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Israël, allié indéfectible du régime d’apartheid

Au moment où la planète entière porte le deuil de Nelson Mandela, Benyamin Netanyahou annonce qu’il ne participera pas aux cérémonies de Pretoria. Pour quel motif ? Parce que « ce voyage coûterait trop cher » à l’Etat hébreu. On croit rêver.

Au moment où la planète entière porte le deuil de Nelson Mandela, Benyamin Netanyahou annonce qu’il ne participera pas aux cérémonies de Pretoria. Pour quel motif ? Parce que « ce voyage coûterait trop cher » à l’Etat hébreu. On croit rêver. Les finances israéliennes sont dans un état si déplorable ? Les milliards de dollars de l’aide américaine ne suffisent plus ? On garde cet argent pour bâtir quelques colonies supplémentaires ?

En réalité, tout se passe comme si l’Etat d’Israël se montrait incapable de tourner la page. A l’instar de Bruno Gollnisch, il estime sans doute que « le régime afrikaner était de loin un moindre mal, un facteur de stabilité et de richesses, entouré par un océan de misère ». Refusant d’admettre la défaite d’un racisme d’Etat dont il reproduit aujourd’hui le modèle, voit-il rétrospectivement, dans la victoire de l’égalité raciale en Afrique du Sud, le signe avant-coureur de sa propre débâcle ?

Car non seulement Israël n’a jamais levé le petit doigt contre l’apartheid, mais il fut le principal allié du régime de Pretoria. En 1948, déjà, l’Afrique du Sud est le septième Etat à reconnaître de facto le nouvel Etat juif. Mais c’est surtout après la guerre israélo-arabe de 1973 que les deux Etats nouent des relations privilégiées. Afin de rompre son isolement diplomatique, Tel-Aviv s’allie, sur le continent africain, avec le seul régime indifférent au sort des Palestiniens.

En 1975, un accord stratégique crée le cadre d’une coopération tous azimuts qui se traduit notamment par la construction d’infrastructures dans les deux pays. Très rapidement, cette coopération passe du registre économique au registre politique et stratégique : en 1976, le premier ministre sud-africain John Vorster est accueilli par le premier ministre travailliste Itzhak Rabin pour une visite d’Etat en Israël.

L’année suivante, c’est le ministre des affaires étrangères Pik Botha qui vient parapher des accords de coopération stratégique avec Menahem Begin et Moshé Dayan. Cette lune de miel entre les deux Etats est à l’origine d’une fructueuse coopération sur le plan militaire. Alors que le régime de Pretoria est en guerre contre l’ANC et commence à subir les effets d’un embargo international, Tel-Aviv lui apporte les ressources de son expertise.

Israël procède à des transferts de technologie, en particulier, dans le domaine du nucléaire militaire, le régime raciste étant déterminé à se doter de l’arme suprême. En 1981, l’Afrique du Sud expérimente contre l’Angola, base-arrière de l’ANC, les drones qu’utilisera Israël au Liban en 1982. Livraisons d’armes et recherches communes instaurent entre les deux Etats une connivence que la condamnation mondiale de l’apartheid n’entame nullement.

Car cette connivence n’est pas seulement de circonstance. En 1975, les deux Etats signent un accord stratégique. La même année, le sionisme est qualifié de « racisme » par l’assemblée générale de l’ONU. Frères jumeaux, les deux régimes se renvoient l’un à l’autre leur propre image. Parce qu’il se considère comme un îlot de civilisation dans un océan de barbarie, le sionisme voit dans la domination blanche, et inversement, une sorte d’alter ego. Et Israël soutiendra jusqu’au bout un régime mis au ban de la communauté internationale en 1987.

Nelson Mandela l’avait parfaitement compris, ainsi que son vieux compagnon de lutte Desmond Tutu. Venu apporter son soutien aux Palestiniens en 2002, l’archevêque du Cap juge que la colonisation israélienne crée, dans les territoires occupés, une situation similaire à celle dont ont souffert les Noirs d’Afrique du Sud. Quant à Nelson Mandela, il dénonce sans relâche la politique israélienne. Et en 1997, il prononce la fameuse formule selon laquelle « notre liberté est incomplète sans celle des Palestiniens ».

Le refus de Benyamin Netanyahou de rendre hommage à cet illustre combattant de la liberté n’a donc rien à voir avec le prix du billet d’avion. Derrière ce prétexte sordide, qui illustre dans quel univers mental vivent les dirigeants d’un Etat autiste, le racisme est tapi dans l’ombre. Le régime d’apartheid traitait les Noirs comme des sous-hommes, mais Golda Meir, premier ministre travailliste, voyait dans les Palestiniens des « animaux bipèdes » surgis de nulle part.

Le mépris d’un Benyamin Netanyahou pour Nelson Mandela fait-il ressortir pour autant la grandeur d’âme d’un Shimon Peres ? Dans les colonnes du quotidien israélien « Haaretz », l’éditorialiste note que le président israélien, qui loue en Nelson Mandela « un leader d’une immense stature », fut pourtant « impliqué jusqu’au cou dans la coopération entre Israël et le régime de l’apartheid ». Et, conclut-il, « Israël accueillait en grande pompe les premiers ministres sud-africains, pendant que Mandela moisissait en prison ».

Tout est dit. Et Benyamin Netanyahou, au fond, a bien raison de rester chez lui.

Bruno Guigue

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Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse :
renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à l’écrasement.

H. Krazucki
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