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Il y a 66 ans, l’éradication d’Hiroshima et de Nagasaki était-elle morale ?

« Le bombardement aérien sans pitié de civils dans des régions urbaines non fortifiées, au cours des hostilités qui ont fait rage dans différentes parties du monde ces dernières années, qui a mutilé et tué des milliers de femmes et enfants sans défense, a profondément choqué la conscience de l’humanité. S’il devait y avoir recours à cette barbarie inhumaine pendant la tragique période de confrontation, à laquelle le monde se trouve aujourd’hui confronté, des centaines de milliers de personnes innocentes, qui ne sont pas responsables du conflit, et qui n’y participent même pas, perdraient alors la vie. (...) » - Président Roosevelt, le 1er septembre 1939 lors d’un appel aux gouvernements européens

Le macabre anniversaire des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki qui ont eu lieu les 6 et 9 août 1945, nous donne l’opportunité de rapporter les tenants et les aboutissants de ces massacres au vu de leur opportunité dans le contexte d’alors. Le projet de fabrication de la bombe atomique, (nom de code : Projet Manhattan), a été initié en 1942. La décision de lancer les bombes sur le Japon fut prise par le président américain Harry S. Truman pour réduire la durée de la guerre et éviter l’opération Downfall. Voilà pour la raison officielle.

On dit qu’en réponse à la déclaration de Potsdam du 26 juillet, le gouvernement japonais organisa le 28 une conférence de presse au cours de laquelle le Premier ministre Kantarô Suzuki annonça l’intention du Japon « d’ignorer » (mokusatsu) l’ultimatum. Le 21 juillet 1945, le président approuve le largage des bombes sur le Japon. Le 6 août à 8 h 16 min 2 s, La bombe explosa à 580 m libérant une énergie équivalente à environ 15.000 tonnes de TNT. Des incendies se déclenchèrent, même à plusieurs kilomètres. Les personnes exposées à ce flash furent brûlées. Des vents de 300 à 800 km/h dévastèrent les rues et les habitations. D’après le maire d’Hiroshima en 2005, le total des morts s’élèverait à 237.062 personnes, mais ce nombre est à prendre avec précautions. En mars 2007 au Japon, près de 252.000 personnes encore vivantes sont considérées « hibakusha » (survivants de la bombe). Le matin du 9 août 1945 à 11 h 02, une percée dans les nuages sur Nagasaki « Fat Man » fut alors larguée et explosa à 469 mètres d’altitude. D’après une estimation récente : sur une population de 250.000, 60 à 80.000 personnes furent tuées. L’invasion soviétique au Mandchoukouo précipita la décision de reddition de Hirohito. Le 28 août : la IIIe Flotte américaine entre dans la baie de Tôkyô, Le 2 septembre : Douglas MacArthur préside la signature des actes de capitulation du Japon (1) Les deux bombardements auraient fait au total près de 300.000 morts dont la grande majorité en quelques minutes, les autres au fur et à mesure du développement des maladies ( leucémies, cancers…)

Légitimité du lancement des bombes contre un pays déjà à genoux

De nombreuses voix se sont élevées contre l’utilisation militaire des bombes atomiques et se sont interrogées sur la nécessité des attaques sur Hiroshima et Nagasaki. Il est admis que le Japon était à genou et cherchait une reddition dans l’honneur A l’été 1945, le blocus du Japon était presque complet. Les sous-marins et l’aviation américaine avaient le contrôle des eaux côtières. Complété par le minage à grande échelle (opération Famine), les importations et le transport de marchandises entre les différentes îles de l’archipel s’interrompit presque complètement. La famine et les maladies auraient alors été responsables d’un bilan encore plus lourd que celui des bombes atomiques. (1)

Du point de vue du droit

La légalité des bombardements stratégiques et de l’usage des armes nucléaires reste un point discuté du droit international. Il a été avancé que l’utilisation d’armes atomiques à grande échelle contre les populations civiles était un crime de guerre, voire un crime contre l’humanité. Avant la guerre, les États-Unis avaient tenté d’interdire le bombardement indiscriminé de civils dans une Convention de la Haye sur les coutumes de guerre, qu’ils avaient signée en 1923. Elle stipulait : le bombardement aérien visant à terroriser la population civile, à détruire ou endommager des biens de nature non militaire ou à blesser des non-combattants est interdit (Art. 22). Le bombardement de cités, villes, villages, habitations et bâtiments hors des environs immédiats des opérations militaires terrestres est interdit. Dans les cas où les objectifs spécifiés au paragraphe 2 sont situés de sorte à ce qu’ils ne puissent pas être bombardés sans un bombardement indiscriminé de la population civile, l’avion doit s’abstenir de bombarder (Art. 24-3). Aucun de ces articles n’a retenu le bras vengeur des Etats-Unis qui voulaient dominer le monde...

