27 

Biden-Zuckerberg, Macron-Durov : ce dont nous parlons quand nous parlons de démocratie

Le débat qui se développe sur les médias sociaux à propos des derniers choix politiques d’Emmanuel Macron est intéressant. Il y a ceux qui parlent, sic et simpliciter, de coup d’État. Et il y a ceux qui rétorquent : tout est régulier, la Constitution française le dit. Avant de plonger dans le débat, faisons un petit récapitulatif des épisodes précédents.

8-9 juin, élections européennes : avec 31,3% des voix, le mouvement de Marine Le Pen et Jordan Bardella dépasse tout le monde et obtient 31 sièges. Besoin d’Europe, la coalition dont Renaissance, le parti de Macron, est également membre, s’arrête à 14,6 % des voix et 13 sièges. Autant que Réveiller l’Europe, la petite coalition menée par le Parti socialiste.

30 juin, élections législatives anticipées. Prenant acte du mauvais résultat, le président Macron convoque des élections législatives anticipées. Le résultat, conforme à la proposition du "front républicain" contre la droite, change la donne : la droite de Le Pen-Bardella n’obtient "que" 142 sièges, dépassée par la coalition de gauche Nouveau Front populaire (178) et par Ensemble (150), la coalition des partis "macroniens".

En fait, avec ce vote, trois blocs mutuellement irréconciliables se sont formés. Aussi parce qu’il était clair que, malgré la dissemblance des résultats, tant le vote européen que le vote politique avaient une caractéristique très visible : être un vote de protestation contre Macron et ses politiques. Nous avions alors déclaré dans un commentaire que Macron avait sacrifié la France, la condamnant à l’ingouvernabilité, pour se sauver lui-même. C’est lui qui aurait dû partir, et non le Parlement.

Et en effet, aujourd’hui, la France ne peut en aucun cas former un gouvernement. Pour une raison simple : le Nouveau Front Populaire (PFN) déteste Macron tout autant que Le Pen et son peuple. Et Macron, qui devrait former un gouvernement avec le NFP pour écarter les droites, déteste à son tour ses alliés potentiels.

C’est là qu’intervient le débat. Le NFP, dont l’actionnaire majoritaire est le parti de gauche radicale La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, a désigné Lucie Castets, une économiste proche du Parti socialiste, comme première candidate. Et Macron a dit non. Pourquoi ? Essentiellement parce que non. Parce que politiquement, il n’aime pas ça. Il ignore la voix du peuple qui s’adresse à lui, comme le veut la démocratie, par la médiation de la formation politique qui a remporté le plus de suffrages lors des élections.

S’agit-il d’un coup d’État ? La Constitution française ne dit pas grand-chose à ce sujet. Elle dit (article 8) : "Le Président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement". Il nomme. Pas "choisit". Et vraisemblablement, il nomme en fonction du résultat du vote populaire (sinon, à quoi bon voter ?), et non en fonction de ses goûts. Sinon, comme on l’a dit, il n’est plus le président de la République (c’est-à-dire de tous les Français) mais le chef d’une des coalitions en lice.

D’autre part, comment peut-on parler de coup d’État ? Macron n’a pas nommé Castets, comme la Constitution le lui permet puisque l’acte de nomination d’un premier ministre lui revient à lui et à lui seul. Et le jugement politique (que nous confirmons : Macron sacrifie sciemment la France et ignore la volonté du peuple français pour se maintenir au pouvoir) n’a rien à voir avec le processus institutionnel.

Tout cela pour dire qu’à notre époque, se retrancher derrière le mot "démocratie" n’est peut-être plus suffisant. Et que nous devrions nous contenter de moins. Démocratie signifie "pouvoir du peuple", rien d’autre. Un pouvoir qui, dans nos sociétés, s’exerce par la médiation de corps intermédiaires : partis, syndicats, associations, etc. Sommes-nous bien sûrs que ce qui se passe en France ces dernières semaines est un exemple parfait de "démocratie" ? Ce n’est pas que tout ce qui n’est pas Poutine ou Xi Jinping soit parfait, même si c’est ce que l’on veut nous faire croire. Et il n’est pas vrai que si nous nous montrons un peu plus critiques envers nous-mêmes, nous risquons d’être colonisés par les méchants susmentionnés. C’est même le contraire.

Prenons, pour rester en France, l’exemple de l’arrestation de Pavel Durov. Macron a fait ce que même Poutine n’avait pas osé faire : arrêter le créateur du réseau social le plus utilisé, parce qu’il est sûr, par ceux qui, dans d’innombrables pays, ont des problèmes avec le pouvoir. Nous avons aussi mené d’énormes guerres pour apporter la liberté, celle de Durov serait une affaire de prix Nobel, n’est-ce pas ? Malheureusement, pour les mêmes raisons (vie privée, sécurité...), Telegram est également très apprécié par ceux qui ont des crimes à cacher. Mais accuser Durov d’être complice du trafiquant de drogue qui utilise Telegram pour organiser son trafic, est-ce vraiment démocratique ? Si je disais que ma voiture est à la disposition de tous ceux qui en ont besoin et que l’un d’entre eux l’utilisait pour braquer une banque, serais-je son complice ? Et pourquoi ne serais-je pas, au contraire, "récompensé" si ma voiture a permis, par exemple, de sauver une vie ?

Il ne nous échappe pas que la figure de Durov, Télégramme ou pas, est entourée d’une myriade de côtés sombres qui ne nous laissent pas tout à fait indifférents. Mais soyons honnêtes : une fois Telegram mis sous contrôle, nous pourrions peut-être déjouer quelques crimes mais aussi exposer des milliers de dissidents de toutes couleurs qui utilisent le réseau social pour communiquer et survivre. Et qu’on ne vienne pas nous dire, s’il vous plaît, qu’un contrôle exercé par les pays démocratiques ne les exposerait pas au péril de leur vie : on ne compte plus les saloperies commises par les pays démocratiques entre les guerres, les coups d’État, et les différents systèmes par lesquels le monde libre se maintient libre. Pourquoi les Saoudiens qui ont massacré le journaliste (et citoyen américain) Kashoggi n’ont-ils pas été bannis ? Et ce n’est qu’un exemple parmi mille autres.

Ayant un brin de paille d’un kilomètre de long, Macron a fait une déclaration disant que l’arrestation de Durov n’était liée qu’à des questions judiciaires et non politiques. Il est tout de même curieux que tout cela se produise alors que dans de nombreux pays (Russie mais aussi Ukraine, sans parler des pays de l’UE qui viennent d’adopter la loi sur les services numériques), on tente de mettre sous contrôle, voire d’interdire, l’incontrôlable Telegram. Ou en tout cas là où l’intention louable de construire un "environnement numérique sûr et responsable" (dixit l’UE) ne dissipe pas les doutes d’une volonté parallèle de contrôle et de censure.

