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Auteur : Bruno GUIGUE

La révolution selon Lénine

Bruno GUIGUE

Vladimir Illich Oulianov, dit Lénine, est mort il y a un siècle. Si son empreinte dans l'histoire fut aussi décisive, c'est parce qu'il a su démêler l'écheveau d'une situation historique inédite, riche de promesses révolutionnaires.

Voir loin, très loin, n’est pas donné à tout le monde. Au lendemain de la révolution de 1905, Lénine comprend que la période de réaction politique qui a suivi l’écrasement de la Commune arrive à son terme. Conscient de l’inéluctabilité de la guerre impérialiste, il est l’un des rares à voir clair dans une brume crépusculaire : celle de l’époque où se consument les derniers feux de la civilisation bourgeoise. Il a la conviction que le grand carnage va ruiner le prestige d’une Europe qui a renié ses valeurs. Théoricien de l’impérialisme, il procure son intelligibilité à un processus qui est toujours à l’œuvre dans le monde qui est le nôtre. Ses analyses sur « la domination de l’oligarchie financière », sur « l’asphyxie financière » que subissent les pays pauvres de la part des créanciers internationaux, sur la « prépondérance croissante du capital financier dans l’économie mondiale », sur la formation de ces « puissants trusts internationaux ignorant les frontières », sur la division fondamentale de l’espace mondial entre (...) Lire la suite »

Antonio Negri, la main gauche du mondialisme

Bruno GUIGUE

En 2005, lors du référendum sur le traité constitutionnel européen massivement rejeté par les Français, Antonio Negri, dans les colonnes de Libération, avait appelé à voter OUI pour régler son compte, je cite, à cette « merde d’État-nation ».

Antonio Negri est mort. Au-delà du respect dû au disparu, qui était incontestablement un grand intellectuel, je m'autorise ici à présenter quelques objections à certaines de ses thèses. En 2005, lors du référendum sur le traité constitutionnel européen massivement rejeté par les Français, Antonio Negri, dans les colonnes de Libération, avait appelé à voter OUI pour régler son compte, je cite, à cette « merde d’État-nation ». Pour tout dire, et cette citation l'illustre, il me semble que Negri est politiquement passé à côté de l'essentiel. Car si l’histoire nous a habitués à voir le pouvoir comme l’apanage d’institutions étatiques, le présent nous rappelle cruellement que ce sont des instances privées qui l’exercent, quitte à cannibaliser la puissance publique. Pourtant, lorsqu’ils publient Empire, en 2000, Antonio Negri et Michael Hardt entendent exprimer la contestation de l’ordre néolibéral. Ils soutiennent qu’il n’y a pas de marché global sans ordonnancement juridique, et que celui-ci ne peut exister sans un (...) Lire la suite »

La Chine doit aider la Syrie !

Bruno GUIGUE

Selon la narration ressassée par les médias occidentaux, la guerre de Syrie aurait opposé une rébellion assoiffée de libertés démocratiques à un État autoritaire porté à bout de bras par ses alliés. Pour les faux naïfs, une héroïque « révolution syrienne » se serait même dressée contre un pouvoir clanique et mafieux, coupable par définition de tous les crimes imaginables. « Démocratie », « révolution », « droits de l’homme », tout le répertoire de la bien-pensance occidentale, tout le jargon déniché derrière les fagots de l'impérialisme par des hordes de plumitifs, a été mobilisé au service d’une propagande dont le seul but était de justifier, auprès d’une opinion qui n’y comprenait goutte, l’intervention multiforme des prétendus « Amis de la Syrie ».

Désignant la coalition internationale déterminée à liquider l’État syrien, cette appellation recouvrait ainsi d’un incroyable euphémisme l’opération consistant à adouber une constellation de groupes terroristes dont la loyauté à la cause dépendait de l’épaisseur de la valise de billets. Comme on le sait, le principal résultat de cette ingérence massive fut une décennie de guerre absurde et meurtrière. Gigantesque tribut payé à une folie collective orchestrée de l’étranger, qui a vu des mercenaires de 120 nationalités affluer au Pays de Cham en rêvant d’y instaurer un nouvel « émirat islamique » et promettant d’expédier « les chrétiens à Beyrouth et les alaouites au cimetière ». Heureusement, et l'on ne tarda pas à s'en apercevoir, cette coalition anti-syrienne vassalisée par Washington n'était qu'un tigre de papier. Car de nombreuses nations ont rejeté ce nouvel avatar du néocolonialisme occidental repeint aux couleurs de la démocratie et des droits de l’homme. A tout bien tout honneur, la première à le faire fut la (...) Lire la suite »

