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Auteur : Bernard GENSANE

Le Monde Diplomatique, septembre 2023

Bernard GENSANE
Dans son éditorial, Benoit Bréville fustige l’hypocrisie de la classe politique après l’achat, par Bolloré, du Journal du Dimanche : « Pendant le creux éditorial des vacances, les médias ont été tenus en haleine par l’histoire terrifiante du Journal du dimanche. Bible hebdomadaire de la bourgeoisie libérale, le périodique est réputé pour ses entretiens ministériels complaisants, ses reportages de Bernard-Henri Lévy et sa détestation des mouvements sociaux. En juin dernier, le milliardaire Vincent Bolloré a imposé à sa tête un directeur proche de l’extrême droite. En menant quarante jours de grève, la rédaction a soudain découvert la rudesse du combat social qu’elle qualifiait de « grogne » quand d’autres s’y livraient. Cela n’a pas empêché la reparution, le 6 août, d’un hebdomadaire mis en conformité avec les idées de son nouveau propriétaire, lequel avait appliqué la même recette à la chaîne i-Télé, rebaptisée CNews. On dit que Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets (…) Lire la suite »
Jour défaite...

Christian Authier : Poste restante

Bernard GENSANE

Mois d’Août, le temps d’un article sur un livre, oublions l’Ukraine, le Xinjiang, Macron et Darmanin.
Quand on m’entendait tous les lundis (avec Bernard Gensane et d’autres) dans une émission culturelle sur Radio Mon Païs à Toulouse, nous avions reçu Christian Authier pour un de ses livres.
Authier est Toulousain, comme moi, il a travaillé à la Poste, comme moi et il a, comme moi, assisté à sa désastreuse mise à mort par la droiche et la gaute.
Il nous parle de ça dans un livre qu’on peut lire en dehors du mois d’août, tant il est politique.
Maxime Vivas

Ceci me fut raconté il y a une quarantaine d'années. Une femme algérienne, semi-illettrée, écrit à son fils apprenti boulanger à Paris. Elle ne connaît pas son adresse. Sur l'enveloppe, elle rédige : " a mon fisse, ifilaficelle a paris". Pour les postiers, c'est le défi, pardon le challenge, de leur vie. Après deux mois d'enquête, ils retrouvent le fils et lui remettent la lettre. Oui, mais ça, c'était la Poste d'avant. Le seul service, la seule administration qui, rappelons-le, se finançait intégralement. C'est un formidable livre que le romancier et essayiste Christian Authier vient de nous offrir. Fils de postiers, postier intérimaire lui-même à une époque et aujourd'hui âgé de 54 ans, il a connu de l'intérieur cette administration, ce ministère, ce service public que le monde entier, comme Jean Gabin dans Le Cave se rebiffe, nous envia : "Nous allons donc confier notre petit trésor aux seuls gens qui n'égarent jamais rien, [...] j'ai nommé les PTT." Un "enfant de La (…) Lire la suite »
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Connaissez-vous Cafougnette ?

Bernard GENSANE
Cette note ne s'adresse pas aux Ch'tis qui connaissent leur Cafougnette sur le bout des doigts, comme les Marseillais connaissent leurs Marius et Olive et les Tarasconais leur Tartarin. Le personnage de Cafougnette fut inventé en 1896 par Jules Mousseron, mineur de fond et poète ch'ti. Mousseron publia une soixantaine d'histoires dans Le Galibot (1), une revue publiée à Denain. On ne sait trop d'où vient ce joli nom de Cafougnette. Peut-être du verbe cafouiller, voire du piémontais cafognetta, propos tenus par un paysan mal dégrossi, un peu butor. Cafougnette, c'est un "pauf' diape" sur qui s'abattent toutes les catastrophes. Mais son verbe conjure tous les malheurs du monde. Même les comètes. Avec Cafougnette, on n'est jamais "dins l'berdoulle". Bourdieu l'avait dit en son temps : le dit et le dire des classes dominées ne sont pas entre leurs mains, car ces classes ne parlent pas : "elles sont parlées". Cafougnette offre une jolie exception à la règle : un discours ouvrier, (…) Lire la suite »

Plus cyclistes qu’eux, tu meurs !

