« Dix ans après », le virage otanien de Charlie Hebdo s’accentue
Voici le premier paragraphe de l’édito du spécial Charlie Hebdo.
« Dix ans après, Charlie Hebdo est toujours là. Les causes du drame aussi. Ainsi que la détermination des membres du journal. La situation géopolitique a évolué, s’est même aggravée. Des régimes autoritaires comme la Russie ou la Chine ne cachent plus leurs ambitions de combattre les valeurs démocratiques avec le même fanatisme que des organisations terroristes islamistes comme Daech ou al-Qaida. La démocratie est une idée qui semble de plus en plus contestée par des forces hostiles de plus en plus actives ».
En ce jour de commémoration, la compassion pour les victimes est de règle. Riss, patron de Charlie Hebdo, aurait dû s’en souvenir quand il a commis plusieurs dessins « rigolos » sur la noyade d’Aylan, 3 ans, enfant d’immigrés.
Personne sur ce site ne va ricaner une fois, deux fois, trois fois, sur des victimes innocentes. Par principe, par humanité et parce que les administrateurs connaissaient quelques-unes des victimes des tueurs fous de dieu. Raison de plus pour ne pas rigoler sur des tombes, comme aime le faire Charlie Hebdo, dès lors que les victimes ne sont pas de sa confrérie.
Mais, chacun, ici ou ailleurs, a le droit de dire, de redire et quand il veut : "Je ne suis pas Charlie".
Le Grand Soir a alerté depuis longtemps sur le virage de Charlie Hebdo. Il a vu que cet hebdomadaire a soutenu toutes les guerres de l’OTAN, depuis le démantèlement de la Yougoslavie.
La chasse infructueuse aux rouges-bruns
Le 8 août 2012, sous la signature d’Éric Simon, un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, Charlie Hebdo, signalait en « une » sous le titre en majuscules : « CETTE EXTRÊME DROITE QUI SOUTIENT DAMAS. LES SOUTIENS BRUNS DE DAMAS » que Le Grand Soir et deux de ses administrateurs (Viktor Dedaj et Maxime Vivas) sont « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (les « Chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi tranquillement proférée.
Quinze jours plus tard, Charb apportait en page intérieure un discret démenti. Un murmure face à la tonitruante « une » accusatrice.
Dans un courriel, Éric Simon avouait qu’il ne voyait plus Le Grand Soir en site « rouge-brun » : « Pour le moment, j’en reste au confusionnisme » (?) écrivait-il, contredisant (en privé) ses écrits (publics). Au téléphone, le diffamateur se confia : « Les anti-impérialistes me font gerber, je pense le plus grand mal de Castro » et « Sur toi [Vivas], on n’a encore rien trouvé ». Il voulait dire « contre toi ». Douze ans plus tard, la longue traque de Charlie Hebdo n’a rien donné.
Charlie Hebdo macroniste
La journaliste de Charlie Hebdo, Zineb El Rhazoui, « soutien actif » à Emmanuel Macron a vu sa candidature pour la députation sur une liste LREM en mai 2022 repoussée à cause de sa proximité avec Papacito, une figure de l’extrême droite. Le 5 novembre 2019, sur CNews, elle avait proposé que les policiers puissent tirer « à balles réelles » sur la foule, ce qu’elle avait répété le lendemain sur LCI en invoquant la légitime défense.
Sa consœur, Marika Bret, la DRH de Charlie Hebdo, a été candidate à la députation sous les couleurs de LREM au mois de mai 2022. Elle a été éliminée au premier tour avec moins de 15 % des suffrages exprimés. Pas grave, Macron a repéré des amis et saura s’en souvenir.
Commenter un livre sans l’avoir lu
Le livre de Maxime Vivas a été commenté sur Charlie Hebdo le 7 avril 2021 par Laure Daussy dans un article d’une ignorance crasse et d’une méchanceté impeccable. Non seulement elle n’avait pas lu le livre (1), mais elle insulta l’auteur (ce « dingo ») et essaya avec un acharnement grotesque d’impliquer Mélenchon, nullement concerné, nullement cité et au courant de rien. L’auteur précise qu’il n’a même pas été destinataire d’un exemplaire en SP).
Qu’importe, l’article s’intitule : « Mélenchon et le complotiste ». À plusieurs reprises, elle va essayer de mouiller Jean-Luc Mélenchon. Sa conclusion « « Mélenchon soutient en tout cas un complotiste qui soutient le régime chinois. Pas très compatible avec la lutte contre l’islamophobie, ça... ». Relisez la phrase pour bien vous imprégner de son niveau de bêtise.
