Incarcéré à la prison de Belmarsh, au sud-est de Londres, depuis le 11 avril 2019, jour de son arrestation à l’ambassade d’Équateur, Julian Assange est considéré comme un prisonnier à risque de suicide. La juge anglaise Vanessa Baraitser a estimé que l’état psychologique du lanceur d’alerte était incompatible avec une extradition et avec les conditions d’incarcération qui seraient les siennes aux Etats-Unis.
Si cette décision est évidemment une bonne nouvelle, on peut cependant s’inquiéter que la juge n’ait retenu aucun argument en lien avec la défense du droit à l’information et de la liberté de la presse.
Si cette décision est évidemment une bonne nouvelle, on peut cependant s’inquiéter que la juge n’ait retenu aucun argument en lien avec la défense du droit à l’information et de la liberté de la presse. Pire, selon elle, les motifs de poursuite avancés par la justice américaine (« vol », « piratage » et « mise en danger ») sont légitimes.
Julien Assange, porté aux nues par la presse du monde entier, considéré comme « l’homme de l’année » par de nombreux médias, comme Le Monde il y a 10 ans, croupit désormais à l’isolement dans une prison de haute sécurité. Les puissantes campagnes médiatiques noircissant son image ont eu raison de sa popularité, pourtant méritée.
Les Etats-Unis, où il encourt jusqu’à 175 ans de prison pour « espionnage », disposent de 15 jours pour faire appel de la décision.
Alors qu’une audience doit avoir lieu mercredi 6 janvier concernant sa demande de mise en liberté, le SNJ, le SNJ-CGT et la CFDT-Journalistes, membres de la Fédération internationale des journalistes, réclament la libération sans condition de Julian Assange. L’Australien a permis que soient publiées des informations d’intérêt général.
« M. Assange n’est pas un criminel et ne représente aucune menace pour quiconque. »
Nils Melzer, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture
Nils Melzer, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, souligne que ces « informations véridiques sur des fautes officielles graves » se basaient sur des « sources et documents authentiques, de la même manière que tout autre journaliste d’investigation sérieux et indépendant ». « M. Assange n’est pas un criminel et ne représente aucune menace pour quiconque », ajoute-t-il, réclamant sa libération par les autorités britanniques et sa grâce par le président des Etats-Unis.
Le SNJ, le SNJ-CGT et la CFDT-Journalistes réitèrent également leur demande auprès du président de la République Emmanuel Macron d’accorder l’asile politique à Julian Assange.
Après avoir rendu visite au fondateur de Wikileaks en prison en décembre en compagnie de deux médecins, il insiste sur l’urgence de la situation, car « sa santé s’est sérieusement détériorée, au point que sa vie est maintenant en danger ». Il estime que son « isolement cellulaire prolongé » équivaut « non seulement à une détention arbitraire, mais aussi à de la torture et à d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ».
Le SNJ, le SNJ-CGT et la CFDT-Journalistes réitèrent également leur demande auprès du président de la République Emmanuel Macron d’accorder l’asile politique à Julian Assange.
La France se grandirait à prendre une telle décision.
Paris, le 5 janvier 2021