans le texte de ce militaire, seront utilisés postérieurement pour
justifier une intervention militaire.

FINANCEMENT DE LA DISSIDENCE

Quels sont les mécanismes de financement de ces soi-disant
journalistes et
agences indépendants ?

La Section des intérêts des États-Unis fournissait systématiquement
une aide
matérielle et financière. Depuis des radios et moyens techniques de
toute
sorte, jusqu’à des salaires de 100 dollars par mois pour tous ceux qui
rendaient visite au chef de la mission nord-américaine James Cason.

En 2000, l’Agence internationale pour le développement des États-Unis
(USAID) a fait don de 670 000 dollars à trois organisations cubaines
pour
aider à la publication à l’étranger de travaux de journalistes
indépendants
de l’île¼ et les distribuer à Cuba.

Les fonds que destine l’USAID au financement de la dissidence cubaine
sont
exceptionnels. Pour aider à la création d’ONG indépendantes à Cuba, 1
602
000 dollars ; pour planifier la transition à Cuba, 2 132 000 dollars ;
pour
évaluer le programme, 335 000 dollars. Tout cet argent est recueilli
auprès
de groupes des États-Unis. Voyons quelques exemples. Le Centre pour
une Cuba
libre, qui est chargé de recueillir de l’information auprès des
groupes de
droits de l’homme pour la diffuser et la distribuer, a reçu 2 300 000
dollars en 2002. Le Groupe de travail de la dissidence interne, 250
000
dollars ; Freedom House, chargé de la question stratégique pour le
programme
de la transition à Cuba, 1 325 000 dollars ; le groupe de soutien à la
dissidence, 1 200 000.

D’autres encore, comme l’Institut pour la démocratie à Cuba ou
l’Institut
républicain international. En 2001, l’agence Cubanet a reçu 343 000
dollars
et 800 000 en 2002 ; le Centre américain pour le travail international
de
solidarité, dont l’objectif social déclaré est de persuader les
investisseurs étrangers de ne pas investir à Cuba, 168 575 dollars.
Action
démocratique cubaine a reçu 400 000 dollars en 2002.

Entre 1997 et 2002, l’Agence des États-Unis pour le développement
international a destiné à ces fins 22 millions de dollars. Le 2 mars
dernier, le secrétaire d’État assistant aux Affaires de l’hémisphère
occidental, Curtis Struble, a signalé que l’USAID investirait cette
année 7
autres millions de dollars pour un « soutien économique » à Cuba, et le
26 de
ce même mois, Colin Powell a annoncé au Sénat un budget de 26 900 000
dollars pour les transmissions de Radio et Télévision Marti.

Radio Marti transmet depuis les États-Unis 1 200 heures par semaine,
contrevenant à la réglementation de l’Union internationale des
télécommunications et violant l’espace radio-électrique cubain avec
des
appels à la subversion interne, à des actes de sabotage et à 
l’émigration
illégale.

Il est donc évident que derrière les dénommés dissidents, journalistes
et
agences indépendants, il n’y a pas autre chose que de l’argent du
gouvernement des États-Unis avec un but clair et précis.

LES COMBATTANTS DE LA LIBERTÉ

Il faut également connaître le profil de combattants de la liberté
parmi les
dénommés leaders et intellectuels de la dissidence. Parmi ceux qui ont
été
condamnés récemment, le plus significatif est le « poète » Raul Rivero.

Ancien membre des associations de journalistes et écrivains de Cuba,
sa
conversion a été vertigineuse : il a été engagé par le puissant Herald
de
Miami, le quotidien le plus conservateur du sud de la Floride, et
catapulté
à la vice-présidence pour la Caraïbe de la société interaméricaine de
presse
(SIP), qui regroupe les patrons des principaux médias des États-Unis
et d’
Amérique latine. Un vieil antre de conspirateurs de l’époque de la
guerre
froide au service de Washington.

