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Auteur : Bruno GUIGUE

Tian’anmen, 1989 : de la crise sociale au putsch avorté

Bruno GUIGUE

La photo de l’homme qui arrête la colonne de chars sur la place Tian’anmen va faire le tour du monde. Elle est censée illustrer la bravoure d’un homme seul, se dressant héroïquement devant des blindés qui symbolisent la brutalité de la répression. Mais sur la vidéo complète, on voit la colonne s’arrêter pour ne pas lui passer sur le corps. L’homme grimpe alors sur le premier char. Ses sacs de courses à la main, il s’entretient avec l’équipage pendant quelques secondes. Puis il redescend tranquillement du blindé et il est emmené par ses amis. Les chars continuent ensuite vers Chang’an, retournant à leur base. C’est tout. Le génie propagandiste a fabriqué un symbole planétaire avec un non événement.

Dans les années 1980, le rythme des réformes économiques s’accélère. Le retour à l’exploitation agricole familiale et la restructuration de l’industrie sont menés de front afin de transformer l’économie en profondeur. Tout en modernisant méthodiquement l’appareil productif, l’équipe dirigeante débat aussi d’une éventuelle réforme politique. Conduits par Hu Yaobang, secrétaire général du parti, les réformateurs souhaitent une déconcentration du pouvoir, une meilleure répartition des rôles entre le parti et l’État, la mise en place d’une fonction publique professionnalisée. Dans l’esprit de ses promoteurs, cette démarche réformatrice ne remet nullement en cause le système socialiste : elle vise plutôt à le moderniser pour le rendre plus efficace et consolider son assise populaire. Certains intellectuels, toutefois, vont plus beaucoup loin. Ils introduisent dans le débat les notions de « démocratie » au sens occidental et de « pluralisme » au sens de compétition pour le pouvoir. Dans les universités, les plus audacieux (...) Lire la suite »

La révolution selon Lénine

Bruno GUIGUE

Vladimir Illich Oulianov, dit Lénine, est mort il y a un siècle. Si son empreinte dans l'histoire fut aussi décisive, c'est parce qu'il a su démêler l'écheveau d'une situation historique inédite, riche de promesses révolutionnaires.

Voir loin, très loin, n’est pas donné à tout le monde. Au lendemain de la révolution de 1905, Lénine comprend que la période de réaction politique qui a suivi l’écrasement de la Commune arrive à son terme. Conscient de l’inéluctabilité de la guerre impérialiste, il est l’un des rares à voir clair dans une brume crépusculaire : celle de l’époque où se consument les derniers feux de la civilisation bourgeoise. Il a la conviction que le grand carnage va ruiner le prestige d’une Europe qui a renié ses valeurs. Théoricien de l’impérialisme, il procure son intelligibilité à un processus qui est toujours à l’œuvre dans le monde qui est le nôtre. Ses analyses sur « la domination de l’oligarchie financière », sur « l’asphyxie financière » que subissent les pays pauvres de la part des créanciers internationaux, sur la « prépondérance croissante du capital financier dans l’économie mondiale », sur la formation de ces « puissants trusts internationaux ignorant les frontières », sur la division fondamentale de l’espace mondial entre (...) Lire la suite »

Antonio Negri, la main gauche du mondialisme

Bruno GUIGUE

En 2005, lors du référendum sur le traité constitutionnel européen massivement rejeté par les Français, Antonio Negri, dans les colonnes de Libération, avait appelé à voter OUI pour régler son compte, je cite, à cette « merde d’État-nation ».

Antonio Negri est mort. Au-delà du respect dû au disparu, qui était incontestablement un grand intellectuel, je m'autorise ici à présenter quelques objections à certaines de ses thèses. En 2005, lors du référendum sur le traité constitutionnel européen massivement rejeté par les Français, Antonio Negri, dans les colonnes de Libération, avait appelé à voter OUI pour régler son compte, je cite, à cette « merde d’État-nation ». Pour tout dire, et cette citation l'illustre, il me semble que Negri est politiquement passé à côté de l'essentiel. Car si l’histoire nous a habitués à voir le pouvoir comme l’apanage d’institutions étatiques, le présent nous rappelle cruellement que ce sont des instances privées qui l’exercent, quitte à cannibaliser la puissance publique. Pourtant, lorsqu’ils publient Empire, en 2000, Antonio Negri et Michael Hardt entendent exprimer la contestation de l’ordre néolibéral. Ils soutiennent qu’il n’y a pas de marché global sans ordonnancement juridique, et que celui-ci ne peut exister sans un (...) Lire la suite »

La Chine doit aider la Syrie !

