Lorsque l’occasion se présentera, j’irai passer mes vacances en Palestine. Je dis "vacances" pour ne pas dire "pèlerinage" ou un truc trop pompeux. Peut-être "rendre visite" serait plus précis mais ce n’est pas non plus comme si je connaissais quelqu’un là-bas.
Et avant de partir, j’augmenterai le plafond de dépenses de ma carte bancaire et je boirai tout le thé qu’on voudra bien me servir et que mon estomac supportera, puis j’irai - si on m’y autorise - pisser sur les ruines du mur qui entourait jadis Gaza.
Je regarderai la mer, bien-sûr, depuis la plage où des gamins qui jouaient au foot furent massacrés à coups de canons israéliens.
Je supporterai sans râler les probables coupures de courant et autres vicissitudes d’un pays en reconstruction.
J’essayerai de ne pas poser de questions stupides ou, mieux encore, je fermerai ma grande gueule.
J’éviterai soigneusement les ONG, délégations parlementaires, journalistes et autres troupeaux occidentaux venus dispenser leurs conseils, leçons ou jugements.
Je croiserai probablement quelques médecins cubains.
Je passerai devant un hôpital, une école, une maison et j’imaginerai des fantômes me saluer au passage.
Je marcherai sur cette terre, sans trop penser à ce qui se trouve sous mes pieds.
Je penserai à ceux qui me disaient "tu n’as jamais visité Israël, tu ne sais rien". Comme si j’avais besoin de savoir à quoi ressemble un centre commercial à Tel-Aviv ou l’état de la circulation aux heures de pointe. Comme si je ne les entendais pas déjà trop, et partout.
Et je penserai à cette vieille blague dont la chute est "alors, ils sont partis les fascistes ?"
Et puis je rentrerai, satisfait.