Un des personnages les plus connus est Carlos Alberto Montaner,
condamné à 
Cuba en 1961 en raison de sa participation à une organisation
terroriste qui
camouflait des explosifs dans des paquets de cigares. Ayant fui le
pays
durant la crise des fusées, il s’engagea dans les forces spéciales de
l’
armée étasunienne. Fiché par la CIA dans les années 60, il arriva en
Espagne
en 1970, fondant les éditions Playor et l’agence de presse Firmas
Press.
Montaner fut chargé de faciliter l’entrée en France du terroriste Juan
Felipe de la Cruz, qui mourut dans l’explosion de la bombe qu’il
transportait. Montaner est un des porte-drapeaux explicites de
l’annexion de
Cuba par les États-Unis. En 1990, il constitua la Plateforme
démocratique
cubaine (CDC), organisation dissidente à l’intérieur de l’île. Parmi
les
membres de cette organisation se trouvent MS Cruz Varela, Hubert
Matos, José
Ignacio Rasco et Juan Suarez Rivas. Carlos Alberto Montaner fut en
outre
membre fondateur de la Fondation hispano-cubaine (FHC).

Un autre dissident bien connu au niveau international, surtout après
avoir
reçu le prix Sakharov par le Parlement européen, est Oswaldo Paya,
dont on
dit qu’il a obtenu un soutien massif à Cuba pour son Projet Varela
signé par
11 000 Cubains -dans un pays de 11 millions d’habitants- et 5 000
Européens
de 15 pays. Un projet qui, comme l’attestent des documents signés par
le
dissident Carlos Alberto Montaner, est parti de l’initiative de
gouvernements étrangers. Le responsable de la Section des intérêts des
États-Unis à La Havane, James Cason en personne, a reconnu que le plan
pour
la transition démocratique a été consulté à Miami auprès de la
Fondation
nationale cubano-américaine et du Conseil pour la liberté de Cuba,
responsables de plusieurs attentats ayant causé la mort de civils à 
Cuba et
aussi de tentatives d’assassinat contre le président cubain.

Une des excentricités de Paya est celle d’affirmer que Fidel Castro
est
heureux de la violation des droits de l’homme à Guantanamo et de
déclarer
dans une interview au Paà­s Semanal de Madrid du 9 mars dernier, que
sous la
dictature de Batista la presse à Cuba était incroyablement libre. Ce
brillant intellectuel, sans ressources économiques connues, a fait une
tournée de plusieurs mois dans le monde entier. Carlos Fazio le dit
très
clairement : la stratégie pour la fabrication de leaders est simple et
l’
exemple d’Oswaldo Paya éloquent : on crée un nom, une organisation de
façade
ou une ONG ad hoc (dans son cas le Projet Varela) ; on lui organise des
tournées à grands coups de publicités et programmées de telle sorte
qu’il
soit reçu par de grandes personnalités (le pape Jean Paul II ; le chef
du
gouvernement espagnol José Maria Aznar ; le président Vicente Fox, le
secrétaire d’État Colin Powell), et on lui décerne des prix qui
mettent le
personnage bien en vue (Paya a reçu du Parlement européen le prix
Sakharov
des droits de l’homme et a été proposé au prix Nobel). C’est ainsi que
se
construit peu à peu le profil de crédibilité du personnage dont on
veut
asseoir la puissance, une tâche qui est amplifiée ensuite par des
spécialistes de la publicité et « de grandes plumes démocratiques » des
médias
d’Amérique et d’Europe.

Un autre personnage significatif est Hubert Matos. Il passa 20 ans en
prison
pour s’être soulevé avec ses hommes (il était chef du régiment de
l’armée
rebelle à Camagüey) dix mois après le triomphe de la Révolution. A sa
sortie
de prison (et de Cuba) en 1979, il forma le groupe Cuba indépendante
et
démocratique (CID). Le journaliste et ex-batistien Luis Manuel
Martinez, a
dit de Matos qu’à partir du moment où il a quitté l’île « il est tombé
dans
les mains de la CIA ». Il fut directeur de La voix du CID, une émission
sur
ondes courtes qui émettait vers Cuba et qui était partiellement
financée par
la CIA, comme l’a reconnu Jeff Whitte, propriétaire de Radio Miami
international.

