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Comment nous avons vendu l’Union soviétique et la Tchécoslovaquie pour des sacs de courses en plastique (Orénoque Tribune)

Ca fait des mois que j’ai envie de partager une histoire avec les jeunes lecteurs de Hong Kong. Aujourd’hui, il semble que ce soit le moment le plus approprié alors que la bataille idéologique entre l’Occident et la Chine fait rage et que, par conséquent, Hong Kong et le monde entier en souffrent.

Je tiens à dire que rien de tout cela n’est nouveau, que l’Occident a déjà déstabilisé tant de pays et de territoires, a fait subir un lavage de cerveau à des dizaines de millions de jeunes.

Je le sais, parce que dans le passé, j’étais l’un d’entre eux. Si je ne l’étais pas, il serait impossible de comprendre ce qui se passe actuellement à Hong Kong.

Je suis né à Leningrad, une belle ville de l’Union soviétique. Aujourd’hui, elle s’appelle Saint-Pétersbourg, et le pays est la Russie. Maman est moitié russe, moitié chinoise, artiste et architecte. Mon enfance a été partagée entre Leningrad et Pilsen, une ville industrielle connue pour sa bière, à l’extrémité occidentale de ce qui était autrefois la Tchécoslovaquie. Mon père était un scientifique nucléaire.

Les deux villes étaient différentes. Toutes deux représentaient quelque chose d’essentiel dans la planification communiste, un système que les propagandistes occidentaux vous ont appris à haïr.

Leningrad est l’une des villes les plus étonnantes du monde, avec certains des plus grands musées, des théâtres d’opéra et de ballet, des espaces publics. Autrefois, c’était la capitale de la Russie.

Plzen est minuscule, avec seulement 180 000 habitants. Mais quand j’étais enfant, elle comptait plusieurs excellentes bibliothèques, des cinémas d’art et d’essai, un opéra, des théâtres d’avant-garde, des galeries d’art, un zoo de recherche, avec des choses qui ne pouvaient pas être, comme je l’ai réalisé plus tard ( lorsqu’il était trop tard), trouvées même dans les villes américaines d’un million d’habitants.

Les deux villes, une grande et une petite, disposaient d’excellents transports publics, de vastes parcs et de forêts à sa périphérie, ainsi que d’élégants cafés. Pilsen disposait d’innombrables installations de tennis, de stades de football, et même de terrains de badminton, gratuits.

La vie était belle, elle avait un sens. Elle était riche. Pas riche en termes d’argent, mais riche sur le plan culturel, intellectuel et de la santé. Être jeune était amusant, avec des connaissances gratuites et facilement accessibles, avec la culture à tous les coins de rue, et des sports pour tous. Le rythme était lent : il y avait beaucoup de temps pour réfléchir, apprendre, analyser.

Mais c’était aussi l’apogée de la guerre froide.

Nous étions jeunes, rebelles et faciles à manipuler. Nous n’étions jamais satisfaits de ce qu’on nous donnait. Nous prenions tout pour acquis. La nuit, nous étions collés à nos récepteurs radio, écoutant la BBC, Voice of America, Radio Free Europe et d’autres services de diffusion visant à discréditer le socialisme et tous les pays qui luttaient contre l’impérialisme occidental.

Les conglomérats industriels socialistes tchèques construisaient, en solidarité, des usines entières, de l’acier aux sucreries, en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. Mais nous n’y voyions aucune gloire, car les organes de propagande occidentaux ridiculisaient tout simplement de telles entreprises.

Nos cinémas montraient des chefs-d’œuvre du cinéma italien, français, soviétique, japonais. Mais on nous a dit d’exiger de la camelote en provenance des États-Unis.

L’offre musicale était excellente, du direct à l’enregistrement. En fait, presque toute la musique était disponible, bien qu’avec un certain retard, dans les magasins locaux ou même sur scène. Ce qui n’était pas vendu dans nos magasins était de la camelote nihiliste. Mais c’était précisément ce qu’on nous disait de désirer. Et nous l’avons désiré, et nous l’avons copié avec un respect religieux, sur nos magnétophones. Si quelque chose n’était pas disponible, les médias occidentaux criaient que c’était une violation flagrante de la liberté d’expression.

Ils savaient, et ils savent encore aujourd’hui, comment manipuler les jeunes cerveaux.

À un moment donné, nous nous sommes transformés en jeunes pessimistes, critiquant tout dans nos pays, sans comparaison, sans même un tout petit peu d’objectivité.

Cela vous semble familier ?

On nous disait, et nous le répétions : tout était mauvais en Union soviétique ou en Tchécoslovaquie. Tout à l’Ouest était génial. Oui, c’était comme une religion fondamentaliste ou une folie de masse. Presque personne n’était à l’abri. En fait, nous étions infectés, nous étions malades, transformés en idiots.

