Pourquoi les croire ?

Oui les otages sont libérés ce dont chacun se réjouit, mais "libérés de qui" ?
Il reste un peuple irakien otage de la "coalition" et de l’armée US, ce
dont la "presse libre" ne paraît pas vraiment s’inquiéter. A quand une
annonce tous les soirs au journal télévisé : un peuple entier est pris en
otage depuis ... jours. Ne les oubliez pas !!!

Un ami me communique :
"Dans "l’immonde" des 19/20 décembre on peut lire que Robert Menard de RSF a déclaré a propos du fait que le chauffeur syrien, enlevé en même temps que les deux otages français, après avoir été torturé par les USA-man, a porté plainte contre les USA :
"Je comprends
l’exaspération de Mohamed Al-Joundi, mais je pense que c’est inopportun de
déposer plainte, car ça ne peut que compliquer les choses, entre les
autorités françaises et américaines, pour la libération de Georges
Malbrunot et de Christian Chesnot"
.
Outre le fait que c’est effectivement
"exaspérant" d’avoir été, entre autre gamineries, soumis à la gegenne,
d’avoir été battu à coup de bottes et d’avoir subi à trois reprises un
simulacre d’exécution, on pourra remarquer que Menard, bien connu pour ses
convergences plus que fréquentes, et donc suspectes, avec les positions de
la CIA pour l’Amérique latine, semble (à cause de ces convergences ?)
savoir ici presque explicitement que la libération des deux otages
français, réalisée depuis, était l’affaire de la France et des USA. " Fin
de message.

Vous remarquerez qu’il en est des malheurs de Mohamed Al-Joundi avec
l’armée américaine, comme des raisons de la mort d’Arafat. Ce sont des
sujets sur lesquels notre presse libre préfère ne pas insister alors que le
portrait du dirigeant ukrainien après son empoisonnement à la dioxine (?)
passe en boucle dans les médias télévisuelles et la presse. Les moeurs de
l’éternel KGB font encore frissonner nos salles de rédaction, alors que
celles du Mossad et de la CIA n’intéressent visiblement personne.

Autre vision du monde ou comment des soldats américains tués en Irak, alors
qu’ils n’ont rien à y faire, peuvent confirmer qu’il se mène là -bas une
grande bataille contre "le terrorisme". La preuve, ces "terroristes",
jamais qualifiés de "Résistants", tout au plus de "rebelles" veulent
empêcher le rituel "démocratique", contrôlé de A à Z de l’armée
d’occupation et de ses fantôches. Donc nous sommes bien devant "la juste
cause" occidentale en lutte contre "la barbarie". Posez une urne quelque
part et nos médias ignorent le monceau de cadavres sur lequel elle
repose.

Une population entière massacrée à Falloujah n’intéresse pas les salles de
rédaction. Pas plus que de savoir qui fait des attentats contre les
Chiites, ou enlève les Français. Negroponte, l’actuel ambassadeur US à 
Bagdad
, aurait radicalement changé depuis le Nicaragua où il créait "les
escadrons de la mort", c’est juré, le contexte irakien développe sa
propension à la démocratie et à l’humanisme désintéressé. Puisque c’est
Tony Blair qui vous le garantit. Vous savez bien celui qui vous a déjà 
affirmé qu’en quelques minutes les armes de destruction massive de Saddam
seraient sur nos chères têtes blondes (avec d’ailleurs quelques brunes et
mêmes crépues) de nos capitales européennes. C’est une garantie !!! Pour
nos médias du moins.

Bon tout cela est loin, notre presse est en grande difficulté financière,
elle ne peut pas se payer des correspondants partout. D’ailleurs regardez
même l’AFP ferme ses bureaux au Venezuela (pour cause de revendication
syndicales "excessives"
), elle se replie en Colombie, (avec la CIA et les
bases nord-américaine, comme les reporters "accréditése" en irak ont fait
la campagne dans les chars ? Pendant que les autres étaient tirés comme des
lapins jusque dans l’hôtel Palestine ? ).

Bon tout cela est loin, nos médias sont sans doute naïfs, cela prouve leur
pureté d’âme. Mais pourquoi ne pas lancer une grande campagne pour le
droit au logement en France, ou encore contre l’arbitraire patronal qui
licencie et ferme des entreprises qui font des bénéfices, comme Lustucru à 
Arles ? Il suffirait de multiplier des reportages, autant que sur
l’insécurité à la veille d’une présidentielle. En faire des "causes
nationales", et pour cela en parler autant disons que de Sarkozy ? est-ce
si difficile ? Tu es folle ma pauvre Danielle ? Tu as vu qui possède les
journaux, qui sont les annonceurs, tu veux que Dassault et Lagardère mènent
de telles campagnes ? Ou encore Publicis dont le principal client est
l’armée nord-américaine ? Il leur suffit d’être plus que généreux avec
Robert Ménard. RSF est leur "bonne oeuvre". Leur garantie du "droit à 
l’information". Ouf, nous voilà rassurés. Et le Medef aussi.