À cet égard, il nous semble incroyable, à nous personnes soupçonneuses, de constater le peu d’importance accordée en Italie (et ailleurs) à la "confession" de Mark Zuckerberg, patron de Meta, qui, dans une lettre adressée au président de la commission de la justice de la Chambre des représentants des États-Unis (donc pas n’importe quel Pincopallo), a admis avoir censuré Facebook et Instagram sur Covid et Hunter Biden à la demande de la Maison-Blanche, c’est-à-dire de Joe Biden et de Kamala Harris. Souvenez-vous de la polémique plus ou moins justifiée sur le travail des hackers russes pour le compte de Trump en 2016. Et cette censure de Zuckerberg au profit de Biden n’est-elle pas une sorte de gigantesque piratage préventif ? Et pourquoi en parle-t-on si peu ? Peut-être est-ce là l’environnement numérique sûr et responsable que nous voulons créer ?

29 août 2024

 https://italienpcf.blogspot.com/2024/08/biden-zuckerberg-macron-durov-ce-dont.html

COMMENTAIRES  

30/08/2024 10:17 par Vincent

Dites, vous vous souvenez de l’affaire EU Disinfolab, Visibrain et Nicolas Vanderbiest ?
Je vous recommande très vivement de consacrer à ce dossier le temps de lecture conséquent qu’il mérite.
C’était en 2018, lorsque les réactions sur Twitter notamment sur l’affaire Benalla avaient permis le fichage politique des utilisateurs, c’est à dire pour être plus précis le fichage des opposants de Macron, le tout via un petit cabinet établi à Bruxelles et sous perfusion de la très démocratique UE.
Nicolas Vanderbiest était très copain avec Samuel Laurent, l’impeccable chef de l’Index inquisitorial selon Le Monde... Tout un petit univers de Bien-pensance.
Alors Zuckerberg qui "a admis avoir censuré Facebook et Instagram sur Covid et Hunter Biden à la demande de la Maison-Blanche, c’est-à-dire de Joe Biden et de Kamala Harris", qu’est-ce qu’on s’en fout, hein ? Finalement.
Le "Digital Services Act (DSA)" dont le seul nom dit bien en quoi l’UE est d’inspiration étasunienne, sous contrôle de l’inquisiteur en Chef Thierry Breton, organise désormais très officiellement la censure.
Dites :"environnement numérique sûr et responsable".

RT supprimée c’est une chose, mais Google qui pratique allègrement le dé-référencement (le résultat le plus pertinent de la recherche, s’il est affilié à disons un site de gauche réfractaire, se trouvera en page 7 ou 8 au lieu de figurer en page 1 : Il n’est donc pas "censuré" puisqu’on peut le trouver...) ou encore le "shadow-banning" sur Youtube (un commentaire trop politiquement orienté sous une vidéo ne sera visible que pour celui qui l’a posté, et est rendu invisible au reste des utilisateurs), tout cela ne date pas d’hier, et les algorithmes sont évidemment de plus en plus performants en matière d’analyse du langage.

On a même su, vers 2013 je crois, que Facebook (qui demande ou permet de bien préciser l’émotion qu’un post te procure) faisait des expériences psycho-sociales avec certains de ses utilisateurs : Par exemple, un utilisateur ne recevait plus, dans son fil, que des "mauvaises nouvelles" pendant une période donnée, et "on" observait ensuite le résultat sur ses posts, ses commentaires, etc.
Que je sache, aucun de ces faits établis ou connus n’ont entraîné le boycott massif, par les utilisateurs de ces réseaux et plateformes.
(Je les boycotte TOUS, je boycotte le moteur de recherches Google depuis 14 ans, leurs seuls services que j’utilise étant Youtube, et mon téléphone portable qui a la plupart de ses fonctionnalités supprimées.)

L’immense majorité adhère en fait à l’idée de Goebbels selon laquelle : "Si vous n’avez rien à cacher, vous n’avez rien à craindre".
Je renvoie à l’épisode pseudo-sanitaire qui m’a bien permis d’observer comment la masse s’est instantanément soumise, dans des proportions considérables, au totalitarisme le plus abject. Il a suffit de jouer sur deux instincts grégaires :
La peur de la mort et le sentiment d’appartenance au groupe.
J’ai compris, durant cet épisode, comment les collabos avaient été à ce point majoritaires et les résistants si peu nombreux.

Bref : Big Brother n’a -depuis longtemps- plus rien d’une fiction, et cet épisode Telegram était prévisible pour quiconque observe l’étau qui se resserre disons depuis Patriot Act.
Bientôt, l’identification numérique sera là, l’anonymat sur internet disparaîtra, et les gens trouveront ça "si pratique !" de ne plus avoir à multiplier les preuves de leur identité pour se connecter au site de leur banque...
Les seuls réseaux qui vaillent sont ceux où on se rencontre autour d’une table en ayant préalablement laissé son "flic de poche" au vestiaire. Alors : Qui ici est chaud pour qu’on se voit ? Mmmm ?

30/08/2024 11:13 par legrandsoir

L’immense majorité adhère en fait à l’idée de Goebbels selon laquelle : "Si vous n’avez rien à cacher, vous n’avez rien à craindre".

Edward Snowden a répondu à ça "c’est comme si vous étiez contre la liberté d’expression sous prétexte que vous n’aviez rien à dire"

30/08/2024 11:13 par Dominique

l’incontrôlable Telegram

Ces 3 mots résument le problème de fond de l’informatique : La majorité des utilisateurs de l’informatique sont de véritables illettrés qui sont incapables de trouver une ligne de commande par eux-mêmes, sans parler d’une ligne de code. Cela implique qu’ils utilisent le même système qu’à leur travail car ainsi en cas de problème, ils peuvent demander de l’aide à un collègue qui a de meilleures connaissances.

De plus, beaucoup, même quand on leur dit que gnu/linux est une excellente solution qui permet, en choisissant une méta distribution comme Debian, Ubuntu ou openSuse, de tout faire sauf le café, que les docs s’adressent à tous les niveaux et permettent donc de faire progresser ses connaissances, et que leurs forums offrent gratuitement un support considéré par de nombreux spécialistes comme meilleur que les offres payantes de multinationales comme apple ou microsoft, n’essaient même pas.

Comme alternative non corporative à Telegram (le code source de son client est open source sur github, par contre le code source des serveurs est propriétaire et il est impossible de faire son propre serveur telegram), il y a Matrix : https://matrix.org/, une solution open source et décentralisée qui fait partie du Fedivers.

Comme les autres solutions du Fedivers, Matrix comporte un ensemble de serveurs décentralisés et maillés en fédération dans le Fedivers. Il est aussi possible d’installer et faire tourner son propre serveur et c’est là où cela devient encore plus intéressant et plus sûr. D’abord car ainsi on est sûr que les données qui transitent par le serveur ne vont pas finir chez des gens qu’on ne connaît même pas. Ensuite car ainsi on peut choisir de participer ou pas à la fédération. Il est donc ainsi possible de faire un serveur privé au sein d’une entreprise, d’une organisation ou d’un groupe d’ami qui sera totalement indépendant du Fedivers et du reste d’internet, donc in fine quasi indétectable.

