CPE : 16 arguments sur les Cdd et les Cpe comparés / Villepin ne lutte pas contre le chômage, il freine son recul.


A LIRE : Retrait du CPE/CNE = défense du CDI et reconquête d’un droit protecteur des salariés, par CGT - Inspecteurs du Travail.




Jeudi 2 février 2006


Ci dessous : 16 façons de comparer le Cdd et le Cne... Y’a pas photo !


On nous vend n’importe quoi pour défendre le Cde, ce contrat sans-droit imposé de façon discriminatoire à tous les jeunes de moins de 26 ans.


16 Arguments : avantages et inconvénients Cdd et Cpe comparés :



1°) On vous dit que le gouvernement va intervenir auprès des banques pour qu’elles ne refusent pas un prêt à un jeune en Cde.

Qui croit cela ? Les banques, elles font et feront ce qu’elles veulent ! Un banquier n’est pas un philanthrope.

En général un banquier vous fait un prêt si vous arrivez à lui démontrer que vous n’en avez pas besoin.

Le banquier, c’est quelqu’un qui vous prête un parapluie quand il fait beau mais qui vous le reprend dés qu’il pleut !

Tout jeune à la merci du licenciement du jour au lendemain, n’a pas seulement peur du refus d’un prêt par un banquier, il a surtout peur de ne pas pouvoir le rembourser !


2°) Locapass ? Il paraît qu’on va en "faciliter l’accés" et le nombre pour les jeunes.

Mais la crainte avec un cpe, n’est pas seulement de ne pas trouver un logement, elle est de ne pas pouvoir payer son loyer du jour au lendemain.

Tout jeune a la merci d’être mis à la porte sans motif, n’a pas seulement peur de ne pas avoir un logement, il a peur de ne pas pouvoir le payer.

Si le gouvernement fait mine de garantir un « prêt » et un « locapass », c’est qu’il sent la faiblesse de son « Cpe » !


3°) La peur de chaque jour qui vient.

Au moins, un « Cdd de six mois » à termes précis , c’est garanti six mois.

Mais un « Cpe de deux ans » c’est pas garanti du tout : chaque jour on se couche sans savoir si on travaille encore le lendemain.

Lorsqu’il ne comporte pas de terme précis, le Cdd est conclu obligatoirement pour une durée minimale, pas le Cpe.


4°) Même les entreprises multinationales du Cac 40 vont pouvoir « faire du Cpe »...

Le Cpe, à la différence du Cne n’est pas réservé aux entreprises de moins de 20 salariés, mais ouvert à toutes : ainsi Axa, AGF, Gan, Vivendi, Thales, le Crédit Lyonnais, etc... les 100 premiers entreprises du Cac 40, (qui ont gagné 57 milliards d’euros en 2004, et davantage en 2005) pourront prendre des « Cpe » : mais en quoi ces entreprises qui font des bénéfices extraordinaires ont-elles besoin de cela pour embaucher ?


5°) Des sous en plus pour les grosses entreprises qui font déjà d’enormes bénéfices.

Villepin prévoit une exonération totale de charges patronales pendant trois ans à tous les contrats à durée indéterminée (CDI, CNE, CPE) signés au profit de jeunes de moins de 26 ans au chômage depuis plus de six mois. Les 1000 entreprises de plus de 1000 salariés qui emploient déjà 3,5 millions de salariés et produisent 45 % du Pib vont donc engranger encore plus de bénéfices pour leurs actionnaires avec cet argent donné généreusement par l’état avec les impôts... des salariés.

Au début, en aout dernier, prétendument, le "Cne" était réservé aux "petites entreprises" de moins de 20 salariés qui auraient eu "besoin de davantage de souplesse" pour embaucher, mais voilà que pour les moins de 26 ans, il n’y a eu plus cette pudeur : la mesure concerne tous les jeunes et toutes les entreprises.


6°) Aumône Unedic pour le Cpe viré.

Dans le dernier accord Unedic signé en décembre 2005, la filière « A » concerne les salariés ayant travaillé 6 mois dans les 22 mois précédant leur perte d’emploi ; elle ouvre droit à 7 mois d’indemnisation. 17 % des chômeurs indemnisés relèvent actuellement de cette filière.

