Alors que :
– des sénateurs étasuniens entendent poursuivre les directeurs de banques soupçonnées de détournement et de blanchiment d’argent,
– qu’un rapport parlementaire démontre que chaque année l’évasion fiscale atteint les 80 milliards d’euros en France, et 1000 milliards dans la zone euro,
– 35 000 milliards de dollars sont dans les coffres des paradis fiscaux,
– que la bourse de Paris s’envole et qu’elle a atteint son niveau d’avant 2008,
– que le gouvernement remanié a décidé d’appliquer le pacte de responsabilité qui accorde 30 milliards d’euros supplémentaires au capital en supprimant la cotisation sur la branche famille,
– que 20 milliards d’euros d’aides et de prêts bonifiés de la Banque Publique d’Investissement ont été accordés au patronat
– qu’entre 24 et 30 milliards d’euros d’exonération de cotisations sociales sont accordées chaque année au titre de la loi Fillon sur les salaires inférieurs à 1.6 fois le smic,
– que l’UE et les USA s’apprêtent à signer un pacte commercial transatlantique qui aura des conséquences néfastes sur nos vies et nos emplois,
– ...
Manuel Valls a en tête de réformer les 35h alors que la Loi Aubry a permis la flexibilité des horaires et le non-paiement de millions d’heures supplémentaires... voire de supprimer toutes les entraves liées au Droit du Travail pour poursuivre l’œuvre destructrice de Besson puis de Sapin, débutée en 2008...
Aussi, on peut d’ores et déjà prévoir quel sera le fond du discours de politique générale qu’il prononcera mardi 8 avril devant le Parlement et y obtenir un vote de confiance, un fond antisocial qui sera caché par des annonces « popularistes » destinées à rassurer... d’où le silence du Medef à l’issue du 30 mars.
En effet, à quelques semaines des élections européennes qui confirmeront la « Berezina » municipale du PS et la montée du national-chauvinisme, Valls voudra rassurer pour éviter cette fois un « Waterloo » pour les candidats de la social-démocratie au Parlement « strasbo-bruxellois », notamment après les propos de Pascal LAMY, l’ancien patron de l’Organisation Mondiale du Commerce et membre du Parti Socialiste.
Lamy (des patrons), technocrate agent double du capital, proposait il y a quelques jours de s’en prendre aux travailleurs pauvres et dépourvus de travail en leur procurant des emplois low-cost payés sous le SMIC... reprenant ainsi les propos de Peter Hartz qui en janvier, selon l’Elysée, était venu courtoisement rencontrer François Hollande pour lui proposer ses services et ses conseils... le retour au STO imposé par Fritz Sauckel, surnommé en 1942, le « négrier de l’Europe », et de la devise des camps : « Arbeit macht frei » (Le travail rend libre) ?
Pascal Lamy vient de déclarer :
– « Je sais que je ne suis pas en harmonie avec une bonne partie de mes camarades socialistes, mais je pense qu’à ce niveau de chômage il faut aller vers davantage de flexibilité, et vers des boulots qui ne sont pas forcément payés au smic »
Ajoutant à la manière de Peter Hartz (voir n°90-01-04-14) qui fût le fossoyeur des droits des travailleurs allemands :
– « Je connais des gamins de 15 ans dont les parents n’ont jamais eu de boulot. Pour moi, c’est le signe d’une gangrène. Une société où ceci peut se produire, sans qu’il y ait la révolution, c’est vraiment très inquiétant. Alors, un petit boulot, c’est mieux que pas de boulot »
Et pour se justifier il propose des modèles :
– « si on regarde ce qui se passe ailleurs, chez les Suédois, les Canadiens, les Allemands, il y a des tas de moyens de se redresser, à condition de voir le monde tel qu’il est »
La France est une nation capitaliste et libérale qui fait partie du G8. Elle est co-fondatrice avec l’Allemagne, de l’Europe impérialiste, elle est membre du Conseil de Sécurité de l’ONU, elle est membre du commandement intégré de l’OTAN, et elle reste, malgré la désindustrialisation au forceps, la 5ème puissance économique mondiale... il faut bien le rappeler.
Alors, même si des événements ont contrarié le capital français, qui depuis sa création a dû affronter deux guerres mondiales (malgré le business de la guerre), la Commune de Paris, la révolution russe, le Front Populaire de 1936, les Accords du CNR de 1944, les décolonisations des années 50 et 60, Mai 1968, les luttes syndicales... et lâcher du « lest », l’alternance politique n’a jamais modifié le système économique basé sur le capitalisme, l’exploitation, la spoliation, la répression, l’expansionnisme et la financiarisation des marchés... l’alternance c’est de la politique politicienne au service du grand capital.