31/08/2024 21:34 par Vania

Comme tu dis @Xiao, ce jeune homme mène une vie très superficielle. Cependant, c’est un génie de l’informatique et sa plateforme libre du regard des occidentaux a de l’importance, surtout pour les personnes/pays bloqués/ persécutés par l’ occident. Il a payé une caution de 5 millions d’euros !. Question : Actuellement, la justice française est-elle identique à celle des eeuu ?

31/08/2024 21:35 par Vania

Durov est un jeune russe produit de la confusion idéologique de la Perestroika dirigée par l’ivrogne yeltsin et le traitre Garbachov et cie. Ce jeune oligarque russe croyait à l’internet libre et a été aussi naif pour croire à la liberté d’expression occidentale ! Il voulait également créer un système financier indépendant de la monnaie et des règles du système financier global.Telegram assurait l’anonymat + porte feuille de paiements crypté Toncoin + des applications indépendantes Ton = un nouveau monde financier et social impossible de contrôler par l’occident ! Voilà son crime.. Et Macron comme vulgaire caniche des eeuu exécute les ordres "Yes sir"
Voici l’analyse d’Oleg Yasinsky
https://actualidad.rt.com/opinion/oleg-yasinsky/520940-celda-assange-pavel-durov

01/09/2024 08:28 par Tardieu Jean-Claude

- trois blocs mutuellement irréconciliables se sont formés.

Sauf quand il s’agit de sauver Macron et les institutions de la Ve République !

- Macron avait sacrifié la France

Sauf celle du CAC40 !

- la condamnant à l’ingouvernabilité

A ceci près, que les capitalistes continuent de vaquer à leurs affaires sans en être affectés.

- Il ignore la voix du peuple qui s’adresse à lui, comme le veut la démocratie
- Macron sacrifie sciemment la France et ignore la volonté du peuple français

C’est ignorer qu’il est le représentant du capitalisme et de la ploutocratie

- il n’est plus le président de la République (c’est-à-dire de tous les Français)

Depuis quand le président de la République serait-il le représentant des intérêts "de tous les Français" ? Quelle en est la signification politique ?

1- C’est légitimer la Constitution bonapartiste et antidémocratique de la Ve République.

2- Pire, c’est nier que les intérêts des différentes classes sociales sont irrémédiablement incompatibles du fait de la nature des rapports sociaux de production qui président au capitalisme.

3- Cela revient à nier la lutte des classes au profit d’un régime corporatiste, dictatorial, qui logiquement finira par pencher vers le fascisme.

- Et le jugement politique n’a rien à voir avec le processus institutionnel.

Pourquoi, devrait-on le revendiquer, s’y soumettre en bon agent du régime ? Ce sera sans nous.

- Démocratie signifie "pouvoir du peuple", rien d’autre. Un pouvoir qui, dans nos sociétés, s’exerce par la médiation de corps intermédiaires : partis, syndicats, associations, etc.

En réalité, ces "corps intermédiaires" servent de caution à un régime antidémocratique, à masquer qu’il s’agit d’une dictature, celle du capital, dans la mesure où ils ne luttent pas pour le renverser ou ils n’entendent pas rompre avec le capitalisme et ses institutions, ils sont antisocialistes ou anticommunistes.

- la figure de Durov, Télégramme ou pas, est entourée d’une myriade de côtés sombres qui ne nous laissent pas tout à fait indifférents.

Pour avoir de telles préoccupations (malsaines), on se demande ou plutôt, on ne se demande plus quelles sont vos véritables intentions, elles transpirent ici.

- Ou en tout cas là où l’intention louable de construire un "environnement numérique sûr et responsable" (dixit l’UE)

Quelle référence ! Vous en rajoutez une couche ou le masque tombe, car enfin, quelle complaisance compromettante !

Personnellement, je boycotte tous les réseaux dits sociaux genre, X, Facebook, Instagram, Télégram, Tiktok, LinkedIn, Pinterest, etc. et je m’en porte très bien. J’ai sélectionné moi-même des sources d’information et je pense être suffisamment bien informé pour analyser la situation en toute indépendance.

01/09/2024 13:11 par Jean Grimal

Au commentaire parfaitement pertinent de Jean-Claude Tardieu, j’ajouterais une remarque, à propos de cette phrase :
Il ignore la voix du peuple qui s’adresse à lui, comme le veut la démocratie
C’est ce que nous vend la gauche, qui revendique d’avoir gagné les élections (en ayant à peine un tiers des députés, ce qui est quand même un peu gonflé).
Cela signifie que l’auteur et la gauche valident le scrutin uninominal à deux tours comme marque de la démocratie. S’il s’agit de la démocratie bourgeoise, c’est certain, mais j’ai l’impression que l’auteur valide un concept universel, sans référence de classe de "démocratie".
Le scrutin uninominal à deux tours est particulièrement antidémocratique, il ne reflète absolument pas la volonté du peuple, il a, au contraire, été mis en place par De Gaulle pour la contourner ou l’encadrer.
La seule chose qui peut vaguement relever de la volonté des électeurs, ce sont les résultats du premier tour : le RN et ses alliés en tête avec près de 34 % et la gauche derrière avec près de 28 % (soit dit en passant un de ses pires résultats depuis le début de la Vème République, si ce n’est le pire). Et un rejet global de Macron de la part des électeurs des premiers et d’un importante majorité des électeurs des seconds.
Or, le second tour infirme ce résultat, avec la tactique des castors qui remet Macron au centre du jeu. Quoi qu’on pense du choix des politiciens de gauche de sauver Macron, il est évident qu’il y a de l’hypocrisie ou de l’ignorance crasse des choix du Grand Capital à se plaindre qu’il n’appelle pas la gauche au pouvoir, alors que c’était couru d’avance.

01/09/2024 22:06 par xiao pignouf

Jean Grimal,

J’ai des questions et des remarques rapport à votre dernier commentaire :

Vous dites que le scrutin uninominal à deux tours est anti-démocratique. Pourriez-vous élaborer, svp ?

Vous dites que la « gauche » avec à peine un tiers des députés (193/577 = 33,45%) ne peut pas revendiquer la victoire. Ce serait vrai si nous étions dans un système politique bipartite de type EU ou RU, mais jusqu’à nouvel ordre, ce n’est pas le cas. Il y a 3 autres gros groupes politiques à l’AN (RN/Ciotti = 142 sièges soit 24,6% ; Renaissance &co = 166 sièges soit 28,7%, LR = 47 sièges soit 8,1%)). Qui sinon le NFP pourrait revendiquer la victoire ? La majorité est la majorité, qu’elle soit absolue ou relative est un autre sujet.

