Grâce au Conseil d’État, la “laïcité” ne sait plus dans quelle étable crécher !
La loi laïque de 1905 séparant l’Etat des Eglises dispose que « la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte ». En conséquence, elle stipule noir sur blanc qu’aucun signe religieux ne doit être apposé dans les établissements publics. Ajoutons que cette loi n’est pas une de ces innombrables lois que l’exécutif, la police et la justice s’accordent tacitement pour ne même plus feindre d’appliquer, comme l’est par ex. la loi Toubon de 1994 qui dispose toujours que « le français est la langue des services publics, du travail, des échanges et de l’enseignement » (Yes ! OK ! Of course ! rayez la mention inutile). La loi de 1905 fait en effet partie du « bloc de constitutionnalité » et à ce titre, elle constitue l’Etat de droit que se flatte encore d’être la Ve République en capilotade.
On pouvait donc penser, sans être exagérément qualifié en droit constitutionnel, que le Conseil d’Etat n’aurait pas à délibérer longtemps pour interdire l’exposition de crèches (comportant l’Enfant Jésus, la Vierge Marie, son époux Joseph, les Mages et l’Etoile mystérieuse, ces signes laïques bien connus !), à l’intérieur des Maisons pour tous que sont censées être les mairies françaises. Des bâtiments encore (provisoirement ?) publics au fronton desquels figure encore parfois, sans doute par antiphrase, l’inscription : « liberté, égalité, fraternité ».
Eh bien non, il s’est trouvé des juges qui ne manquent pas d’R, pour estimer – ben voyons !– que la crèche étant un phénomène « culturel » et non « cultuel », elle serait à l’avenir autorisée dans les mairies.
A quand de nouveau le crucifix – culturel et non cultuel puisqu’il figure sur tant de peintures – dans les écoles, les commissariats et les tribunaux ? Pour « justifier » son avis, le Conseil d’Etat avance sans rire l’idée qu’il faut interpréter la laïcité comme un dispositif de « paix civile » et non comme la base d’un interdit. Comme s’il n’arrivait pas que l’interdit, quand il repose sur l’égalité entre citoyens, soit le fondement de la « paix civile » !
Belle « paix civile » demain dans nos villages si les athées réclament à leur tour (chiche ?) que dans les mairies on affiche désormais, au hasard, mais on peut peut-être trouver mieux ?, la phrase hautement culturelle du jeune Marx déclarant que « la religion est l’opium du peuple » ? On pourrait par exemple l’inscrire juste au-dessous de la devise républicaine. On pourrait aussi mettre le drapeau rouge à côté du tricolore le 1er Mai avec la phrase « prolétaires de tous les pays unissez-vous » (il se dit en effet que le Manifeste du PC est en effet, culturellement parlant, le livre le plus répandu au monde avec la Bible et le Coran). Concitoyens musulmans, que se passera-t-il si désormais, en vertu de l’égalité civique, vous demandez qu’à l’occasion de l’Aïd, les mairies soient décorées de croissants verts dont le caractère « culturel » est lui aussi avéré par des milliers d’œuvres d’art ? Oh le bel « apaisement » en perspective que voilà, alors que 30% des Français s’apprêtent à voter pour le FN et que Sarkozy ne sait plus quoi faire pour déborder l’extrême droite sur sa droite extrême...
Bref l’avis du Conseil d’Etat se fonde-t-il sur la recherche de la « paix civile » ou tout au contraire, n’invite-t-il pas de manière irresponsable dans le climat actuel à franchir une étape supplémentaire vers cette guerre civile intercommunautaire qu’attisent symétriquement les frères ennemis du salafisme, de l’intégrisme catho résurgent (autour notamment, des « manifs pour tous ») et de l’ultra-droite FNLR, elle-même encouragée par la volonté liberticide de Napoléon Valls d’institutionnaliser et d’encadrer le culte musulman ?
En avant, donc au nom de la pseudo-laïcité communautariste promue par l’UE, vers le démantèlement de la « République laïque, sociale, démocratique une et indivisible ». Et à quand le retour des guerres de religion qu’avait momentanément conjurées ou suspendues l’édifice progressiste, mais encore très contradictoire, de l’Edit de Nantes ?
Bref, détruisons la laïcité aux cris de « vive la laïcité » et saccageons les bases mêmes de la « tolérance » en criant « vive la Tolérance et l’ouverture » !
Conclusion : aux prochaines présidentielles, on peut faire l’économie des primaires et du vote lui-même : il suffit de porter d’emblée Tartuffe à l’Elysée !
ALEP-MOSSOUL : A propos du Général Bellanger, des méchantes bombes russes et des gentils bombardements US...
Doublure de l’arrogant Bernard Guetta dans le 7/9 de France-Inter, le « géo-policitien » Antony Bellanger a récemment commis un édito comparant les sièges simultanés de Mossoul (Irak) et d’Alep (syrie). Sans prendre le risque de citer à l’antenne les coupables et leurs arguments... – M. Bellanger tance les saligauds qui s’étonnent qu’on puisse à la fois flétrir les retombées tragiques de l’intervention russo-syrienne à Alep... et s’enthousiasmer pour l’offensive conduite à Mossoul par une série de milices et d’Etats rivaux que dirigent ouvertement Washington et Paris.
A qui veut-on faire croire que, dans un cas, les bombes russes maniées par l’armée syrienne régulière iraient sadiquement frapper « la population civile » et « les enfants », et que les « assiégés » d’Alep seraient d’aimables « rebelles » (émargeant hélas un tout petit peu à Al Qaida), alors qu’à Mossoul, les obus pilonnés par d’obligeants « Peshmergas » pilotés par l’armée étasunienne font aimablement un détour pour éviter « les civils » et ne frapper que les « terroristes » ? L’énormité du parti-pris antirusse, pro-occidental et anti-syrien de France-Inter est telle que l’on ne peut éviter d’évoquer les vers de Victor Hugo :
« C’est un Russe, égorge, assomme !
C’est normal, pourquoi cet homme
Avait-il un habit blanc ? »
Que des éditorialistes triés sur le volet pour remettre l’auditeur bobo dans le droit chemin euro-atlantique, disposent d’un monopole d’Etat pour débiter ces sornettes, on peut le concevoir : car en régime capitaliste, la « liberté de la presse » consiste en ceci que le capital (dans les médias privés), ou que les gouvernements bourgeois (dans les médias « publics ») ont tout loisir pour embaucher, « cadrer » et éventuellement débaucher (s’ils franchissent la ligne politique fixée par l’éditeur) les « journalistes » qui ont le privilège (qui les choisit et sur quels critères ?) de monopoliser les éditoriaux politiques. Et si en plus, lesdits « journalistes » croient les billevesées qu’ils débitent, c’est tout bénèf, car une information n’est crédible que si est supposée parler librement la source dont elle émane...
Mais que dire alors de tels auditeurs lettrés de France-Inter qui écoutent, avalent et relaient ensuite autour d’eux pareilles sornettes, sans jamais omettre de féliciter à l’antenne MM. Cohen, Guetta, Bellanger et Cie « pour la qualité de vos émissions » ?
Floreal pour www.initiative-communiste.fr
En complément (LGS) : Le sabre et le groupillon de Jean ferrat.
http://www.dailymotion.com/video/xcnphf_jean-ferrat-le-sabre-et-le-goupillo_travel