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La vérité émerge : comment les Etats-Unis ont alimenté la montée d’Isis en Syrie et en Irak (The Guardian)

Illustration : Eva Bee

La guerre contre le terrorisme, cette campagne sans fin lancée il y a 14 ans par George Bush, est prise de contorsions de plus en plus grotesques. Lundi, le procès à Londres d’un suédois, Bherlin Gildo, accusé de terrorisme en Syrie, s’est effondré lorsqu’il est devenu clair que les services de renseignement britanniques avaient armé les mêmes groupes rebelles que le défendeur était accusé d’appuyer.

L’accusation a abandonné l’affaire, apparemment pour éviter d’embarrasser les services de renseignement. La défense a fait valoir que poursuivre le procès aurait été un « affront à la justice » alors qu’il y avait beaucoup de preuves que l’Etat britannique avait lui-même fourni « un soutien massif » à l’opposition armée syrienne.

Cela ne concernait pas uniquement l’ « aide non létale » vantée par le gouvernement (dont des gilets pare-balles et des véhicules militaires), mais la formation, le soutien logistique et l’approvisionnement secret d’ « armes à très grande échelle ». Selon des rapports cités, le MI6 avait coopéré avec la CIA sur un « réseau d’approvisionnement » d’armes provenant des stocks libyens et à destination des rebelles syriens en 2012 après la chute du régime de Kadhafi.

De toute évidence, l’absurdité d’envoyer quelqu’un en prison pour avoir fait ce que les ministres et leurs agents de sécurité étaient eux-mêmes en train de faire était de trop. Mais il ne s’agit que du dernier cas d’une longue série. Moins chanceux fut un chauffeur de taxi à Londres, Anis Sardar, qui a été condamné il y a deux semaines à une peine de prison à perpétuité pour avoir participé en 2007 à la résistance à l’occupation de l’Irak par les forces américaines et britanniques. L’opposition armée à une invasion et une occupation illégale ne constitue manifestement pas du terrorisme ou un assassinat selon la plupart des définitions données, y compris par la Convention de Genève.

Mais le terrorisme est désormais carrément dans l’oeil du spectateur. Et nulle part cela n’est aussi vrai qu’au Moyen-Orient, où les terroristes d’aujourd’hui sont les combattants contre la tyrannie de demain - et les alliés des ennemis - souvent au gré ahurissant d’une conférence téléphonique d’un dirigeant occidental.

Pour l’année écoulée, les États-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres forces occidentales sont retournées en Irak, soi-disant pour détruire le groupe hyper sectaire terroriste de l’État islamique (anciennement connu sous le nom d’al-Qaïda en Irak). Ce fut après qu’Isis eut envahi d’énormes portions du territoire irakien et syrien et proclamé un soi-disant califat islamique.

La campagne ne se déroule pas très bien. Le mois dernier, Isis a pris la ville irakienne de Ramadi, tandis que de l’autre côté de la frontière maintenant inexistante, ses forces ont conquis la ville syrienne de Palmyre. La franchise officielle d’Al-Qaida, le Front Nusra, a également progressé en Syrie.

Certains Irakiens se plaignent que les États-Unis sont restés les bras croisés pendant ces événements. Les Américains insistent qu’ils essaient d’éviter les pertes civiles et revendiquent des succès significatifs. En privé, les responsables disent qu’ils ne veulent pas être vus en train de bombarder des bastions sunnites dans une guerre sectaire et courir le risque de bouleverser leurs alliés sunnites du Golfe.

Une lumière révélatrice sur la façon dont nous en sommes arrivés là a surgi d’un rapport secret du renseignement américain récemment déclassifié, écrit en Août 2012, qui prédisait étrangement - et même louait - la perspective d’une « principauté salafiste » dans l’est de la Syrie et d’un Etat islamique contrôlé par al-Qaida en Syrie et en Irak. En contraste évidente avec les affirmations de l’occident à l’époque, le document du Defense Intelligence Agency identifie al-Qaïda en Irak (devenu Isis) et autres salafistes comme les « principaux moteurs de l’insurrection en Syrie » - et déclare que « les pays occidentaux, les états du Golfe et la Turquie » soutenaient les efforts de l’opposition pour conquérir l’est de la Syrie.

Tout en évoquant la « possibilité d’établir une principauté salafiste déclarée ou non », le rapport du Pentagone poursuit, « ce qui est exactement ce que les puissances qui soutiennent l’opposition veulent, afin d’isoler le régime syrien, qui est considéré comme la clé stratégique de l’expansion chiite (lrak et Iran) ».