Une preuve de son esprit libérateur est la réponse qu’il fit au
journaliste
Hernando Calvo Ospina lorsque celui-ci l’interrogea sur les relations
de la
dissidence avec des cadres d’entreprises voulant investir à Cuba :
« nous ne
pouvons nous porter garants de ces investissements lorsque le régime
tombera ; ils ne seront pas respectés parce qu’ils ont été complices du
régime ; ils seront des causes de friction. Mais s’ils nous proposent
une
bonne aide économique, on peut négocier ».

Le clan Estefan (Gloria et Emilio) a beaucoup d’influence.
Actionnaires de
Bacardi, ce qui signifie participation à des actes terroristes au
Nicaragua,
en Angola et à Cuba, et complicité dans le vol de brevets cubains.
Gloria et
Emilio Estefan financent d’autres organisations paraterroristes comme
Hermanos al rescate, qui ont violé pendant des années l’espace aérien
cubain.

En ce moment, l’écrivaine Zoe Valdés, totalement inconnue jusqu’à ce
qu’elle
reçoive le prix Planète, est très en vogue. Peu avant la guerre en
Irak,
elle avait écrit un texte dans le quotidien Le Monde où elle disait
avoir
envie de voir éclater la guerre pour qu’on la laisse tranquille « avec
ces
sacrées signatures ». Le journaliste espagnol Javier Ortiz qualifie les
points de vue émis par Zoe Valdés durant une conversation en 1985,
alors qu’
elle était encore une écrivaine inconnue et l’épouse d’un haut
fonctionnaire
de l’ambassade de La Havane à Paris et dirigeant du Parti communiste
de
Cuba, de « castrisme réellement répugnant ».

Finalement, deux figures importantes d’origine non cubaine que nous ne
pouvons oublier de mentionner, le Français Robert Ménard et le
Mexicain
Jorge Castañeda. Ménard est le secrétaire général de l’ONG Reporters
sans
frontières, une organisation qui au lendemain de la mort de deux
journalistes sous la canonnade d’un blindé nord-américain à Bagdad,
consacrait pratiquement toute la front page de son site web à 
l’absence de
liberté d’expression à Cuba. Interrogé par le journaliste Hernando
Calvo
Ospina sur la priorité qu’accordait son organisation au thème Cuba, il
avait
répondu : il est dangereux d’être journaliste en Colombie ou au Pérou,
mais
il existe la liberté de presse. Dans ces pays il y a des journalistes
assassinés et en prison, mais les familles et les collègues peuvent
dénoncer
cela. Le 20 mai dernier, le Comité des Nations unies chargé des ONG a
sanctionné Reporters sans frontières, recommandant la suspension pour
un an
de son statut consultatif pour actes incompatibles avec les principes
et les
objectifs de la Chartes des Nations unies.

En ce qui concerne Jorge Castañeda, ex-ministre de l’Extérieur
mexicain, il
lui échoit le mérite d’avoir réussi à mettre fin à l’historique
trajectoire
de bonnes relations du Mexique avec Cuba. Le porte-parole de la Maison
Blanche, Ari Flescher, avait annoncé avant le président Fox sa fin en
tant
que ministre, dans les derniers jours de 2002.

ÉMIGRATION ET DÉSTABILISATION

Un des mécanismes utilisés par les États-Unis pour provoquer le
gouvernement
cubain et déstabiliser la société de l’île est l’émigration. La
politique
nord-américaine s’emploie fondamentalement à encourager et favoriser
des
actes d’émigration violents et spectaculaires qui projettent à 
l’extérieur
une image de désespoir. L’objectif n’est pas de normaliser la
politique
migratoire, ni même d’offrir des possibilités aux Cubains dissidents
en
territoire nord-américain, mais uniquement de déstabiliser. Une des
lois au
service de ce projet est la Loi d’ajustement cubain de 1966, durement
critiquée par le gouvernement de l’île et qui montre, une fois de
plus, que
les États-Unis ne mesurent pas tout le monde à la même aune.

A la différence de n’importe quel autre émigrant latino-américain, en
vertu
de la Loi d’ajustement, tout Cubain qui touche les côtes
nord-américaines
reçoit le permis de séjour. Si le balsero est Haïtien, il sera
immédiatement
renvoyé dans son pays ; ce qui n’est pas le cas pour le Cubain.

