Nous sommes des milliers à en avoir tellement gros sur la patate que le cours des pommes-de-terre est aussi bas que la côte de François Hollande.
Nous en avons gros sur la patate d’être obligés de nous retenir, par peur de desservir la "cause", alors que çà et là quelques carriéristes parlent et agissent en notre nom, donnent une image frelatée de notre idéal, alors que tant et tant de communistes d’hier et d’aujourd’hui ont mené et mènent la lutte des classes avec altruisme et désintéressement. A ceux-là, qui sont entrés au parti mais chez qui le parti n’est pas entré, comme aimait à le répéter mon guérillero de père, il faut leur crier : "Notre idéal est trop beau pour vous l’abandonner !".
Nous en avons gros sur la patate de manquer de lisibilité, à l’heure des grandes échéances, alors que nous restons le parti de la transformation sociale.
Nous en avons gros sur la patate de laisser la radicalité (par définition : aller à la racine des maux) à d’autres.
Nous en avons gros sur la patate de ne plus nommer l’horizon, comme si avec l’Est nous avions aussi perdu le nord.
Nous en avons gros sur la patate de céder devant la criminalisation des mots, d’avoir peur de parler de "socialisme", ou de perspectives socialistes, ou d’horizon socialiste, ou de socialisme du XXIe siècle, d’éco-socialisme, etc.
Nous en avons gros sur la patate de voir notre parti dériver parfois vers des stratégies "à la carte", comme au restaurant.
Nous en avons gros sur la patate de la timidité de notre engagement internationaliste.
Nous en avons gros sur la patate d’être de fait, souvent, même si nous nous en défendons, socialo-dépendants.
Nous en avons gros sur la patate d’être en permanence court-circuité, écarté, lorsque tel ou tel considère qu’on peut lui faire de l’ombre.
Nous en avons gros sur la patate d’entendre et d’écouter un peu partout des communistes en perte de repères, en souffrance.
Mais nous avons chaud au cœur lorsque, au cours de nos débats, de nos conférences, le "peuple communiste" nous témoigne son affection.
Jean Ortiz