Pourquoi la Chine ne fait pas la guerre

Bruno GUIGUE

La politique des États-Unis est faite de provocations calculées qui visent à faire monter les tensions tout en décriant aussitôt les réactions légitimes de la puissance provoquée. La Chine, elle, a besoin d’un monde en paix pour poursuivre son développement et améliorer les conditions d’existence du peuple chinois. Nul doute qu’elle saura résister à la tentation que lui offre l’impérialisme, ce tigre de papier, qui recevra un coup sur le museau le moment venu, comme en Corée, au Vietnam, en Irak, en Afghanistan, et bientôt en Ukraine.

Les Occidentaux sont tellement habitués à faire la guerre chez les autres qu’ils la font presque sans le savoir en se prévalant toujours de nobles idéaux destinés à préserver leur conscience immaculée. Mais cet auto-aveuglement en cache un autre : la guerre étant chez eux comme une seconde nature, ils peinent aussi à se représenter une grande puissance qui y répugne. En attendant, les faits parlent d’eux-mêmes : les États-Unis et leurs alliés ont multiplié les guerres et les massacres au cours des quatre dernières décennies, tandis que la Chine s’en est soigneusement abstenue. Un cliché médiatique occidental incrimine le pays du milieu pour la soi-disant « brutalité » de son rapport aux autres, mais on se demande sur quels faits s’appuie une telle interprétation. Encore un effort de leur part pour nous enfumer, et ces journalistes à la déontologie irréprochable nous feraient presque oublier que les Somaliens, les Serbes, les Afghans, les Irakiens, les Soudanais, les Libyens et les Syriens n’ont jamais reçu (...) Lire la suite »
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Le sauveur suprême

Bruno GUIGUE
Pour frayer sa voie jusqu'à la victoire finale, qui ne voit que l'Ukraine, aujourd'hui, a besoin d'un chef militaire sans égal, d'un meneur d'hommes au charisme exceptionnel, d'un sénéchal aux vertus guerrières éprouvées par des années de lutte sur tous les fronts ? Au moment où les valeureux soldats du monde libre à la Croix gammée livrent un combat acharné contre les forces du Mal, l'arrivée spectaculaire de ce chef providentiel sur le théâtre des opérations passerait immanquablement pour un signe du destin. Alors que tout paraissait perdu, l'irruption soudaine du maître de guerre, recru d'épreuves et arborant sa crinière grisonnante, changerait le cours de l'Histoire. Avec le largage de Bernard-Henri Lévy sur Bakhmut, avec ou sans parachute, peu importe, comment ne pas voir que cette guerre trouverait enfin sa véritable signification, qu'elle prendrait, avec l'ultime sacrifice de ce combattant infatigable à la noble figure, toute la dimension spirituelle qui s'attache au combat pour le Bien (...) Lire la suite »

Russie/Occident : un conflit de civilisation ?

Bruno GUIGUE
Je suppose que vous l'avez remarqué, mais certains commentateurs insistent lourdement sur le caractère civilisationnel du conflit entre l'OTAN et la Russie. Entre un monde occidental "progressiste" et un monde slave "conservateur", il y aurait une sorte de confrontation morale et sociale, voire d'antagonisme irréductible aux allures sinistres de "choc des civilisations". Entre les partisans du laisser-faire sociétal et les tenants de l'ordre naturel, entre un monde orthodoxe attaché à ses traditions et un monde occidental dominé par l'individualisme jouisseur, l'affrontement n'est-il pas inévitable ? Bien sûr, cette grille de lecture n'est pas totalement fausse. Si elle l'était, le conservatisme russe n'en ferait pas habilement son cheval de bataille, et cette attitude ne lui vaudrait pas la sympathie des milieux traditionalistes jusqu'en Europe. Il se pourrait aussi, pourtant, qu'elle soit l'arbre qui cache la forêt. Car l'affrontement entre l'Est et l'Ouest, en réalité, est une tendance (...) Lire la suite »
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La fin d’un mythe : la Russie, bouclier de l’Occident