Vous dites, en considérant de manière inappropriée les législatives comme si c’était les présidentielles, que le score de la gauche (28%) est le pire de la Cinquième République. On a d’abord envie de vous demander si par « gauche » vous entendez le PS. Ensuite, c’est incorrect : en 68 et en 93, ce n’était pas mieux. De toute façon, c’est le nombre de sièges qui importe, pas le nombre de voix.

Vous dites ensuite que ce qui peut ressembler le plus à la « volonté populaire », c-à-d à une victoire électorale, c’est le score du RN au premier tour, avec 34% des suffrages, soit tout juste un tiers. N’est-ce pas accorder au RN ce que vous refusez au NFP ?

Ce n’est pas la première fois qu’une analyse du résultat des législatives comme la vôtre est tentée ici, se résumant à peu près à "le RN a ramassé le plus grand nombre de voix par conséquent c’est lui le vainqueur et non le NFP !". Que ce soit sciemment ou non, cette compréhension part du présupposé erroné que les législatives fonctionnent sur le même mode de calcul que les présidentielles. Ce n’est pas le nombre total de voix qui compte mais le nombre de circos gagnées. Quel que soit le nombre de leurs électeurs, ceux-ci élisent un(e) seul(e) député(e). Ainsi, Saint-Pierre-et-Miquelon et ses 6000 habitants, et la première circo de l’étranger avec 230 000 habitants, ont chacune un député.

Par ailleurs, le RN a présenté 498 candidats aux élections quand la FI en présentait moins de la moitié (234). Aux législatives, c’est un peu comme aux JO : en toute logique plus on a d’athlètes en lice, plus on a de médailles. Par contre, si on parle du rapport entre nombre de candidats et nombre de sièges obtenus, en théorie, à nombre égal de candidats, la FI aurait remporté ces élections.

Vous dites que le scrutin est antidémocratique. En attendant de savoir pourquoi, je dirais que ce qui est antidémocratique, c’est avant tout l’absence de neutralité des médias et leur rôle toujours plus important sur l’orientation des votes. En fait, la présence médiatique dominante du RN de plus en plus ostensible, la mise à sa disposition de canaux médiatiques qui sont entièrement à sa botte comme Cnews, C8 ou Europe1 (cf. graphique 8), le traitement complaisant auquel ils ont droit (à mettre en comparaison avec celui de la FI qui lui est symétriquement opposé) invitent à se demander pourquoi ils n’ont pas réussi à faire de meilleurs scores. La Ferrari du RN a perdu sa course contre la Twingo du NFP.

La raison est évidente : la nullité crasse de leurs candidats et leur difficulté à cacher le racisme ordinaire dans leurs rangs. Si le défi de la FI pour les prochains scrutins, après s’être débarrassé du PS qu’elle devra laisser crever et des autres partis de gauche auxquels plus aucune confiance ne pourra être accordée à moins qu’ils adhèrent entièrement à la ligne insoumise, sera d’étendre son influence militante en conservant la qualité de son recrutement. Celui du RN est exactement inverse : privilégier la qualité à la quantité. Ce ne sera pas une mince affaire.

02/09/2024 07:08 par Georges Rodi

"Elections are the entertainment division of the Military Industrial Complex’
Les élections sont produites par la division Media & Divertissement du Complexe Militaro-Industriel

Frank Zappa
Philosophe étasunien, et guitariste amateur :)

02/09/2024 09:30 par tchoo

Macron Macron
Tout puissant, certes parce que la constitution le lui permet mais aussi parce que une grande partie des élus aussi
Il est en minorité à l’assemblée, demain celle-ci à la pouvoir de le renverser
Si tous les élus hors macronistes le veulent

02/09/2024 11:19 par Auguste Vannier

Exactement @tchoo :
C’est d’ailleurs pour cela que la procédure de destitution est excellente. On verra bien qui est vraiment dans l’opposition et surtout qui ne veut plus de Macron.
Personne n’a de majorité absolue, mais il est certain que le "Macronisme" est en minorité.
C’est pourquoi à mon avis Macron se prépare à utiliser l’Article 16 de la constitution après avoir mesuré le degré de mobilisation populaire dans les premières manifs (degré affaibli par leurs échecs répétés, et par la crainte de "forces de l’ordre" suréquipées, entraînées, et violentes).Et après avoir "constaté" une série de censures du gouvernement (provoquée par ses nominations bien choisies). L’article 16 de la Constitution peut être déclenché... si le fonctionnement régulier des pouvoirs publics est interrompu. Le président de la République exerce alors les pouvoirs législatif et exécutif.En l’espèce il achèvera sa "mission" néolibérale.
https://www.blast-info.fr/emissions/2024/macron-la-note-interne-qui-legitime-un-scandale-democratique-xzaLX7ObT7ywv1rEDhBoGw

02/09/2024 11:47 par Jean Grimal

@Xiao Pignouf

Je suis un peu surpris de votre perplexité devant le caractère antidémocratique du scrutin uninominal à deux tours. Le PCF, du temps où il existait, l’a toujours condamné. La répartition en 577 circonscriptions est un moyen dès 1958 de limiter les nombre de députés communistes. Contrairement à ce que vous dites, la légitimité électorale vient des voix et non des sièges. Ainsi, en 68, les résultats sont bien meilleures qu’en 2024, la FGDS obtient 16,5 % et le PCF 20,03 % au premier tour. Et, avec ses 20 %, le PCF n’obtient que 34 députés, alors que la FGDS en a 57 et la coalition de Lecanuet, qui a obtenu 10 % en a 33. C’est ça le caractère antidémocratique de ce mode de scrutin. Le seul scrutin qui soit démocratique, si tant est qu’on puisse le dire en régime capitaliste, c’est la proportionnelle. C’est ce qu’a toujours défendu le PCF.
Et dans ce cadre, la seule chose qui puisse correspondre à la proportionnelle, c’est le résultat en voix du premier tour. D’où ma réflexion. Mais, je ne crois ^pas avoir écrit que le RN et Ciotti avaient gagné, ils sont arrivés en tête, point. Pour moi, personne n’a "gagné" cette élection

05/09/2024 13:20 par Zéro...

« Ce jeune oligarque russe croyait à l’internet libre et a été aussi naïf pour croire à la liberté d’expression occidentale ! » Vania

Parfaite analyse, comme toujours !

05/09/2024 14:39 par Zéro...

@ Jean Grimal,

Premièrement, le résultat du premier tour des élections européennes n’est qu’un violent vote sanction de Macron, pas à prendre comme un plébiscite pour le RN.

Ensuite, il en est ainsi en France : gagne celui qui a fait le plus de voix, il n’est pas nécessaire, même si c’est préférable pour gouverner, d’avoir la majorité absolue !!

Encore qu’on puisse voir que Macron gouverne, sans AUCUNE majorité, en monarque ABSOLU, sans faire la MOINDRE concession auX voteS des Français, et qu’il IMPOSE Premier Ministre un homme RN COMPATIBLE qui a déjà été Ministre quatre fois dans un parti défait à de multiples reprises depuis...

