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L’assassinat de journalistes... les leurs et les nôtres.

Après Paris, la condamnation du fanatisme religieux est à son comble. Je suppose qu’il y a même de nombreux progressistes qui rêvent de tordre le cou à des djihadistes, en enfonçant dans leurs crânes quelques réflexions sur l’intelligence, la caricature, l’humour et la liberté d’expression. Nous parlons ici, après tout, de jeunes qui ont grandi en France, pas en Arabie saoudite.

D’où provient tout cet intégrisme islamique des temps modernes ? La plupart vient – formé, armé, financé, endoctriné - d’Afghanistan, d’Irak, de la Libye et de la Syrie. Au cours de différentes périodes, des années 1970 à nos jours, ces quatre pays ont été les états-providences les plus laïcs, modernes, instruits du Moyen-Orient. Et qu’est-il arrivé à ces états-providence laïcs, modernes et instruits ?

Dans les années 1980, les Etats-Unis ont procédé au renversement du gouvernement afghan qui était progressiste, où les femmes jouissaient de tous les droits, croyez-le ou non (1), pour aboutir à la création des talibans et leur prise de pouvoir.

Dans les années 2000, les Etats-Unis ont renversé le gouvernement irakien, détruisant non seulement la laïcité, mais aussi un état civilisé, dont il ne reste que des décombres.

En 2011, les Etats-Unis et leur appareil militaire de l’OTAN ont renversé le gouvernement libyen laïc de Mouammar Kadhafi, laissant derrière eux un état de non-droit et en répandant des centaines de djihadistes et des tonnes d’armes au Moyen-Orient.

Et depuis quelques années les Etats-Unis tentent de renverser le gouvernement syrien laïc de Bachar al-Assad. Ceci, avec l’occupation américaine qui a déclenché une guerre généralisée entre sunnites et chiites en Irak, a conduit à la création de l’Etat islamique avec toutes ses décapitations et autres pratiques charmantes.

Mais malgré tout cela, le monde est plus sûr pour le capitalisme, l’impérialisme, l’anti-communisme, le pétrole, Israël et les djihadistes. Dieu est grand !

Depuis la guerre froide, et la multiplication des interventions énumérées ci-dessus, nous avons affaire à 70 ans de politique étrangère américaine, sans laquelle - comme le faisait remarquer l’écrivain russo/américain Andre Vltchek - « presque tous les pays musulmans, dont l’Iran, l’Egypte et l’Indonésie, seraient aujourd’hui très probablement socialistes, sous la direction d’un groupe de dirigeants très modérés et plutôt laïcs » (2). Même l’ultra-répressive Arabie Saoudite - sans la protection de Washington - serait probablement un pays très différent.

Le 11 Janvier, Paris fut le théâtre d’une Marche d’unité nationale en l’honneur du magazine Charlie Hebdo, dont les journalistes avaient été assassinés par des terroristes. La marche fut plutôt émouvante, mais ce fut aussi une orgie d’hypocrisie occidentale, avec les chaînes de télévision françaises et la foule rassemblée vantant sans fin la vénération de l’OTAN pour les journalistes et la liberté d’expression partout dans le monde ; avec un océan de pancartes clamant « Je suis Charlie ... Nous Sommes Tous Charlie » ; avec des crayons géants brandis, comme si les armes de choix de l’Occident au Moyen-Orient au cours du siècle passé avaient été des crayons, et non des bombes, des invasions, des coups d’état, de la torture et des drones.

Personne n’a relevé que l’armée américaine, dans le cadre de ses guerres au cours des dernières décennies au Moyen-Orient et ailleurs, a été responsable de la mort délibérée de dizaines de journalistes. En Irak, entre autres incidents, il faut revoir la vidéo de 2007 de Wikileaks sur l’assassinat de sang-froid de deux journalistes de Reuters ; l’attaque en 2003 par une missile air-sol US sur les bureaux d’Al Jazeera à Bagdad, qui a fait trois morts et quatre blessés parmi les journalistes ; et le tir américain sur l’Hôtel Palestine à Bagdad la même année qui a tué deux cameramen étrangers.

