Vous avez lu que le Président turc Recep Tayyip Erdogan a soudainement craqué, en s’opposant à la Russie, provoquant même l’Union Européenne et en envoyant de plus en plus de troupes d’occupation dans la Syrie voisine. On pourrait vous pardonner de penser qu’il est devenu fou.
Mais non, il y a en fait une logique d’acier dans ses actions. Pendant des décennies, Erdogan a cru que la minorité ethnique turque, principalement présente dans la province chinoise du Xinjiang, est le berceau de la nation turque. Lorsqu’il était maire de la ville d’Istanbul, il a même érigé une petite statue d’un Ouïghour, dans le quartier historique du Sultan Ahmed.
Après l’éclatement de la guerre en Syrie, ou plus précisément, après que l’Occident eut entamé une tentative de renversement du Président Assad, la Turquie a fait venir des Ouïghours militants de Chine, et a commencé à les utiliser à l’intérieur du territoire syrien. J’ai décrit cela dans mon long essai « La marche des Ouïghours », publié par ce magazine (New Eastern Outlook). La version longue de l’essai sera bientôt publiée sous forme de livre.
La Turquie a traîné les cadres du Djihad ouïghour et leurs familles à travers l’Indonésie et d’autres pays, leur fournissant des passeports turcs, pendant toute la durée du voyage. Elle les a formés dans des camps de réfugiés, principalement dans la région de Hatay (territoire historiquement syrien, saisi par la Turquie après la Première Guerre Mondiale), pour finalement les injecter à Idlib (une province syrienne). Là, souvent sous l’influence de drogues de combat, les combattants ouïghours ont commis des crimes contre l’humanité, assassinant des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants, tout en dépeuplant des villages et des villes entières. Ils ont coopéré avec divers groupes terroristes, principalement originaires des pays arabes, qui tiennent toujours la région.
J’ai interrogé plusieurs familles syriennes qui avaient fui avec horreur le massacre. J’ai également interrogé des commandants syriens aux frontières des zones détenues par les terroristes, en 2019. Tant les civils que les forces armées ont témoigné qu’ils n’avaient jamais rencontré une telle brutalité de toute leur vie.
La Turquie, membre de l’OTAN, faisait essentiellement une faveur à ses alliés occidentaux. Les Ouïghours ont été injectés dans les champs de bataille du Djihad en Syrie, afin de s’endurcir encore plus, et finalement de retourner en Chine, perturbant ainsi la paix et « l’Initiative la Ceinture et la Route » vitale – le grand projet internationaliste du Président Xi Jinping.
L’île indonésienne rétive de Sulawesi a également été utilisée, bien que dans une moindre mesure, pour la formation des combattants ouïghours.
Aujourd’hui, les forces turques se terrent dans le gouvernorat d’Idlib, engageant directement l’Armée Syrienne, tout en menaçant l’Armée Russe d’une nouvelle guerre.
La Russie se plaint que la Turquie n’a pas réussi à séparer les terroristes de l’opposition légitime. Cela définit en fait la situation en des termes extrêmement modérés. La Turquie soutient directement les terroristes dans la région d’Idlib, et cela inclut plusieurs ramifications de ce qui était connu sous le nom d’État Islamique, et par tous les moyens les Ouïghours et leurs contingents.
Ankara veut à nouveau régner sur la région, comme elle l’a fait par le passé. Mais maintenant, elle joue un jeu extrêmement complexe ; elle veut reconstruire son empire en dressant l’OTAN, les États-Unis, l’Europe, les terroristes, les islamistes et la Russie les uns contre les autres.
Pour la Turquie, les Ouïghours n’ont été qu’un pion de plus dans son jeu impérialiste brutal.
Même en Afghanistan – le nouvel élan est directement et indirectement lié aux Ouïghours.
La Syrie est libérée par ses forces armées, et les terroristes sont progressivement et silencieusement évacués par les alliés occidentaux, principalement la Turquie. Où vont-ils ? Un des pays est, bien sûr, l’Afghanistan. Il y a deux ans déjà, on m’a dit à Kaboul et à Jalalabad que l’État Islamique se déplaçait en grand nombre vers l’Afghanistan, où il opère principalement dans les zones rurales.
Il ne fait aucun doute que les jihadistes ouïghours sont également en Afghanistan. Maintenant qu’ils sont bien entraînés et endurcis, ils sont prêts à rentrer en Chine, mais aussi dans les anciennes républiques soviétiques, voire en Russie.
Tout cela se déroule conformément au plan des États-Unis et de l’OTAN.
En outre, l’Occident a récemment ajouté divers « éléments affectifs » déformés au conflit, dépeignant les Ouïghours vivant dans le Xinjiang comme des « victimes », déformant la réalité et jouant soudain ce que l’on pourrait appeler la « carte musulmane ».
La Chine n’a, historiquement, aucun problème avec les Musulmans (c’est l’Occident qui en a, par le biais de l’aventurisme colonialiste et néocolonialiste). Une visite dans l’ancienne capitale chinoise de Xi An illustrerait clairement les liens entre les cultures han et musulmane. Xi An est l’endroit d’où l’ancienne route de la soie partait, reliant la Chine à l’Asie Centrale, et à ce qui est maintenant défini comme le Moyen-Orient, ainsi qu’au reste du monde.