Ainsi, les crises systémiques n’ont jamais engendré une réelle inversion du système, on peut même dire qu’elles ont à la fois renforcé le capital qui se sépare de ses plus mauvais éléments (qui n’obtiennent pas les marges demandées) pour renforcer les monopoles issus de la dictature des actionnaires, et affaiblit la démocratie, soit-elle bourgeoise et parlementariste, mais aussi les droits et acquis des travailleurs.
Ainsi, chaque pays capitaliste, dont la France, est devenu un laboratoire dirigé par les « docteur folamour » commandités par les firmes, d’où les paroles de l’agent Lamy, l’ancien patron de l’OMC et en son temps de l’agent DSK, l’ancien patron du FMI, qui voient dans la Suède, l’Allemagne et le Canada, des modèles de société où la négation de la lutte des classes a toujours été forte, malgré quelques tentatives de sursaut. Mais aussi les déclarations de Mario Draghi, Herman Van Rompuy et de Manuel Barroso (la troïka des adeptes « freemaniens » de Chicago) qui dans leur marche vers la création d’une Europe Fédérale, dans laquelle les nations souveraines auraient été dissoutes, ne cachent pas leur appartenance à l’ultralibéralisme sur le modèle étasunien.
Chaque militant anticapitaliste n’a pu que constater que dans les pays du sud européen, la crise a permis de réduire les salaire, les retraites et les droits, de détruire les acquis et de vendre des pans entiers des pays... les travailleurs étant dans un combat de survie ont dû accepter pour le moment, même s’ils sont loin d’être résignés comme certains média voudraient le faire croire, notamment en cachant les innombrables actions et manifestations de masse. Là où il y a eu des grandes résistances comme en Grèce, le capital a sorti son bras armé, avec un parti fasciste nazifié tel qu’ « Aube Dorée ».
En France, la montée du bras armé du capital, le FN, est préventif car le capital français sait qu’il est sur une poudrière et que la mèche lente a été allumée par les millions de suppressions d’emplois depuis 5 ans, donc par la destruction (inachevée) de pans entiers de l’industrie manufacturière nationale. Comme en Allemagne dans les années 1920-1930, le capital a besoin des fascistes ou autres populistes pour diviser le peuple et trouver des bouc-émissaires pour masquer le fond de son système à caractère mafieux. Comme en Italie dans les années 1970, la stratégie de la tension est pas à pas appliquée avec la bénédiction des grands argentiers de ce monde.
Derrière le fascisme se cache le Capital dont la volonté est de réduire au maximum du possible les coûts de production pour augmenter au maximum ses profits, c’est-à-dire une reprolétarisation accélérée. Il y a donc la manière « douce et démocratique » avec des gouvernements complaisants et des députés complaisants qui « mangent à la gamelle », où la manière « forte et moins démocratique » avec la mainmise néo-fasciste sur la politique, d’où la probable montée en nombre des députés européens néo-fascistes en juin prochain.
Et ce n’est pas avec l’européanisme exacerbé du PGE (parti de la gauche européenne) dont font partis le PCF et le PG, que la situation ira en s’améliorant car personne n’est plus dupe quand il s’agit de mélanger le l’eau et le feu qui ne sert qu’à créer un brouillard et une nuée qui porte en elle l’orage.
Ainsi plus les droits et acquis auront été réduits, mieux la construction de l’Europe Fédérale se passera et plus vite elle sera effective, ce qui nous conduit donc à une accélération de la reprolétarisation généralisée des larges masses qui passe par des attaques incessantes et ciblées, voire corporatistes, qui peuvent être directes et franches ou latentes mais crescendo.
Et il n’y a pas de fumée sans feu, même pour ceux qui entendent mélanger l’eau et le feu, ceux qui prétendent qu’une « Europe Sociale » est possible, ceux qui veulent nous faire croire que la solution sera « la révolution mondiale », ceux qui veulent nous faire croire que la destruction des droits, des acquis et des conquis conduira inéluctablement à une « reconstruction meilleure et plus juste en Europe »... mais ils oublient que tous les droits et les acquis ont été arrachés par le sang et les larmes, et qu’il faudra des décennies de sang et de larmes pour les reconquérir, retardant ainsi l’issue fatale du capitalisme.
Ceci nous fait dire aujourd’hui que pour éviter une reprolétarisation de masse, il faut miner le capitalisme et arrêter de mimer la démocratie bourgeoise.
On ne peut plus accompagner cette mascarade qui ne sert qu’à nous empêcher de penser, car penser c’est apprendre pour comprendre, c’est donc accélérer le processus de chute inévitable du capitalisme.
Et nous le répétons, une barricade n’aura toujours que deux côtés, il faut donc choisir son camp !
Cercle Ouvrier du Bassin Minier Ouest du Pas-de-Calais