Nous utilisions les installations publiques, socialistes, des bibliothèques aux théâtres, en passant par les cafés subventionnés, pour glorifier l’Occident et salir nos propres nations. C’est ainsi que nous avons été endoctrinés, par les stations de radio et de télévision occidentales, et par des publications introduites clandestinement dans les pays.

À cette époque, les sacs à provisions en plastique de l’Occident sont devenus les symboles du statut social ! Vous savez, ces sacs que l’on trouve dans certains supermarchés ou grands magasins bon marché.

Quand j’y pense, quelques décennies plus tard, j’ai du mal à y croire : de jeunes garçons et filles éduqués, marchant fièrement dans les rues, exhibant des sacs à provisions en plastique bon marché, pour lesquels ils ont payé une somme d’argent importante. Parce qu’ils venaient de l’Ouest. Parce qu’ils symbolisaient le consumérisme ! Parce qu’on nous disait que le consumérisme est bon.

On nous disait que nous devions désirer la liberté. Une liberté à l’occidentale.

On nous disait qu’il fallait "lutter pour la liberté".

À bien des égards, nous étions beaucoup plus libres que l’Occident. Je m’en suis rendu compte quand je suis arrivé à New York et que j’ai vu à quel point les enfants de mon âge étaient mal éduqués, à quel point leur connaissance du monde était superficielle. Comme il y avait peu de culture dans les villes nord-américaines de taille moyenne.

Nous voulions, nous exigions des jeans de marque. Au centre de nos disques, nous désirions des labels de musique occidentale. Il ne s’agissait pas de l’essence ou du message. C’était la forme qui primait sur le fond.

Notre nourriture était plus savoureuse, produite de manière écologique. Mais nous voulions des emballages occidentaux colorés. Nous exigions des produits chimiques.

Nous étions constamment en colère, agités, conflictuels. Nous mettions nos familles en colère.

Nous étions jeunes, mais nous nous sentions vieux.

J’ai publié mon premier recueil de poésie, puis je suis parti, j’ai claqué la porte derrière moi, je suis allé à New York.

Et peu après, je me suis rendu compte que j’avais été dupé !

Voici une version très simplifiée de mon histoire. L’espace est limité.

Mais je suis heureux de pouvoir la partager avec mes lecteurs de Hong Kong, et bien sûr, avec mes jeunes lecteurs de toute la Chine.

Deux merveilleux pays qui étaient ma maison ont été trahis, littéralement vendus pour rien, pour des paires de jeans de marque et des sacs de courses en plastique.

L’Occident a fait la fête ! Des mois après l’effondrement du système socialiste, les deux pays ont littéralement été dépouillés de tout par les entreprises occidentales. Les gens ont perdu leur maison et leur emploi, et l’internationalisme a été découragé. De fières entreprises socialistes ont été privatisées et, dans de nombreux cas, liquidées. Les théâtres et les cinémas d’art et d’essai ont été transformés en marchés de vêtements d’occasion bon marché.

En Russie, l’espérance de vie est tombée au niveau de celle des pays africains subsahariens.

La Tchécoslovaquie a été divisée en deux parties.

Aujourd’hui, des décennies plus tard, la Russie et la Tchécoslovaquie sont à nouveau riches. La Russie possède de nombreux éléments d’un système socialiste à planification centrale.

Mais mes deux pays me manquent, tels qu’ils étaient autrefois, et tous les sondages montrent qu’ils manquent aussi à la majorité des gens qui y vivent. Je me sens également coupable, jour et nuit, de m’être laissé endoctriner, manipuler et, d’une certaine manière, d’avoir trahi.

Après avoir vu le monde, je comprends que ce qui est arrivé à l’Union soviétique et à la Tchécoslovaquie est également arrivé à de nombreuses autres régions du monde.

Et en ce moment, l’Occident vise la Chine, en utilisant Hong Kong.

Chaque fois que je me rends en Chine, chaque fois que je me rends à Hong Kong, je ne cesse de répéter : s’il vous plaît, ne suivez pas notre terrible exemple. Défendez votre nation ! Ne la vendez pas, métaphoriquement, pour quelques sales sacs à provisions en plastique. Ne faites pas quelque chose que vous regretteriez pour le reste de votre vie !

André Vltchek

Traduction "tout ce que l’on nous racontait sur le capitalisme était malheureusement vrai" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

 https://orinocotribune.com/how-we-sold-soviet-union-and-czechoslovakia-for-plastic-shopping-bags-message-to-honk-kong-re

COMMENTAIRES  

25/06/2020 16:15 par Assimbonanga

Ah ! C’est extraordinaire. C’est complètement raccord avec mon raisonnement de tout à l’heure . Je disais ti pas la même chose : "Ce qui manque beaucoup à notre époque, c’est une gratitude pour ce qui existe et la volonté de le faire durer et améliorer " ?