Une nouvelle filière (A +) a été créée. Elle est ouverte aux salariés ayant travaillé 12 mois au cours des 20 mois précédant la perte d’emploi. Elle permet une indemnisation de 12 mois.

Dans le cadre du Cpe, s’il a travaillé au moins quatre mois, chaque jeune n’aura droit qu’à une allocation forfaitaire de 16,40 euros par jour soit 460 euros pendant seulement 2 mois...


7°) 6 à 8 ans de super précarité pour tous les jeunes... et bientôt quel que soit l’âge... ?

Si le jeune est soumis a plusieurs Cdd consécutifs, il sont « requalifiables » en un Cdi.

Mais avec le « Cpe », en cas de rupture du contrat durant les deux premières années, un nouveau Cne entre l’employeur et salarié pourra être conclu après trois mois.

Le syndicat peut aller en justice à la place du salarié pour faire qualifier des Cdd successifs en Cdi (L 122-3-16) : dans le Cpe pas de recours !

Les Cpe peuvent se succéder sans motif, sans recours, sans contrôle : un jeune pourra en faire trois de suite, et être viré chaque fois au bout de deux ans, puis passé 26 ans, il pourra encore faire un contrat CNE de deux ans. Cela fait des années de précarité, toute la jeunesse. ( les Cdd sont limités à 18 mois maxi)


8°) Un enchaînement sans fin de contrats précaires.

Lorsqu’un CDD prend fin, il n’est pas possible d’avoir recours sur le même poste à un nouveau CDD avant l’expiration d’un "délai de carence", égal au tiers de la durée du contrat précédent.

Pour le Cpe, oui.


9°) Un Cdd ou un stage avant un Cpe comptera dans l’anciennete ?

On nous dit « oui, mais les stages, Cdd, etc... seront pris en compte dans le Cpe pour calculer l’ancienneté » C’est déjà le cas pour les Cdd lorsqu’il y a embauche consécutive.(L 122-3-10 al 3)

Quand aux « stages » il serait prévu qu’après trois mois, ils soient obligatoirement payés : ils devraient l’être du premier au dernier jour ! Soit on est salarié soit on est un stagiaire de la formation professionnelle et dans ce dernier cas, on doit aussi avoir un salaire !

C’est déjà  un principe qu’un salarié en Cdd soit embauché avec l’ancienneté de son premier contrat... mais au fait le « contrat première embauche » peut donc être précédé d’une autre « première embauche » ?


10°) Un Cdd, doit être payé jusqu’au terme.

Si l’employeur rompt un Cdd sans motif, il doit payer le jeune salarié jusqu’au terme prévu pour son Cdd.


11°) Virer un salarié et le remplacer par un Cpe sera possible, par un Cdd non.

Un Cdd ne peut être conclu pour accroissement temporaire d’activité là où l’entreprise a procédé à un licenciement économique.

Un Cpe pourra remplacer un salarié licencié.


12°) Un Cdd ne peut pas servir à occuper un poste permanent de l’entreprise sinon c’est un Cdi.

Une succession de Cpe sur des postes en Cdi sera possible.


13°) Pour signer un Cdd , il faut un motif exceptionnel :

- soit « surcroit exceptionnel de travail »

- soit « remplacement d’un salarié absent »

Pour signer un Cpe, c’est le seul choix de l’employeur : qu’est-ce qui le guidera sinon la possibilité de pouvoir le mettre dehors sans motif.


14°) Préavis pour un Cpe : rien de nouveau.

Le gouvernement nous assure que le jeune Cpe, présent depuis au moins un mois, bénéficiera d’un préavis de deux semaines pour un contrat de moins de six mois et d’un mois pour un contrat plus long.

C’était déjà le cas pour le Cdi, (art L122-5 et 6) sauf dispositions conventionnelles plus favorables.


15°) Le gouvernement précise que le jeune en Cpe recevra 8 % de son salaire brut en guise d’indemnités à la fin de son contrat.

Pour un Cdd, c’était 10 % d’indemnité de précarité d’emploi sur le salaire brut (tout pour baisser le salaire, vrai motif de toutes ces mesures).


