Aucun média, excepté « L’Humanité », la France Insoumise, et quelques autres, peu de sites comme « le Grand soir », « Mémoire des luttes », ne prend le moindre recul, ne fait preuve de la moindre curiosité, pour se rapprocher des faits et s’éloigner du journalisme toujours à charge lorsqu’il s’agit de plomber les « révolutions » , de criminaliser tel ou tel, syndicaliste, intellectuel, qui ose contester le néolibéralisme, seule organisation possible des sociétés humaines, nous l’a-t-on assez seriné.
Jusqu’à quand allons-nous en rester à la seule critique du système médiatique et mettre enfin chacun en face de ses responsabilités ? Jusqu’à quand vont-ils, ces médias à charge, remuer la queue au lieu d’aboyer ? Il ne s’agit pas d’imiter tel ou tel « aboyeur » qui « maltraite les médias », impoli, rentre dedans, mais d’être poliment irrespectueux. Même morts, nous les ferions encore cracher la haine, l’acharnement, la lobotomisation, le vide sidéral.
Morales n’échappe pas à ce contexte guerrier. Morales ? trop marqué ? Qui est-ce celui là ? Morales ? Il a une gueule « pas claire » et s’habille comme un père noël. Cela suffit pour que la meute soit lâchée. Il faut que chaque Français se le dise et le répète : le « dictateur » Evo Morales a été renversé par son peuple. A Santa Cruz, comme à Washington, on sait coopter les adeptes du libéralisme, les as de la guerre idéologique...
Ce Morales n’est après tout qu’un Indien. Dehors les Indiens du Palacio Quemado (Palais présidentiel) !, éructe Luis Fernando Camacho. Dehors la whipala ! Plus jamais la Pachamama n’entrera ici ! « C’est le retour de la Bible ! », lance-t-il. Le Palais présidentiel fourmille désormais de suprématistes, de racistes religieux... Camacho, en lien avec l’Eglise évangéliste, cacique en chef des forces conservatrices de Santa Cruz, blanches et riches, se comporte déjà en bon vieux dictateur tropical.
La nouvelle présidente autoproclamée (ancienne Vice-présidente du Sénat), Jeanine Añez, est arrivée avec une Bible d’un mètre de haut. Cette dame, Présidente d’opérette, nous rejoue un air de Guaidó. Elle qui était vaguement sénatrice, s’avère la parfaite « dame de paille » qu’il faut pour un coup d’Etat fasciste.
Le gouvernement Morales, pour prouver sa bonne volonté, avait accepté un audit des résultats des élections générales par la CIA, en l’occurrence, par l’OEA. Dès son arrivée à La Paz, la commission de l’OEA a invalidé les résultats, avant même d’avoir procédé au recomptage des voix (opération longue). L’objectif n’était donc pas de permettre de nouvelles élections, mais bien de renverser Morales. Et l’on voudrait nous faire croire que la lutte des classes n’existerait plus ?
Jean ORTIZ