Avec la nomination Premier Ministre de Barnier, qui vient d’être officialisée, Macron fait un bras d’honneur à DES MILLIONS de Français qui ont voté contre lui.
Rappelons que LR, dont est issu Barnier, a fait 8% au second tour des Législatives et 7% aux élections européennes : une légitimité toute macronienne !!
Légitimité que Macron refuse au NFP avec trois fois plus d’élus avec qui il s’est allié pour rejeter le RN... qu’il a flatté en nommant un Premier Ministre RN COMPATIBLE - je le répète car c’est de la plus grande importance, illustre sa duplicité et la QUASI inutilité de voter en France !!

Pour critiquer cette nomination, JLM n’a pas trouvé autre chose qu’un vote (débile !) de Barnier CONTRE la décriminalisation de l’homosexualité : le vote est aussi condamnable que l’argument est lamentablement faible puisqu’on n’impose pas une sexualité et que cet(te) amendement/loi a été rejeté(e)...
Et il aurait EN PLUS dû laisser cet argument aux associations LGBT, etc, etc, etc... concernées.

Mais l’Essentiel n’est-il pas que nous nous combattions à mort avec le RN...?

Mission réussie pour le Système et son allié extrême de l’ombre : "tout tremble et rien ne bouge !!"

Et pendant que la Gauche s’est démenée contre le RN avec Macron, in fine, sous une autre forme, la Droite est ENCORE ET TOUJOURS au Pouvoir...

Ne changeons rien, nous sommes sur la bonne voie !

05/09/2024 14:48 par Ernesto

La répartition en 577 circonscriptions est un moyen dès 1958 de limiter les nombre de députés communistes.

C’est pas plutôt le découpage, qui est le problème ?

A voir les résultats, de 58 mais pas que (en 86 c’est... Pasqua qui s’y colle), on se marre

05/09/2024 20:00 par Mat-Mat

Pour critiquer cette nomination, JLM n’a pas trouvé autre chose qu’un vote (débile !) de Barnier CONTRE la décriminalisation de l’homosexualité

Faudrait arrêter avec ces jugements à l’emporte-pièce qui vous ridiculisent mais comme ça ne tue plus je suppose que vous n’allez que croître et embellir , si j’ose dire...

Allez revoir, ou voir tout court, la réaction de Mélenchon et revenez nous donner votre dispensable énième leçon concernant la façon d’enfoncer des portes ouvertes...

Comme je suis bon prince je vous fais la courte échelle (et aussi, et surtout, pour que vos divagations n’induisent pas en erreur qui, de bonne foi, et du genre pressé, par extraordinaire vous lirait, ce qu’à dieu ne plaise...)

05/09/2024 20:26 par boizenmieux

Pour critiquer cette nomination, JLM n’a pas trouvé autre chose qu’un vote (débile !) de Barnier CONTRE la décriminalisation de l’homosexualité

En effet... Qu’on en juge :

"le président de la République vient de

nommer le Premier

ministre c’est Monsieur Michel

Barnier notre réaction ne dira rien sur

les qualités de la personne ce n’est pas

le sujet le sujet c’est que le président

vient de décider de nier officiellement
le résultat des élections législatives

qu’il avait lui-même

convoqué ce n’est pas le nouveau front

populaire qui est arrivé en tête de

l’élection qui aura le premier ministre

et la responsabilité de se présenter

devant les députés ce sera un membre

parmi d’autres d’un parti qui a été le

dernier à l’élection

législative qui a fait le plus petit

score et qui a fait l’un des plus petits

nombres de députés pour finir présent à

l’assemblée nationale l’élection a donc

été volée au peuple français le message

a été nié et maintenant nous découvrons

un Premier ministre qui est nommé avec

la permission et peut-être sur la

suggestion du rassemblement national

alors que le deuxème tour de l’élection

législative avait été tout entier

concentré à faire échec à ce

rassemblement national c’est la
personnalité la plus proche de ces

positions qui est

désigné quasiment un

gouvernement de Monsieur Macron et de

Madame Le Pen aussi bien le président

prétendant qu’il s’est assuré de la plus

grande stabilité possible avec Monsieur

Barnier avoue-t-il qu’il a d’ors et déjà

reçu des engagements dans ce domaine

sinon comment peut-il croire qu’il y

aura une majorité à l’Assemblée

nationale pour accepter le budget qui

est préparé actuellement dans l’ombre

par les ministres démissionnaires bref

l’élection est volée le Premier ministre

porte un message de négation de la

volonté du peuple français et ce n’est

pas la première

fois je voudrais dire à ce sujet qu’il a

été de ceux qui après le vote négatif

des Français contre la constitution de

2005 européenne a préparé le vote par la

force du même texte par le peuple

français à l’Assemblée nationale au

congrès du Parlement et puis quel

étrange message adressé à un pays qui

cherche par tous les moyens les voix de

son rassemblement que de désigner

quelqu’un qui a voté contre la

décriminalisation de l’homosexualité

quel est le sens d’un tel

message nous ne croyons pas un instant

qu’il se trouvera ensuite une majorité à

l’Assemblée nationale pour accepter un

tel déni de la

démocratie et je ne veux pas croire que

les Françaises les Français acceptent

d’être traité de cette façon aux yeux du

monde ils votent d’une manière et on

choisit d’une autre un Premier ministre

qui n’a rien à voir avec le résultat des

élections c’est pourquoi il y va tout

autant de la démocratie du refus de la

monarchie

présidentielle que du respect de

soi-même dans cette situation le 7

septembre les organisations de jeunesse

et je les en remercie nous ont appelé à

nous rassembler dans les rues de France

pour le respect de la démocratie et

maintenant s’y ajoute le respect de

notre propre dignité de citoyennes et de

citoyens qui votons après y avoir

réfléchi et par conviction et qui sommes

les seuls souverains de ce pays nous le

peuple tout entier j’en appelle donc à

la mobilisation la plus puissante que

possible le 7 septembre pour le respect

de la

démocratie pour le respect de la bonne

compréhension de ce que sont des

institutions républicaines placées sous

la souveraineté du peuple et pour la

dignité personnelle de ceux qui ont été

votés et qui ont donné un avis que

personne n’a le droit

d’effacer c’est bien le moment de dire

plus que jamais en France vive la

république "

On voit, comme dit l’autre, qu’en effet "JLM n’a pas trouvé autre chose..."