16°) Mais le pire :

- La rupture d’un Cdd doit être motivée pas celle du Cpe ! l’absence de motif, c’est la soumission totale à l’arbitraire, c’est une forme de barbarie juridique,
c’est l’absence de recours, c’est le déni de droit, un recul d’un siècle de droit !
Gérard Filoche


Le chômage aurait baissé de O,5 % en 2005, le gouvernement triomphe ! ah, bon ?


La baisse du chômage était prévue mécaniquement :


Toutes les mesures de Villepin visent à freiner la baisse du chômage pour contraindre les jeunes à prendre un sous-emploi

Pourquoi Villepin a t il tout misé, dés le début de son gouvernement sur la « baisse du chômage » ? Parce qu’il était certain qu’elle se produirait mécaniquement ! Le départ à la retraite de la génération baby-boom de l’après-guerre devait pousser, sans créer d’emploi, simplement pour les remplacer, à des embauches massives.

A tel point que Villepin s’était donné « cent jours »... et que, fin 2005, courant 2006, il pouvait être sûr et certain de son coup ! Normalement, le phénomène aurait dû être tellement important que le chômage pouvait diminuer drastiquement, vers 9 puis 8 voire 7 % de la population active.


Mais une telle baisse, si importante, ni Villepin ni le Medef n’en veulent !

Alors Villepin a pris des mesures non pas pour diminuer le chômage mais pour freiner son recul et aussi des mesures pour contenir les exigences que les jeunes arrivant à l’emploi massivement, auraient été en situation d’obtenir !

[ Quelqu’un doutant de cela m’a apostrophé en prétendant qu’on ne pouvait imaginer un tel « complot » et que Villepin voulant être élu et voulant être jugé sur la baisse du chômage ne pouvait jouer un tel « double jeu ».

Cette personne est naïve : car tout prouve qu’il en est ainsi ! Le fait que le chômage n’ait baissé que de 5 % en 2005 est le fruit d’une politique, en dépit de son affichage, qui vise un autre but : fragiliser, sous le chantage à l’emploi, les droits des salariés et leurs revendications salariales - d’où le Cne, le Cpe, la mise en cause du Cdi, et du Code du travail. ]


Toutes les mesures de Villepin freinent la baisse du chômage :

- Allongement des durées du travail sur la journée (forfaits jours pour tous) sur la semaine, et sur l’année : déblocage du nombre des heures supplémentaires, baisse de leur majoration. Tous les salariés qui sont ainsi poussés à travailler deux fois plus pour améliorer leurs salaires bloqués, travaillent à la place d’autres qui ne sont pas recrutés. Le blocage de la réduction du temps de travail et sa ré-augmentation massive contribuent au chômage.

- Allongement des durées du travail sur la vie en repoussant l’âge de la retraite. C’est l’application de la loi Fillon sur les 40 annuités, des mesures Balladur calculant cette année les retraites sur les 23 meilleures annuités, des « décotes » imposées dans la Fonction publique aux fonctionnaires qui n’ont évidemment pas les annuités exigées. On marche vers les 41 et 42 annuités de cotisations. La limite d’âge des fonctionnaires a été portée de 65 à 67 ans.

- Villepin met en place des mesures pour maintenir les « seniors au travail : il met en place des doubles « Cdd vieux » de 18 mois chacun, entre 57 et 60 ans. Villepin propose de rendre possibles les « cumuls » emploi-retraite, les « cumuls » demi-retraite et intérim, les « cumul » temps partiels retraites et autre emploi.

- Obligation de chercher un emploi entre 57 et 60 ans : la filière « D » des Assedic était ouverte aux demandeurs d’emploi de plus de 57 ans et ayant cotisé 100 trimestres. Elle permettait une indemnisation de 42 mois. Elle vient d’être supprimée.

Toutes ces pressions visent à retarder les départs massifs en retraite ! Autant de postes que les jeunes pouvaient espérer et qu’ils n’ont pas ! Comment s’étonner, dans ces conditions, qu’il y ait 23 % de jeunes sans emploi ?

- Mesures visant à permettre à un salarié de travailler pour deux entreprises, d’être à mi-temps dans l’une et envoyé comme sous-traitant dans l’autre : marchandage, prêt de main d’oeuvre illicite sont ainsi facilités.

- Suppression achevée des 300 000 emplois-jeunes, emplois aidés de remplacement en nombre limité, pré-retraites supprimées, facilitation des licenciements, facilitation des plans sociaux.

