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La censure de RT (ex-Russia Today) ne sera que l’accentuation de la folie qui nous entoure.

J’ai le vague souvenir que ceux (et ils étaient nombreux) qui défendaient les interventions militaires US en Afghanistan, Irak, Syrie (1) et ailleurs - en fait, chaque fois qu’il s’agit d’une intervention du camp dit "occidental" - avaient droit à tous les plateaux télé.

Je n’ai aucun souvenir que les médias archi-propagandistes de l’époque aient été menacés de fermeture.

Je n’ai aucun souvenir d’une décision de geler les avoirs non seulement d’un président des Etats-Unis, d’un Premier Ministre britannique ou israélien, d’un Roi saoudien, mais aussi des "hommes d’affaires" proches d’eux.

Non, tout ce dont je me souviens, c’est le défilé de personnages haïssables, qui s’enthousiasmaient, qui pontifiaient, qui justifiaient, qui libéraient, qui démocratisaient.

Tout ce dont je me souviens, c’est le mal de chien qu’il fallait se donner pour attraper quelques bribes de vérité, pour avoir ne serait-ce qu’un aperçu de l’étendue du bourrage de crâne en cours.

Tout ce dont je me souviens, c’est les silences insupportables sur nos blocus économiques criminels. Sur le vol du pétrole, des saisies des réserves d’un État, de la désignation d’inconnus comme président reconnu. D’une succession permanente de crapuleries de notre part, partout.

Du deux poids deux mesures systématique et insupportable, de l’hypocrisie permanente qui ont fini, je suppose, par agacer même les Russes.

Récemment sont apparus dans "notre" presse des titres tels que "Guerre en Ukraine : Comment la chaîne russe RT traite-t-elle le conflit ?" (20minutes)

La réponse est simple : mieux que notre presse avec la Libye. Mieux que notre presse avec la Syrie. Mieux que notre presse avec l’Irak. Mieux que notre presse avec l’Afghanistan. Mieux que notre presse avec le Venezuela. Mieux que notre presse avec l’Iran ou le Moyen Orient. Mieux que notre presse avec le Yémen...

En fait, maintenant que j’y pense, la chaîne russe RT traite beaucoup de sujets bien mieux que "notre" presse...

Alors quand j’entends des appels à fermer la chaîne RT pour cause de manque d’objectivité, parce qu’elle donnerait un point de vue biaisé ou incomplet, je ne suis pas étonné. Pourquoi le serais-je, avec tout ce qui précède ? Non, ce qui me fait hurler, c’est de voir les lobotomisés hocher de la tête.

Vouloir censurer RT, ce n’est PAS faire taire la voix de je ne sais qui, c’est m’enlever à moi, et à vous, et vous, et vous, le droit de savoir. Que l’on ose même le suggérer est en soi le signe d’une dégénérescence mentale assortie d’une agression directe et personnelle.

Le culot qu’il faut avoir pour réclamer cette censure (ou fermeture comme ils disent pudiquement) est la prolongation directe, l’expression sous une autre forme, de toute l’insanité occidentale dénoncée plus haut.

La censure de RT ne serait pas une "correction" de cette folie qui nous entoure, mais son accentuation.

Il n’y a finalement rien d’étonnant à que ces appels à la censure émanent principalement de ceux qui ont toujours été complices des crimes sus-mentionnés (vaguement).

Ou alors, sur des critères égaux, s’il faut fermer un média de propagande, qu’on les ferme tous. Et je vous jure qu’il n’en restera plus beaucoup.

Viktor DEDAJ
défenseur acharné de notre droit de savoir

Mise à jour 27/2 : Autre exemple, un article de l’Express : "Les Américains arrivent à leurs fins" : comment Sputnik et RT désinforment sur l’Ukraine" - Publications douteuses, sorties anti-occidentales, reprise sans recul de l’argumentaire du Kremlin... En France aussi, la désinformation russe tente de gagner du terrain.

"Miroir ô miroir..."

L’article est une crapulerie intellectuelle totale. Remplacez "anti-occidentales" par "anti-russes", et "Kremlin" par "Maison Blanche" et vous obtenez la quasi-totalité de la presse institutionnelle occidentale. Et encore... Ne serait-ce que parce qu’ils se savent dans le collimateur des censeurs, les médias visés par l’Express - y compris dans les exemples donnés dans l’article - font preuve de plus de pluralisme que l’Express n’en a jamais eu. Ils sont en train de littéralement reprocher à RT et Sputnik - médias "russes" - de donner le point de vue... Russe.


Note de Maxime Vivas. C’est parce que LGS avait fait entendre une musique iconoclaste sur la Syrie que Viktor Dedaj et moi avons eu droit (c’était une première) au qualificatif de "rouges-bruns". Dans Charlie Hebdo.

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Lorsque l’on tente, comme ce fut le cas récemment en France, d’obliger une femme à quitter la Burqa plutôt que de créer les conditions où elle aurait le choix, ce n’est pas une question de libération mais de déshabillage. Cela devient un acte d’humiliation et d’impérialisme culturel. Ce n’est pas une question de Burqa. C’est une question de coercition. Contraindre une femme à quitter une Burqa est autant un acte de coercition que l’obliger à la porter. Considérer le genre sous cet angle, débarrassé de tout contexte social, politique ou économique, c’est le transformer en une question d’identité, une bataille d’accessoires et de costumes. C’est ce qui a permis au gouvernement des Etats-Unis de faire appel à des groupes féministes pour servir de caution morale à l’invasion de l’Afghanistan en 2001. Sous les Talibans, les femmes afghanes étaient (et sont) dans une situation très difficile. Mais larguer des "faucheuses de marguerites" (bombes particulièrement meurtrières) n’allait pas résoudre leurs problèmes.

Arundhati Roy - Capitalism : A Ghost Story (2014), p. 37

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