Dans le monde arabo-musulman, la polarisation chiite-sunnite a recouvert tous les autres clivages. La République islamique iranienne et la monarchie saoudienne sont ses artisans en ayant chacune de son côté réuni les ingrédients l’ayant rendue possible.
Grâce à cette polarisation chiite-sunnite, les deux puissances qu’opposent leurs prétentions à dominer la région se font une guerre par procuration que se livrent les courants sectaires dans les pays voisins qu’elles ont enrôlés dans leurs camps respectifs en faisant jouer la solidarité religieuse. En Syrie, en Irak, au Liban et maintenant au Yémen, c’est cette guerre par procuration entre Téhéran et Riad à laquelle l’on assiste.
Il en résulte un chaos régional qui comble d’aise les architectes néoconservateurs étasuniens dont le plan pour cette région a consisté justement à plonger le Moyen-Orient dans une telle situation. S’ils pensent travailler pour leurs ambitions régionales respectives, l’Iran et l’Arabie saoudite se trompent du tout au tout car ils ne font qu’aider à l’aboutissement de ce plan. Que les chiites et les sunnites s’étripent partout jusqu’à rendre impossible l’existence des Etats dans lesquels ils ont jusque-là cohabité n’est pas pour poser problème aux concepteurs de la théorie du « chaos créateur », au contraire ils s’en réjouissent et attisent leur confrontation.
C’est dans ce but que les Etats-Unis soutiennent et aident en Irak le régime d’obédience chiite et allié à l’Iran en lutte contre l’organisation de l’Etat islamique sunnite tandis qu’au Yémen ils prodiguent leur appui au régime sunnite contre la milice chiite houthie, peu leur chaut la teinte religieuse des protagonistes des guerres qui font voler en éclats les Etats où elles se déroulent du moment qu’ils contribuent à rendre réalisables les objectifs de leur théorie du « chaos créateur ».
En se faisant une guerre par procuration dans les pays de la région et en poussant ses protagonistes locaux à se déterminer sur la base de leur appartenance religieuse, l’Iran et l’Arabie saoudite ont rendu toute réconciliation impossible entre les chiites et les sunnites dans ces pays et ainsi favorisé le projet de recomposition géopolitique dessinée dans le plan du grand Moyen-Orient. Les Étasuniens, bien entendu, laissent faire car cela leur fait l’économie d’avoir à faire par eux-mêmes la sale besogne que nécessite la réalisation de leur plan.
L’Iran et l’Arabie saoudite se sont fourvoyés dans un engrenage qui au final sera mortel pour leur régime respectif. Cela d’autant qu’ils vont être amenés à s’impliquer directement dans les conflits provoqués par leur guerre par procuration et sur les issues desquels ils n’auront pas la décision finale. Tout ce qu’ils en récolteront c’est un enlisement dramatique qui par ses conséquences se retournera contre eux et donnera motif à leurs peuples de s’en prendre aux régimes apprentis sorciers qui y ont mené leurs pays. Dans ce piège, les Etats-Unis veillent à y précipiter tous les Etats du Moyen-Orient et du Maghreb pour qu’aucun ne soit prémuni contre le « chaos créateur » programmé, si quand même ils en ont exclu un : l’Etat d’Israël en faveur duquel a été conçu et est mené le plan sorti des cervelles déshumanisées des néoconservateurs américains.
Kharroubi Habib
« La démocratie et les droits de l’homme ne nous intéressent que très peu. Nous utilisons simplement ces mots pour cacher nos véritables motifs. Si la démocratie et les droits de l’homme nous importaient, nos ennemis seraient l’Indonésie, la Turquie, le Pérou ou la Colombie, par exemple. Parce que la situation à Cuba, comparée à celle de ces pays-là et de la plupart des pays du monde, est paradisiaque »
Wayne Smith, ancien chef de la Section des Intérêts Américains à La Havane (SINA) sous l’administration Reagan