Il arrive que des Cubains auxquels les autorités nord-américaines ont
refusé
d’accorder le visa pour entrer légalement aux États-Unis le reçoivent
en
vertu de la Loi d’ajustement cubain lorsqu’ils s’en vont dans une
embarcation de fortune ou détournent un moyen de transport.

On constate que c’est précisément la politique opposée qu’applique
l’Europe
pour dissuader l’émigration irrégulière africaine et
latino-américaine. L’
Europe récompense ceux qui utilisent la voie régulière des ambassades
et
punit de rapatriement et de déni du droit de séjour, durant des
années, ceux
qui arrivent en bateau ou par d’autres voies illégales.

L’objectif des États-Unis, avec cette politique de non-respect des
accords
migratoires, est d’augmenter la pression interne et d’encourager les
détournements d’embarcations et d’avions. Il est certain que si le
gouvernement de Cuba appliquait à nouveau la politique de 1994,
laissant la
voie libre à l’émigration incontrôlée, les États-Unis auraient un
nouveau
prétexte d’intervention, alléguant la menace que supposerait pour leur
sécurité nationale l’arrivée massive de Cubains illégaux.

Cuba est donc en butte à la plus forte incitation à l’émigration
illégale.
Durant les sept mois qui ont précédé les procès, il y a eu sept
séquestrations d’avions et d’embarcations cubains.

Ces séquestrations, certaines assorties de l’usage d’armes et de
prises d’
otages, sont considérées par la législation internationale comme des
actes
de terrorisme et pénalisées par les conventions internationales.
Cependant,
pour quatre de ces cas, les États-Unis n’ont intenté aucune procédure
contre
leurs auteurs, qui vivent librement en territoire nord-américain.

Selon Fidel Castro, ce plan a été mis en marche le jour même où a
commencé
la guerre, environ deux heures avant l’agression militaire de l’Irak,
avec
le détournement d’un avion de passagers -qui se rendait de Nueva
Gerona,
dans l’île de la Jeunesse, à La Havane- par six délinquants de droit
commun
qui ont brandi des couteaux similaires à ceux que portaient les
pirates des
avions de passagers qu’ils ont projetés contre les tours jumelles. Ils
ont
obligé l’avion cubain détourné de sa route avec 36 personnes à bord à 
atterrir à Key West. (...) Quelques jours plus tard, un procureur de
Miami
décrétait le droit à la liberté provisoire des pirates de l’air. Une
telle
chose ne s’était pas produite depuis neuf ans, c’est-à -dire depuis la
signature des accords migratoires entre les États-Unis et Cuba, et
elle
avait lieu brusquement deux heures avant la guerre (16). Cette
impunité a
donné lieu à une succession de séquestrations accompagnées de la prise
de
dizaines d’otages.

La complicité des États-Unis dans le terrorisme des séquestrations est
telle
que le 1er juin un juge nord-américain a confisqué au gouvernement
cubain et
vendu aux enchères le DC-3 qui avait atterri à Key West et l’avion
russe
AN-24 détourné en avril par un homme armé de grenades.

Non seulement on ne sanctionnait pas les terroristes qui détournent
des
avions civils avec des otages à bord, mais on confisquait ceux-ci à 
leur
propriétaire -le gouvernement cubain- et on les vendait aux enchères.

Toute cette stratégie obéit à un plan conçu à l’avance et qui consiste
à 
provoquer, par une vague de séquestrations, une crise migratoire qui
servirait de prétexte à un blocus naval, ce qui conduirait
inévitablement à 
une guerre. Ainsi, cyniquement, Kevin Whitaker, chef du Bureau Cuba du
Département d’État, a averti La Havane que les séquestrations d’avions
et de
bateaux cubains constituent une menace pour la sécurité des
États-Unis.

Les attitudes des gouvernements cubain et nord-américain sont
diamétralement
opposées en ce qui concerne la séquestration d’avions. Alors que
beaucoup
des 51 avions cubains détournés entre 1959 et 2001ont été confisqués
par les
États-Unis et que pas un seul pirate de l’air n’a été sanctionné, Cuba
a
condamné 69 des auteurs des 71 détournements des États-Unis sur Cuba ;
les
deux autres ont été mis à la disposition de la justice
nord-américaine.

