RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
11 

La nature n’a rien contre le mariage homosexuel.

Cessons de mentir aux enfants car, non, il n’y a rien dans la nature contre le mariage homosexuel. Depuis que s’impose l’idée du vote d’une loi parlementaire instaurant le mariage pour tous, voilà que se réveillent de vieux démons contre l’union homosexuelle. Les vieilles discriminations ont encore du mal à être refusées en dépit d’une évolution sensible des moeurs humaines.

Après avoir vainement prétendus que l’homoparentalité se heurtait à une supposée vertu psychologique parentale, les manifestants contre l’homosexualité appellent la biologie à la rescousse, affirmant que « la parentalité serait biologiquement irréductible » et que « l’homosexualité serait contre-nature ».

C’est bien mal connaître les choses de la nature.

Car l’homosexualité est parfaitement répandue chez nombre d’espèces animales. Et même l’élevage d’une progéniture par deux parents du même sexe constitue une banalité naturelle. Comme beaucoup d’oiseaux, les cygnes, les oies des neiges de même sexe s’apparient régulièrement pour élever ensemble une nichée. Des centaines d’exemples ont été scientifiquement attestés depuis les insectes jusqu’aux mammifères. Et des espèces se reproduisent même sans mâles. Les lézards Aspidocelis uniparens, par exemple, s’adonnent à des amours entre femelles qui déclenchent ensuite la formation de descendants à travers une reproduction sans fécondation, appelée parthénogénétique. Plusieurs milliers d’espèces connaissent des amours homosexuelles et cajolent une progéniture issue de ces passions singulières.

Le mariage reste un contrat juridique dans lequel l’état établit une reconnaissance des pratiques amoureuses et reproductives, et oblige les deux contractants. Qu’on se souvienne que le mariage est resté longtemps discriminatoire, réduisant la femme à une mineure perpétuelle et les enfants à une possession juridique. C’est pourquoi les anarchistes, par exemple, ont toujours préféré l’union libre. Le mariage a encore ses limites. Par exemple, il est étonnant que, encore aujourd’hui en France, l’institution du mariage privilégie la confusion entre géniteurs et parents.

Biologiquement en tout cas, une certaine divergence persiste entre ces deux rôles. Chez de nombreuses espèces animales, il n’y a pas d’identité entre le géniteur et le parent. C’est à dire que non seulement les animaux pratiquent l’adoption des orphelins, mais l’élevage lui-même peut être réalisé par d’autres membres de la communauté, sans que la progéniture ne soit associée à un père particulier par exemple.

Alors, s’appuyer sur l’insuffisance de la formation naturaliste de nos contemporains pour refuser le « mariage pour tous » reste un navrant symptôme de l’ignorance de l’histoire naturelle, même au pays de Lamarck et de Buffon. Cela révèle combien l’éducation populaire à la science est encore imparfaite et combien la vulgarisation des connaissances universitaires s’avère insuffisante.

Il n’est toutefois pas nouveau que les réactionnaires tentent de tirer des énoncés normatifs à partir des descriptions de la biologie. Mais, en réalité, il n’existe dans la nature aucune autre norme que la diversité des conduites sexuelles. L’évolution biologique trouve précisément son origine dans cette variété. Il y eut un temps où des biologistes ont autorisés des propos racistes, eugénistes ou ségrégationnistes. Cependant, l’évolution des connaissances biologiques a toujours contredit ces hypothèses. Et aujourd’hui, il n’est plus possible de s’appuyer sur la science ou sur la faune pour étayer de tels propos discriminatoires. Ils sont de la seule responsabilité de ceux qui les profèrent et les universités ou l’Académie des Sciences devraient clairement les condamner.

En fait, au-delà du problème sociétal que pose cette question du mariage, la sexualité n’est évidemment pas réductible à la reproduction et nombre de comportements sexuels existent en dehors de la copulation hétérosexuelle proprement dite chez les animaux. Les singes, les chauves-souris se masturbent, les lions se câlinent entre mâles, les macaques se caressent entre femelles. La nature ne dit rien contre la sexualité libre.

Car la biodiversité est amoureuse et les espèces se perpétuent justement à travers leur désir et divergent de ne plus s’aimer.

Thierry Lodé
Professeur d’écologie évolutive

URL de cet article 18095
  

DE QUOI SARKOZY EST-IL LE NOM ?
Alain BADIOU
« Entre nous, ce n’est pas parce qu’un président est élu que, pour des gens d’expérience comme nous, il se passe quelque chose. » C’est dans ces termes - souverains - qu’Alain Badiou commente, auprès de son auditoire de l’École normale supérieure, les résultats d’une élection qui désorientent passablement celui-ci, s’ils ne le découragent pas. Autrement dit, une élection même présidentielle n’est plus en mesure de faire que quelque chose se passe - de constituer un événement (tout au plus une « circonstance », (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes.

Karl Marx

Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.