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Pakistan : la chute d’un dictateur

La chute d’un dictateur

Pervez Musharraf vient de jeter l’éponge. Le dictateur pakistanais, fidèle soutien des Etats-Unis dans la région (on le surnomme d’ailleurs dans le pays Busharraf), a préféré démissionner que de subir la procédure humiliante engagée contre lui par la coalition au pouvoir : le Parti du Peuple Pakistanais (PPP) et la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz ((PML-N). L’acte d’accusation n’a pas été rendu public. Mais, son règne qui a débuté par un coup d’Etat en 1999, est jalonné de violations graves non seulement de la constitution mais aussi et surtout des droits de l’homme : « Les arrestations et détentions arbitraires, les disparitions forcées ainsi que la torture et les mauvais traitements, qui s’accompagnent d’une violence politique généralisée… » (1), proclamation de l’état de siège en novembre 2007, limogeage des dizaines de magistrats de la Cour suprême, arrestation de milliers de militants des droits de l’homme, lourds soupçons sur son implication dans l’assassinat de Benazir Bhutto... Et tout cela avec la bénédiction de Washington ! Car les intérêts des américains dans la région dépassent leur discours sur les droits humains, la démocratie et la liberté. Le soutien des dictateurs par les Etats-Unis à travers le monde est une constante dans leur histoire. Citons, entre autres, le chilien Pinochet, le zaïrois Mobutu, l’égyptien Moubarak, l’argentin Videla, le brésilien Artur da Costa e Silva (1967-1969) etc. etc.
Au Pakistan comme ailleurs, leurs amis comme leurs ennemis ne sont jamais permanents. Seuls leurs intérêts (ceux de la bourgeoisie américaine) sont permanents.

Les Etats-Unis ont toujours contesté au Pakistan (comme ils la contestent aujourd’hui à l’Iran) son indépendance nucléaire. Le gouvernement d’Ali Bhutto, le père de Benazir, fut renversé en 1977 par un coup d’Etat militaire mené par le général Zia et soutenu par Washington (2). Ali Bhutto fut pendu en 1979 pour s’être opposé courageusement à la main mise américaine sur son pays.

Le Pakistan occupe une position stratégique dans ce que les américains appellent la « lutte contre le terrorisme ». Dans l’Afghanistan voisin la guerre fait rage entre les forces de l’OTAN dirigées par les Etats-Unis et les Talibans soutenus, entre autres, par les tribus pakistanaises des zones frontalières. Dix soldats français (très jeunes pour la plupart) viennent d’y perdre leur vie, sans oublier les nombreux blessés s’ajoutant ainsi à d’autres morts et à d’autres blessés. Des femmes et des enfants afghans sont souvent massacrés par les troupes de la coalition menées par les américains. Le dernier massacre date du vendredi 22 août 2008 où des dizaines de civils (plus de 90) en majorité des femmes et des enfants sont morts dans un bombardement des forces alliées (3). C’est cela aussi « la lutte contre le terrorisme » dont John McCain et Barack Obama ne cessent de répéter que l’Afghanistan est le centre.

Le Pakistan a été utilisé dés le début comme « un préservatif pour mieux pénétrer l’Afghanistan » selon l’expression d’un haut militaire pakistanais. Musharraf, en tant qu’exécutant de Washington, a échoué dans sa guerre contre les « talibans pakistanais » des zones tribales. Les américains ont pris directement le relais, mais toujours sans succès. La défaite de Musharraf contre ces tribus n’est peut être pas étrangère à sa démission et son « lâchage » par l’administration Bush.
Soutenir les dictateurs à travers le monde (au profit des grandes familles bourgeoises), s’en débarrasser lorsqu’ils deviennent inutiles au prix de milliers de morts et de souffrances insupportables, voilà l’un des visages de cette Amérique libérale qui se proclame toujours championne des droits de l’homme et porteuse éternelle de civilisation.

Mohamed Belaali


(1) http://www.amnesty.org/fr/news-and-...

(2) http://www.prs12.com/article.php3?id_article=5048

(3) http://www.liberation.fr/actualite/monde/347276.FR.php?rss=true&xtor=RSS-450

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"Au Salvador, les escadrons de la mort ne tuent pas simplement les gens. On les décapite, on place leurs têtes sur des piques et on garnit ainsi le paysage. La police salvadorienne ne tuait pas seulement les hommes, elle coupait leurs parties génitales et les fourrait dans leurs bouches. Non seulement la Garde nationale violait les femmes salvadoriennes, mais elle arrachait leur utérus et leur en recouvrait le visage. Il ne suffisait pas d’assassiner leurs enfants, on les accrochait à des barbelés jusqu’à ce que la chair se sépare des os, et les parents étaient forcés de garder."

Daniel Santiago,prêtre salvadorien
cité dans "What Uncle Sam Really Wants", Noam Chomsky, 1993

Commandos supervisés par Steve Casteel, ancien fonctionnaire de la DEA qui fut ensuite envoyé en Irak pour recommencer le travail.

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