Et c’est bien ce qui est arrivé deux ans plus tard. Le rapport ne constitue pas un document de politique. Il est fortement expurgé et il y a des ambiguïtés dans les termes. Mais les implications sont assez claires. Un an après la rébellion syrienne, les Etats-Unis et ses alliés ont non seulement soutenu et armé une opposition qu’ils savaient être dominée par des groupes sectaires extrémistes ; ils étaient même prêts à approuver la création d’une sorte d’ « Etat islamique » - en dépit du « grave danger » posée à l’unité de l’Irak - comme un tampon sunnite destiné à affaiblir la Syrie.

Cela ne signifie pas que les Etats-Unis ont créé Isis, bien sûr, même si certains de leurs alliés du Golfe ont certainement joué un rôle - ce que le vice-président américain, Joe Biden, a reconnu l’année dernière. Mais il n’y avait pas d’Al-Qaïda en Irak jusqu’à ce que les États-Unis et la Grande-Bretagne envahissent le pays. Et les États-Unis ont certainement exploité l’existence d’Isis contre d’autres forces dans la région dans le cadre d’un effort plus vaste pour maintenir le contrôle occidental.

Les calculs ont changé quand Isis a commencé à décapiter les Occidentaux et publié des atrocités en ligne, et les pays du Golfe soutiennent maintenant d’autres groupes dans la guerre syrienne, comme le Front Nusra. Mais cette habitude occidentale et étatsunienne de jouer avec des groupes djihadistes, qui reviennent ensuite pour les mordre, remonte au moins à la guerre de 1980 contre l’Union soviétique en Afghanistan, qui a favorisé l’émergence de l’al-Qaida originale sous la tutelle de la CIA.

Les calculs ont été ajustés pendant l’occupation de l’Irak, où les forces américaines dirigées par le général Petraeus ont parrainé une sale guerre d’escadrons de la mort à la Salvadorienne (*) pour affaiblir la résistance irakienne. Et ils ont été réajustés en 2011 lors de la guerre de l’OTAN contre la Libye, où la semaine dernière Isis a pris le contrôle de Syrte, la ville natale de Kadhafi.

En réalité, la politique américaine et occidentale dans cette poudrière qu’est devenu le Moyen-Orient est dans la lignée classique du « diviser pour régner » impérial. Les forces américaines bombardent un groupe de rebelles tout en soutenant un autre en Syrie, et montent des opérations militaires conjointes avec l’Iran contre Isis en Irak tout en soutenant la campagne militaire de l’Arabie saoudite contre les forces Houthi soutenus par l’Iran au Yémen. Aussi confuse que puisse paraître la politique des Etats-Unis, un Irak et une Syrie affaiblis et divisés leur conviennent parfaitement.

Ce qui est clair, c’est qu’Isis et ses monstruosités ne sera pas défait par les mêmes puissances qui l’ont emmené en premier lieu en Irak et en Syrie, et dont les guerres ouvertes et clandestines ont favorisé son développement. Les interventions militaires occidentales sans fin au Moyen-Orient n’ont apporté que destructions et divisions. Ce sont les peuples de la région qui peuvent guérir cette maladie - pas ceux qui ont incubé le virus.

Seumas Milne

Traduction "avoir raison trop tôt pourrait bien être une des définitions d’un média alternatif" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

(*) Notes du traducteur

Du Salvador à l’Irak : l’homme de Washington derrière les escadrons de la mort (The Guardian) voir http://www.legrandsoir.info/du-salvador-a-l-irak-l-homme-de-washington-derriere-les-escadrons-de-la-mort-the-guardian.html

« Les escadrons de la mort » : du Salvador à l’Afghanistan via l’Irak http://www.legrandsoir.info/les-escadrons-de-la-mort-du-salvador-a-l-afghanistan-via-l-irak.html

Terrorisme à "visage humain" : L’histoire des escadrons de la mort des États-Unis http://www.legrandsoir.info/terrorisme-a-visage-humain-l-histoire-des-escadrons-de-la-mort-des-etats-unis.html

Irak : les nouveaux escadrons de la mort (The Nation) http://www.legrandsoir.info/Irak-les-nouveaux-escadrons-de-la-mort-The-Nation.html

 http://www.theguardian.com/commentisfree/2015/jun/03/us-isis-syria-iraq

COMMENTAIRES  

12/06/2015 22:53 par Amokrane

En effet, quelques coquilles mais sans gravité aucune.
Bonheur à qui a su traduire le texte dans sa version originale.
Le drame du Moyen Orient, date des lendemains de la 2e guerre mondiale. L’implantation de l’état d’Israel et la volonté de ne pas résoudre la question palestinienne contribuent à exacerber les conflits. Le pétrole de son côté, enjeu de tous les appétits impérialistes, n’est pas pour favoriser la stabilité des pays de la région. Le moindre particularisme ethnique, religieux, linguistique... est exploité pour faire perdurer l’instabilité.
A ce jeu, tous les coups sont bons.