Et c’est d’autant plus raccord avec cette histoire de sacs en plastique que, si l’Être humain était un tant soit peu conséquent, il ferait deux choses de toute urgence : entamer la fermeture des centrales nucléaires et fermer de suite toute les usines de plastique. Il y a des résidus et des fibres de plastique partout, aux pôles, dans les grands déserts, dans les hautes montagnes, dans les réserves naturelles. 95% des tortues en ont dans le ventre alors qu’elles n’étaient que 65% il y a dix ans. Ca ferait du chômage, d’accord. Il reviendrait au génie humain , et dieu s’il y en a quand il s’agit de faire des conneries, de trouver les moyens de résoudre tous les cas et les alternatives pour remplacer cette production délétère.

Il y a une urgente vitale. C’est pas juste le confort d’enfourcher sa moto pour aller chercher ses clopes ni de continuer le tourisme par avion en quantités industrielles (on ne voit que sa place dans l’avion, mais il y a les autres, ces milliers de cons qui n’ont pas d’aussi bonnes raisons que moi .)

L’Union Soviétique et la Tchécoslovaquie, c’était au départ une utopie. Il y avait l’accès au Savoir pour tous. Il y avait le sport et l’art pour l’émancipation et le développement des individus. Il y avait une ambiance beaucoup tranquille et naïve. Les vacances, le naturisme. Comment est fait l’Homme pour que chaque génération se sente obligée de prendre le contre-pied de la précédente ? On n’aplanira jamais toutes les embûches de la vie, mais il faut reconnaître ce qui est offert malgré tout. Ressortir de l’hôpital public après une IRM sans rien avoir à débourser, c’est "les charges sociales" !!! Et c’est une merveille.

Au sujet de Hong Kong, je me demandais justement... Si c’était pas une erreur d’appréciation, une affaire poussée par les USA. Cet article me conforte.

Il faut faire le lien avec l’article sur Cuba où les sénateurs américains inculquent cette erreur de discernement, délibérément. Ils transforment la solidarité en esclavage alors que ce sont eux les exploiteurs. La constitution cubaine garantit l’accès aux soins. La constitution américaine garantit l’accès aux armes. Tout est là. C’est contre le système de la sauvagerie capitaliste qu’on devrait porter plainte.

25/06/2020 18:08 par J.J.

Comme c’est agréable d’entendre appeler Leningrad....Leningrad.

25/06/2020 18:21 par Vania

Beau témoignage et tellement vrai ! Il faut sortir de cette propagande capitaliste qui détruit tout à son passage, même les capacités de réflexion d’un être humain. Cette propagande dénature tous les concepts : la solidarité des cubains est transformée par eux en "esclavage ?" ; les inégalités et la marchandisation des systèmes de santé et éducatifs en "libertés individuelles", les mensonges en vérités,les agressions unilatérales contre les pays qui ne suivent pas leurs ordres transformées en quête de "démocratie", le vols de ressources naturelles en" collaboration".

25/06/2020 22:06 par CN46400

Vltchek a raison sur le fond, mais tort quand il parle de HongKong parce que les jeunes hongkongais, comme les jeunes cubains, savent ce qui se passe réellement en Occident. Parce qu’ils peuvent, facilement, connaître la réalité occidentale, alors qu’avant 89, les jeunes de l’Est ne pouvaient voir l’Ouest qu’à travers les reportages fades et peu crédible de la presse de l’Est où ceux, clinquants à souhait de la Voix de l’Amérique.
J’ai été en URSS en 75, que nous demandaient les jeunes filles dans la rue ? des bas nylon !
Les hongkongaises se foutent des bas nylon, elles veulent conserver les pseudo-privilèges qu’elles croient, comme les garçons, immuables. A savoir les "avantages" que les colonialistes accordaient aux intermédiaires de la colonisation du prolétariat chinois, et qui, quoiqu’il arrive, vont disparaître. Depuis toujours, vu de HongKong le prolo chinois est un "plouc", c’est pas en manifestant qu’il est possible de conserver, ni cette position sociale, ni ce point de vue...Quand aux cubains, ils ont assez de contacts extérieurs pour relativiser "le paradis occidental".
En fait le fond du pb gît dans la vison politique qui a dominé l’URSS depuis la mort de Lénine : "Le socialisme dans un seul pays", et l’autarcie qui allait avec.....