UNE HISTOIRE DE TERRORISME

La possibilité d’une intervention nord-américaine à Cuba est aussi
réelle
que le démontre la trajectoire d’actions hostiles et terroristes,
plans d’
attentats contre le président et violations constantes de la
législation
internationale maintenue par les États-Unis pour en finir avec le
système
socialiste cubain.

Depuis la tentative d’invasion à Playa Giron, en 1961, les actions
armées se
comptent par centaines. Parmi les actes les plus sauvages figurent le
sabotage en plein vol d’un appareil de Cubana de Aviación en 1976 au
large
de la Barbade, dans lequel moururent les 73 personnes à bord, et la
vague d’
attentats terroristes contre les installations touristiques, dans les
années
90, organisés et financés par la Fondation nationale cubano-américaine
(FNCA) et qui provoquèrent la mort d’un touriste italien.

D’après le gouvernement cubain, la politique terroriste
nord-américaine a
coûté à Cuba 3 478 morts et 2 099 handicapés. Le gouvernement des
États-Unis
a toléré ces actions, et a même attenté physiquement, à certaines
occasions,
à la vie du président Fidel Castro et d’autres dirigeants de la
Révolution.

Il est le responsable du sabotage perpétré contre le bateau français
La
Coubre et de l’incendie et de la destruction du magasin El Encanto ; il
a
organisé et soutenu avec ses forces armées l’invasion manquée de Playa
Giron ; il est responsable de nombreuses attaques pirates aériennes et
navales contre des populations cubaines sans défense et contre des
installations civiles ; il a appuyé l’incendie de plantations de canne
à 
sucre, le mitraillage du territoire cubain, l’agression d’humbles
pêcheurs
cubains et l’assassinat de combattants de la Police nationale
révolutionnaire et des Troupes garde-frontières.

Le gouvernement nord-américain porte une part de responsabilité dans
les
actes terroristes perpétrés à l’aide de bombes et d’explosifs contre
les
missions diplomatiques de Cuba au Portugal, auprès de l’ONU et dans
d’autres
pays, causant la mort et blessant grièvement des fonctionnaires
diplomatiques cubains. Il est responsable de la disparition physique
de
diplomates cubains en Argentine, et de l’assassinat d’un autre
diplomate à 
New York.

Ces actions se poursuivent encore. Le 26 avril 2002, un plan
d’attentat à l’
explosif contre le mythique cabaret Tropicana, qui mettait en péril la
vie
de plus d’un millier de personnes, était désarticulé, selon des
révélations
de l’agent cubain infiltré au sein du commando, Percy Francisco
Alvarado.

Le 6 avril dernier, le journal Sun Sentinel, de la Floride, détaillait
la
manière dont l’organisation paramilitaire Comandos F-4 s’entraîne aux
armes
lourdes pour lancer des actions armées contre Cuba et une possible
agression
contre ce pays.

L’attitude des États-Unis concernant le terrorisme est totalement
opposée à 
celle de Cuba. L’île a adopté le 20 décembre 2001 une loi contre les
actes
terroristes qui prévoit même des peines sévères pour ceux qui
utilisent le
territoire cubain pour organiser ou financer des actions contre
d’autres
pays, y compris les États-Unis. En revanche, dans ce dernier pays des
groupes paramilitaires continuent de s’entraîner pour agir contre
Cuba.

Autre preuve du cynisme nord-américain : la détention de cinq Cubains
et leur
condamnation à de longues peines de prison, y compris deux
emprisonnements à 
vie, alors qu’ils tentaient de freiner les actes de violence contre
Cuba de
groupes terroristes d’extrême droite exilés à Miami. Connaissant ces
intentions, les cinq Cubains ont averti les autorités
nord-américaines, et
la réponse a été leur emprisonnement, accusés d’espionnage.

MÉDIAS

Et pendant ce temps, les médias poursuivent leurs campagnes
d’accusations et
de harcèlement contre Cuba. Tandis que les manifestes qui condamnent
l’île
sont largement diffusés, ceux qui expriment leur soutien sont réduits
au
silence, comme celui signé par plus de trois mille intellectuels,
artistes
et professionnels de 69 pays, dont quatre Prix Nobel, sous le titre A
la
conscience du monde.