05/09/2024 21:52 par boizenmieux

JLM n’a pas trouvé autre chose qu’un vote (débile !) de Barnier CONTRE la décriminalisation de l’homosexualité

En effet :

(Blog de JLM, note titrée "Barnier l’inacceptable")

Un candidat de la vieille droite. Toute sa carrière politique est marquée par un engagement dans les institutions européennes (comme député et commissaire) en faveur du libre marché. Fervent défenseur du TCE en 2005, il a très vite défendu l’idée de contourner le vote des Français. Ses ambitions présidentielles pour 2022 (il a échoué au congrès de LR en 2021) l’ont poussé à engager un virage “souverainiste” qui s’est traduit par une ligne anti-migrant particulièrement violente et aèrent partisan de l’Europe néolibérale. C’est sans doute cette orientation xénophobe qui lui donne les faveurs du RN et crédibilise sa nomination à Matignon. La relation à Macron ? C’est Barnier qui en parle le mieux :

« [Macron] a gouverné notre pays, à l’intérieur comme à l’extérieur, de manière solitaire et arrogante. »

Biographie

Membre de LR. Etait proche d’Edouard Balladur.
Son fils aîné fut collaborateur parlementaire d’un député LREM en 2017 puis candidat du Mouvement Réformateur (droite libérale et pro-européenne belge) aux élections européennes 2019.

Carrière politique

Commence sa carrière dans les cabinets ministériels comme conseiller au cabinet du ministre de l’Environnement Robert Poujade
Dans les institutions européennes, il est commissaire européen à la Politique régionale (1999-2004) puis député européen UMP (2009-2010) ; commissaire européen au Marché intérieur et aux Services (2010-2014)
Négociateur en chef de l’UE pour le Brexit : pour la préparation et la conduite des négociations (2016-2019) puis pour la préparation des relations futures avec le R-U (2019-2021).
Candidat et favori du congrès 2021 de LR devant désigner un candidat à la présidentielle de 2022, il termine 3ème avec 23,9% des suffrages et est éliminé au 1er tour. Dans ce cadre et à partir de 2021, il crée son micro-parti “Le Droit Chemin” et alimente un site web nommé “Patriotes et Européens”. Il soutient Valérie Pécresse en 2022.

Il se dit “patriote et européen”, sorte de synthèse entre Macron et Le Pen : “Emmanuel Macron et ses soutiens prétendent être les seuls à défendre l’Europe ; c’est faux. De la même manière que Marine Le Pen et Jordan Bardella ne sont pas les seuls à défendre la nation. Il y a, au milieu, la ligne du Parti populaire européen, la nôtre, à la fois patriote et européenne”
Barnier : le député qui a voté contre la dépénalisation de l’homosexualité. Le 20/12/1981, Michel Barnier député vote contre la dépénalisation de l’homosexualité pour les mineurs de plus de 15 ans, pénalisation mise en place sous Vichy.

Symbole de la fusion de la droite et de l’extrême-droite, il est obsédé par l’immigration
Ses mesures phares : un moratoire sur l’immigration de 3 à 5 ans et une réforme constitutionnelle par référendum.
Ce moratoire aurait signifié : la fin des régularisations, la limitation du regroupement familial, la suppression de l’AME (“sauf urgence”), “zéro immigration sociale”, “réduire l’accueil des étudiants étrangers” et une réforme du droit d’asile.
Il propose que cette réforme porte simultanément sur un « contrôle parlementaire sur les quotas d’immigrés », et « un bouclier constitutionnel » pour « retrouver notre liberté de manœuvre » c’est-à-dire “garantir que les dispositions prises […] ne pourront être écartées par une juridiction française au motif des engagements internationaux de la France”.
Il s’en prend notamment à la Cour de justice européenne, la Convention des droits de l’homme et entretient le mythe de juges français politisés à gauche : “Ce ne sont, ni les juges ni les passeurs qui doivent décider de notre politique migratoire. C’est le peuple Français”
Bien entendu, ses critiques portent uniquement sur la politique migratoire et ne visent jamais le carcan économique néolibéral imposé par l’UE, tant budgétaire (austérité, règles relatives au déficit et à la dette…), monétaire (indépendance de la BCE et objectif unique de limitation de l’inflation) que commercial (libre-circulation des capitaux et marchandises).

Sa ligne sécuritaire continuerait la politique de Macron et lui vaudrait le soutien du RN :
Il est en faveur de la création d’un “ministère de la Sécurité publique” qui aurait autorité sur la police, la gendarmerie et l’administration pénitentiaire
Il promeut “un choc d’autorité pour rétablir l’ordre dans nos villages”
Barnier souhaite multiplier par 4 le nombre de places en “centres éducatifs fermés” (prisons pour jeunes), la construction de 20 000 places de prison supplémentaires (ce qui conduit systématiquement à davantage d’incarcération) qui seront immédiatement occupées car il porte aussi le rétablissement des “peines planchers”
Barnier propose la “double peine” afin d’expulser les étrangers condamnés à de la prison ferme mais aussi l’expulsion de “tous les étrangers représentant une menace grave pour l’ordre public”
Alors que la Justice fonctionne déjà à flux tendu et manque cruellement de ressources, Barnier veut “diminuer les délais des procédures”

Un soutien de toujours du projet d’UE néolibérale contre les peuples :
Vote pour le projet de réforme constitutionnelle préalable à la ratification des accords de Maastricht en 1992.
En 2001, il est nommé membre du Présidium de la Convention, pour la Commission européenne, chargée de rédiger une Constitution pour l’UE (“la logique ultime de cette méthode serait qu’une telle Convention s’identifie un jour avec le pouvoir constituant en Europe”). Il préside le groupe de travail sur la défense européenne. Cette convention a préparé 95% du texte final.
Alors ministre des Affaires étrangères, il est un partisan du “Oui” au référendum sur le Traité constitutionnel européen (TCE) de 2005.
Immédiatement après son rejet par le peuple français, il laisse entendre qu’un contournement de la souveraineté populaire est à venir : “cette Constitution tentait de régler des problèmes qui restent posés, et il faudra bien les régler. Si cette Constitution n’existe pas, il faudra la réinventer d’une manière ou d’une autre”.
Il soutient la ratification en 2008 du Traité de Lisbonne de 2007 qui, s’il est “né de l’échec de la Constitution” n’est selon lui “pas le même texte”. Il déclarait pourtant 3 ans plus tôt, en février 2005 à Vilnius : “Écoutons, durant ces campagnes de ratification, ce que les citoyens attendent de l’Europe”.
Il défend le marché unique, pour lui “notre principal atout” pour atteindre “une masse critique” et faire “l’Europe puissance”.

Barnier mènera une politique austéritaire car il souhaite approfondir la politique de diminution des recettes de Macron : Il est donc un représentant assez classique de la droite libérale qui endette systématiquement et massivement le pays lorsqu’elle est aux commandes du pays. Il souhaite “diminuer les cotisations sociales” et de 10 Mds les “impôts de production”. Avec lui, comment imaginer mettre un terme à la destruction de la protection sociale, un meilleur financement du système de santé et de l’hôpital public, la fin d’une gestion calamiteuse des finances publiques qui provient de la suppression massive de recettes fiscales sous Macron ?