26/06/2020 06:43 par babelouest

@ CN
Je pense que justement "le socialisme dans un seul pays", c’est une bonne chose. Nos pays ne sont pas vierges, chacun d’entre eux s’est modelé sur une certaine géographie, sur les climats, sur l’histoire de ses habitants, donc le socialisme doit s’y adapter. Bien sûr les mondialistes ne l’entendent pas ainsi, mais je pense qu’ils ont tort, et que toute unification, toute uniformisation ne peut être bénéfique qu’à nos ennemis les neocons, souvent d’anciens trotskistes défroqués.

Les pauvres Hongkongais ont "bénéficié" trop longtemps de la propagande anglo-saxonne, ils ont du mal à s’en dépêtrer. C’est dommage pour eux, parce que selon des informations que j’ai lues leur territoire est en perte de vitesse par rapport à d’autres villes proches. Les pauvres, il s’imaginent libres, alors qu’ils sont sous la coupe encore des diables blancs, au moins dans leur tête.

26/06/2020 09:56 par CN46400

@ Babelouest
Ta position, sur le "socialisme dans un seul pays" était la mienne jusqu’en 91. Après, j’ai dû réfléchir sur la chute de l’URSS, et l’expansion de la Chine suite aux "réforme" de Deng. J’ai relu Lénine, en particulier ce qu’il a écrit sur la NEP, à partir de sa réponse à K Kaustki (mai 2018= Renégat Kaustki...), et jusqu’à sa mort (1924) (OC T27,32,33,36,42,45 ). "Nous avons assez de pouvoirs, mais pas assez de savoirs, que nous n’obtiendront pas par surprise, mais en négociant avec les capitalistes qui sont assoiffés de profits..." A la lumière de l’expérience, soviétique, comme chinoise, on comprend bien mieux le raisonnement de Lénine. Comme Marx, il savait que, pour survivre, le socialisme devait fournir à la population un niveau de vie supérieur au capitalisme, ce qui était une gageure dans un pays où l’accumulation primitive du capital était encore embryonnaire par rapport aux pays capitalistes occidentaux.
Nous devons nous interroger sur le fait que les seules productions soviétiques compétitives par rapport aux production occidentales étaient militaires ou para-militaires. Alors que nos magasins actuels sont submergé de produits "made in RPC", ce qui démontre que la force de travail chinoise est désormais, y compris au niveau des compétences, sur le toit du Monde.
Ce sont la course aux armements et les pénuries de produits manufacturés qui ont "coulé" l’URSS. Rançon d’une croyance, contenue dans le "socialisme dans un seul pays", qu’il était possible, sur cette Terre, de créer un "paradis communiste" à coté d’un "enfer" capitaliste (Thèse critiquée par F Castro à la chute de Kroutchev)...

26/06/2020 18:05 par babelouest

@ CN46400
Bien sûr, en raisonnant en productiviste, ta thèse se tient très bien. Ce n’est vraiment pas ma façon de voir les choses , peut-être à tort ! Bien entendu, aussi longtemps que des personnalités atroces tiendront les pays anglo-saxons et certains pays européens attirés comme des papillons par la lumière, rien ne pourra se solutionner NULLE PART, car ce sont des parasites idéologues à côtés desquels les obnubilés du bolchevisme sont d’aimables consensuels.

Ma thèse peut paraître utopique, je crains cependant qu’à très long terme elle ne soit la seule qui tient la route, et que ce sur quoi s’est engagé la Chine (qui est a priori admirable) ne se révèle dans cinquante ans une impasse. Il faut dire « à ma décharge » que je n’ai pas du tout été élevé dans le socialisme, ce qui me donne peut-être une vision différente.

27/06/2020 16:18 par CN46400

@Babelouest
Pour moi le "productivisme" concerne toutes les productions qui dépassent les besoins, et qui sont donc superflues. Où sera la Chine dans un siècle, ou un demi siècle ? Je n’en sais rien, mais je doute qu’elle sombre dans la pénurie de produits manufacturés et dans la poursuite de l’illusion que, de l’autre coté de l’océan Pacifique, il y aurait un paradis. Comme cela est arrivé à l’URSS en 91....

27/06/2020 20:43 par Vania

Parlant d’éducation. Aux USA non seulement l’éducation est élitiste, réservée aux plus riches, aux sportifs qui se font exploiter au grand bonheur des marchands du sport mais on observe chez les étudiants tous les symptômes d’une société complètement décadente voir dégénérée ( bizutage à l’alcool et autres )
Voir le documentaire : "la face cachée des universités américaines" :
https://www.youtube.com/watch?v=YH_pWSBwaH8

28/06/2020 08:30 par Assimbonanga

@Vania, tu me fournis l’occasion de placer à nouveau le lien sur les écoles de commerce : Usul. Faut-il éradiquer les écoles de commerce ?
Les écoles de commerce sont des entreprises commerciales qui vendent avant tout leur produit, nimbée d’une image séduisante et racoleuse à destination de jeunes gogos qui vont payer très cher pour un mirage.