En outre, le 8 Octobre 2001, au cours du deuxième jour de bombardements américains sur l’Afghanistan, les émetteurs de Radio Shari du gouvernement taliban ont été bombardés et peu de temps après, les Etats-Unis ont bombardé quelques 20 sites de radios régionales. Le Secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld, a défendu la destruction de ces installations en déclarant : « Naturellement, ils ne peuvent pas être considérés comme des médias libres. Ils sont les porte-paroles des talibans et de ceux qui hébergent les terroristes ». (3)

Et en Yougoslavie, en 1999, lors des 78 jours de bombardement d’un pays qui ne menaçait ni les États-Unis ni aucun autre pays, la Radio Television Serbia (RTS) appartenant à l’Etat fut visée [voir photo. Note du GS] parce qu’elle diffusait des choses qui n’étaient pas du goût des États-Unis et de l’OTAN (notamment les horreurs provoquées par les sus-dits bombardements). Les bombes ont tué de nombreux employés de la station, et les deux jambes de l’un des survivants qui a dû être amputé pour le libérer des décombres. (4)

Voici une opinion sur Charlie Hebdo qui m’a été envoyée par un ami à Paris qui connaît bien ce journal et ses journalistes :

« En matière de politique internationale, Charlie Hebdo était néoconservateur. Il a soutenu toutes les interventions de l’OTAN depuis la Yougoslavie. Ils étaient anti-musulman, anti-Hamas (ou toute organisation palestinienne), anti-russe, anti-cubain (à l’exception d’un dessinateur), anti-Chávez, anti-Iran, anti-Syrie, pro-Pussy Riot, pro-Kiev... Faut-il continuer ?

« Curieusement, le magazine était considéré comme « de gauche ». Il m’est difficile à présent de les critiquer parce qu’ils n’étaient pas « mauvais », juste une bande de dessinateurs drôles, oui, mais des électrons libres sans ordre du jour précis et qui au fond n’en avaient rien à foutre du « correct » - ni politique, ni religieux, ni quoi que ce soit ; ils ne faisaient que s’amuser en tentant de vendre un magazine « subversif » (à l’exception notable de l’ancien rédacteur en chef, Philippe Val, qui est, je crois, un néoconservateur pur et dur) ».

Encore plus bête que soi

Vous souvenez-vous d’Arseniy Yatsenuk ? Ce fonctionnaire ukrainien que le Département d’État des États-Unis avait adopté comme un des leurs au début de 2014 et guidé vers le poste de Premier ministre afin de diriger les Forces du Bien ukrainiennes contre la Russie dans la nouvelle guerre froide ?

Dans une interview à la télévision allemande, le 7 Janvier 2015, voici ce que Yatsenuk a laissé échapper de sa bouche : « Nous nous souvenons tous très bien de l’invasion soviétique de l’Ukraine et de l’Allemagne. Nous ne le permettrons pas et personne n’a le droit de réécrire l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ». (5)

Les Forces du Bien ukrainiennes, il faut le rappeler, comptent également plusieurs néo-nazis à des postes élevés du gouvernement et beaucoup plus qui participent à la lutte contre les Ukrainiens pro-Russes dans le sud-est du pays. En juin dernier, Yatsenuk a qualifié ces pro-Russes de « sous-hommes » (6), une référence directe au terme nazi de « untermenschen ».

Alors la prochaine fois que vous levez les yeux au ciel devant une remarque stupide faite par un membre du gouvernement américain, essayez de vous consoler en vous en pensant que les hauts responsables américains ne sont pas nécessairement les plus stupides, sauf bien-sûr en ce qui concerne leur choix de partenaires dignes de l’empire.

Le genre de manifestation qui s’est déroulée à Paris ce mois-ci pour condamner un acte de terrorisme par des djihadistes aurait tout aussi bien pu se dérouler pour les victimes d’Odessa en Ukraine, en mai dernier. Les mêmes néo-nazis décrits ci-dessus avaient interrompu leurs parades avec des croix gammées et appelant à la mort des Russes, des communistes et des Juifs, pour aller incendier un bâtiment syndical à Odessa, tuant des dizaines de personnes et envoyant des centaines à l’hôpital ; la plupart des victimes furent battues ou abattues alors qu’elles tentaient de fuir les flammes et la fumée ; les ambulances furent empêchées de porter secours aux blessés... Vous pouvez toujours chercher un seul grand média US qui a fait ne serait-ce qu’une tentative pour décrire toute cette horreur. Il vous faudra visiter le site russe de RT.com à Washington, DC, et rechercher « Odessa fire » ( « incendie Odessa ») pour trouver de nombreux articles, images et vidéos. Voir aussi l’article de Wikipedia sur le 2 mai 2014 et les affrontements à Odessa.

Si le peuple américain avait été forcé de regarder, d’écouter et de lire toutes les histoires sur le comportement des néo-nazis en Ukraine au cours des dernières années, je pense qu’ils - oui, même le peuple américain et ses représentants intellectuellement limités du Congrès - commenceraient à se demander pourquoi leur gouvernement a été si étroitement allié avec de telles personnages. Les États-Unis pourraient même s’allier à la Russie pour les combattre.