Antisocial, il attaquera à son tour la protection sociale :
Barnier prend pour cible les personnes privées d’emploi et proposait dès 2021 de suspendre l’allocation chômage après 2 refus “d’offres raisonnables d’emploi”. Cela lui fait un autre point commun avec la macronie, ses 5 réformes de l’assurance chômage (dont 1 non aboutie) et sa réforme de France Travail que nous souhaitons abroger. Barnier à Matignon, ça pourrait être le retour de la contre-réforme de l’assurance chômage d’Attal…
Il considère que la protection sociale telle qu’elle est encourage “l’assistanat” et envisage même la création d’une “allocation sociale unique”, c’est-à-dire la suppression de nombreuses prestations sociales correspondant à des situations et des besoins particuliers.

Il est favorable au non-sens qu’est une quasi-armée européenne et soutient l’ “initiative européenne de défense” de Macron : “Il faut aller plus loin, avec une force de projection militaire, des programmes communs de recherche, un fonds d’investissement, mutualiser les commandes, éviter les duplications. Il faut aussi une force européenne de protection civile” pour créer des “capacités communes”

Au ministère de l’agriculture, sa politique de libéralisation et de dérégulation a contribué à paupériser les paysan.ne.s français.es
Il signe en novembre 2008 l’accord sur le “Bilan de santé de la PAC” (qui augmente les quotas laitiers puis les fait disparaître en 2015, c’est-à-dire dérégule la production laitière européenne). Cette décision entraînera la “grève du lait” de septembre 2009.
C’était “Bruno demande” avant l’heure : en mai 2009, alors que le prix du lait payé au producteur a baissé de 30% sur un an, il considère qu’ “il faudra que les industriels acceptent de reprendre la négociation et de payer le prix juste”.
Comme commissaire européen au marché intérieur (2011), il estime que la spéculation n’est pas la première cause de volatilité des prix des matières premières agricoles.
Barnier : le ministre qui étouffe les scandales écologiques. Ministre de l’environnement dans le gouvernement Balladur (1993-1995), Michel Barnier donne consigne aux fonctionnaires des DRIRE de lever le pied sur les mises aux normes avant les municipales de 1995. Cette consigne a permis de couvrir des rejets massifs de dioxine (700 fois les normes autorisées) en provenance d’un incinérateur d’ordures construit dans le département (Savoie) dont Barnier était président du Conseil général.

Pro-nucléaire, il a appelé Macron à accélérer sur la construction de nouveaux réacteurs. Au niveau européen, il militait pour une inclusion du nucléaire dans la définition des énergies vertes. Cet engagement pro-nuke est vieux de plusieurs décennies : il fut conseiller du ministre de l’Environnement sous un gouvernement Messmer, en 1995 il considérait comme “ridicule” le port de t-shirts antinucléaires par des député.e.s Verts devant Jacques Chirac au Parlement européen.

Il s’apprête à servir de caution au coup de force antidémocratique de Macron alors qu’il considère que “le macronisme a vocation à disparaître en 2027” (dans Le Figaro en juillet 2022) et que LR ne doit pas être la “béquille” de Macron. Qu’est-ce que serait un gouv Barnier si ce n’est la continuation du macronisme ?
Après les législatives de 2022, il pensait qu’une “dissolution signerait une crise politique, et un changement de gouvernement ne parviendrait pas à la résoudre”. Interrogé sur son éventuelle arrivée à Matignon, il estimait que “les débauchages n’apportaient rien à personne”."

Comment c’était déjà ? Ah oui : "JLM n’a pas trouvé autre chose"...

https://melenchon.fr/2024/09/05/barnier-linacceptable/

06/09/2024 13:06 par Tardieu Jean-Claude

@boizenmieux

Barnier : Un technocrate de Bruxelles compatible avec l’extrême droite et représentant les "gens d’en haut", Barnier à tout bon ! Et ceux qui réclament à cor et à cri le "respect de la démocratie" ont tout faux.

Pauvres d’esprit que nous sommes, et dire que nous ignorions jusqu’à présent qu’on vivait en démocratie en France...

JLM - "... J’en appelle donc à la mobilisation la plus puissante que possible le 7 septembre pour le respect de la démocratie pour le respect de la bonne compréhension de ce que sont des institutions républicaines placées sous la souveraineté du peuple et pour la dignité personnelle de ceux qui ont été votés et qui ont donné un avis que personne n’a le droit d’effacer c’est bien le moment de dire plus que jamais en France vive la république "

Questions : Sous quel régime sommes-nous ? Dans quel cadre constitutionnel se sont déroulées les élections législatives ? Les intérêts de quelle classe privilégiait la Constitution de la Ve République ou quelle était la nature sociale de l’État ? Je sais que ce sont beaucoup de questions que de nombreux lecteurs ne souhaitent pas se poser, et pour cause.

Traduction : Mélenchon en appelle au "respect de la démocratie", ce qui signifie que la Constitution de la Vᵉ Républiques ne serait pas bonapartiste et antidémocratique, elle serait plus que compatible avec l’exercice de la démocratie, elle en serait le garant. Vous avouerez, en tant que démocrate, il faudrait être idiot ou avoir perdu la tête pour vouloir se passer d’une Constitution aussi vertueuse, enviez et copiez par bon nombre de dictateurs africains !

Il y a près de 50 ans déjà, quand Mélenchon rejoignit la social-démocratie ou quand il adopta son idéologie si vous préférez, il signifia qu’il ne romprait jamais avec le capitalisme et ses institutions, qu’il avait rompu définitivement avec le socialisme, et de fait, soyons honnête, il tint parole.

Quand le NFP a déclaré qu’il était prêt à "cohabiter" avec Macron, chacun aurait dû en tirer les conclusions qui s’imposaient, à savoir que pour qu’une coalition de partis puisse gouverner, il faudrait obligatoirement qu’elle applique un programme politique conforme à celui de Macron, donc conforme aux intérêts des capitalistes, car il était impensable qu’il accepte qu’un gouvernement qu’il présiderait abroge certaines mesures ou lois antisociales ou liberticides adoptées depuis 2017.

Le NFP a sauvé Macron, à moins qu’il n’ait jamais été menacé.

C’est le NFP en appelant au second tour des élections législatives au "front républicain" en faveur des candidats de la coalition présidentielle Ensemble et de LR qui a permis à la droite parlementaire de sauver les meubles et de se retrouver avec suffisamment de députés pour que Macron puisse désigner un Premier ministre issu de la droite parlementaire.

Car en réalité, c’est elle qui dispose d’une majorité relative et non le NFP. Ensemble a 166 députés + 47 députés LR = 213 + quelques députés parmi les 8 non-inscrits et les 21 de LIOT.

C’était mentir aux travailleurs et aux militants, de leur faire croire que le NFP avait remporté ces élections. C’était les tromper de leur faire croire que le NFP pourrait gouverner. C’était les trahir de leur faire croire que le NFP appliquerait un programme politique conforme à leurs besoins sociaux sans rompre avec Macron, les institutions de la Vᵉ République et le capitalisme, et l’UE, etc.