Bruno GUIGUE
Parmi les analyses qui portent sur les relations entre la Russie et l’Occident, une interprétation fréquente consiste à dire que l'acharnement mortifère de l'OTAN contre la Russie relève avant tout d’une déplorable erreur de calcul. En un mot, elle aurait eu pour effet pervers de repousser ce grand pays vers son espace asiatique et extrême-oriental, alors même qu'il ne demandait pas mieux, au lendemain de la chute de l'URSS, que de coopérer avec l'Ouest. Autrement dit, la Russie avait l’ardent désir de rejoindre le concert des nations européennes, et c’est la politique à courte vue des Occidentaux qui l’en a empêchée, à son grand regret, tant était puissant le courant pro-occidental qui emportait le pays depuis le changement de régime survenu en 1991. Mais ce n’est pas tout. Les tenants de cette analyse estiment généralement, avec un dépit non dissimulé, que cette erreur stratégique a privé l'Occident d'un allié de poids face à la montée inexorable d’une puissance chinoise plus menaçante que jamais. Je (...) Lire la suite »
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La Chine en ligne de mire

Bruno GUIGUE
Le 9 novembre, à Toulon, le régime macronien a présenté sa nouvelle “ revue stratégique nationale ”. Fidèle à son maître, il a désigné la terrible menace qui plane sur nos têtes. Ce péril mortel, quel est-il ? C'est la Chine, bien sûr, ce pays assoiffé de richesses qui jette sournoisement ses tentacules sur la planète entière et conspire avec la Russie pour dominer le monde. Les navires français croisent dans le détroit de Taïwan quand aucun navire chinois ne croise au large de nos côtes. Mais peu importe : la Chine est dangereuse puisqu'on vous le dit. Voici quelques extraits commentés de cette “ revue stratégique nationale ” qui, malheureusement, fixe la doctrine officielle de la France en matière de défense : « L'objectif du Parti communiste chinois (PCC) et de l'Armée Populaire de Libération (APL) reste de supplanter les États-Unis comme première puissance mondiale ». Impardonnable, en effet. Comment la Chine ne chante-t-elle pas les louanges du leader éclairé du monde libre ? Au lieu de poursuivre sa (...) Lire la suite »
Le « Régime » d’Angela Merkel a duré 17 ans, mais chutt !

Quand Le Monde se lâche contre la Chine

Bruno GUIGUE

Voici l’éditorial du Monde sur le XXe Congrès du parti communiste chinois (15 octobre 2022).

« Xi Jinping : le danger de la toute-puissance » « Nul ne sait combien de temps le président chinois, qui devrait obtenir un troisième mandat et renforcer encore son pouvoir lors du 20ᵉ congrès du PCC, compte rester à la tête du pays. Une incertitude profondément malsaine alors que la Chine doit faire face à des défis majeurs ». Étrange. En quoi « l’incertitude » sur la longévité politique de Xi Jinping est-elle « malsaine » ? Qu’on critique cette longévité, soit, mais on n’a pas le souvenir que Le Monde ait été aussi sévère pour Angela Merkel, au pouvoir pendant 17 ans. Xi Jinping, lui, y est depuis dix ans. « En 1956, le 20e congrès du Parti communiste de l’Union soviétique fut celui de la déstalinisation et marqua, selon la lecture qu’en font les Chinois, le début de la fin de l’URSS. A l’heure où s’ouvre le 20e congrès du Parti communiste chinois (PCC), dimanche 16 octobre à Pékin, Xi Jinping peut être rassuré. Dix ans après avoir pris, en novembre 2012, les rênes d’un parti en plein désarroi qui craignait de (...) Lire la suite »
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Leur propagande vient de loin, et nous le savons

Bruno GUIGUE

Exploitant les moindres recoins de l’espace habité, le colonialisme européen a longtemps plié la majorité de l’humanité aux exigences de conquérants sans scrupules qui ont arrosé d’eau bénite leurs violences et leurs rapines.

Ces empires coloniaux comme entités historiques ont fini par s’effondrer, mais le colonialisme comme système leur a survécu. Lorsque le G7 inflige des sanctions à la Russie en 2022, il ne réunit pas seulement les nations qui ont le PIB le plus élevé du monde occidental et apparenté. Il rassemble des pays qui ont jadis pris part à l’aventure coloniale et sont hantés par le déclin de leur suprématie : les États-Unis, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, le Canada et le Japon. Cette continuité entre deux formes historiques de domination est une donnée qu’il faut avoir en mémoire : l’impérialisme d’aujourd’hui est l’héritier du colonialisme d’hier. Faisons d’abord un petit retour en arrière. Le propre du discours colonial, c’est qu’il déshumanisait le colonisé. « Comme pour illustrer le caractère totalitaire de l’exploitation coloniale, le colon fait du colonisé une sorte de quintessence du mal. La société colonisée n’est pas seulement décrite comme une société sans valeurs. Il ne suffit pas au colon (...) Lire la suite »
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