On a vu cette Laure Daussy, trôner le 27 décembre 2023 en couverture de l’hebdo Franc-Tireur, financé par le milliardaire Daniel Křetínský (co-propriétaire du Monde et d’autres médias), dirigé par Christophe Barbier (l’écharpe rouge), hebdomadaire accueillant pour Caroline Fourest, Raphaël Enthoven(2) et autres figures médiatiques du bourrage de crâne décomplexé.
Pas étonnant si des sites comme Le Grand Soir et ses administrateurs sont en permanence dans le viseur de Charlie Hebdo qu’il faut mettre. « en garde contre la porosité qui existe trop souvent » entre lui, la droite macroniste et l’extrême droite.
Les saloperies de Charlie Hebdo sur Julian Assange
Julian Assange est le plus grand des journalistes occidentaux, le plus persécuté, le plus détesté par les États-Unis, le plus respecté avec plus de 20 prix récompensant son travail et son courage. Pour Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo « ... Julian Assange [est un] de ces obsessionnels du Mal absolu pour qui tout ce qui s’oppose à l’Amérique est à ranger par principe dans le camp de la Vérité et du Bien » (Facebook 26 juin 2017). Le ton étant ainsi donné par le patron, Robert McLiam Wilson, collaborateur régulier de Charlie Hebdo se lâche dans le numéro du 11 juillet 2018 sous le titre délicat : « Assange ou asshole [trou du cul] ? » Il inflige au journaliste martyr un éreintement qu’aucun tribunal ne laisserait prononcer. Extraits : « Malgré un visage qui évoque un truc oublié trop longtemps au fond du frigo, Assange est indéniablement un sex-symbol pour un certain type de nanas… Un incroyable connard… L’ouragan de sa bêtise vrille les oreilles... » Etc.
Quelques-uns des prix obtenus par Julian Assange et WikiLeaks
Prix Sam Adams, Prix Sydney Peace, Gold medal for Peace with Justice, Prix Old Métal for Human Rights, Prix Courage pour les arts, Prix de la paix de Stuttgart, Prix Günter Walraff, Prix Ossietzky, Prix Serena Shim, Prix Sakharov, Prix Konrad Wolf, Prix de la Vérité, Prix éthique Anticor, Prix Gary Webb, Prix des nouveaux médias, Prix Sam Adams Associates, Prix Martha Gellhorn du journalisme, Prix Walkley, Prix Voltaire, Prix international de journalisme, Prix José Couso, Prix Galizia, Prix de la Gauche unitaire européenne (GUE/NGL), Prix de l’Union des journalistes du Kazakhstan, Prix des médias britanniques, etc.
Julian Assange a été nominé six années consécutives pour le Prix Nobel de la paix.
Compris, Gérard Biard et Robert McLiam Wilson, dont la pensée dégage l’odeur (puisque Charlie Hebdo porte le débat à ce niveau) de leurs zones rectales d’où elle provient ?
Cauchemar en cuisine
Imaginez un restaurant 5 étoiles. Les cuisiniers meurent, des gâte-sauces les remplacent. Le nom de l’établissement est inchangé. Les convives continuent à affluer (moins nombreux). Ils se croient chez Cavanna, Reiser, Cabu, Wolinski, Maris, Tignous. Ils avalent la nourriture dégueulatoire de Riss, Biard, Simon, Daussy, Wilson, Zineb El Rhazoui, Marika Bret, un rata avarié recommandé par Daniel Křetínský, Christophe Barbier, Caroline Fourest, Raphaël Enthoven, sous l’oeil de l’ex-patron de Charlie, Philippe Val, ami de Macron, ami de Sarkozy, promu à France Inter (où il licencia Stéphane Guillon et Didier Porte).
Vincent MORET
(Sources : Charlie Hebdo, LGS et le livre de Maxime Vivas : « Ouïghours, l’horreur était dans nos médias » où plusieurs pages (dont j’ai collé ici des extraits) sont consacrées à Charlie Hebdo.
Note (1) Laure Daussy s’est contentée de citer une seule phrase de l’auteur, copiée sur Libération où elle était tronquée.
(2) La dessinatrice Coco a publié en 2019 avec Raphaël Enthoven (qui refuse de choisir entre Le Pen et Mélenchon) une BD, Le Banquet, 111 pages, 19,9 euros.