Alors pourquoi les croiriez vous quand il est question de l’irak ou de Cuba ?

Danielle Bleitrach

*** *** ***

- Vient de publier avec Viktor Dedaj et Jean François Bonaldi "Cuba est une île", Ed. Le Temps des Cerises.


Du même auteur :

- Le PCF, les USA et Cuba. (Avec Maxime Viva)

- L’ Amérique latine et Cuba, laboratoire d’ une nouvelle "mondialisation" anti-impérialiste.

- Quelques raisons d’ espérer.

- La situation de la Côte d’Ivoire.

- Mais qui s’ intéresse au Panama ... et pourtant ...

- Le peuple Cubain a besoin de nous.

- Les enjeux du Vénézuéla.

COMMENTAIRES  

23/12/2004 22:17 par Anonyme

Radio France Internationale

Editorial international,
mercredi 22 décembre 2004

Tout otage a un prix !

Les autorités françaises avaient établi un contact direct avec les
ravisseurs de Christian et Georges dès le mois de septembre dernier.

« Il a été, par la suite, plus difficile de maintenir ce contact direct
face à des exigences changeantes sinon contradictoires », explique un
responsable des services secrets français, « mais le plus important était
d’avoir ce contact ». La grande hantise du général Philippe Rondot, ancien
patron des services extérieurs, arabisant confirmé et homme des missions
difficiles qui dirige la cell ! ule de crise, est de bien s’assurer que les
ravisseurs de nos confrères n’agissent pas au nom de la nébuleuse du
jordanien Abu Musa’ab Al-Zarkawi, l’égorgeur des otages américains et
britanniques.

Une fois établie cette distinction capitale, on peut rétrospectivement
comprendre la relative sérénité des autorités françaises estimant alors
que la vie de nos confrères n’est plus en danger et qu’ils seront
libérés...

Sans grand risque, Paris peut désormais opter pour une diplomatie
largement publique et très médiatisée, estimant que la condamnation
unanime dans le monde arabe et les communautés musulmanes de France et de
Navarre suffira à faire plier des ravisseurs qui ont visiblement le plus
grand mal à justifier leur acte. Cette option globalement positive qui
consolide la réprobation générale a, toutefois, une contre-partie non
négligeable.

Elle fait monter les prix.

Et les geôliers comprennent vite le mécanisme.

Ils vont en user et en abuser.

S’ils ne sont pas les égorgeurs de Zarkawi, qui sont ces ravisseurs, tant
il est vrai qu’on ne sait pas grand-chose sur cette fameuse Armée
islamique en Irak dont ils se revendiquent ?

Ce sont des activistes sunnites, irakiens pour la plupart.

Dès l’effondrement du régime de Saddam Hussein, avec le démantèlement de
ses réseaux de contrôle social, parti et services secrets, le tissu
associatif islamiste se substitue à ceux-ci comme instance de pouvoir,
aussi il n’est pas surprenant de rencontrer dans cette mouvance d’anciens
cadres de l’armée irakienne et d’ex-ba’assistes.

Dans tous les cas de figure, c’est par ces anciens cadres et en faisant
directement pression sur l’actuel premier ministre irakien intérimaire
Iyad Allaoui que les autorités iranien ! nes obtiennent la libération d’un
de leurs diplomates enlevé par la même et fameuse Armée islamique en Irak.

Et Téhéran confirme officieusement le lien...

C’est le même Iyad Allaoui qui - au lendemain de l’enlèvement de Georges
et Christian - menaçait la France en la sommant de choisir son camp.

Certes si rien d’établi ne permet de dire, aujourd’hui, que la main
d’Allaoui a trempé dans cette machinerie, le fait est que la crise des
otages a pesé et pesé plutôt lourd sur la position de la France à la
conférence de Charm el-Cheikh de la fin novembre où il n’a plus été
question de l’évacuation des troupes d’occupation, sur la position de la
France face au rééchelonnement de la dette irakienne et face à la marche
forcée à des élections formelles, sinon improbables.

Tout otage a un prix et nos amis ne font pas exception à la règle.

Richard Labévière

www.rfi.fr

28/12/2004 17:43 par Anonyme

bravo mille fois pour votre article.

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