13/06/2015 09:51 par macno

Bon, c’est bien gentil tout ça, mais il manque dans cet article qui présente néanmoins de nombreux points intéressants, un élément essentiel qui est à peine ébauché.
L’objectif qui est caché, mais caché uniquement pour un journaliste borgne qui tient à conserver sa place dans le Système, il est pourtant clair, mais difficile à dévoiler surtout en temps de guerre, et qu’on le veuille ou non, le Monde est en guerre ; il se résume en une seule question :
- quel est le plus important allié de la Syrie ?
Quel est donc la cible qui se cache derrière ?
Cette cible, ça fait plus d’un siècle que les américains lorgnent dessus, depuis que Wall Street a financé la révolution bolchevique espérant bien en récolter les fruits.
C’est la Russie.
« Cela ne signifie pas que les États-Unis ont créé Isis »
Ben voyons....
« En réalité, la politique américaine et occidentale dans cette poudrière qu’est devenu le Moyen-Orient est dans la lignée classique du « diviser pour régner » impérial »
"Diviser pour régner", d’accord, oui mais-dans-quel-but ?
Que la Syrie tombe, et c’est la route grande ouverte pour "le Système" dans son entreprise de déstabilisation du Kazakhstan, de l’Ouzbékistan, du Turkménistan, du Kirghizstan et du Tadjikistan, donc de la Russie et de ses ambitions orientales et mondiales.
Si en plus ça peut servir à au moins freiner la Chine pourquoi diable s’en priver ?
Parler de la déstabilisation du Moyen Orient et rien que de ça, c’est rester à mi-chemin dans ce qui est parfaitement visible et qui même crève les yeux. Autant dire qu’un journaliste "classique" ne prend pas trop de risques en se confinant sur ce terrain.
Mais aller plus loin dans l’analyse, là c’est une toute autre histoire. C’est avoir comme objectif de faire éclater la "vérité", et ce quelque soit cette vérité.
Et en temps de guerre, dévoiler des vérités, ce n’est peut-être pas si bon que ça pour la santé...journalistique.
Je vais peut-être paraître un peu obsessionnel, mais je pense qu’il faut se replonger dans le texte de Andrej Furzov qui a pourtant "de la bouteille" , il a presque 3 ans, « Frappe contre la Syrie, cible la Russie », il n’a rien perdu de sa pertinence, il en a même gagnée.
http://legrandsoir.info/frappe-contre-la-syrie-cible-la-russie.html
gérard

13/06/2015 14:08 par SEPH

Al-Qaïda a été crée par la CIA, les preuves sont nombreuses dont celle de la CIA.
Daesh est issu du même moule . Ainsi selon Viatcheslav Matozov, ancien diplomate russe, Daesh est un produit américain, que Washington a créé, pour réaliser ses politiques anti-islamiques.

En effet, dans une table ronde à la chaîne 1 de la télévision russe, cet ancien diplomate a déclaré que Daesh avait été créé, avec les aides et les soutiens des Etats-Unis, en Syrie, avant de développer ses activités, en Irak. Viatcheslav Matozov a ajouté que plus de cent mille soudards sont au service de Daesh, parmi lesquels se trouvent, aussi, 1.800 ressortissants russes. Selon cet ancien diplomate russe, qui a été, longtemps, en mission, dans les pays arabes du Moyen-Orient, Daesh n’a pas une assise forte, parmi les nations arabes, et ses membres sont des mercenaires, qui n’ont adhéré les rangs de cette organisation que pour de l’argent. « Sans le soutien d’une grande puissance, Daesh n’aurait jamais été capable d’agir avec une si grand cohérence, dans plusieurs pays du Moyen-Orient », a-t-il déclaré. « L’Iran soutient la Syrie et l’Irak, dans leur combat contre les terroristes de Daesh. Par contre, le gouvernement turc a des relations très étroites avec Daesh, et, actuellement, près de 400 conseillers militaires forment les membres de Daesh, sur le territoire turc, avec le soutien des Etats-Unis », a ajouté Viatcheslav Matozov.