Est-ce que bomardements s’imposaient ?

Le Japon était déjà profondément affaibli dès le début de 1945 et la capitulation inéluctable. L’officier le plus haut gradé dans le théâtre des opérations en Pacifique était le général Douglas MacArthur. Il ne fut pas consulté au sujet des bombardements mais dira après coup qu’il n’y avait pas de justification militaire pour cette attaque. La même opinion sera donnée par le général Carl Spaatz (commandant de l’US Air Force dans le Pacifique) et le général de brigade Carter Clarke (officier des renseignements). Nous verrons dans les témoignages suivants que le bombardement outre le fait qu’il soit immoral, interdit par la convention de Genève ne s’imposait pas.

Une absence de justification militaire

Le major général Curtis LeMay, l’amiral Ernest King (chef des opérations navales), l’amiral Chester Nimitz (chef de la marine dans le Pacifique) émettront également des doutes au sujet des bombardements atomiques. Le général Dwight D. Eisenhower était de cet avis et en informa Henry Stimson en juillet 1945 Eisenhower écrira dans son mémoire The White House Years  : « En 1945, le secrétaire de la Guerre Stimson, alors en visite dans mon quartier général en Allemagne, m’informa que notre gouvernement était en train de préparer le largage d’une bombe atomique sur le Japon. J’étais de ceux qui avaient le sentiment qu’il devait y avoir un certain nombre de raisons valables pour mettre en doute la sagesse d’un tel acte. Durant son exposition des faits importants, je fus empli d’un sentiment de tristesse et fis part de mon profond désaccord, tout d’abord sur la base de ma conviction que le Japon était déjà battu et que le bombardement était complètement inutile » Plus loin, il ajoute : « MacArthur pensait que le bombardement était complètement inutile d’un point de vue militaire. » (1)

Une étude, de United States Strategic Bombing Survey, organisée par l’armée américaine après les bombardements consista à interroger des centaines de dirigeants militaires et civils japonais au sujet des bombardements ; Il en ressort que : « D’après une étude poussée de tous les faits et avec l’appui des témoignages de dirigeants japonais encore en vie, le groupe d’étude est de l’avis que le Japon aurait certainement capitulé avant le 31 décembre 1945 et peut-être même avant le 1er novembre 1945. Et cela même si les bombes n’avaient pas été larguées, même si l’Urss n’était pas entrée en guerre, et même si aucune invasion n’avait été planifiée et envisagée. » (1)

C’est aussi l’avis de Robert Freeman qui s’est interrogé : « Le lancement des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki était-il une nécessité militaire ? La décision était-elle justifiée par l’urgence de sauver des vies ou y avait-il d’autres motivations en jeu ? La question de la nécessité militaire peut être rapidement écartée. « le Japon était déjà vaincu et les bombes n’étaient absolument pas nécessaires. » (...) Après la destruction de la flotte japonaise dans le golfe de Leyte en 1944, les Etats-Unis pouvaient bombarder sans risque les villes japonaises, y compris des bombardements incendiaires dantesques sur Tokyo et Osaka. (...) Suite à l’évidente futilité de toute résistance, les Japonais avaient pris contact avec les Russes pour tenter de négocier la fin de la guerre. Les Etats-Unis savaient déjà depuis longtemps décoder les messages japonais et savaient donc que les Japonais cherchaient depuis des mois à déposer les armes. L’amiral Chester W. Nimitz, commandant en Chef de la flotte US du Pacifique, fit écho à cette réalité lorsqu’il écrivit, « En fait, les Japonais avaient déjà avoué leur défaite, la bombe atomique n’a joué aucun rôle sur le plan strictement militaire. » » (2)

«  L’amiral William D. Leahy, chef de cabinet du Président Truman, a dit la même chose : « L’emploi des (bombes atomiques) sur Hiroshima et Nagasaki n’était d’aucune utilité dans la guerre contre le Japon. Les Japonais étaient déjà vaincus et prêts à se rendre. » (2) Le général-major Curtis LeMay a commenté l’emploi de la bombe : « La guerre aurait pris fin en deux semaines, sans l’intervention des Russes et sans la bombe. La bombe atomique n’avait rien à voir avec la fin de la guerre. » Sauf qu’elle l’a accélérée pour priver les Russes de territoires en Asie. (2)

La Russie comme épouvantail ?