Tandis que l’on monte en épingle les critiques de José Saramago, on
oublie
de parler du soutien de Adolfo Pérez Esquivel, Noam Chomsky, Ernesto
Cardenal, Mario Benedetti, Augusto Roa Bastos, Gabriel Garcia Marquez
ou
Rigoberta Menchu. La presse présente sous l’étiquette de dissidents
ceux qui
ont posé des bombes dans les hôtels havanais en 1997 et ceux qui
séquestrent
des avions et des bateaux.

On condamne des sentences judiciaires cubaines appliquées à des
délinquants
qui ont séquestré une embarcation et on tait les massacres commis par
d’
autres gouvernements pour résoudre des séquestrations similaires,
comme
celui du théâtre de Moscou, qui a fait des centaines de morts entre
otages
et terroristes tchéchènes, ou l’assassinat de sang-froid, sur l’ordre
de
Fujimori, de ceux qui séquestrèrent l’ambassade japonaise à Lima.

UNION EUROPÉENNE

Pour sa part, l’Union européenne (UE), conduite dans sa politique
contre
Cuba par José Maria Aznar, a plus que jamais prouvé son hypocrisie et
sa
politique de deux poids deux mesures dans le cas de l’île. Ceux qui
n’ont
rien dit de la violation du droit international dans la guerred’Irak,
ceux
qui n’ont jamais condamné la peine de mort pour les enfants mineurs,
les
malades mentaux et les étrangers qu’on prive de l’assistance
consulaire à 
laquelle ils ont droit -71 personnes exécutées l’an dernier aux
États-Unis-
poussent à présent les hauts cris contre Cuba.

L’UE appelle les autorités cubaines à éviter des souffrances inutiles
aux
prisonniers en ne les soumettantpas à des traitements inhumains, tout
en
regardant ailleurs dans le cas des plus de 600 prisonniers du camp de
concentration de Guantanamo, quelques-uns de nationalité européenne,
torturés, sans assistance juridique et privés des visites de leurs
familles.
Une UE qui ne dit pas un mot des milliers d’hommes reclus dans les
prisons
des États-Unis après les attentats du 11-S pour l’unique délit d’être
musulmans, sans garanties juridiques, sans procès et sans même qu’on
ait
publié leurs noms.

Mesures de représailles diplomatiques, suspension d’accords de
commerce et
de coopération, annulation de visites gouvernementales bilatérales,
réduction de la participation des États européens à des rencontres
culturelles, invitation des dissidents cubains dans les ambassades à 
La
Havane, suspension de programmes de coopération et de solidarité avec
Cuba.
Ce sont là les réponses de l’UE, contre un pays qui n’exige rien
d’autre que
le respect de la Charte des Nations unies, laquelle reconnaît le droit
de
Cuba à choisir son propre système politique, qui reconnaît le respect
du
principe d’égalité entre les États et le droit à la libre
détermination des
peuples.

Le divorce entre l’opinion publique et les gouvernements suivistes des
États-Unis n’a jamais été autant mis en évidence que dans le cas de
Cuba.
Tandis que la grande majorité des présidents applique envers l’île des
politiques dictées par Bush, les manifestations de soutien et de
solidarité
se succèdent spontanément partout où se rendent les gouvernants
cubains.
Tous ces gouvernements, et en particulier celui des États-Unis,
doivent
savoir que leurs actes d’agression et de harcèlement contre Cuba ne
sont pas
partagés par leurs peuples. Des peuples qui doivent dénoncer et
affronter
une campagne internationale destinée à construire un prétexte à une
intervention militaire qui, au nom de la démocratie et des droits
humains,
ne peut qu’apporter la mort et le pillage.

PASCUAL SERRANO www.pascualserrano.net

Source : Monde Diplomatique A vérifier, pas trouvé l’ article en ligne.

Transmis par CUBA SOLIDARITY PROJECT

"Lorsque les Etats-Unis sont venus chercher Cuba, nous n’avons rien dit, nous n’étions pas Cubains."

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