Par ailleurs, notons qu’un ancien haut responsable du régime sioniste a déclaré que les accrochages des terroristes de Daesh, sur le sol syrien, aident au renforcement de la sécurité de l’entité sioniste et qu’il se sentait redevable à Daesh, du fait que « Le groupe terroriste de Daesh a imposé la guerre, en Syrie, et rendu un grand service à Tel-Aviv », D’ailleurs Daesh n’a jamais tiré un coup de fusil contre Israël .!!!!!!!!!!!!

Le régime sioniste, les Etats-Unis et l’Arabie, qui sont considérés comme les protecteurs des groupes terroristes de Daesh et d’Al-Qaïda, en leur octroyant des aides financières et en matière d’armement, fortifient les terroristes, pour qu’ils commettent des crimes, à l’encontre des peuples irakien et syrien.  

13/06/2015 17:46 par Roger

@macno....gérard
Merci pour le lien ( frappe-contre-la-syrie-cible-la-russie).
Saisissante lucidité de cette analyse de 2012, dont les prévisions sont toutes confirmées, et qui nous ouvrent des perspectives tout à fait plausible, compte-tenu d’une par de l’hystérie du congrès US , quel que soit d’ailleurs le nouveau POTUS (President Of The United State), et d’autre part ,de la médiocrité des dirigeants Européens !
Il serait intéressant d’avoir accès aux analyses actuelles de Andrej Fursov , dont la capacité de synthèse est tout à fait remarquable.

13/06/2015 19:10 par Dwaabala

Comme d’habitude hors sujet, mais la faute à qui ?
Il est difficile (et il serait absurde) de laisser passer dans un commentaire que la révolution d’Octobre aurait été « financée par Wall Street » ; de même pour d’autres, que Lénine aurait été installé au pouvoir par le Kaiser ; mais ici, cela ne nous concerne pas...

13/06/2015 21:53 par macno

@ Dwaabala
« il serait absurde(..) de laisser passer dans un commentaire que la révolution d’Octobre aurait été « financée par Wall Street »
Bon, c’est pas mal hors sujet, mais allons y quand même, ça peut être intéressant et en définitive peut-être pas si "hors sujet" que ça.
Effectivement que les Bolcheviques aient reçu du financement, et du conséquent, de la part de Wall Street , c’est un peu lourd à digérer, même avec une bonne dose de bicarbonate de soude (soit dit en passant le bicarbonate c’est excellent pour la digestion...).
J’ai passé pas mal de temps c’est le moins qu’on puisse dire, à me pencher sur ce sujet, car mon scepticisme était tant que je sortais à chaque fois complètement tourneboulé de mes recherches ...
Au cœur du Nouvel Ordre Mondial : Wall Street et la révolution bolchevique (auteur : Professeur Antony Sutton).
C’est le site Résistance71 qui a fait la traduction du livre de Antony Sutton :
https://resistance71.wordpress.com/2011/12/12/au-coeur-du-nouvel-ordre-mondial-wall-street-et-la-revolution-bolchevique-professeur-antony-sutton-1ere-partie/
Je tiens à préciser que ce n’était pas ma seule source de "renseignements" qui allait dans le même sens.
De plus, après les "récents" agissements d’un Système prouvant qu’il peut sans aucun complexe faire feu de tous bois, qui peut faire alliance avec des extrémistes musulmans, qui peut même les créer si besoin est, et/ou qui peut en faire de même avec des néonazis comme en Ukraine, plus rien ne pouvait m’étonner, et normalement plus rien ne devrait étonner personne.
Normalement je dis bien, mais comme il ne faut surtout pas toucher à la Révolution d’Octobre, toute modification de l’Histoire ne pouvait que se heurter à de formidables défenses mentales. Malgré le pour le moins sombre passage avec Makhno sur lequel je n’insisterai pas, j’étais vaille que vaille aussi de cet avis.
Mais il faut lire attentivement ce que raconte Antony Sutton et avec quels détails il fait sa narration.
Il n’y a pas trente six solutions :
- soit il raconte la vérité.
- soit c’est un affabulateur hors pair.
Si c’est un affabulateur, d’un côté je dirais alors "chapeau l’artiste (!)", d’un autre côté j’ai quand pas mal cherché les objectifs qu’il aurait pu tirer de ses "sornettes", désolé, mais je n’en ai pas trouvés.
Il faut bien comme disait Léo, "s’enfoncer dans la courbure" que depuis plus d’un siècle, une Oligarchie (appelons la comme ça) se moque du tiers comme du quart de toutes ces vieilles notions surannées, de politique, de gauche, de droite, nationalistes ou pas, de morale(s), de pays etc...seul compte pour elle le Pouvoir, et bien entendu il ne peut être que Financier, et tous les moyens lui sont bons pour l’acquérir...
gérard