28/06/2020 10:50 par CN46400

@ Assimbonanga
Lénine pendant la NEP : "nos communistes se croient déshonorés quand on leur demande de faire du commerce, qu’on fasse venir d’Amérique des commerciaux pour leur faire la leçon". Le commerce, et les écoles qui vont avec, ne sont pas des tares. On y apprend à acheter et à vendre des produits qui peuvent être, aussi bien, bons que mauvais pour la société et les individus. Dans la vie d’un produit, le commerce fait partie des coûts, des marges comme des pertes, et le rôle du commercial est, parfois, aussi important que celui du concepteur, ou du fabricant du produit !

28/06/2020 12:02 par babelouest

Effectivement CN le fait d’apprendre à vendre est une calamité majeure. Je pense que là-dessus nous ne pourrons jamais nous entendre. Seule compte le fait qu’on a BESOIN de quelque chose, et que le voisin est prêt à céder ce quelque chose dont il a trop produit pour son usage familial. A charge de revanche. J’ai une amie qui m’a dit être fière d’être publicitaire, ce n’est plus mon amie.

28/06/2020 16:15 par CN46400

@ Babelouest
Pourquoi votre ex amie est "fière d’être publicitaire" ? Parce que son travail génère de gros profits, ou un bon salaire, ou parce qu’elle trouve des clients pour de bons produits, agréables et utiles ? Tout est là. La satisfaction d’un commercial salarié devant un produit est la même que celle du concepteur ou du fabricant, c’est celle du prolo, rien de plus et rien de moins !

28/06/2020 16:25 par Assimbonanga

@CN, il y a une gradation en toute chose. Ce que sont devenues les écoles de commerce est lamentable. Je ne sais pas si tu as regardé la vidéo.
Lors des journées portes ouvertes, les futurs bacheliers se laissent séduire par les locaux de l’école, le m’as tu vu du mobilier, le tape-à-l’œil de la déco et des accessoires de confort, sport ou de bien-être, et non pas apprendre à acheter et à vendre des produits, ni même à acquérir un diplôme d’Etat. Le fait que le diplôme soit + ou - bidon, ils ne s’en aperçoivent même pas. L’arnaque ! Ils achètent un rêve, une projection dans l’avenir, une réussite sociale, un standing, une vie bourgeoise. C’est vraiment du commerce : leur vendre les 3 années d’études et basta.
Le rêve s’achève quand il faut rembourser le crédit, sauf si papa maman ont les moyens de solder la dette dans la foulée.
Chez Les Mutins de Pangée, le film L’Initiation est très parlant : il s’agit de se renier, d’être malhonnête et de tricher et on leur fait comprendre qu’il faudra devenir des managers impitoyables. C’est la sortie express du monde de l’enfance, la fin des idéaux.

Non vraiment, c’est loin de l’idée gentille de "apprendre à acheter et à vendre des produits" !

29/06/2020 08:34 par babelouest

@CN46400
Oui, nous avons cessé de nous écrire (en l’occurrence c’est elle qui a cessé) parce que je lui reprochais ce travail qui pour moi est au bout du compte un moyen pour une arnaque. Et ce même si l’on peut se sentir gratifié par une belle affiche. Une simple fiche technique suffirait. Elle supportait mal mon point de vue.Qu’on le veuille on non, la publicité est un élément du productivisme.

29/06/2020 09:13 par CN46400

@ Assimbonanga
Je n’ai pas pour projet de faire la promo des écoles privées de commerce, je reconnais seulement que le commerce est une activité qui fait partie de la vie de la société capitaliste et qui fera aussi partie de la société qui doit lui succéder. Les écoles privées de commerce ont les même travers que les écoles privées d’ingénieur : "Venez chez nous , il y a un compteur bleu...". Dans la société capitaliste, le capitalisme est dominant, donc partout.

29/06/2020 09:52 par CN46400

@ Babelouest
"Qu’on le veuille on non, la publicité est un élément du productivisme." Oui mais pas plus que la création d’une machine qui fabrique tant de pots de crème à raser qu’il faut une bonne dose de pub pour les écouler....Mais pour quitter le "productivisme", il suffit, finalement, d’entrer dans la semaine de 28H....

29/06/2020 17:53 par babelouest

@ CN46400
Rien à faire ! Vous ne voulez pas CASSER la machine productivisme. Si un simple artisan peut fournir les gens de son coin avec une crème à raser maison, que faire d’une machine qui dans la logique productiviste, devra "être rentabilisée" ?

