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Du terrorisme des résistants et de l’agresseur

«  Le Hamas, groupe islamiste terroriste, a commis des crimes de guerre  ». « Les terroristes du Hamas ont fait 1200 victimes israéliennes ». « Les terroristes ont supplicié des innocents ».

Les experts, les journalistes, la politicaillerie, chacun à son tour entonne le même refrain, bien rares sont les voix discordantes à pouvoir s’exprimer dans les médias dominants : il s’agit de forger l’opinion publique. Il s’agit surtout de discréditer et les Palestiniens et leur noble cause, leur légitime aspiration. Il s’agit d’éviter de s’attarder sur le contexte historique, sur la genèse d’un conflit comme oublié par la communauté internationale jusqu’au déchaînement de violence des derniers jours.

Le terrorisme est couramment défini par «  l’emploi systématique de la violence pour atteindre un but politique » et plus spécialement «  par l’ensemble des actes de violence (attentats individuels ou collectifs, destructions) qu’une organisation politique exécute pour impressionner la population et créer un climat d’insécurité » (Le Robert).

Ceci étant rappelé, nous pouvons donc taxer les combattants du Hamas de terroristes eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à l’État sioniste, qui le surpasse et dans la cruauté et dans la durée. (1)

Faut-il rabâcher aux imbéciles que l’antisémitisme européen a servi, sert le sionisme ?

Faut-il préciser aux incultes que les Palestiniens et les Arabes sont étrangers aux pogroms, au génocide des Juifs au cours des siècles ?

Faut-il dire aux naïfs que la guerre est toujours dégueulasse et que le terroriste pour les uns est un résistant pour les autres ?

Faut-il rappeler aux ignares que l’implantation du Hamas a été favorisée par Israël, quand ce mouvement voulait plus islamiser la Palestine que la libérer ?

Faut-il expliquer aux pleurnicheurs, aux complices occidentaux que la création d’Israël est fille du terrorisme sioniste ?

En effet, dans les années 1920, Vladimir Jabotinsky fonda le sionisme « révisionniste », qui se caractérise par son goût immodéré de la violence. Pierre Stambul a écrit dans Extrême droite, sionisme et Israël : ’’À l’intérieur du Yichouv [c’est-à-dire la population juive en Palestine], les révisionnistes pratiquent la violence. Ils assassinent en 1933 un des dirigeants de l’Agence Juive et du Mapaï (ancêtre du parti travailliste), Haïm Arlozoroff. Les liens avec l’Italie fasciste vont être fructueux. Des manifestations d’amitié avec le régime polonais antisémite qui encourage le départ de Juifs polonais pour la Palestine mandataire sont aussi observées. Quand la grande révolte palestinienne éclate en 1936, alors que la Haganah [armée sioniste créée en 1920] collabore avec l’armée britannique dans une répression très violente, les révisionnistes se lancent dans le terrorisme contre la population palestinienne.

L’Irgoun Zvai Leumi, créée en 1931 par Avraham Tehomi, sera vite liée au courant révisionniste. Elle prône la création d’un grand État juif sur les deux rives du Jourdain. Elle se radicalise dès 1936. Pendant toute l’année 1937, les massacres de civils se multiplient. Plusieurs centaines de passants, de civils faisant leurs courses sur un marché, de passagers de bus vont être tués par l’Irgoun dont les déclarations annoncent la couleur : « il faut créer une situation où la vie d’un Arabe ne vaudra pas plus que celle d’un rat. Comme ça tout le monde comprendra que les Arabes sont de la merde, que nous sommes, nous et non eux, les véritables maîtres du pays. »’’(2)

Au commencement était donc le terrorisme sioniste. (3)

À la suite est encore ce terrorisme pour assurer la conquête de nouveaux territoires : exactions, massacres, crimes de guerre. Et la litanie des dates, et la litanie des lieux. Et toujours l’impunité.

Le sionisme n’est que le dernier avatar du colonialisme occidental, qui vise non plus l’exploitation de l’indigène, mais son expulsion manu militari, qui vise donc à la création d’un État ethniquement pur après avoir inventé et la notion de « peuple juif » (qui serait descendant des Judéens de l’Antiquité) et une langue (l’hébreu, à partir de la langue de la religion).

Rappelez-vous de la fameuse phrase : « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Comme s’il était dénié toute existence au peuple Palestinien (les sionistes ne parlent d’ailleurs jamais des Palestiniens, mais d’Arabes), donc dénié tout droit.

