Mesdames, messieurs, chers amis,
Au crépuscule de ma vie, rien ! Non rien ! Ni le temps passé, ni l’âge, ni la maladie, ne peuvent m’empêcher de rappeler les raisons profondes, qui avaient permis à beaucoup de mes camarades de se battre jusqu’à la mort et de supporter l’insupportable.
En écrivant cette intervention, j’ai revécu une quantité de souvenirs que je croyais effacés.
Ceux-ci me sont réapparus comme si cela venait de se passer il y a seulement quelques jours.
La mémoire ! Oui, la mémoire est une force impérieuse, impossible de la contrôler, impossible de lui échapper.
Elle me fait revivre des images vécues que je croyais oubliés et qui pourtant m’arrachent une sueur glacée.
C’est toujours la gorge serrée, que je revoie le visage souriant de Jean Carrara mon ami d’enfance, celui avec qui j’ai distribué mes premiers tracts.
Celui avec qui en septembre 1942, j’ai participé à mon premier déraillement, alors que la zone sud n’était pas encore occupée.
Jeannot, mon ami, mon camarade, mon frère. Jeannot a été abattu par les SS le 27 mars 1944, cela fait juste 70 ans qu’il est tombé héroïquement la mitraillette à la main dans les Basses Alpes, à l’âge de 19 ans.
Les « Boches » l’ont laissé tout le jour par terre alors qu’il agonisait, en interdisant à la population de l’emmener.
Mais d’autres images et d’autres visages m’apparaissent parfois la nuit et j’ouvre les yeux trempé de sueur par un effroyable cauchemar.
Je revoie, Jeanine Zontag, belle jeune fille de 19 ans, arrêtée par la Gestapo.
Afin de lui faire avouer le nom de ses camarades, les nazis lui ont incisé les seins avec un rasoir, ils lui ont ébouillanté les jambes et comme Jeanine ne parlait toujours pas, elle a alors été interné au Fort-Montluc à Lyon.
Le 20 août 1944, les SS sont arrivés et ont emmenés 120 prisonniers à Saint-Genis-Laval (banlieue lyonnaise) où ils ont tous été massacrés.
Comment pourrais-je également oublié mon ami Simon Frid, qui lui fut condamné à mort à l’âge de 21 ans par un tribunal des Sections Spéciales.
Au moment où les gardiens l’emmenaient à la guillotine il se dégagea en leur disant, « je vais vous faire voir comment sait mourir un jeune communiste » et il alla tout seul se placer sous la machine à couper les têtes.
Au moment précis où le couperet tomba tous les internés de la prison Saint-Paul, à Lyon, afin de lui rendre un dernier hommage chantèrent la Marseillaise et l’Internationale.
Je revoie souvent défiler devant mes yeux le visage de 52 de mes camarades FTP-MOI des bataillons Carmagnole et Liberté, morts sous la torture, sans avoir lâchés un seul nom à leurs tortionnaires.
Ils sont morts avec la conviction qu’ils n’allaient pas mourir pour rien, que les survivants pourraient vivre dans un monde meilleur, dans un monde où précisément il ferait bon vivre.
Ils sont morts pour que la France redevienne une Nation, Libre, Forte, Démocratique, indépendante et souveraine.
Aujourd’hui, notre Nation n’est, ni forte, ni libre, ni démocratique, ni indépendante, ni souveraine.
Aussi il ne faut pas m’en vouloir, si le cœur gros c’est par là que je commence cette intervention, car c’est le souvenir de tous mes camarades disparus, qui me permet encore à 89 ans, de continuer à me battre pour la défense de ce programme et des acquits qu’il nous avait légué.
En effet, comment pourrais-je parler du sacrifice de mes camarades sans évoquer le programme du Conseil National de la Résistance.
Ce programme qui a été écrit, non pas avec de l’encre, mais avec le sang de mes camarades.
Ce programme qui concrétisait tous nos espoirs, toutes nos espérances et qui nous donnait cette conviction qu’après nous les gens pourraient vivre heureux.
Ce programme que nos gouvernants obéissant aux injonctions et aux directives de Bruxelles, de Berlin et de la grande finance internationale sont en train de détruire.
