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Thème : Société

La résistance passera aussi par la technologie

Muriel KNEZEK

A l’heure où la révolte gronde et où les contradictions du monde se bousculent, un processus de convergence des peuples s’amplifie. La résistance populaire et intellectuelle à un système terriblement inégalitaire démontre une volonté de modifier les pouvoirs et une nécessité de reconstruire une stratégie.

Il est de toute évidence nécessaire aujourd’hui de penser et d’associer à la réinvention d’une coalition entre les espaces, les corps d’organisation et les citoyens engagés dans la marche vers un changement global, la notion d’utilisation des nouvelles technologies.

« Salauds de pauvres ! », la phrase que scande Maxime Vivas - auteur et militant français - dans un récent forum donne le ton de l'amertume. Pour autant, ne doit-on pas y entendre l'éveil de la rage et de l'indignation ? Sur ce terrain, le maire d'une petite commune de la région Rhône prône la désobéissance civile. « Lorsque la loi est contraire aux intérêts de la population, lorsqu'elle entre en contradiction avec l'intérêt général, lorsqu'elle se heurte au principe de précaution, lorsqu'elle porte atteinte au service public, lorsqu'elle favorise les intérêts de quelques-uns au détriment des intérêts du plus grand nombre, nous ne l'appliquerons pas ou nous freinerons son application. » Ailleurs mais pas si loin, on vient d'entendre résonner « Ben Ali dégage », « Moubarak dégage » ou encore « Aujourd'hui, on n'a plus peur » alors que personne ne s'y attendait. Quels seront les slogans de demain en Algérie, Jordanie, Libye, Yémen ou Syrie ? L'Europe n'est pas en reste. (…) Lire la suite »

De quels singes descendons-nous ?

Gustavo DUCH
Je vous présente ma dernière recherche en « Éthologie Comparative Journalistique » qui, comme vous allez le constater, apporte de nouvelles données pour comprendre l'histoire de l'évolution de notre espèce Homo Sapiens. C'est une recherche en « éthologie » parce qu'elle analyse le comportement de certains êtres vivants ; elle est « comparative » parce que bien qu'on m'ait toujours enseigné que comparaison n'est pas raison, être rebelle fait du bien, et c'est une étude « journalistique » parce que j'ai fait les expériences que je rapporte confortablement assis devant les journaux et les dépêches d'agences qui me parviennent jusque sur mon bureau. Expérience numéro 1 : on aménage trois cages contigües avec passage possible de l'une à l'autre. Dans la cage du milieu, on place une panière pleine de fruits. On laisse une des cages entièrement vide et dans la troisième, on introduit un chimpanzé de l'espèce commune, mais privé de nourriture depuis plusieurs jours et, donc, très affamé. (…) Lire la suite »

Les trois faux frères

Jacques RICHAUD
Le décès de l'ami "bon sens' ? (1) Ai reçu ce court texte qui m'inspire cette réflexion… Aux obsèques assistaient dit-on trois faux frères : "Je connais mes droits", "C'est la faute de l'Autre" et "Je suis une victime". Assurément « Bon sens » a souffert de la coalition des trois faux frères. Mais aucun de ces trois là n'est apparu sans notre complicité individuelle et collective, nous sommes tous dans ce cortège funéraire, proche de l'un de deux ou des trois assassins de la victime : Le "Je connais mes droits", a détourné au profit de l'égoïsme et de l'individualisme, une des avancées de la civilisation qui était la construction du Droit pour protéger la collectivité autant que les individus de l'arbitraire des puissants. C'est dans le "temps long' entre les "ages farouches' et la "République' que l'idée même du "Droit' est apparue, mais cette belle idée semble avoir été singulièrement trahie. Ce détournement a été encouragé par un modèle de société (…) Lire la suite »

Un cheminement vers la découverte de l’être, vers l’ouverture à l’être (1)