L’Occident n’est pas Charlie pour Odessa. Il n’y a pas de défilé à Paris pour Odessa. (en français dans le texte – NdT)

Quelques réflexions sur ce qu’on appelle l’idéologie

Norman Finkelstein, le virulent critique américain d’Israël, était interviewé récemment par Paul Jay sur The Real News Network. Finkelstein a raconté comment il avait été un maoïste dans sa jeunesse et avait été dévasté par l’exposition et la chute de la Bande des Quatre en 1976 en Chine. « Il s’est avéré qu’il y avait énormément de corruption. Les gens que nous pensions être totalement désintéressés étaient en fait totalement égoïstees. C’était clair. Le renversement de la Bande des Quatre avait un énorme soutien populaire ».

Beaucoup d’autres maoïstes ont été déchirés par l’événement. « Tout s’est écroulé subitement, tout le système maoïste, qui nous pensions [étaient] des hommes nouveaux socialistes, qui croyaient tous au don de soi, au combat contre l’égoïsme. Puis du jour au lendemain, ce fut tout le contraire. »

« Vous savez, beaucoup de gens pensent que c’est McCarthy qui a détruit le Parti communiste, » a poursuivi Finkelstein, « C’est absolument faux. Vous savez, quand vous étiez un communiste à l’époque, vous aviez la force intérieure pour résister au maccarthysme, au nom de la cause. Ce qui a détruit le Parti communiste fut le discours de Khrouchtchev,  » une référence à 1956 et la révélation par le premier ministre soviétique Nikita Khrouchtchev des crimes commis par Joseph Staline et son régime dictatorial.

J’étais moi-même suffisamment âgé et intéressé pour être influencé par les révolutions russes et chinoises, mais ce ne fut pas le cas. J’étais un admirateur du capitalisme et un bon et loyal anti-communiste. C’est la guerre du Vietnam qui fut ma Bande des Quatre et mon Nikita Khrouchtchev à moi. Jour après jour, en 1964 et au début de 1965, je suivais attentivement les informations pour prendre connaissance des derniers statistiques de la journée sur la puissance de feu américaine, les sorties des bombardiers, et le nombre de morts. J’étais rempli de fierté patriotique devant notre démonstration de force massive qui allait façonner l’histoire. Des paroles comme celles prononcées par Winston Churchill, à l’entrée des Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, me revenaient facilement à l’esprit - « l’Angleterre vivra ; la Grande-Bretagne vivra ; la Communauté des Nations vivra » Puis un jour - un jour comme un autre – de façon soudaine et de manière inexpliquée, ça m’a frappé. Dans ces villages aux noms étranges, il y avait des gens sur qui ces bombes tombaient, des gens qui fuyaient dans un désespoir total devant le déluge de feu qui tombait du ciel.

Et ça ne m’a plus lâché. Les bulletins d’informations provoquaient en moi la satisfaction bien-pensante que nous étions en train de donner une leçon à ces maudits communistes et qu’ils n’allaient pas s’en tirer avec ce qu’ils avaient l’intention de s’en tirer. L’instant d’après, j’étais frappé par une vague de répulsion devant toute cette horreur. La répulsion a fini par l’emporter sur la fierté patriotique, et je n’ai jamais fait marche arrière ; me condamnant du coup à ressentir du désespoir devant la politique étrangère des Etats-Unis, encore et encore, décennie après décennie. (7)

Le cerveau humain est un organe étonnant. Il travaille 24/24h, sept jours sur sept, et 52 semaines par an, avant même votre naissance et jusqu’au jour où vous devenez un nationaliste. Et ce jour-là peut arriver très tôt. Voici un titre récent du Washington Post  : « Aux États-Unis le lavage de cerveau commence dès la maternelle. »

Ah, au temps pour moi. En réalité, le titre était « En Corée du Nord le lavage de cerveau commence dès la maternelle. » (8)

Que Cuba Vive ! Liste du Diable de ce que les États-Unis ont fait à Cuba

Le 31 mai 1999, une plainte contre le gouvernement des États-Unis pour $181 milliards - pour morts, blessés et dommages économiques - fut déposée devant un tribunal de La Havane. Elle a ensuite été déposée auprès de l’Organisation des Nations Unies. Depuis, son sort est un mystère.

La plainte porte sur les 40 années qui ont suivi la révolution de 1959 et décrit, avec force détails apportés par des témoignages directs des victimes, les actes d’agression des Etats-Unis contre Cuba ; en mentionnant souvent le nom, la date et les circonstances précises, de chaque personne tuée ou gravement blessée. En tout, 3478 personnes ont été tuées et 2099 gravement blessées. (Ces chiffres ne comprennent pas les nombreuses victimes indirectes des pressions et du blocus économique de Washington, qui a provoqué des difficultés pour obtenir des médicaments et de la nourriture, en plus d’autres difficultés.)