Le terrorisme sioniste use de brimades quotidiennes, de détentions arbitraires sans jugement, de destruction d’habitations et de moyens de subsistance, de spoliation de terre, d’assassinats ou d’exécutions extra-judiciaires, de torture, de mutilations (avec la pratique de la jambisation : faire que les victimes deviennent un fardeau pour les familles ). Il a la mainmise sur l’approvisionnement, il pratique l’enfermement des habitants de Gaza - devenu le ghetto des nouveaux parias-, inflige la brutale colonisation de la Cisjordanie et les bouclages systématiques des villes et des villages, instaure l’apartheid et, régulièrement, pratique le bombardement à grande échelle de civils. Et toujours la même impunité.

Car tout ceci ne serait pour l’Occident que l’expression du droit à la défense, du droit à la sécurité de « notre ami Israël ». Il n’y aurait donc pas de victimes Palestiniennes, pas de blessés Palestiniens, pas de mutilés Palestiniens, mais uniquement des représailles, des incursions de Tsahal, des bombardements de l’aviation israélienne. Comme si l’agresseur était présenté comme étant la victime et les résistants Palestiniens comme les salauds.

Theodor Herzl, dans l’État des Juifs (1896), précisa son projet : «  faut-il préférer l’Argentine ou la Palestine ? La Société prendra ce qu’on lui donne [...] La République Argentine aurait le plus grand intérêt à nous céder un morceau de territoire. L’infiltration juive actuelle y a produit, il est vrai, de la mauvaise humeur. [...] La Palestine est notre inoubliable patrie historique [...] nous constituerons là-bas un morceau de rempart contre l’Asie. Nous serons la sentinelle avancée de la civilisation contre la barbarie. Nous demeurerions comme État neutre, en rapports constants avec l’Europe, qui devrait garantir notre existence. »

Il n’y a donc rien d’étonnant au soutien de l’État français à Israël, un soutien qui confine à la complicité, et en même temps, il ne faut pas importer le « conflit israélo-palestinien », n’est-ce pas ?

Est-il besoin de rappeler que le législateur français a, un jour pas si lointain, voté, avec désinvolture, une loi abjecte prétendant reconnaître les bienfaits de la colonisation ?

Est-il besoin de souligner que la France reste le troisième exportateur d’armement, « confirmant ainsi son rang dans la durée » (4)  ? Que son histoire est émaillée de crimes (colonisation, collaboration, décolonisation, néocolonialisme, participation à des guerres sans mandat de l’ONU, attentats, assassinats extra-judiciaires...) ? Que reste-t-il de la figure de « la Patrie des Droits de l’Homme » ?

Que penser d’un État au peu glorieux passé, au lourd passif, où les états d’urgence se succèdent, où les moindres dossiers sont couverts par le secret-défense, où le trouble à l’ordre public est invoqué pour justifier l’arbitraire, pour interdire certaines manifestations et où l’antisionisme serait allégrement assimilé à l’antisémitisme ?

Avant que de conclure, quelques citations pour le moins rafraîchissantes. Naftali Bennett ( premier ministre d’Israël en 2022) : «  j’ai tué beaucoup d’Arabes dans ma vie. Et il n’y a aucun problème avec cela ». Yisraël Rosen, rabbin et directeur de l’institut Tsomet :« Les Palestiniens sont des Amalécites [d’après la Bible, peuple combattu par les Hébreux]... tuez sans arrêt, l’un après l’autre. Ne laissez aucun enfant, aucune plante, aucun arbre. Tuez leur bétail, des chameaux aux ânes ». Ariel Sharon : « Tout le monde doit bouger, courir, et s’emparer d’autant de collines qu’il est possible pour agrandir les colonies parce que tout ce que l’on prendra maintenant restera à nous ». Le ministre israélien de la défense, Yoav Galant, a qualifié les Gazaouis «  d’animaux humains ».

Doit-on en déduire que le suprémacisme israélien est le visage sans fard du sionisme ?

Au contraire, en 1897, Moritz Güdemann (rabbin à Vienne) écrivit : «  un judaïsme avec canons et baïonnettes échangerait le rôle de David avec celui de Goliath et ne serait qu’un travesti de lui-même. » Travesti, le mot est faible pour une telle tragédie.

(1) D’après Montaigne, Des Cannibales : «  Nous les pouvons donc bien appeler barbares, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à nous, qui les surpassons en toute sorte de barbarie. »
(2) Texte de Pierre Stambul, Extrême droite, sionisme et Israël, : https://ujfp.org/lextreme-droite-dans-le-monde/
(3) Ouvrage basé sur des archives britanniques, palestiniennes et israéliennes : Comment le terrorisme a créé Israël, Thomas Suarez
(4) https://www.vie-publique.fr/rapport/286474-exportations-d-armement-de-la-france-2022

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