- Réduction drastique des postes des services et de la Fonction publique. les fonctionnaires partants ne sont pas remplacés, les jeunes qui pouvaient s’attendre à des centaines de milliers de postes ouverts aux concours, doivent déchanter. Villepin serre la vis partout : il manque des postes dans les hôpitaux, les écoles, l’équipement, tout cela accroît l’embauche des jeunes.

- Villepin pousse à ce qu’il y ait un « suivi » des chômeurs : les absences au contrôle et les radiations administratives représentent (Le Monde du 28 nov 2005) respectivement 36,2 % et 8,2 % des motifs de sortie et concernaient 163 717 personnes dans un cas, et 37172 dans l’autre. Les nouveaux « contrats de reclassement personnalisés » ne comptent pas dans les chiffres des demandeurs d’emploi.


Villepin ne crée pas d’emploi, il supprime de façon comptable des chômeurs, assez pour paraître faire reculer a minima le chômage, pas trop pour continuer le chantage à l’emploi et imposer précarité et bas salaires.

L’essentiel des chômeurs officiellement comptabilisés en « moins » ces derniers mois provient de ces radiations, et non pas des emplois créés, tandis que les effets des départs en retraite sont neutralisés au maximum.

Donc, Villepin peut faire plaisir au patronat en accentuant le chantage à l’emploi sur les jeunes : avec comme slogan central, « Un Cpe c’est mieux que rien ».


Alors que les jeunes pouvaient espérer profiter du tournant démographique pour accéder enfin, massivement à de vrais boulots, Villepin les force à accepter des « emplois soumis » à droits dégradés, et donc à bas salaires !

C’est ça le fond de la politique de Villepin et non pas la lutte contre un chômage qui doit de toute façon diminuer !

Gérard Filoche, pour Démocratie & Socialisme.


Abonnez-vous : D&S n° 132 paraît le 12 février 2006. Chéque à l’ordre de "D&S" 85 rue Rambuteau 75 001 Paris 25 euros pour 10 n° en un an. Merci en reproduisant de mentionner le site :
www.democratie-socialisme.org



Après le CNE, l’emploi salarié a diminué en France !


Déclaration CGT du 1er février 2006.


Le gouvernement se réjouit à grand bruit d’une diminution de 0,8% du nombre des demandeurs d’emploi en décembre 2005. Malheureusement, ce chiffre masque la réalité d’une dégradation de l’emploi dans notre pays. Ainsi, selon la note mensuelle de la DARES (INSEE) de janvier 2006, l’emploi salarié hors intérim a reculé de 0,2% de septembre à novembre dernier dans le secteur concurrentiel, soit moins 30.000 emplois environs.

Fait significatif, cette réduction touche de façon uniforme les grandes et les petites entreprises. Cela confirme que, contrairement a ce que le gouvernement avait annoncé, la mise en place cet été du « Contrat Nouvelle Embauche » n’a en aucun cas créé des emplois dans les PME.

Il n’y a pas lieu de se réjouir de l’augmentation des recours à ce type de contrat, ils viennent en substitution des CDI et CDD classiques.

Une enquête réalisée auprès des patrons de PME n’avait-elle pas révélé que 70 % d’entre ceux qui avaient recours au contrat nouvelle embauche avaient déjà l’intention de recruter en CDI, de leurs propres dires ? Les Contrats Nouvelle Embauche ne font pas diminuer le chômage, mais aggravent la précarité !

De plus, la réduction de l’emploi industriel est encore plus forte (moins 0,8% sur le trimestre), ce qui signifie une substitution partielle par des emplois de services, dont on sait qu’ils sont souvent assortis de contrats de travail bien plus précaires.

Le forcing gouvernemental visant à introduire le « Contrat Première Embauche » étendrait à nouveau cette précarité aux moins de 26 ans recrutés dans les entreprises de plus de 20 salariés. En outre, un projet de révision de l’ensemble des contrats de travail est annoncé dans la foulée des dispositifs CNE et CPE. (...)


CPE : faire regretter son obstination à Villepin , par Convergences Révolutionnaires.


Retrait du CPE/CNE = défense du CDI et reconquête d’un droit protecteur des salariés, par CGT - Inspecteurs du Travail.


Témoignages Contrat Nouvelle Embauche.