Ce sont ces même gouvernants, qui sans aucun respect pour la démocratie, nous ont imposé l’assujettissement et la dictature, en nous affiliant à une union européenne que nos concitoyens avaient pourtant largement rejetée lors du référendum sur la Constitution, le 29 mai 2005,
C’est ce référendum, que nos députés et sénateurs, avec un profond mépris de la démocratie annulèrent, en s’asseyant allègrement sur le vote de près de 16 millions de personnes qui avaient dit NON !
Ce sont ces députés et sénateurs, qui sans aucune vergogne adoptèrent à une écrasante majorité le traité de Lisbonne, qui nous soumettait à une concurrence libre et non faussée.
A cette concurrence libre et non faussée qui est totalement antinomique du programme du CNR.
Je n’ai jamais cessé de lutter afin de reconquérir ce qui nous a été volé, c’est-à-dire, entre autre, la démocratie et la souveraineté de notre pays.
Pour cela, je me comporte parait-il, en octogénaire qui, loin de s’assagir avec l’âge, je deviens comme les mulets des Alpes, plus rétif encore en devenant vieux.
Il arrive même que l’on me reproche d’avoir l’outrecuidance agaçante, de la part d’un ancien résistant déjà encombrant en tant que tel, de ne pas me contenter de n’être qu’un ancien résistant.
Il est vrai, que plutôt que de cultiver mon passé de résistant j’ai choisi de le prolonger de façon militante en luttant de toutes mes forces pour débarrasser notre pays du carcan que nous imposent l’UE et son euro.
Dans quelques jours, le peuple de France va être appelé à voter pour des députés européens.
Ces élections et nous le savons, ne sont qu’un simulacre de démocratie, car ce Parlement pour lequel on nous demande de voter, ne sert pratiquement à rien et son inutilité nous est clairement démontrée par un livre écrit par Patrick Le Hyaric, directeur du journal l’Humanité mais également député européen.
Ce livre est intitulé « La pacte des rapaces » « Pacte pour l’euro plus » Voici ce que Patrick Le Hyaric écrit page 12 :
« Au fond, il ne resterait plus aux Etats qu’une seule liberté, celle d’appliquer sans broncher ce pacte. On comprend mieux pourquoi les parlements nationaux, les organisations syndicales et sociales, les peuples ont été soigneusement tenus à l’écart de dispositions qui vont pourtant au-delà du Traité de Lisbonne. Le sale travail achevé en catimini, le Parlement européen a simplement été informé du résultat ».
Après avoir lu ces quelques lignes, comment ne pas être certain, que notre devoir est d’appeler le peuple de notre pays à ne pas se prêter à cette comédie qui se voudrait démocratique.
Par ses écrits, Le Hyaric a contribué a nous convaincre, que si nous voulons rester les dignes successeurs de la révolution de 1789, du pays des droits de l’homme, du pays de la Commune, de 1936 et de la Résistance, nous devons refuser d’être pris pour des imbéciles et de n’accepter en aucune façon de tomber dans le piège soit disant démocratique.
Notre devoir nous impose de boycotter avec fermeté ces élections, car voter maintenant ce serait se renier, après notre précédent et ferme refus de 2005.
Aujourd’hui, la défense de notre indépendance et de notre souveraineté, nous commandent non seulement de ne pas se prêter à cette comédie, mais pour que chacun d’entre nous sache bien, qu’il nous faut œuvrer de toutes nos forces pour que nos concitoyens comprennent que de boycotter ces élections est un acte d’auto défense, un réflexe de dignité.
Le seul geste utile que nous aurons à faire pour défendre l’honneur de notre pays c’est de boycotter cette élection européenne.
Car si vous allez voter et quel que soit votre bulletin de vote, ce sera valider l’existence d’un parlement fantoche, vitrine faussement démocratique de l’UE, de l’euro et de la banque centrale européenne.
IL FAUT QUE LES URNES RESTENT VIDES.
Oui refusons de voter ! Boycottons ! Oui Boycottons et relevons la tête dignement en disons NON à la soumission que par ce vote veut nous imposer la grande finance internationale.
Tout comme pendant la Résistance.
Disons, comme nous l’avons dit,
Oui nous avons raisons !
Nous sommes les plus nombreux !
Nous sommes les plus forts !
Un peuple qui se bat pour sa Liberté et pour son indépendance, un peuple invincible ! Oui nous vaincrons !!!
Léon Landini 26 avril 2014 à Paris – Meeting de lancement de la campagne de boycott de l’élection européenne du CNR-RUE