Bruno GUIGUE

Selon la narration ressassée par les médias occidentaux, la guerre de Syrie aurait opposé une rébellion assoiffée de libertés démocratiques à un État autoritaire porté à bout de bras par ses alliés. Pour les faux naïfs, une héroïque « révolution syrienne » se serait même dressée contre un pouvoir clanique et mafieux, coupable par définition de tous les crimes imaginables. « Démocratie », « révolution », « droits de l’homme », tout le répertoire de la bien-pensance occidentale, tout le jargon déniché derrière les fagots de l'impérialisme par des hordes de plumitifs, a été mobilisé au service d’une propagande dont le seul but était de justifier, auprès d’une opinion qui n’y comprenait goutte, l’intervention multiforme des prétendus « Amis de la Syrie ».

Désignant la coalition internationale déterminée à liquider l’État syrien, cette appellation recouvrait ainsi d’un incroyable euphémisme l’opération consistant à adouber une constellation de groupes terroristes dont la loyauté à la cause dépendait de l’épaisseur de la valise de billets. Comme on le sait, le principal résultat de cette ingérence massive fut une décennie de guerre absurde et meurtrière. Gigantesque tribut payé à une folie collective orchestrée de l’étranger, qui a vu des mercenaires de 120 nationalités affluer au Pays de Cham en rêvant d’y instaurer un nouvel « émirat islamique » et promettant d’expédier « les chrétiens à Beyrouth et les alaouites au cimetière ». Heureusement, et l'on ne tarda pas à s'en apercevoir, cette coalition anti-syrienne vassalisée par Washington n'était qu'un tigre de papier. Car de nombreuses nations ont rejeté ce nouvel avatar du néocolonialisme occidental repeint aux couleurs de la démocratie et des droits de l’homme. A tout bien tout honneur, la première à le faire fut la (...) Lire la suite »

Pourquoi la Chine ne fait pas la guerre

Bruno GUIGUE

La politique des États-Unis est faite de provocations calculées qui visent à faire monter les tensions tout en décriant aussitôt les réactions légitimes de la puissance provoquée. La Chine, elle, a besoin d’un monde en paix pour poursuivre son développement et améliorer les conditions d’existence du peuple chinois. Nul doute qu’elle saura résister à la tentation que lui offre l’impérialisme, ce tigre de papier, qui recevra un coup sur le museau le moment venu, comme en Corée, au Vietnam, en Irak, en Afghanistan, et bientôt en Ukraine.

Les Occidentaux sont tellement habitués à faire la guerre chez les autres qu’ils la font presque sans le savoir en se prévalant toujours de nobles idéaux destinés à préserver leur conscience immaculée. Mais cet auto-aveuglement en cache un autre : la guerre étant chez eux comme une seconde nature, ils peinent aussi à se représenter une grande puissance qui y répugne. En attendant, les faits parlent d’eux-mêmes : les États-Unis et leurs alliés ont multiplié les guerres et les massacres au cours des quatre dernières décennies, tandis que la Chine s’en est soigneusement abstenue. Un cliché médiatique occidental incrimine le pays du milieu pour la soi-disant « brutalité » de son rapport aux autres, mais on se demande sur quels faits s’appuie une telle interprétation. Encore un effort de leur part pour nous enfumer, et ces journalistes à la déontologie irréprochable nous feraient presque oublier que les Somaliens, les Serbes, les Afghans, les Irakiens, les Soudanais, les Libyens et les Syriens n’ont jamais reçu (...) Lire la suite »
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Le sauveur suprême

Bruno GUIGUE
Pour frayer sa voie jusqu'à la victoire finale, qui ne voit que l'Ukraine, aujourd'hui, a besoin d'un chef militaire sans égal, d'un meneur d'hommes au charisme exceptionnel, d'un sénéchal aux vertus guerrières éprouvées par des années de lutte sur tous les fronts ? Au moment où les valeureux soldats du monde libre à la Croix gammée livrent un combat acharné contre les forces du Mal, l'arrivée spectaculaire de ce chef providentiel sur le théâtre des opérations passerait immanquablement pour un signe du destin. Alors que tout paraissait perdu, l'irruption soudaine du maître de guerre, recru d'épreuves et arborant sa crinière grisonnante, changerait le cours de l'Histoire. Avec le largage de Bernard-Henri Lévy sur Bakhmut, avec ou sans parachute, peu importe, comment ne pas voir que cette guerre trouverait enfin sa véritable signification, qu'elle prendrait, avec l'ultime sacrifice de ce combattant infatigable à la noble figure, toute la dimension spirituelle qui s'attache au combat pour le Bien (...) Lire la suite »

Russie/Occident : un conflit de civilisation ?