«  Mais si les bombes n’étaient pas justifiées sur le plan militaire, pourquoi, poursuit Robert Freeman, ont-elles été employées ? La réponse se trouve en filigrane dans l’attitude des Etats-Unis envers les Russes, comment la guerre a pris fin en Europe et la situation en Asie. Certains historiens avancent ainsi la thèse de l’Urss qui prenait trop d’importance et qu’il fallait tenir à l’écart des territoires japonais. Pour eux, c’est l’imminence de la déclaration de guerre de l’Urss au Japon prévue lors des accords de Yalta trois mois après la capitulation de l’Allemagne (soit au 8 août 1945), qui est le facteur déterminant. Les États-Unis voulaient ainsi prouver à Staline qu’ils s’opposaient au développement du communisme, au Japon. (2)

«  Depuis le début, les dirigeants états-uniens détestaient le gouvernement russe. En 1919, les Etats-Unis ont mené une invasion de la Russie. L’invasion a échoué et il a fallu attendre 1932 pour que les Etats-Unis rétablissent toutes leurs relations diplomatiques avec la Russie. (...) De plus, pour vaincre l’Allemagne, l’armée russe avait marché sur Berlin à travers l’Europe de l’Est. Elle occupait et contrôlait environ 600.000 km². A Yalta, en février 1945, Staline a exigé de garder ces nouveaux territoires. (..) La Russie a perdu plus de 20 millions d’hommes dans le Seconde Guerre mondiale. A ce stade, en février 1945, les Etats-Unis ne savaient pas encore si la bombe allait fonctionner. (...) Ensuite, et c’est peut-être le plus important, à Yalta, Staline a accepté qu’à la fin de la guerre en Europe ses forces soient transférées en Asie et entrent en guerre dans le Pacifique contre le Japon, dans un délai de trois mois. Et c’est ici que le calendrier prend toute son importance. La guerre en Europe s’est terminée le 8 mai 1945. Ajoutez trois mois et vous tombez sur le 8 août. Si les Etats-Unis voulaient empêcher la Russie d’occuper des territoires en Asie comme elle l’avait fait en Europe, il leur fallait mettre fin à la guerre le plus tôt possible. (...) Après avoir vérifié que la bombe fonctionnait, le 15 juillet 1945, les événements se sont précipités. Il n’y avait plus de temps à perdre en négociations avec les Japonais. Chaque jour perdu signifiait plus de territoires pour les Russes et donc plus de chances d’une victoire du communiste en Chine. (2)

Cette analyse rejoint celle de Jacques Pauwels historien canadien qui écrit : « L’irruption des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale doit-elle être considérée comme une croisade contre la barbarie nazie, la lutte du Bien contre le Mal ? Pour Jacques Pauwels, les Américains étaient, en effet, loin d’être indifférents aux ressources économiques et la dimension géostratégique des régions qu’ils allaient libérer. (...) En Europe de l’Ouest, les Américains et les Britanniques avaient déjà créé un nouvel ordre presque un an auparavant, et Staline avait accepté cet arrangement. En Europe de l’Ouest, tout avait déjà été décidé ; en Europe de l’Est, et en Allemagne, tout restait possible. (...) Le 25 avril 1945, Truman prit connaissance du projet ultra-secret Manhattan (...) Truman et ses conseillers se trouvaient fascinés par ce que le célèbre historien américain William Appleman Williams a appelé une « vision d’omnipotence ». La bombe atomique constituait « un marteau », comme disait Truman lui-même, qu’il brandirait au-dessus de la tête de « ces gars au Kremlin ». (...) Ainsi naquit la diplomatie de l’atome, qui a été dévoilée d’une manière si captivante par l’historien américain Gar Alperovitz. (...) » (3)

«  A la conférence de Postdam qui dura du 17 juillet au 2 août 1945, Truman reçut le message tant attendu lui annonçant que la bombe atomique avait été testée avec succès le 16 juillet à Almagordo, au Nouveau Mexique. Le Président américain se trouvait maintenant assez fort pour prendre l’initiative, il rejeta catégoriquement toutes les propositions qui émanaient du côté soviétique. (...) En fait, ils[les Japonais, ndR] étaient prêts à capituler, mais pas de manière inconditionnelle, comme les Américains l’exigeaient. La raison : une telle capitulation pouvait entraîner l’abdication de l’empereur Hirohito ainsi que la possibilité qu’il soit poursuivi pour crimes de guerre ; dans la culture japonaise, cela aurait été l’équivalent de l’humiliation suprême ». (3)