Bernard GENSANE

Ceux de ma génération se souviennent, ils l’ont vécu en direct à la télévision : la mort durant le Tour 1967 du britannique Tom Simpson en plein effort sur les rampes surchauffées du Mont Ventoux. Le cocktail amphétamines, chaleur, déshydratation l’a tué.

Plus récemment. Le jeune belge de 22 ans Frederik Nolf est mort dans son sommeil et Christophe Dupouey, 40 ans, champion du monde VTT en 1996, s’est suicidé. On pensait que s’endormir et ne plus jamais se réveiller était réservé aux nouveaux nés. Pourtant, on recense deux cas chez les cyclistes dans les années 2000. Le français Fabrice Salanson meurt dans son sommeil alors qu’il participait au Tour d’Allemagne en 2003. Il avait 23 ans. L'autopsie pratiquée n'atteste aucun produit dopant, mais il est révélé qu'il a effectué un test à l'effort, le 12 mai 2003, quelques semaines après une fracture de l'omoplate en février 2003, lequel s'est avéré « anormal ». Ces informations poussent la famille de Fabrice Salanson à solliciter un avocat. L'institut médico-légal de Dresde fait état d'une « mort naturelle, mort subite avec dilatation du cœur et sous-alimentation relative du muscle cardiaque par les coronaires », tandis que les dirigeants de son équipe nient tout examen préalable (…) Lire la suite »

Le Monde Diplomatique, août 2023

Bernard GENSANE
Benoit Bréville dénonce la religion sécuritaire. Clichy-sous-Bois, 27 octobre 2005. Poursuivis par les forces de l’ordre, deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, se réfugient dans un transformateur et décèdent électrocutés. Des heurts éclatent en Seine-Saint-Denis, qui s’étendent bientôt à l’ensemble du pays. Après trois semaines de révolte, le président Jacques Chirac déplore que « certains territoires cumulent trop de handicaps, trop de difficultés », et appelle à combattre « ce poison pour la société que sont les discriminations ». Il fustige également l’« immigration irrégulière et les trafics qu’elle génère » ainsi que les « familles qui refusent de prendre leurs responsabilités ». Nanterre, 27 juin 2023. Nahel Merzouk, 17 ans, est abattu d’une balle dans la poitrine lors d’un contrôle routier. Les émeutes se répandent comme une traînée de poudre dans tout le pays. L’épisode sera court (cinq jours), mais intense : 23 878 feux sur la voie publique, 5 892 véhicules (…) Lire la suite »

Connaissez-vous Martin Dumollard ?

Bernard GENSANE
Disons-le tout uniment : le patronyme de ce Martin n'a rien à voir avec de quelconques glaviots. Il s'agit de la francisation du nom hongrois “ Dumola ”. Je ne vous cacherai pas plus longtemps que Martin Dumollard fut l'un des tout premiers tueurs en série français. Pour des raisons socio-historiques qui m'échappent globalement, les tueurs en série commencèrent à faire florès en France, au XIXe siècle. Dumollard fut ainsi le prédécesseur de Joseph Vacher qui inspira à Bertrand Tavernier son beau film Le Juge et l'Assassin avec Michel Galabru. De même, il semble qu'il y ait eu davantage de tueurs en séries dans la région lyonnaise que, par exemple, dans la région lilloise. Peut-être parce que la police du Rhône fut plus efficace, plus scientifique que celle du Nord. On dit que l'on peut parler de tueurs en série lorsque, d'une part, il y a une série et que, d'autre part, le modus operandi est toujours plus ou moins le même. Dumollard répond parfaitement à ces deux critères : il (…) Lire la suite »