14/06/2015 08:56 par macno

@ Roger
On va continuer encore un peu hors sujet diront certains, mais le sujet développé par cet article est un peu à l’image des poupées russes, il suffit de remplacer Syrie par Ukraine, et inversement, on a toujours affaire au même style de méfaits du Système.
Concernant Andrej Fursov sur le site "les crises.fr"
Les précautions d’usage :

Traduction de la longue intervention d’un stratège russe fin avril 2014, reprise par ZeroHedge. Tout n’est pas à prendre, mais il est intéressant de disposer de ce point de vue.

Le "long point de vue" :
http://www.les-crises.fr/le-champ-de-bataille-ukraine/
gérard

14/06/2015 09:51 par Dwaabala

@ macno
Il n’y a rien de« lourd à digérer » dans le fait qu’une banque yankee ait éventuellement fourni des fonds aux bolchéviks.

De même dans le fait que ce sont bien les Allemands qui ont permis à Lénine de traverser l’Allemagne dans un wagon pour gagner la Russie en fermentation.

Qu’une révolution mette à profit les contradictions ou les bévues du camp ennemi, a-t-il le moindre rapport avec la réalité de cette révolution ?

14/06/2015 22:52 par Michel

Merci pour la traduction.

Avoir raison trop tôt = être un "paranoïaque" (au mieux) ou un "complotiste" (au pire).

LeGrandSoir devrait avoir son petit tableau de chasse (sous l’agenda) avec toutes "ces fois" ou il "avait raison trop tôt", ou plutôt tout simplement toute ces fois où il a offert la possibilité à ses lecteurs d’avoir accès à un article présentant un point de vue autre que celui colporté par les médias dominants.

16/06/2015 15:00 par macno

@ Dwaabala
Je n’ai pas la prétention d’être un expert de cette période, d’ailleurs quelqu’un le sera-t-il suffisamment pour un jour faire la lumière sur cette Histoire si trouble ?
Tu dis :
« La révolution (a mis) à profit les contradictions ou les bévues du camp ennemi ». Le "camp ennemi" ce sont bien les "capitalistes de Wall Street" ?
C’est une vision pour le moins assez originale.
J’ai de sérieux doutes rien qu’à voir le résultat final, la nature de ceux qui ont réellement « profité » de cette histoire, c’est à dire de ceux qui ont gagné, et quant à la nature « des contradictions ou les bévues du camp ennemi » Il faudrait plutôt se poser la question sur les contradictions ou les bévues du camp "ami", non ?
LA question est : comme ce sont des Banquiers de Wall Street, qui ont fait ce choix, alors qu’ils auraient du "naturellement" choisir de soutenir les "Blancs", pourquoi diable et dans quels buts sont-ils allés vers ce paradoxe apparemment incompréhensible, celui de financer les rouges, la révolution bolchevique ?
Réponse ?
C’est là, et je ne m’y attendais pas de rejoindre à ce point cet article, sur l’attitude apparemment "incompréhensible" des Américains et de leurs valets au Moyen Orient.
Que Lénine ait obtenu de l’Allemagne toutes les facilités pour rejoindre la Russie, c’est déjà dans la droite ligne de ce que font les Américains en Irak, en Syrie et en Ukraine, c’était pour y provoquer le Chaos. "Allez y et ne vous gênez surtout pas !"
On n’est plus dans des notions idéologiques, mais dans une logique de guerre, affaiblir l’ennemi par tous les moyens. Voilà pour le rôle de l’Allemagne dans le cas de Lénine.
En soutenant les Bolcheviques, les banquiers de Wall Street ont fait le choix "classique" d’alimenter le Chaos afin affaiblir ainsi tous les belligérants, mais ils obéissaient aussi à un phénomène d’identification.
Ces deux entités (Bolcheviques et Banquiers) que tout semble à priori opposer suivant un critère Droite/Gauche, avaient en commun la même vision de l’organisation d’une société, au moyen d’un Centralisme (Économique, industriel etc), appelé par exemple "plan quinquennal" d’un côté et Trust de l’autre. Et quoi de plus facile que de faire des affaires quand on partage cette même "valeur", d’éventuels concurrents étant alors éliminés d’office.
Côté Tsar la "chose" était bien moins évidente, car à en juger la nature de l’aristocratie, de la bourgeoisie et de l’armée du Tsar, en les soutenant, Wall Street aurait alors renforcé d’éventuels (futurs) concurrents et fondamentalement ennemis, et en l’occurrence des Nationalistes.
Et pour le Système il n’y a pas pire engeance que les Nationalistes...
L’affaiblissement des belligérants voulu par Wall Street visait donc en premier le Pouvoir Tsariste, comme cela a été le cas ensuite contre Milosevic, Saddam Hussein, Kadhafi, etc...
Avec pour objectif encore et toujours la Russie.
gérard