En décembre 2012, le Global Times a rapporté :
« Le Congrès Ouïghour Mondial (WUC), une organisation qui serait liée à des groupes terroristes et qui reçoit de l’argent d’organisations politiques occidentales, a longtemps joué un rôle important dans la diffamation des politiques de la Chine dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang et dans la consolidation des stéréotypes des médias occidentaux sur la Chine.
Certains médias et politiciens occidentaux, ainsi que le WUC, ont fait de l’hypnose et ont sali la politique chinoise dans le Xinjiang, mais restent silencieux sur les informations diffusées par le gouvernement chinois ou ses médias.
Le siège du WUC est situé dans un immeuble bas de la Adolf-Kolping-Strasse, près de la gare et du quartier commercial de Munich, en Allemagne.
Le bâtiment, dont l’extérieur est discret, est devenu le cœur des séparatistes du Xinjiang chinois et le cerveau de nombreux militants séparatistes du Xinjiang.
L’objectif principal du WUC de séparer le Xinjiang de la Chine n’a jamais changé, a déclaré Weinsheimer, un spécialiste allemand des groupes ethniques de Chine, au Global Times.
Des rapports comme celui-ci sont généralement rejetés par la propagande et les médias occidentaux comme une tentative des journaux pro-gouvernementaux chinois de couvrir les violations des droits de l’homme contre les Ouïghours dans le Xinjiang.
Toutefois, mon enquête directe en Turquie, en Europe, en Syrie, en Indonésie et dans plusieurs autres régions du monde a montré que la Chine adopte une approche impartiale, tout en étant confrontée à une menace terroriste extrêmement dangereuse sur son propre territoire.
Même à Hong Kong, la « question ouïghoure » a été utilisée par l’Occident et Taiwan, pas plus tard qu’en décembre 2019. Je l’ai couverte et, comme toujours, j’ai des preuves photographiques claires.
Ce que le Global Times a rapporté n’était en fait qu’une réaction molle à la politique brutale de l’Occident, qui vise à briser en morceaux le pays le plus peuplé du monde – la RPC.
C’est pourquoi j’aborde périodiquement ce sujet si impopulaire, voire caché, en Occident.
Les Ouïghours sont en première ligne dans le combat de l’Occident contre la Chine.
Washington, Londres, Berlin ont plusieurs fronts ouverts contre Pékin. Il existe également différents types de fronts : économiques, politiques, idéologiques et même militaires.
Nuire à la Chine (et à la Russie, l’Iran, le Venezuela et d’autres) est le principal objectif de la politique étrangère occidentale.
Le Congrès Ouïghour Mondial (WUC) est prêt à aider les États-Unis, l’Europe et l’OTAN (en particulier la Turquie) dans leurs efforts pour nuire à la Chine, et pour perturber la BRI [ Belt and Road initiative (Initiative Ceinture et Route) appelée aussi One Belt One Road (OBOR), Une Ceinture et Une Route, ou encore "La nouvelle route de la soie". Note du GS].
Pourquoi ? C’est parce que la BRI est le pire cauchemar du néocolonialisme occidental. Je l’explique dans mon récent livre : « Initiative Ceinture et Route de la Chine : Connecter les pays pour sauver des millions de vies ». La Chine est profondément impliquée dans ce formidable projet que je décris souvent comme la dernière étape de la décolonisation mondiale. La Russie y participe aussi de plus en plus ; dans plusieurs cas, elle prend même la tête du projet.
L’Occident ne peut rien offrir de positif, d’optimiste. Il salit la Chine et la Russie, et il renverse ou intimide des gouvernements qui ne veulent pas sacrifier des millions de leurs citoyens sur l’autel du capitalisme extrême et brutal et de l’impérialisme occidental. Les médias occidentaux mettent en garde les écrivains contre l’utilisation de ces « termes dépassés ». Foutaises : ils ne sont pas dépassés, ils sont réels ! L’impérialisme n’a jamais pris fin. Le colonialisme continue de piller et de ruiner des dizaines de pays sur tous les continents.
La Chine et la Russie, ainsi que le Venezuela, la Syrie, l’Iran, Cuba et d’autres, se battent pour les misérables du monde. C’est aussi simple que cela.
Le WUC et son « Président », Dolkun Isa, ont clairement décidé de prendre l’argent et d’accepter le diktat de l’Occident.
Parallèlement, en accueillant le siège du WUC sur son territoire, l’Allemagne a, une fois de plus, décidé de jouer un rôle extrêmement négatif dans la politique mondiale. Pas étonnant que les drapeaux allemands flottent désormais partout à Hong Kong, aux côtés de ceux des États-Unis et du Royaume-Uni, chaque fois que les émeutiers décident de descendre dans la rue. L’Allemagne soutient sans hésitation les émeutiers de Hong Kong, ainsi que le WUC.
À présent, l’Allemagne et la Turquie se sont décidées toutes les deux, en joignant leurs forces à celles de Washington et de Londres, contre la République populaire de Chine et son droit à une existence sûre. C’est une situation très dangereuse, mais elle est réelle et il n’y a pas lieu de cacher la réalité.
Les extrémistes ouïghours ont été désignés pour faire exploser à la fois la Chine et la partie progressiste du monde.
La Chine essaie de calmer la situation, de négocier de bonne foi. Ce n’est pas facile.
L’Occident, la Turquie et les forces musulmanes extrémistes opérant dans le monde entier, poussent les Ouïghours radicaux et leur WUC dans une confrontation horrible et sanglante avec Pékin.
Il est temps de faire connaître la situation. Le jeu de l’Occident, mortel et extrêmement dangereux, doit être exposé.
Andre VLTCHEK