CPE : dix arguments de M. de Villepin et dix réponses, par Gérard Filoche.

Argumentaire UMP PRO CPE en circulation sur le net et réponse... de Gérard Filoche.

Pourquoi attaquent-ils le CDI et pourquoi faut-il le défendre ? par Gérard Filoche.


Le site de mobilisation jeune anti-Cpe : <BR>
www.stopcpe.net/dotclear1.2.3






 Dessin : Christian Pigeon www.sudptt.fr

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COMMENTAIRES  

03/02/2006 00:24 par Anonyme

C’est maintenant la loi qui fait reculer le droit social ...


CPE : 8 arguments contre le contrat scélérat


FO publie un nouveau document d’analyse sur le Contrat nouvelle embauche. Face à l’argumentation très approximative du gouvernementale, quelques raisons sérieuses pour se mobiliser le 7 février.


1. Le gouvernement dramatise la situation des jeunes pour mieux justifier son intervention.

Il dit : « il y a 22% de taux de chômage chez les jeunes ».

Une classe d’age c’est 750.000 jeunes. De 15 à 24 ans, cela représenterait 7,5 millions x 22% : 1,7 million au chômage.

En fait : il ne tient pas compte des jeunes en scolarité (qui ne sont pas sur le marché du travail), apprentissage (qui ont donc un contrat de travail).

La proportion réelle de jeunes au chômage est de 8,1%, soit le taux moyen dans l’Union européenne. Il ne s’agit pas de dire que c’est satisfaisant, bien entendu, mais pourquoi grossir le trait si ce n’est pour justifier les mesures prises ?


2. Le gouvernement passe sous silence l’importance de la formation initiale (et continue) dans l’accès à l’emploi.

C’est la formation qui est la base de l’emploi de qualité.

5 à 10 ans après la fin des études :

28% des jeunes sans diplôme sont sans emploi ;

12% des jeunes, s’ils ont un CAP/BEP ;

7,6% des jeunes, s’ils ont le BAC ou équivalent ;

5,2% des jeunes, s’ils ont une formation supérieure.

En fait, ce n’est pas une nouvelle forme de contrat qui changera la donne. Elle ne fera qu’aggraver la situation de précarité.


3. Le gouvernement accentue la précarité de vie des jeunes par le biais du CPE.

En effet, on sait déjà que sur les 762.000 jeunes sortis du système éducatif en 2001, 78% avaient un emploi 3 ans après leur arrivée sur le marché du travail alors que la proportion était de 82% pour la génération 1998.

Est-ce que c’est sans rapport avec la mise en oeuvre des emplois jeunes, etc... et surtout de la multiplication des « stages » en tout genre dans les entreprises pendant cette période ?

Entre 2002 et 2004, la proportion des élèves du second degré en stage est passée de 2,9% à 5,3%. Seule une petite partie des stages ouvre droit à une indemnité assortie de droits sociaux (chômage, assurance vieillesse…).

Aujourd’hui, le gouvernement feint de découvrir le problème. Pourquoi ne pas contraindre les entreprises à proposer des emplois aux jeunes plutôt que des stages à répétition ?


4. Les contrats précaires entraînent une vie précaire.

Logement : même avec la mise en oeuvre de locapass (garantie publique sur la caution du loyer), trouver un logement avec un CDD, contrat de mission ou un CPE relève de la gageure : un bailleur préfère des locataires ou des accédants qui jouissent d’une certaine visibilité sur le plan professionnel, surtout avec des baux de 3 ans !

Crédits financiers : la situation est identique. Si le CPE n’est pas une forme de contrat précaire, comme l’affirme le Premier ministre, pourquoi insister sur le fait qu’il est intervenu auprès des banques pour obtenir des garanties que les CDD, CPE, CNE seraient considérés comme le CDI ? Et que valent les déclarations de principe des banques de considérer sur un même pied les CDI véritables et les CPE (ou CNE) ? Un conseiller financier sera jugé sur les garanties qu’il aura prises auprès des emprunteurs. Avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, pendant deux ans, comment un jeune pourra-t-il décrocher son prêt sur 10 ou 15 ans ?