16/06/2015 16:09 par Dwaabala

@ macno
Qui peut prétendre sans faire sourire que la Grande Révolution socialiste d’Octobre n’a pas été ces « Dix jours qui ébranlèrent le monde » ? (John Reed)
« Ce n’est pas un compromis avec les classes possédantes ou avec des politiciens, ni un effort de conciliation avec l’ancien appareil d’État qui a porté les bolchéviks au pouvoir. Ils ne l’ont pas conquis davantage par la violence organisée d’une petite clique. Si, dans toute la Russie, les masses n’avaient pas été prêtes à s’insurger, l’insurrection aurait échoué. Le succès des bolchéviks n’a qu’une seule explication : ils ont réalisé les vastes et simples aspirations des plus larges couches du peuple qu’ils appelèrent à démanteler et à détruire le monde ancien pour entreprendre ensuite, tous ensemble, dans la fumée des ruines écroulées, l’édification de la charpente d’un monde nouveau. »

16/06/2015 20:30 par macno

@Dwaabala
Mais on n’est pas du tout, mais pas du tout sur la même longueur d’onde !
« l’édification de la charpente d’un monde nouveau. » Elle s’est malheureusement écroulée, et les Banquiers de Wall Street, qu’on le veuille ou non, ils ont gagné. Elle ne pouvait faire que s’écrouler cette "charpente, ils ont mis 70ans, mais ils y sont parvenu.
Que Wall Street ait financé la révolution bolchevique ne jette en rien l’opprobre sur celle-ci, c’est un autre sujet que je n’ai jamais abordé. Il faut me relire !
Mon propos n’était que de faire un parallèle entre ce qui s’est passé il y a presque 1 siècle en Russie, et ce qui se passe actuellement au Moyen Orient (sujet de l’article) et en Ukraine : le Système a exactement les même agissements paradoxaux dans ses alliances et par le Chaos de préférence, pour parvenir à ses fins qui sont ni plus ni moins que la gouvernance mondiale.
« la Grande Révolution socialiste d’Octobre » n’a très certainement pas été « ces Dix jours qui ébranlèrent le monde », elle a été ce que le Système a voulu en la brandissant en tant qu’épouvantail, et ce que la Gauche Socialiste (au sens noble du terme) a placé comme espoir en elle.
gérard

16/06/2015 20:53 par DePassage

Et pendant ce temps, The Guardian participe à fond la caisse à la campagne merdiatique de relation publique consistant à embellir l’image d’Al-Qaïda / Al-Nosra, les présentant comme des p’tits serins modérés et qu’il faut soutenir leurs gazouillis pacifiques contre le Grand Satan deuxième du nom, l’indétrônable régime Assad, en les armant, les entraînant, en leur donnant la becquée et leur livrant des putes dans des camions Federal Express aux frais des Amis-es de la Syrie. Ils pourront ainsi continuer à terroriser impunément les syriens et syriennes, pardon, ma langue à glisser sur une peau de nanane équitable, il fallait lire pour combattre USIS, of course !

C’était aussi des chants d’oiseaux pacifiques qu’ils émettaient en compagnie de l’OTAN contre le Grand Satan premier du nom, l’infâme régime de Kadhafi, avant de muter en USIS iMade in Africa.

Merci The Gardian Of The Empire, merci ! Je dors moins con, mais toujours plus mêlé mêlé chaque soir… Tout ça doit être de la faute du Grand Satan troisième du nom, le maître chiquier Hitler Poutine.

17/06/2015 12:41 par Dwaabala

@ macno
Une révolution stipendiée par Wall Street qui dure 70 ans en déclinant certes, ce n’est quand même pas mal. Et les effets de la défaite momentanée du camp socialiste se font durement sentir jusques et y compris au Moyen-orient.

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