Jeudi 19 septembre 2013
De la même manière, il ne fut possible pour personne d’imaginer qu’après cet événement le monde pourrait être, après l’effondrement soviétique, autre chose qu’un empire étasunien mondial qui s’impose grâce à sa suprématie militaire et économique, face à des pays prêts à tomber comme un fruit mûr du fait de la dépendance, de la pauvreté, du despotisme et de la corruption.
Pourtant, il s’est avéré avant l’écoulement d’une décennie que les États-Unis se tiennent à leur tour, non sur le sommet qui envoie sur le monde les lumières de la fin de l’histoire, mais plutôt au bord d’un gouffre qui préfigure un effondrement qui s’annonce d’autant plus horrible qu’il n’est pas comparable à l’effondrement soviétique qui, en dépit de ses importantes répercussions négatives, n’a pas empêché l’émergence de la Russie en tant que superpuissance.
Il est certain que l’ivresse de la victoire et l’obsession morbide d’exhiber la force et de l’exercer ont amené les États-Unis à prétexter les attentats du 11 septembre 2001 pour lancer ce que les néo-conservateurs ont appelé leur troisième guerre mondiale. Il est également certain que les États-Unis ne se doutaient pas que leur invasion d’Afghanistan et d’Irak ne serait qu’un premier pas qui conduira rapidement à l’instauration de l’empire étasunien mondial.
Toute importante qu’elle puisse être, la défaite des États-Unis en Afghanistan et en Irak, les facteurs décisifs qui ont joué dans l’engagement étasunien dans la voie de l’effondrement que prévoient un grand nombre d’observateurs et dont témoignent les crises étouffantes, en premier lieu économiques des États-Unis, se représentent (en raison des liens organiques avec l’entité sioniste) par la défaite encaissée au Liban en 2006.
Il est déjà clair que la guerre contre la Syrie n’est qu’une tentative de riposter à la défaite de l’armée israélienne, et que cette défaite – tout comme celle dont les indices commencent à s’apercevoir dans l’échec de la guerre contre la Syrie – n’était pas possible s’il n’y avait pas eu le grand événement qu’est la révolution Islamique en Iran et l’avènement d’un État iranien qui soutient le rôle de la Syrie dans l’accélération de l’effondrement des États-Unis et dispose d’une force suffisante de dissuasion et de soutien aux autres forces de libération dans la région et le monde.
Si la Russie de Poutine a joué un rôle important en bloquant l’agression étasunienne contre la Syrie, cela ne signifie pourtant pas qu’elle en aurait été capable si la Syrie et les autres forces de résistance dans la région avaient subi passivement une telle agression.
Si, de leur côté, les États-Unis ont renoncé au passage à l’acte quant à la mise en œuvre de leurs menaces, c’est parce qu’ils savent bien que les forces de résistance dans la région possèdent suffisamment de moyens pour adresser des coups douloureux à l’entité sioniste et à la présence militaire étasunienne aussi bien qu’à leurs intérêts dans la région.
Il ne faut pas par ailleurs négliger un autre facteur non moins important : épuisée et réduite à une véritable république bananière sous la présidence de Boris Eltsine, la Russie pouvait-elle sous Vladimir Poutine reprendre son ambition de regagner avec force sa place sur la scène mondiale, si la domination des États-Unis et de l’entité sioniste n’avait pas été mises à mal par la Résistance au Liban ?
Il existe sûrement une relation significative entre la victoire de 2006 qui a prouvé la possibilité d’infliger une défaite éclatante au camp des États-Unis et de leurs alliés, et le célèbre discours prononcé par Poutine en 2007 devant la Conférence de Munich sur la sécurité mondiale. Ce discours avait suscité une grande surprise dans la mesure où il y a fait usage d’expressions typiquement « soviétiques » pour dénoncer les tendances impérialistes de la politique extérieure étasunienne. Le fait que la Russie avait poursuivi – depuis l’élection de Poutine au poste de président de l’Union Russe en l’an 2000 – sa politique basée sur le partenariat avec l’Occident et la participation au Conseil Russie-Atlantique n’est qu’une autre expression de cette relation.
Quoi qu’il en soit, la guerre contre la Syrie et tout particulièrement son épisode relatif au renoncement aux frappes limitées après les récentes menaces étasuniennes a montré qu’en plus de la dislocation des groupes armés en action sur le sol syrien et l’éparpillement de l’alliance régionale anti-syrienne, les syndromes de la désunion ont également atteint l’alliance occidentale elle-même. Le recul britannique, le refus de participer aux bombardements par un grand nombre de pays européens, l’inconstance de la position officielle étasunienne et l’opposition populaire massive en Occident à la guerre, tout cela a reflété un état de vieillissement et d’impuissance annonciateurs, dans les conditions de l’aggravation des crises économiques, d’évolutions susceptibles d’aller de pire en pire.
Si les observateurs avaient depuis des années commencé à entrevoir ce processus de l’effondrement étasunien, la fermeté de la Syrie et de l’axe de résistance ainsi que l’émergence de la Russie et des pays du groupe Brics, ont commencé, de leur côté, à avoir des effets concrets au niveau de l’accélération de ce processus.
Akil Cheikh Hussein