Michel PEYRET
Pour Jean-Marie Vincent que nous avons déjà rencontré, voir ma « Tribune » de « Rouge Midi », « si l'on en croit un des critiques les plus aigus de la pensée occidentale, Heidegger, au bout de la chaîne de la technique, de la pensée instrumentale et de la science, c'est la pensée théorique elle-même qui doit être sinon totalement rejetée, du moins interrogée et dépassée sous ses aspects les plus fondamentaux - pensée de la volonté de puissance, pensée de la représentation du réel pour mieux le plier à cette volonté. « La recherche de la vérité ne doit plus être la recherche de l'efficacité de la pensée - l'adéquation entre les choses et l'esprit - mais un cheminement vers la découverte de l'être, plus exactement vers l'ouverture à l'être ». LE DILEMNE ACTUEL Jean-Marie Vincent considère que le dilemme actuel, c'est l'abandon aux automatismes du travail abstrait et de la technique, la quête d'un au-delà ou d'un en-deçà qui laisse les choses en l'état. Ce dilemme ne peut être (…) Lire la suite »

La fabrication à la chaîne des cerveaux dans la société française contemporaine et nos prédéterminations socio-historiques.

Samuel MOLEAUD
Aristote, l'un des penseurs antiques le plus célèbre de la philosophie politique occidentale que l'Histoire ait retenu, aurait écrit que "l'Homme est un animal social". Vraisemblablement, cet homme écrivait à une époque où l'individualisme généré par la globalisation néolibérale et l'esclavage aliénant sans chaînes des temps modernes n'existaient pas encore. L'Homme d'aujourd'hui est certes un animal social par nature, puisqu'il a besoin d'échanger avec ses semblables pour se cultiver, se développer, survivre, et l'environnement devient hostile pour qui vagabonde en autarcie. Mais l'humain est surtout devenu un animal moderne drogué à la technologie, et à la multitude de petits gadgets électroniques (GPS et autres passes temps reliés aux satellites, aïe phone, aïe pad, aïe pod) dont on parvient à se convaincre qu'ils sont utiles à l'évolution humaine une fois qu'écoulés sur le marché des biens, que les nouveaux besoins créés par les entreprises ont été comblés. C'est l'Histoire (…) Lire la suite »

La « technoscience », à quelle fin utile ?

Michel MENGNEAU
« Science sans conscience n'est que ruine de l'âme » s'exclamait Rabelais au XVIème siècle. La science, dont-il parlait, apportait progrès et amélioration des qualités de vie, la médecine en particulier en était dans son esprit la principale bénéficiaire. En somme, malgré des embellies dues à l'intelligence humaine, le précurseur que fut le futur médecin mettait en garde les hommes sur les déviances que les savants fous sont capables d'imaginer. On pense naturellement à l'eugénisme nazi et autres conceptions intellectuelles cherchant à réguler le monde par la génétique pour ne citer que cet exemple. Pour palier à ces exagérations on a donc établi des codes d'éthiques, des conseils où se réunissent des sortes de sages statuant sur les limites à ne pas dépasser. C'était probablement aussi autour de thèmes comme les avancées scientifiques du type OGM dont on ne connaîtra qu'à long les retombées réelles que Rabelais aurait donné cet avis significatif donnant à la réflexion où se (…) Lire la suite »

La bagnole, la fin d’une épopée ?

Michel MENGNEAU
Des chromes rutilants, un vrombissement assourdissant. Le rockeur à banane nonchalamment appuyé sur la portière de la belle américaine décapotable fume une cigarette à bout dorée. Assise sur le haut d'un siège en cuir blanc une blonde vaporeuse carrossée à la Pini Farina invite d'un clin d'oeil aguicheur à monter dans le bolide. La belle américaine, pas la fille (la pin-up comme on l'appelait), mais « la bagnole » ! Le cliché, le flash du photographe qui va porter cette tentation idyllique aux nues. Que de rêves cette « réclame » a suscités ! La naissance d'un mythe, mais un mythe qui deviendra peu à peu l'essentiel moteur d'un productivisme débridé. Et le pétrole commença à couler à flot… Chacun rêvait alors de posséder son automobile, et si possible celle que l'on découvrait au fil des catalogues ou de la « pub » ayant généré cette envie d'acheter le symbole : des chromes rutilants… etc. Chacun eut sa voiture, peut-être pas celle qu'il avait espéré, qu'importe ! Le pétrole (…) Lire la suite »

Capitalisme productiviste : le travail et la consommation, l’émancipation et le socialisme.