Bruno GUIGUE
Je suppose que vous l'avez remarqué, mais certains commentateurs insistent lourdement sur le caractère civilisationnel du conflit entre l'OTAN et la Russie. Entre un monde occidental "progressiste" et un monde slave "conservateur", il y aurait une sorte de confrontation morale et sociale, voire d'antagonisme irréductible aux allures sinistres de "choc des civilisations". Entre les partisans du laisser-faire sociétal et les tenants de l'ordre naturel, entre un monde orthodoxe attaché à ses traditions et un monde occidental dominé par l'individualisme jouisseur, l'affrontement n'est-il pas inévitable ? Bien sûr, cette grille de lecture n'est pas totalement fausse. Si elle l'était, le conservatisme russe n'en ferait pas habilement son cheval de bataille, et cette attitude ne lui vaudrait pas la sympathie des milieux traditionalistes jusqu'en Europe. Il se pourrait aussi, pourtant, qu'elle soit l'arbre qui cache la forêt. Car l'affrontement entre l'Est et l'Ouest, en réalité, est une tendance (...) Lire la suite »
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La fin d’un mythe : la Russie, bouclier de l’Occident

Bruno GUIGUE
Parmi les analyses qui portent sur les relations entre la Russie et l’Occident, une interprétation fréquente consiste à dire que l'acharnement mortifère de l'OTAN contre la Russie relève avant tout d’une déplorable erreur de calcul. En un mot, elle aurait eu pour effet pervers de repousser ce grand pays vers son espace asiatique et extrême-oriental, alors même qu'il ne demandait pas mieux, au lendemain de la chute de l'URSS, que de coopérer avec l'Ouest. Autrement dit, la Russie avait l’ardent désir de rejoindre le concert des nations européennes, et c’est la politique à courte vue des Occidentaux qui l’en a empêchée, à son grand regret, tant était puissant le courant pro-occidental qui emportait le pays depuis le changement de régime survenu en 1991. Mais ce n’est pas tout. Les tenants de cette analyse estiment généralement, avec un dépit non dissimulé, que cette erreur stratégique a privé l'Occident d'un allié de poids face à la montée inexorable d’une puissance chinoise plus menaçante que jamais. Je (...) Lire la suite »
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La Chine en ligne de mire

Bruno GUIGUE
Le 9 novembre, à Toulon, le régime macronien a présenté sa nouvelle “ revue stratégique nationale ”. Fidèle à son maître, il a désigné la terrible menace qui plane sur nos têtes. Ce péril mortel, quel est-il ? C'est la Chine, bien sûr, ce pays assoiffé de richesses qui jette sournoisement ses tentacules sur la planète entière et conspire avec la Russie pour dominer le monde. Les navires français croisent dans le détroit de Taïwan quand aucun navire chinois ne croise au large de nos côtes. Mais peu importe : la Chine est dangereuse puisqu'on vous le dit. Voici quelques extraits commentés de cette “ revue stratégique nationale ” qui, malheureusement, fixe la doctrine officielle de la France en matière de défense : « L'objectif du Parti communiste chinois (PCC) et de l'Armée Populaire de Libération (APL) reste de supplanter les États-Unis comme première puissance mondiale ». Impardonnable, en effet. Comment la Chine ne chante-t-elle pas les louanges du leader éclairé du monde libre ? Au lieu de poursuivre sa (...) Lire la suite »
Le « Régime » d’Angela Merkel a duré 17 ans, mais chutt !

Quand Le Monde se lâche contre la Chine

Bruno GUIGUE

Voici l’éditorial du Monde sur le XXe Congrès du parti communiste chinois (15 octobre 2022).

« Xi Jinping : le danger de la toute-puissance » « Nul ne sait combien de temps le président chinois, qui devrait obtenir un troisième mandat et renforcer encore son pouvoir lors du 20ᵉ congrès du PCC, compte rester à la tête du pays. Une incertitude profondément malsaine alors que la Chine doit faire face à des défis majeurs ». Étrange. En quoi « l’incertitude » sur la longévité politique de Xi Jinping est-elle « malsaine » ? Qu’on critique cette longévité, soit, mais on n’a pas le souvenir que Le Monde ait été aussi sévère pour Angela Merkel, au pouvoir pendant 17 ans. Xi Jinping, lui, y est depuis dix ans. « En 1956, le 20e congrès du Parti communiste de l’Union soviétique fut celui de la déstalinisation et marqua, selon la lecture qu’en font les Chinois, le début de la fin de l’URSS. A l’heure où s’ouvre le 20e congrès du Parti communiste chinois (PCC), dimanche 16 octobre à Pékin, Xi Jinping peut être rassuré. Dix ans après avoir pris, en novembre 2012, les rênes d’un parti en plein désarroi qui craignait de (...) Lire la suite »
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