En termes juridiques, la plainte fut rédigée de manière très précise. Elle portait sur la mort d’individus, au nom des survivants, et des dommages corporels de ceux qui avaient survécu à des blessures graves, en leur nom propre. Aucune attaque américaine infructueuse ne fut retenue, et par conséquent il n’y avait aucun témoignage sur les plusieurs centaines de tentatives d’assassinat manquées contre le président cubain Fidel Castro et d’autres hauts fonctionnaires, ni des attentats qui n’avaient pas fait de victimes. Les dégâts occasionnés aux cultures, au bétail ou à l’économie cubaine en général ont également été exclus, il n’y avait donc aucun témoignage sur l’introduction dans l’île de la peste porcine ou la moisissure de tabac.

Toutefois, les aspects de la guerre biologique et chimique menée par Washington contre Cuba et ayant fait des victimes furent décrits en détail, notamment la création d’une épidémie de dengue hémorragique en 1981, au cours de laquelle quelques 340 000 personnes furent infectées et 116 000 hospitalisées ; et ceci dans un pays qui n’avait jamais connu auparavant un seul cas de cette maladie. Au final, 158 personnes, dont 101 enfants, sont mortes. (9) Le fait qu’il n’y ait eu que 158 morts, sur les quelques 116 000 hospitalisés, constitue un hommage éloquent au remarquable système de santé public cubain.

La plainte décrit la campagne d’attaques aériennes et navales contre Cuba qui ont commencé en Octobre 1959, lorsque le président américain Dwight Eisenhower a approuvé un programme qui comprenait des bombardements de raffineries de sucre, l’incendie des champs de canne-à-sucre, des attaques à la mitrailleuses à La Havane, y compris contre des trains de voyageurs.

Une autre section de la plainte décrit les groupes terroristes armés, Los Bandidos, qui ont ravagé l’île pendant cinq ans, de 1960 à 1965, date à laquelle le dernier groupe fut repéré et vaincu. Ces bandes terrorisaient les petits agriculteurs, torturaient et tuaient ceux considérés (souvent à tort) comme des partisans actifs de la Révolution ; hommes, femmes, et enfants. Plusieurs jeunes enseignants volontaires de la campagne d’alphabétisation furent parmi les victimes de ces bandits.

Il y eut aussi bien-sûr la fameuse Baie des Cochons, en avril 1961. Bien que la totalité de l’incident a duré moins de 72 heures, 176 Cubains ont été tués et 300 autres blessés, dont 50 handicapés à vie.

La plainte a également décrit la campagne incessante de grands actes de sabotage et de terrorisme qui comprenaient le bombardement de navires et d’avions ainsi que des magasins et bureaux. L’exemple le plus horrible de sabotage fut bien sûr l’explosion en plein vol en 1976 d’un avion de Cubana qui avait décollé de la Barbade, tuant les 73 passagers. Il y a aussi l’assassinat de diplomates et fonctionnaires cubains à travers le monde, dont un en pleine rue à New York en 1980. Cette campagne s’est poursuivie dans les années 1990, avec les meurtres de policiers cubains, soldats et marins en 1992 et 1994, et une vague d’attentats contre des hôtels en 1997, qui a coûté la vie à un touriste ; la campagne d’attentats visait à décourager le tourisme et a conduit à l’envoi d’officiers du renseignement cubains aux États-Unis dans une tentative de mettre fin aux attentats ; parmi eux, il y avait les Cinq Cubains.

A tout ce qui précède on peut ajouter les nombreux actes de chantage financier, de violence et de sabotages menés par les Etats-Unis et ses agents au cours des 16 années qui ont suivi le dépôt de la plainte. En somme, la blessure et traumatisme profonds infligés au peuple cubain peuvent être considérés comme leur version à eux d’un 11 Septembre 2001. (10)

William Blum

Traduction "Quand les hommes vivront d’amour, Ce sera la paix sur la terre, Les soldats seront troubadours, Mais nous, nous serons morts mon frère" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

»» http://williamblum.org/aer/read/136

Notes

(1) US Department of the Army, Afghanistan, A Country Study (1986), pp.121, 128, 130, 223, 232

(2) Counterpunch, January 10, 2015

(3) Index on Censorship, the UK’s leading organization promoting freedom of expression, October 18, 2001

(4) The Independent (London), April 24, 1999

(5) “Ukrainian Prime Minister Arseniy Yatsenyuk talking to Pinar Atalay”, Tagesschau (Germany), January 7, 2015 (in Ukrainian with German voice-over)

(6) CNN, June 15, 2014

(7) See William Blum, West-Bloc Dissident : A Cold War Memoir, chapter 3

(8) Washington Post, January 17, 2015, page A6

(9) William Blum, Killing Hope : US Military and CIA Interventions Since World War II, chapter 30, for a capsule summary of Washington’s chemical and biological warfare against Havana.

(10) For further information, see William Schaap, Covert Action Quarterly magazine (Washington, DC), Fall/Winter 1999, pp.26-29


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