Il existe un dernier argument : l’ambition démesurée de Truman qui n’a pas été élu comme président, mais comme vice-président. C’est la mort de son prédécesseur, qui lui avait permis d’accéder à ce poste en avril 1945. Il pouvait être tenté de prendre une décision qui renforcerait rapidement sa popularité. Il fallait laver l’affront de Pearl Harbour. Il allait falloir justifier les deux milliards USD investis dans le projet Manhattan.. Pauwels ajoute un autre argument : « Truman lui-même déclara hypocritement que l’objectif des deux bombardements nucléaires était de « ramener les boys à la maison », en d’autres mots, de finir rapidement la guerre sans aucune perte additionnelle du côté américain »

L’idéologie et la tentation de l’empire des Etats-Unis

L’histoire des Etats-Unis est jalonnée de faits tendant à montrer que l’impérialisme du peuple à la « Destinée manifeste » a toujours été une constante. Pratiquement, tous les conflits dans lesquels se sont engagés les Etats-Unis avaient un soubassement de « fait du prince ». Pour faire rapide, nous allons citer quelques dates : En 1846 après l’annexion du Texas et l’établissement plus au sud de la frontière avec le Mexique, le président James Polk déclara la guerre au Mexique : les gains furent immenses. En guise d’indemnisation : les États-Unis eurent un vaste territoire qui recouvre le Nouveau Mexique, l’Arizona, l’Utah, le Nevada, la Californie, et une partie du Colorado. En 1898 : la guerre hispano-américaine fut déclenchée après une explosion accidentelle sur le navire américain USS Maine dans le port de La Havane. « Remember the Maine and to Hell with Spain ! » Les États-Unis s’emparèrent non seulement de Cuba, mais aussi d’autres colonies espagnoles comme Porto Rico et les Philippines ». En1915 : aux abords de la Première Guerre mondiale, d’autres « événements déclencheurs » se sont produits. Parmi les plus connus, le naufrage du bateau de croisière britannique Lusitania qui a aussi servi de prétexte, pour entrer dans la Première Guerre mondiale. (4)

En 1940, l’Empire rejoignit les forces de l’Axe en signant le Pacte tripartite. Il envahit l’Indochine et la Chine ; les États-Unis, le Royaume-Uni décrétèrent à partir du 26 juillet 1941 l’embargo complet sur le pétrole et l’acier ainsi que le gel des avoirs japonais sur le sol américain. Roland H. Worth, Jr avance que le Japon étranglé n’avait pas d’autre choix que de se battre ; ce fut Pearl Harbour le 7 décembre 1941. Le mythe du « Jour d’infamie » de l’Amérique, consolide fortement l’idée que l’Amérique n’attaque que pour se défendre. (5)

En 1964 : L’« incident » du golfe de Tonkin déclencha une escalade massive de la guerre au Vietnam. Après l’an 2000, en faisant appel à la puissance du symbole de Pearl Harbor, le lobby néoconservateur Project for a New American Century (Projet pour un nouveau siècle américain) recourt à cette analogie historique dans son document Rebuilding America’s Defenses. publié en 2000. car « ... le processus de transformation, même s’il devait aboutir à des changements révolutionnaires, serait probablement long sans un événement catastrophique et catalyseur - comme un nouveau Pearl Harbor »... (5)

Cet aveu tardif expliquera comment le 11 septembre 2001 peut être considéré comme du «  pain béni » pour les néo-conservateurs, après la chute de l’empire soviétique, il fallait un Satan de rechange à l’Empire ; ce sera l’Islam et toutes ses déclinaisons…. L’empire se lança pour mettre en place un nouveau reshaping, un chaos constructeur qui comme l’a prédit Condolezza Rice accouchera dans la douleur. La citation de Roosevelt n’a rien à voir avec l’amère réalité.

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Bombardements_atomiques_de_Hiroshima_et_Nagasaki

2. Robert Freeman http://www.legrandsoir.info/etait-il-necessaire-de-lancer-des-bombes-atomiques-sur-le-japon-common-dreams.html 8 août 2011

3. J. Pauwels http://www.aden.be/index.php?aden=le-mythe-de-la-bonne-guerre

4. http://www.les-non-alignes.fr/node/79

5. Roland H. Worth, Jr., No Choice But War : the United States Embargo Against Japan and the Eruption of War in the Pacific, Jefferson, North Carolina, McFarland, 1995.


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In Defense of Julian Assange
"This book shows why the Julian Assange case is one of the most important press freedom cases of this century or any other century."—James C. Goodale, former Vice Chairman and General Counsel of The New York Times. “I think the prosecution of him [Assange] would be a very, very bad precedent for publishers … from everything I know, he’s sort of in a classic publisher’s position and I think the law would have a very hard time drawing a distinction between The New York Times and WikiLeaks.” (…)
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