06/09/2024 13:32 par xiao pignouf

le vote est aussi condamnable que l’argument est lamentablement faible puisqu’on n’impose pas une sexualité

Parfois Zéro, il faudrait quand même admettre que vous dites des choses plus grosses que vous. Avez-vous un instant réfléchi avant de dire cela ? Selon vous, décriminaliser l’homosexualité équivaut à imposer une sexualité ? Primo, lorsqu’on décriminalise une pratique, on ne l’impose à personne, c’est ridicule. Deuxio, il ne s’agit pas uniquement de sexualité (cette obsession bigote), mais d’affection, d’amour, de vie de couple, du désir de fonder une famille. Décriminaliser l’homosexualité, c’est donner la possibilité aux homosexuels de vivre comme tout le monde et non cachés.

Y avoir été opposé, ça dit effectivement beaucoup de chose sur ce Barnier. Ce n’est pas la seule, ni peut-être la plus importante, mais ça dit quelque chose de profondément signifiant sur l’intimité de cet homme et qui va au-delà du politique.

06/09/2024 18:44 par Assimbonanga

Ce qu’on peut déduire de Barnier qui voulait maintenir les homosexuels en état de criminalité, c’est l’inhumanité. Il est chrétien, ce bonhomme ? Il imagine la vie que c’est d’être criminalisé, de craindre la rafle, l’arrestation, la condamnation, la prison, de devoir se cacher, de feindre une vie qui n’existe pas ? C’est atroce !
Les couples homo avaient bien du malheur. Si l’un mourrait après avoir partagé un appartement, une entreprise, sa famille pouvait faire la misère à l’autre et tout lui spolier.
Et bien sûr, Barnier, à titre personnel, il s’en foutait peut-être mais c’était pour se situer politiquement, si ça se trouve ! Un cynique calcul électoral.

08/09/2024 22:59 par Sam

Van Der Barnier n’est que l’occurence pathétique, uninominale, d’un vieil homme qui voudrait exister.
L’enjeu le dépasse, les aboutissants le dépassent.

Il s’agit juste de savoir si la Gauche, l’application des valeurs républicaines et le préliminaire qui est le respect du vote sont encore possible en France.
Apparemment non, mais qui en a quelque chose à foutre, mis à part de balancer des grappes de mots brillants sur des sites choisis, du fond du canapé !

En Russie, un pays incomparablement plus vivant et puissant que le France, les gens s’engagent pour défendre leur pays. Ici, pas un chat pour défoncer la créature des Rotschild. Moi, je peux pas, trop vieux.

09/09/2024 09:54 par Zéro...

JLM gâche ses interventions par des à-côtés dont on se passerait ; vous ne semblez pas percevoir l’effet désastreux que cela a sur les opinions publiques...

Bien sûr qu’il ne dit pas que cela, mais c’est ce qui sera retenu et amplifié par les médias !!

Vous me faites un procès parce que j’explique en quoi ce manque de maîtrise et de lucidité est à déplorer...

Si cela vous convient, c’est parfait !

Et sachez que, quoi que j’en dise, ce n’est qu’un avis et que la Marche de JLM se fera !!

09/09/2024 10:16 par Bernard Gensane

Barnier “ vieil homme ”. Attention, Sam, 2 des administrateurs sur 3 du Grand Soir sont bien plus vieux que Barnier !

09/09/2024 13:38 par CAZA

Humm Camarade Zéro .
Quoique puisse dire JLM (ou quiconque de LFI ) cela sera retenu ( traficoté ) contre lui par la propagande .
Toujours se souvenir :
Castro , le Pape et sa tiare qui part à l’ eau , Castro marche sur l’ eau pour la lui récupérer :
La propagande :
Castro ne sait même pas nager .

09/09/2024 18:16 par Zéro...

CAZA,

Je ne doute pas une seconde de la scandaleuse cabale médiatico-politique contre JLM !!

Je lui reproche simplement de régulièrement tendre le bâton pour se faire battre et LFI avec lui - pas dans le fond mais dans la forme...

Il gâche trop souvent ses très bons discours par de petits détails qui ne leur apportent rien si ce n’est donner du grain à moudre à ceux qui sont aussi nos ennemis !!

J’emploie à dessein le terme "ennemi" parce que, arrivés à ce stade de haine et de diabolisation, il sont devenus plus que des adversaires...

10/09/2024 10:04 par Tardieu Jean-Claude

@Bernard Gensane

Personnellement, 69 ans demain, voilà qui ne nous rajeunit pas !

Ce serait bien que la date de naissance des lecteurs qui postent des commentaires figurent à côté de leur nom ou pseudonyme pour se faire une petite idée sur eux ou plutôt, cela faciliterait opportunément la lecture de leurs commentaires, la compréhension de leurs motivations, de leurs intentions, car souvent, on n’a pas les mêmes à 20 ans qu’à 80 ans, souvent aussi sans qu’on en ait pleinement conscience d’après ce que j’ai pu remarquer.

La vieillesse est un naufrage, dit-on, physiquement, c’est indéniable et difficile de le camoufler, mentalement aussi, mais c’est plus complexe. Cela dépend du statut social de la personne et la manière dont elle l’a vécu, ainsi que plusieurs facteurs cognitifs, son niveau intellectuel et de conscience en général qui vont déterminer les moyens dont elle disposera pour maîtriser son apparence, son comportement, son discours. Elle peut être naturelle ou jouer un personnage et en changer en fonction de ses interlocuteurs ou des circonstances, mais aussi des idées préconçues généralement admises sur le comportement des vieux. Il est facile de les instrumentaliser en présence de gens particulièrement naïfs ou conformistes pour qu’ils vous passent vos caprices ou accordent de l’attention aux conseils avisés que vous leur donner. Cela a le même pouvoir que l’humour, à condition d’en faire un bon usage.

Les vieux sont finalement des rentiers, des bourgeois qui s’ignorent, je ne parle pas de ceux qui finissent leurs jours dans la misère noire évidemment, et ils en partagent souvent les tares, ils sont autoritaires ou ils se croient autorisés à imposer leurs idées en raison de longue expérience de la vie, ce qui ne signifie rien en soi, il suffit de lire la plupart des commentaires du GS pour en avoir une illustration pathétique...

Je ne vais pas m’étendre davantage sur ce sujet. Il y a des peuples qui vouent un culte aux ancêtres ou qui idéalisent les vieux, j’estime qu’ils ne le méritent pas, car c’est flatter l’ignorance des populations passées, avec tout le respect qu’on leur doit bien sûr. Ils incarnent le passé qui est définitivement révolu, mais les enseignements que nous ont laissés ses plus grands penseurs sont toujours vivants, à nous de les faire vivre, au lieu d’avoir toujours les yeux braqués sur le rétroviseur, consacrons-nous plutôt au présent, car c’est là que résident les matériaux dont nous avons besoin pour réaliser notre émancipation et conquérir notre liberté.

Bien à vous et portez-vous bien tous les trois.

Tardieu Jean-Claude 11/09/1955.

(Commentaires désactivés)