RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

La Bolivie plurinationale à l’épreuve des fascistes.

Avant l’arrivée d’Evo Morales, en 2006, la Bolivie collectionnait les changements de gouvernement par coup d’Etat comme d’autres les timbre-poste.

Aujourd’hui, les choses désormais sont claires : ce que traverse la Bolivie s’appelle un coup d’Etat, œuvre collective du corrompu Carlos Mesa, déjà repoussé par les Boliviens et qui fut même président de la République, celle des Blancs et des riches.

Deuxième acteur : un chef mafieux, raciste, fasciste, un cacique sans scrupules, Fernando Camacho, véritable patron des anti-moralistes à Santa Cruz, terre riche et raciste. Les Indiens ont-ils une âme ? A Santa Cruz, les Blancs les traitent de « perros » (chiens), de « indios de mierda »... Un coup d’Etat avec, comme toujours, des tireurs de ficelle : Trump, Bolsonaro, Macri...

Depuis la première élection, « historique », d’Evo Morales, un Indien à la Présidence, le MAS (Mouvement vers le socialisme), la COB (Centrale ouvrière bolivienne), les syndicats les plus combattifs, les réseaux, le mouvement social, ont porté sur les fonds baptismaux une nouvelle Bolivie. La réussite du projet « non capitaliste » fait pâlir d’envie beaucoup de pays latino-américains, et intéresse vivement Washington, qui vit déjà son Ambassadeur expulsé pour insupportable ingérence. Faut dire que la Bolivie possède des réserves de lithium parmi les plus importantes au monde...

C’est ce qui gêne Washington, c’est qu’un Indien soit à la tête de l’Etat, autant que la nationalisation des secteurs stratégiques, notamment des hydrocarbures. La Bolivie plurinationale était enfin devenue indépendante, souveraine.

Une insurrection avait déjà fait, dans les années 2000, plus de 70 morts. Le 20 octobre dernier, une majorité de Boliviens, essentiellement indiens, ont porté en tête des élections générales Evo Morales, qui briguait un quatrième mandat consécutif. (Les masistes ont gagné les dernières législatives). La Constitution prévoit que celui qui arrive premier avec plus de 50% des voix, ou obtient plus de 10 points d’écart avec le second est élu ; sinon, le président sera élu lors d’un deuxième tour. Le résultat, serré, s’est joué à peu de choses ; les voix des hauts plateaux, majoritairement favorables à Evo Morales, sont arrivées tard, comme d’habitude. Evo a dépassé les 10 points d’écart avec le candidat de la droite.

Immédiatement, les conservateurs de tout bord, tous les opposants, à l’unisson avec Washington, l’OEA (Organisation des Etats Américains) et l’Union européenne, ont hurlé à la fraude sans pouvoir le démontrer. Pour prouver sa bonne volonté et sa bonne foi, Evo Morales a accepté une deuxième élection, et a fait appel pour un audit aux pompiers pyromanes : l’OEA. Dès son arrivée à La Paz, la délégation de l’OEA déclara, sans même avoir commencé de travailler, qu’elle ne reconnaissait pas les résultats électoraux. La violence commença à s’emparer de la rue ; Evo Morales fit tout pour l’apaiser. Mais la revendication première de nouvelles élections ne satisfait plus les opposants...

Evo a donc estimé sage de démissionner, pour préserver tous les masistes... Les premières heures et journées furent terribles car de véritables milices attaquaient physiquement les masistes, pillaient et brûlaient leurs maisons...

Un début de solidarité internationale, timide, a permis à Evo Morales et au vice-président Garcia Linera, d’avoir la vie sauve. Le gouvernement mexicain leur a accordé l’asile politique, et envoyé un avion militaire pour les récupérer. Nous avons été surpris, depuis le début du coup de force, par la brutalité de la droite, qui rapproche ce coup d’Etat des pratiques de Bolsonaro et de Trump.

Le pays est plongé dans un dramatique vide de pouvoir, qui ne saurait durer trop longtemps afin d’éviter trop d’exactions. Aujourd’hui se réunit le Parlement. Masistes et antimasistes se retrouveront face à face pour tenter de trouver une issue parlementaire : avaliser la démission d’Evo Morales et trouver des candidats... Tâche difficile, même si les masistes sont majoritaires au Parlement. Voter, dans un sens ou dans l’autre, a un coût politique. Les députés seront-ils présents, malgré les dangers encourus (leur vie n’est pas garantie, certains syndicalistes ont été emprisonnés, ont même été « disparus »), voteront-ils ? Une solution constitutionnelle peut émerger...

La plupart des politiques boliviens ont refusé de faire acte de candidature. Seule, la Vice-présidente du Sénat accepte d’affronter Evo, qui se trouve pour l’heure au Paraguay, et qui doit rejoindre, par avion militaire mexicain, Mexico. Plus nous serons solidaires, plus son séjour mexicain sera court.

Washington digère mal de Chili, l’Argentine, et cherche à resserrer son étau.

Tous Boliviens ! Tous des « chiens d’Indiens » !

Jean ORTIZ

(Les illustrations sont du GS).

URL de cet article 35414
  

Même Auteur
CHE, PLUS QUE JAMAIS (ouvrage collectif)
Jean ORTIZ
Recueil d’interventions d’une vingtaine d’auteurs latino-américains et européens réunis à Pau en avril 2007 pour un colloque portant sur l’éthique dans la pratique et la pensée d’Ernesto Che Guevara, une pensée communiste en évolution, en recherche, qui se transforme en transformant, selon les intervenants. Quatrième de couverture On serait tenté d’écrire : enfin un livre sur le Che, sur la pensée et la pratique d’Ernesto Guevara, loin du Che désincarné, vidé d’idéologie, doux rêveur, marchandisé, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Une baïonnette est une arme avec un travailleur à chaque extrémité. »

Eugene V. Debs

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.