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Si la solution est la guerre, c’est que la question est mal posée.

La récupération politicienne des morts n’empêche rien : l’état d’urgence imposé n’a rien à voir avec une situation de guerre. A cette heure de test pour une soumission durable, l’Etat dissimule mal que le mal de vivre conduit certains de ses enfants au suicide orchestré par les fanatiques de toute engeance. Les CRS utilisent-ils des gaz sans effets de serre ?

A quoi sert une bombe aveugle sinon à aveugler ?

Mais si nous étions en état de guerre, pourquoi sont-ce des civils et des jeunes qui sont les seules victimes de cette barbarie ? L’Etat ne la ramène pas sur le ton de la protection des populations civiles. Si la seule justification d’un Etat est cette prétendue protection des populations, il ne faut pas croire en ce mythe d’une armée de terroristes syriens prêts à en découdre. Il s’agit encore une fois de jeunes français ou jeunes immigrés, par forcément des "cités", mais bien fanatisés par la religion et par les sbires des "islamistes". La pauvreté inouïe des exploités sert aussi de justificatifs aux religions. Mais la religion ne suffit pas. Aux USA ou récemment en Norvège, des jeunes fanatiques ont aussi sorti des armes pour tirer dans la foule et sur leurs camarades. Ici, cela pourrait être aussi bien au nom d’Al Qaida que de n’importe quel autre groupe salafiste ou chrétien.

Plus que la pseudo-reconquête arabe d’un Etat islamique médiéval qui nous rejoue la croisade au nom de la grandeur civilisationnelle, le centre du propos reste bien le recrutement des fanatiques, la montée en puissance de cette envie trouble de chemises noires et de la garde qui va avec. La seule chose à dire d’une guerre est de la finir ! Et il n’y a pas plus de guerre de civilisation que de développement durable, juste le heurt final des idéologies médiévales et de l’exploitation capitaliste.

Cet état de fait démontre l’inouïe fracture qui existe entre la vie réelle des pauvres et les idéologies de la société marchande spectaculaire. La colère et l’insatisfaction ne sont des matières brutes qu’il faut transfigurer pour faire de la colère une idée critique et libertaire. Certes, réfléchir n’est jamais facile, surtout face aux confusions du monde spectaculaire-marchand mais c’est la seule solution pour parvenir un jour à éradiquer ce mal que des prolétaires font à d’autres prolétaires, encouragés par l’incroyable obscurantisme des fachos de tout poil.

Nos politiciens promettent toujours des fins de mois difficiles et la durabilité de l’exploitation capitaliste de plus en plus visible dans les exubérances des inégalités sociales. Nous savons combien tout cela fait le lit de la droite extrême et de la police.

Refusons encore ces récupérations politiciennes, refusons toujours cet état-policier. Pour développer toujours mieux notre réflexion critique sur le monde.

Thierry Lodé

Thierry lodé
Professeur en écologie évolutive
Université d’Angers et de Rennes 1

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COMMENTAIRES  

04/12/2015 15:32 par macno

Extrait de « Le wahhabisme saoudien, une explication trop simple  ? »
http://lesakerfrancophone.net/le-wahhabisme-saoudien-une-explication-trop-simple/

« Croyez vous que les gens adoptent des idées et des croyances parce qu’ils les cherchent, et qu’ils les adoptent parce qu’elles expliquent le mieux leur situation, qu’elles leurs donnent plus de sens ? Ou pensez vous plutôt que les gens adoptent des idées parce qu’on leur demande d’y croire ? Est-ce que ce sont les gens qui choisissent les idées ou les idées qui choisissent les gens ? Croyez vous que les gens vont choisir des idées qui correspondent à ce qu’ils pensent ?

J’ai commencé à lire toutes les biographies des membres de groupes radicaux publiées dans les médias. Je n’ai pas rencontré un seul cas où une personne normale, heureuse, ayant un bon boulot et pleinement satisfaite de sa vie a rejoint un mouvement radical parce qu’elle est tombée par hasard sur un livre écrit par un érudit wahhabite ou qu’elle soit rentrée par erreur dans une mosquée où un imam wahhabite était en train de prêcher.

Quelqu’un s’engage dans un groupe extrémiste parce que quelque chose dans sa vie ou en lui le pousse à rechercher un prêcheur radical, à préférer une mosquée wahhabite ou à ressentir le besoin de supporter un mouvement politique radical. »

La base même de tout glissement d’une personnalité vers une idéologie fasciste religieuse ou non, est sa propre capacité à se dégager de toute autorité (et ainsi de « développer toujours mieux une réflexion critique sur le Monde »), on est d’accord.
Cette capacité est effectivement liée à son histoire personnelle et souvent affective (« (...)quelque chose dans sa vie... »), on est encore d’accord.
Par contre au concept de "libertaire", je préfère celui d’Anarchiste.
Libertaire a trop de dérivés suspects, tel celui de "libéral" ou encore celui de "libertarien"...

04/12/2015 19:28 par Szwed

De plus, il ne faudrait pas prendre tous les enfants des banlieues pour des connards sauvages !

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