Sur la façade en brique d’une vieille installation minière laissée à l’abandon, près de Turon, on peut voir, écrit à la peinture noire, une faucille et un marteau précédés par l’inscription en asturien « Equi ta la moceda comunista » (Ici se trouve la jeunesse communiste) (1). Une inscription en guise d’avertissement à ceux qui oublierait que les Asturies, région verdoyante du nord de l’Espagne, reste l’un des bastion des forces communistes du pays, héritière de la combativité de ses mineurs et employés portuaires.
Très actifs lors des différents mouvements sociaux qui ont secoués la péninsule durant ces derniers mois, les militants du Parti Communiste des Peuples d’Espagne (PCPE) ont subit l’arrestation, à Gijón, de cinq membres de l’organisation entre le 14 et 15 juin 2011. Des mises en détention pour « terrorisme » suite aux accusations d’avoir lancé des cocktails molotov contre la façade d’une succursale de la banque Cajastur lors d’une manifestation datant de janvier de la même année (2). Parmi les inculpés, Sergio Naves, candidat à la municipalité pour le parti, s’est lui même rendu au commissariat se sachant recherché pour de telles inculpations. Trois des accusés sont pour leur part membres des CJC-CMC (les jeunes communistes du PCPE des Asturies). Tous ont réfuté les accusations portées à leur encontre, recevant la solidarité pleine de la direction de leur parti. Seul trois des militants furent, par la suite, placés en garde à vue sous la suspicion d’être les auteurs de cette dégradation.
Le jeudi 17 juin, le juge de l’Audience Nationale, Eloy Velasco, a décidé de libérer les trois membres du PCPE considérant que cette affaire ne relevait pas du "terrorisme" mais d’un "délit commun" et n’avait donc pas à être examinée par un tribunal d’exception (3). Une décision qui a anéanti les ambitions de la brigade d’information de la police de Gijón qui comptait appliquer aux dirigeants communistes la législation anti-terroriste du Code Pénal, comprise entre les articles 571 et 579 et qui se rapporte à ce qui est dénommé "Kale Borroka" . Un terme qui se rapporte aux agitations et affrontements urbains lors de manifestations dans le Pays Basque dans une stratégie de déstabilisation téléguidée par ETA (4). Une petite victoire donc pour les partisans des militants communistes. Leur avocat, Raul Martinez Turrero, a pour sa part affirmé que l’identification par la police des dits suspects ne repose que sur la mise sous écoute de leur téléphones et qui à révéler leur présence à la manifestation en question (5). Pour le PCPE, aucun doute, cette affaire fait partie d’une vaste campagne de criminalisation et de neutralisation du mouvement communiste dans le pays. Rappelons que le parti est toujours mobilisé pour la défense de trois de ses membres catalans accusés de violence à l’égard de force de l’ordre et dont le procès, reporté, est prévu pour le 1er décembre 2011 (6).
En attendant, le PCPE mobilise ses troupes et coordonne une campagne de solidarité à travers toutes les provinces du pays. Rassemblements et affichages s’organisent afin de libérer de toute charge d’accusation ceux qui sont désormais connus comme les "5 des Asturies" .
Loïc Ramirez