De territoires en quartiers

Bernard GENSANE
Tout le monde connaît désormais cette phrase de Camus extraite de “ Sur une philosophie de l’expression ” parue dans la revue Poésie 44, en 1944 : « Mal nommer un objet, c’est ajouter aux malheurs de ce monde ». Camus reprendra cette forte pensée en 1951 dans L’homme révolté : « La logique du révolté est de s’efforcer au langage clair pour ne pas épaissir le mensonge universel ». Camus réagissait aux totalitarismes des années 30 et 40, à la propagande, à la manipulation des esprits. Dans l’idéal, « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ». Mais que nous soyons dans la prose de tous les jours ou dans la poésie la plus élaborée, nous ne faisons que jouer avec les mots. Certes, les mots nous “ arrivent ” puisque nous sommes dans la langue, mais nous jouons autoritairement ou involontairement avec eux. Et c’est sûrement tant mieux. Car lorsque le langage cesse de trembler pour devenir prescriptif ou normatif, nous sombrons vite dans le (…) Lire la suite »

Le Monde Diplomatique (juillet 2023)

Bernard GENSANE
Benoît Bréville étudie le “ modèle Meloni ” : « Oubliés, les tumultes de l’été dernier. Mme Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, menaçait alors les Italiens de représailles s’ils portaient au pouvoir Mme Giorgia Meloni. Désormais, les deux dirigeantes, l’une de droite, l’autre d’extrême droite, s’affichent tout sourire devant les photographes, échangent des amabilités sur les réseaux sociaux et partent en voyage ensemble en Tunisie. La présidente du conseil italienne, que l’on disait « populiste », « illibérale » et « postfasciste », est devenue en quelques mois une partenaire sérieuse et raisonnable. Mme Meloni a vite compris la recette pour opérer cette métamorphose. Sitôt installée au palais Chigi, elle a concocté un budget de rigueur, taillé dans les dépenses sociales et mis en sourdine ses critiques contre le carcan de Bruxelles – autant d’impératifs pour obtenir la manne du plan de relance (191 milliards d’euros d’ici 2026). Elle a affirmé son (…) Lire la suite »

Le Monde Diplomatique (juin 2023)

Bernard GENSANE
Benoît Bréville dénonce des « assauts contre l’histoire : « Quiconque découvrirait la seconde guerre mondiale à l’aune de ses commémorations en 2023 n’y comprendrait pas grand-chose. Le 27 janvier, le directeur du Musée d’Auschwitz célébrait l’anniversaire de la libération du camp sans inviter ses libérateurs. La Russie a bien été évoquée lors du discours protocolaire, mais seulement pour comparer Auschwitz et la guerre en Ukraine – « une fois encore, des innocents sont tués en masse en Europe ». Le 25 avril, le président néofasciste du Sénat italien, M. Ignazio La Russa, a lui aussi fêté la libération de son pays en fustigeant Moscou. En visite à Prague ce jour-là, il s’est recueilli devant le Mémorial Jan Palach, puis il a visité un camp de concentration nazi. « Une tentative mesquine de jeter dans le même chaudron “tous les totalitarismes du XXe siècle”, dans une nuit où toutes les vaches sont noires, au point qu’on finit par ne plus voir de vaches du tout », a commenté la (…) Lire la suite »

Pourquoi des bulletins « météo » à tire-larigot ?

Bernard GENSANE

Prenez les chaînes de radio, celles de télévision, privées ou publiques et vous entendrez, selon vos disponibilités, 10, 20, 50 bulletins « météo » chaque jour.

Pourquoi ce type d’information jusqu’à l’écœurement ?

Il s’agit d’un choix de société, ou tout simplement politique. Lorsque j’étais enfant, nous étions abreuvés de résultats de courses hippiques. J’ai encore, dans l’oreille, la voix très radiophonique de Maurice Bernardet. Finis les bourrins. Finis les cravates que la baronne de Rothschild (bien avant la naissance du boy d'Amiens) offrait chaque dimanche à Léon Zitrone. Le mot « météo », abréviation de « météorologie » (d’un mot grec qui signifie « discours sur ce qui est au-dessus de la terre ») ne convient pas. Comme son nom l’indique, la « météo » est la science du temps, qu’il a fait, qu’il fait ou qu’il va faire. Ce que l’on nous donne sur les antennes, c’est tout simplement le temps. Parce qu’ils étaient devenus la première puissance maritime mondiale et parce qu’ils avaient besoin de prévisions sûres à court et moyen termes, les Britanniques ont inventé cette science qu’ils ont appelée « weather forecast », c’est-à-dire « les prévisions concernant le temps ». Á noter que le (…) Lire la suite »
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