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Sanna Marin, la Fondation Blair et l’invasion de l’Irak

« Le 24 février, la Russie a lancé une guerre d’agression contre L’Ukraine. L’attaque impitoyable de la Russie constitue non seulement une violation des principes fondamentaux de la sécurité européenne, mais aussi de la Charte des Nations Unies et, plus généralement, du droit international et des droits humains ».

C’est ainsi que pontifiait le premier ministre finlandais de l’époque, Sanna Marin, lors d’une intervention au Parlement, le 16 mai 2022, dans laquelle elle expliquait les raisons pour lesquelles son pays devait adhérer à l’Alliance Atlantique.

« Si la Russie l’emportait, c’est comme si elle envoyait le message qu’on peut le faire, elle envahirait un autre pays, et puis un autre encore », déclarait-elle devant une autre institution avec la même solennité désolée.

La starlette de la politique finlandaise, qui s’est élevée à la gloire internationale grâce à ses charmes et à l’entreprise consistant à faire entrer la Finlande dans l’OTAN, outre quelques vidéos festives peu institutionnelles, a fait savoir le 7 septembre, urbi et orbi, qu’elle abandonnera la politique, en une annonce quelque peu tardive, étant donné qu’il y a longtemps que la politique l’a abandonnée, depuis la cuisante défaite essuyée aux dernières élections.

Marin a toutefois eu le temps de mener à bien la mission que lui avaient confiée ses sponsors internationaux, ayant réussi à faire de son pays un membre de l’OTAN, c’est-à-dire une colonie de l’Empire, ce pour quoi elle ne pouvait manquer d’être récompensée.

De fait, son abandon déchirant de la politique arrive en même temps que la joyeuse annonce que, à partir d’aujourd’hui, Sanna Marin fera partie de la charitable Fondation Blair, grâce à laquelle le monde pourra continuer à jouir de son éclatante clairvoyance.

Sanna Marin, le petit marquis Blair et sa Fondation

Il est probable que, vu son âge, la jeune femme ne se rappelle pas que Blair fut un partisan convaincu de l’invasion de l’Irak et qu’il avait même convaincu George W. Bush des mérites de cette tragique décision, à l’égard de laquelle le timide empereur était réticent.

Personne ne doit non plus lui avoir parlé du méticuleux travail de la Commission Chilcot, grâce à laquelle le Parlement britannique a pu faire la lumière sur les trames du petit marquis du travaillisme anglais qui, par cette malheureuse guerre, a non seulement dévasté de façon durable un pays tout entier, mais a dispersé les graines de la Terreur dans le monde entier.

Une attaque impitoyable, pour employer les mots de Marin, qui vit les villes irakiennes écrasées sous des tapis de bombes. Une attaque, toujours pour employer ses mots, qui constituait non seulement une violation des principes fondamentaux de la sécurité globale, mais aussi de la Charte des Nations Unies et, plus généralement, du droit international et des droits humains.

Un crime resté impuni, au point que le petit marquis du travaillisme anglais est toujours en liberté comme tous ses petits copains qui aujourd’hui pontifient contre la Russie et pleurent sur le sort du peuple ukrainien, que leur bien-aimée OTAN envoie au carnage sous leurs yeux émus et satisfaits.

Cette impunité a eu pour résultat que, après l’Irak, les milieux dont Blair faisait partie de plein droit, ont sponsorisé d’autres guerres, de la Libye à la Syrie et au Yémen, pour rester dans le domaine des conflits ouverts – car bien d’autres ont été perpétrés en secret, sous prétexte de guerre contre la Terreur. Exactement ce que Marin dénonçait comme une retombée possible d’une victoire russe.

Tel est l’éclatant destin de la petite marquise finlandaise qui, depuis sa nouvelle tribune, continue à faire parler d’elle et à pontifier sur les crises qui affligent le monde, auxquelles elle s’activera avec son habituelle diligence et liberté de pensée.

Par ailleurs, sa nouvelle expérience non lucrative lui permettra de jouir de la fortune secrète de la Fondation qui, grâce aux nombreux et mystérieux services qu’elle rend aux puissants, réussit à obtenir des donations généreuses et variées, donnant parfois lieu à de malignes controverses (voir le Guardian).

L’hypocrisie fait partie intégrante de la politique, mais, jadis, il existait des limites au-delà desquelles on s’exposait à la risée publique. Il semble que l’écroulement du Mur de Berlin a aussi fait s’écrouler ces limites, ouvrant de nouveaux horizons à la politique et la géopolitique.

Que l’on nous pardonne cette diatribe, dont la starlette finlandaise et son destin ne sont qu’un prétexte éphémère – aussi éphémère que son destin politique – qui ne sert qu’à mettre une fois de plus en évidence le fait que le tragique conflit irakien fait désormais partie d’une dramaturgie dans laquelle la réalité ne compte pour rien.

Hypocrisie, propagande, désinformation créent une réalité alternative, celle qui est chaque jour offerte à l’opinion publique globale comme une vérité révélée. C’est comme ça.

Traduction de R. Llorens

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Dans l’Europe de 1914, le droit de vote universel n’existait pas. Partout, la noblesse et les grands industriels se partageaient le pouvoir. Mais cette élite, restreinte, craignait les masses populaires et le spectre d’une révolution. L’Europe devait sortir « purifiée » de la guerre, et « grandie » par l’extension territoriale. Et si la Première Guerre mondiale était avant tout la suite meurtrière de la lutte entre ceux d’en haut et ceux d’en bas initiée dès 1789 ? C’est la thèse (…)
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Thomas Friedman, « In Defense of ISIS », New York Times, 14 avril 2017.

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