(je sais les amis de la modération, je fais attention à argumenter sur des faits, non à attaquer quelqu’un). Quand mon père paysan avait besoin de cordes, il attendait les périodes calmes de l’hiver, et avec un assemblage de bois qui devait dater de mon arrière-grand-père, à partir des ficelles de ses bottes de foin, il faisait des cordes. Ah, évidemment les cordes industrielles ont un meilleur aspect, Mais qu’importe ?

29/06/2020 19:15 par Assimbonanga

HEC, ESSEC... Les écoles de commerce servent à toute autre chose que d’acheter et vendre des produits. Elles forment des capitalistes et des managers et leur inculquent une idéologie. Et le malheur veut qu’on retrouve ces élèves dans l’administration publique où ils ne songent plus qu’à réduire les coûts au lieu d’améliorer le service au public... Puis ils continuent ensuite leur belle carrière dans le privé, mélangeant les genres et les conflits d’intérêt, sans plus aucune rigueur morale.
@CN, je me trompe si je pense que tu n’as pas du tout visionné ma vidéo ?

30/06/2020 09:28 par CN46400

@Assimbonanga
J’ai même parcouru pas mal des 2000 commentaires. Mais il y a un grand absent dans ces écoles, Marx et le marxisme. Personne pour expliquer (bals de fin d’année...) le rôle de ces écoles dans la reproduction de la classe bourgeoise en évitant, autant que possible, la consanguinité qui la menace depuis toujours. Ceci dit, le principe officiel des "grandes écoles", qui est d’améliorer les compétences des dirigeants d’entreprises n’est pas mauvais pour la société humaine qui nous intéresse. Certes le capitalisme gaspille énormément de compétences, mais peut-on dire que le pb "Right man in the right place" peut être négligé ? y compris dans une société socialiste ?
Enfin, le contenu idéologique de l’enseignement dans ces écoles n’est pas franchement différent de celui qui est imposé dans l’enseignement courant. Dans les années 60, mon père, qui ne possédait que le certificat d’études, pestait en lisant dans mon Mallet-Isaac l’histoire de la Commune de Paris. Et quand j’en parle à mes enfants, il sont surpris d’apprendre qu’une révolution socialiste a eu lieu à Paris en 1871.... Mais la vidéo déraille aussi à la fin, en prétendant que le capitalisme c’est la croissance infinie, alors que Marx, encore lui, nous a appris que c’est la loi du profit maximum, y compris en période de décroissance. Ce qui veut dire qu’il ne suffit pas de décroître pour éradiquer le capitalisme !

30/06/2020 11:11 par babelouest

@ CN46400
« .....il ne suffit pas de décroître pour éradiquer le capitalisme ! »

Bien sûr ! Cela n’a rien à voir ! Qui dit décroissance, dit croissance, donc capitalisme. Il serait, je pense, plus judicieux de penser abandon du productivisme, DONC de la plus grande part de la grande industrie, ET surtout de la finance : tout projet accepté par une majorité importante des concernés doit être porté par tous (soit par souscription, soit par une aide de l’État qui peut avancer les fonds nécessaires, mais l’État ce sont les citoyens). Pas question de PROFIT. Et là, effectivement, il n’y a plus de capitalisme, il n’y a plus vraiment de pollution. On se suit, là ?

Naturellement cela oblige, pour maîtriser tous ces facteurs, à une relative autarcie, mais est-ce tellement un handicap ? Combien d’années faudrait-il pour que, non sollicités par des publicités tellement incitatives, la plupart de nos concitoyens se contentent de beaucoup moins ? A part les machines à laver le linge, de quoi avons-nous vraiment besoin de plus par rapport à nos aïeux des années 50 ?

30/06/2020 17:02 par CN46400

@ Babelouest
"Il serait, je pense, plus judicieux de penser abandon du productivisme, DONC de la plus grande part de la grande industrie,"
Depuis 2000 la France a perdu la moitié de son industrie en terme d’emplois, comment se porte le CAC 40 ?...

01/07/2020 10:38 par Assimbonanga

@CN46400. Cette vidéo vaut surtout pour les informations sur les écoles de commerce. Ensuite, pour ce qui est du marxisme, du capitalisme et de la décroissance, ce sont de plus vastes sujets...
Tu dis que "le contenu idéologique de l’enseignement dans ces écoles n’est pas franchement différent de celui qui est imposé dans l’enseignement courant " . Si, quand même ! C’est juste pire, plus exacerbé, et c’est le cœur du moteur libéral, le but est le profit, donc des économies sur tout ce qui peut être jugé superflu, comme le service public et la masse salariale.

L’enseignement courant a pour but de transmettre des savoirs et des connaissances, à la base. Pas les écoles de commerce. Là, tu renonces à la beauté et à la vertu et tu ne dois plus songer qu’à l’art de presser le citron et entuber tous ceux qui restreignent possiblement les profits. Tu dois apprendre à tuer père et mère, à dissimuler tes sentiments.