Christian DELARUE
Marx comme Arendt ont sévèrement critiqué le travail. Marx critique férocement le travail aliéné celui pris dans les rapports capital-travail et Arendt approuve Marx mais sa critique va aussi contre la survalorisation du travail (et ce faisant elle va contre l'église et le mouvement ouvrier d'alors) mais elle n'annonce pas la fin du travail. Sur ce point particulier, certains décroissants soulignent qu'aujourd'hui la fin du travail est non souhaitable pour une autre raison : cela risque de déboucher sur la seule liberté de consommer (du moins si le pouvoir d'achat occidental est maintenu). Annie Coll (2) écrit "Si le travail est incontournable, l'humanité doit veiller à produire plutôt de la permanence que de l'abondance". Voilà qui va à contresens de la production à obsolescence programmée qui caractérise le capitalisme. "Pris par le tourbillon de la dévoration des marchandises, nous oublions de construire un monde stable ou la valeur d'usage l'emporte sur la valeur d'échange". (…) Lire la suite »

Qu’il y ait des riches, n’est-ce pas un droit pour les pauvres ?

Santiago ALBA RICO
J'ai déjà écrit quelque part que dans notre monde il n'existe que trois sortes de biens : les biens universels, les biens généraux et les biens collectifs. Les biens universels sont ces biens pour lesquels il suffit qu'un exemplaire ou un modèle unique existe pour que nous nous sentions universellement rassurés. Ce sont ces choses qui sont là et qu'il n'est pas nécessaire de tenir entre nos mains ou de posséder individuellement : il y a le soleil il y a la lune, les étoiles, il y a la mer, il y a UN Machu Picchu et UN Everest, il y a UN Taj Mahal et UNE Chapelle Sixtine, UN Che Guevara et UN Saint-François, UN Garcà­a Lorca et UN José Martà­ et UN Garcà­a Márquez et UN Silvio Rodrigo et UN Cintio Vinter. Les biens généraux, par contre, ce sont ceux qu'il faut généraliser pour que l'humanité soit pleinement accomplie. Il ne suffit pas qu'il y ait du pain, là -bas, dans le palais du prince ou qu'il y ait une maison, plus loin, dans le parc de Monsieur le Comte ; ces choses-là il (…) Lire la suite »

Le peuple vint à manquer.

Guy CHAPOUILLIE

A propos du livre de Serge Regourd Les seconds rôles du cinéma français, grandeur et décadence. Editions Archimbaud Klincksieck, mai 2010.

A ceux qui lisent trop, trop peu et trop vite, je dis, attardez-vous sur ce livre ! Car je ne sais pas si le cinéma rend meilleur, mais je peux dire que la lecture du livre de Serge Regourd m'a enchanté. La continuité de cet ensemble manquait à ma connaissance. Ca fonctionne comme un immense générique où prennent place, et quelle place, ceux et celles qui ont fait le cinéma français, ses caractères et sa fonction, tout en étant la plupart du temps cantonnés dans la catégorie des seconds rôles. C'est un renversement de la hiérarchie de la représentation ; c'est une somme pour rafraîchir ou plutôt faire émerger une mémoire oubliée du cinéma. Un travail de chercheur qui taille en largeur et en profondeur pour retenir des films et des acteurs, que je connais ou que je ne connais pas, qui relie une myriade de faits au croisement desquels mon langage s'éveille.… Alors, je me suis attardé en surmontant la difficulté de joindre tous ces éléments en apparence hétérogènes, pourtant d'une (…) Lire la suite »