Une école de commerce "à la communiste" devrait, avant d’ouvrir ses portes, fixer les limites idéologiques. Les buts à atteindre devraient être explicites. Pour que ce soit ce que tu souhaites acheter et vendre des produits, sainement, il faudrait que certaines pratiques soient interdites et que l’éthique soit fondamentale. Alors, les libéraux nous traiteraient de dictateurs !

Pourtant, chez eux, au collège Stanislas, le but à atteindre est clairement énoncé : l’Évangile ! Et ça ne leur pose pas problème. Peut-être parce qu’ils savent que ce n’est qu’en paroles mais que, en vrai, c’est pipeau et tartuffade...

01/07/2020 17:59 par CN46400

@Assimbonanga
"Une école de commerce "à la communiste""
Sous le capitalisme il faut faire du profit pour le capital et on est évalué en fonction.
Dans le communisme on doit satisfaire un besoin dans l’intérêt général.
Les écoles de commerce fonctionnent en conséquence. Quand un commercial vend en Occident du miel cubain il doit prendre en compte les intérêts cubains (état+travailleurs) et ceux (profits) du capitaliste occidental...C’est plus compliqué que ne l’était la situation d’avant 91 quand un tanker livrait du pétrole soviétique en quantité et repartait avec un chargement de sucre !

01/07/2020 19:36 par Assimbonanga

@CN46400, et donc ? Concernant les écoles de commerce telles qu’elles sont pratiquées (cf vidéo), tu trouves ça bien ? Je n’arrive pas trop à suivre ton cheminement.

02/07/2020 05:26 par babelouest

@ CN46400
Pourquoi faudrait-il satisfaire le profit des capitalistes, alors que justement ce ne sont QUE DES PARASITES ? Les parasites, il y a d’autres manières plus judicieuses de s’en occuper.

02/07/2020 12:53 par CN46400

@ assimbonanga
A partir du moment où je distingue le but, capitalisme ou communisme, de ces écoles, je porte un jugement critique sur celles qui visent plutôt les profits que la satisfaction des besoins
@ Babelouest
Pour le moment, le miel cubain, pour rapporter des devises lourdes doit être vendu à des capitalistes.....On peut aussi brûler les ruches !

02/07/2020 16:40 par babelouest

@CN46400
On peut aussi brûler la City de Londres...... ce serait certainement bien plus judicieux !

02/07/2020 19:15 par Jober

J’ai été frappé par la phrase suivante : « Plzen est minuscule, avec seulement 180 000 habitants. Mais quand j’étais enfant, elle comptait plusieurs excellentes bibliothèques, des cinémas d’art et d’essai, un opéra, des théâtres d’avant-garde, des galeries d’art, un zoo de recherche... ».
Mais à quoi peuvent donc servir toutes ces choses, si on n’a pas de hot dogs, de humbergers, de Coca Cola ?
À bas l’élévation de l’esprit. Et vive les cochonneries !!!!

03/07/2020 11:04 par Assimbonanga

Non, mais, @ CN46400, aucune de ces écoles ne vise la satisfaction des besoins dans l’intérêt général ! C’est tout.
En ce qui concerne le miel et le tabac cubains, de mon point de vue de commère ordinaire qui voit ça de son balcon, je dirais qu’ils n’ont pas besoin pour faire leur promotion de grands stratèges sortis d’écoles de commerce . Ce sont des produits rares et précieux et donc, je pense que leur valeur coule de source, que la production est réservée d’avance et je suppose même que les premiers à s’en pourlécher les babines sont les grands capitalistes contempteurs du Cuba et de Fidel Castro !!! Ironie du sort, habituelle.
Mais si je me trompe, il y aura Au Grand Soir des gens compétents pour me détromper.

04/07/2020 07:56 par CN46400

@ assimbonanga
Si ces écoles sont intrinsèquement mauvaises, pourquoi les autres, dont le but est aussi de doper les profits du capital, seraient-elles admises ? Ou alors, faut-il supprimer le commerce ?

04/07/2020 10:27 par babelouest

Supprimer le commerce ? Il y a longtemps que j’en ai eu l’idée. Garder à l rigueur le troc, mis surtout promouvoir le PARTAGE.

04/07/2020 10:49 par Assimbonanga

@ CN46400. Je dois te faire un aveu : je ne comprends pas de quoi tu me causes. De quelles "autres écoles" me parles-tu ? Il existerait quelque part des écoles de commerce qui ne ressemblent pas au modèle HEC, ESSEC , et toutes les versions commerciales de ce rêve bourgeois d’obtenir des hauts revenus de cadre en faisant suer la masse salariale ?
STP, sois assez précis dans tes exemples. J’ai la comprenote limitée.
Je ne pense pas que ces écoles soient pour "le commerce". Je pense que le mot est trompeur. C’est plutôt la formation de personnels encadrants. Ils sont employés à toutes sortes de postes qui n’ont rien à voir avec du "commerce". Ils peuvent aussi bien finir un jour dans un bureau à la CPAM. J’en connais. Et avec les mentalités acquises dans ces établissements sans foi ni loi, je tremble pour les assurés sociaux qui auront affaire avec ces yakafocon qui, à l’issue de leurs études payées à crédit, ont reçu un diplôme fantoche en toge et chapeau de lauréat américain. Hé oui, ça existe.

05/07/2020 07:59 par CN46400

@ Assimbonanga
Toutes les écoles, depuis la maternelle, à des degrés divers, j’en conviens, délivrent un enseignement, sinon bourgeois, du moins compatible avec les intérêts de la classe dominante qui, pour le moment, est la bourgeoisie. Je suis désolé si j’ai brusqué vos convictions, mais il n’y a pas que dans les séminaires catholiques qu’on fait le lit de la bourgeoisie. Sans parler de l’histoire où l’objectivité est toujours relative, ni les sciences humaines, que penser de la physique qui, sans fournir de preuve incontournable, enseigne que le réchauffement climatique est d’origine entropique (humaine)...

05/07/2020 10:12 par Assimbonanga

@CN46400, tu, vous, ne brusquez pas mes convictions ni ne m’apprenez que l’école en général joue un jeu reproducteur bourgeois. Ce sont quasiment des lieux communs, désolée de te brusquer à mon tour.
Le cas des écoles de commerce est particulier et signe du temps présent. C’est un sujet, thème, à considérer en tant que tel. Leur recrudescence et leur succès alertent. Les clients (élèves) sont prêts à débourser beaucoup d’argent pour y accéder et c’est fort préoccupant puisque ça révèle une propension à la crédulité face à des escrocs. Ce ne sont pas seulement des écoles "de commerce" mais des écoles commerciales. Elles vendent un produit : une scolarité assortie d’ un diplôme, souvent bidon.
Deuxièmement, elles véhiculent une idéologie et elles fabriquent des cerveaux. Les jeunes élèves n’en sortiront pas indemnes. Toute leur vie, ce ferment guidera leurs actes, choix, décisions.
Forcément que si un gogo adhère à ce simulacre de recevoir un parchemin en étant revêtu d’une toge et coiffé d’un chapeau à la con, cela implique qu’il n’a guère réfléchi au sens de cette mascarade. Cela va bien au-delà de la simple scolarité à l’école publique.
Le degré de nuisance est démultiplié.
Me comprends-tu, comprenez-vous ?

25/09/2020 11:18 par Yfan Labrse

Je confirme tout ce que dit cet article... j’ai pu moi-même en faire l’expérience.
En effet, des années 70 à 89, j’ai voyagé en Europe de l’Est. J’étais sidéré par l’impact de la propagande diffusée par Radio Free Europe notamment. Je me disais : "Mais... jamais les gens vont croire à de telles sornettes !". Eh bien si...
Exemple :
Un jour à Prague, des jeunes étudiants m’invitèrent à aller voir une fresque jugée "révolutionnaire" (pour eux), fresque située en face de l’ambassade de France et que l’on ne pouvait voir que la nuit, discrètement, car on pouvait se faire arrêter par la police, etc... Et, ils insistaient frénétiquement pour m’y amener, vu que j’allais reconnaître, sur cette fresque sauvage, des représentants occidentaux de la "liberté" !
Donc, dans ma tête, j’imaginais quels grands penseurs occidentaux de la "Liberté" pouvaient être ainsi représentés sur une fresque murale soi disant exécutée clandestinement et censée provoquer les autorités Tchèques...
Un soir, donc, nous partîmes, avec moultes précautions, vers l’ambassade de France,... Et là, on me montra à l’aide d’une lampe de poche, un dessin représentant un chevelu que je ne pus identifier. Me voyant incrédule et incapable de deviner qui était ainsi représenté sur ce mur, mes "amis" tchèques étaient catastrophés. "Mais, voyons ! Tu connais bien cette personne ! C’est un représentant de la Liberté, tout le monde le connaît,...etc".
Devant mon ignorance crasse, ils durent me dévoiler le nom de ce grand représentant de la Liberté... que je ne reconnaissais pas :
il s’agissait de John Lennon...

25/09/2020 12:52 par Assimbonanga

A ce qu’il paraît que ce film est vachement bandant : Les trois vies de Gundermann
Je vous laisse apprécier. (Disponible jusqu’au 29 septembre).

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