5. Le gouvernement veut s’en prendre au CDI et instaurer un contrat unique d’embauche.

Résumons :

> le CNE s’applique dans les entreprises de moins de 20 personnes,

> le CPE s’appliquerait aux jeunes de moins de 26 ans,

> le CDD seniors s’appliquerait aux salariés les plus âgés.

On commence par « rogner » sur le CDI, puis on s’apprête à lui donner le coup de grâce : le « contrat unique d’embauche ».

Le Premier ministre a déjà déclaré : « ce que je ne peux pas écarter, c’est la question d’une cohérence globale du contrat de travail et donc, je me pose la question : faut-il un ou plusieurs contrats de travail ? ».

On aurait ainsi un « CDI nouvelle formule » qui serait en fait un CNE généralisé. Jeune ou moins jeune, petite ou grande entreprise, c’est la précarité qui serait ainsi généralisée !!


6. Le gouvernement s’attaque ainsi aux conventions collectives.

Le Code du travail réglemente peu la période d’essai, ce qui renvoie donc aux conventions collectives pour fixer les durées exactes de périodes d’essais (souvent 3 mois renouvelables). Dès lors, le CPE devient opposable aux conventions collectives. Il ne sera plus possible de demander la titularisation d’un salarié sur la base de la convention collective.

Alors que les accords collectifs faisaient avancer la loi, c’est maintenant la loi qui fait reculer le droit social.


7. Le gouvernement rend impossible l’exercice du syndicalisme pour les jeunes.

Sachant qu’il peut être licencié sans explication, quel nouveau salarié prendra le risque de se syndiquer, voire de prendre des responsabilités dans un tel contexte ?


8. Le CPE, c’est le salarié jetable !

L’objectif du patronat et du gouvernement, c’est la flexibilité totale.

L’embauche-minute et le licenciement-minute ! Alors que les difficultés financières de l’assurance chômage (Unedic) sont essentiellement liées à l’explosion des contrats précaires (CDD, contrats d’intérim), le gouvernement dit : on fait plus et plus fort !

Verra-t-on demain des salariés embauchés pour une semaine, une journée, une heure au nom du principe « c’est mieux que rien du tout » ?

Comment pourra-t-on garantir aux salariés, à leurs familles, leurs enfants, des revenus décents ?

CPE = CADEAU POUR L’EMPLOYEUR


09/02/2006 20:37 par Fab

La France a signé des traités internationaux (Convention 158 de l’organisation internationale du travail et la Charte Sociale européenne), mais avec le CNE et le CPE ces traités sont bafoués, et le gouvernement se comporte comme un véritable délinquant. C’est une honte. On est revenu au 19ème...
Merci M Filoche-Zola pour votre "J’accuse" ;)

La convention 158 de l’Organisation internationale du travail

Ratifiée le 16 mars 1989 par la France

Extraits :

Section A. Justification du licenciement

Article 4
Un travailleur ne devra pas être licencié sans qu’il existe un motif valable de licenciement
lié à l’aptitude ou à la conduite du travailleur ou fondé sur les nécessités du fonctionnement de
l’entreprise, de l’établissement ou du service.

Article 8
1. Un travailleur qui estime avoir fait l’objet d’une mesure de licenciement injustifiée aura
le droit de recourir contre cette mesure devant un organisme impartial tel qu’un tribunal,
un tribunal du travail, une commission d’arbitrage ou un arbitre.

La Charte sociale européenne

Ratifiée le 7 mai 1999 par la France

Extraits :

Article 24 - Droit à la protection en cas de licenciement
En vue d’assurer l’exercice effectif du droit à la protection en cas de licenciement, les Parties s’engagent à reconnaître :

a) le droit des travailleurs à ne pas être licenciés sans motif valable lié à leur aptitude ou conduite,
ou fondé sur les nécessités de fonctionnement de l’entreprise, de l’établissement ou du service ;

b) le droit des travailleurs licenciés sans motif valable à une indemnité adéquate ou à une autre réparation appropriée.
A cette fin, les Parties s’engagent à assurer qu’un travailleur qui estime avoir fait l’objet d’une mesure de licenciement sans motif valable, ait un droit de recours contre cette mesure devant un organe impartial.

Sources :
http://www.ilo.org/public/french/standards/norm/whatare/stndards/empl.htm
http://conventions.coe.int/treaty/fr/Treaties/Html/163.htm

Fab.

23/03/2006 21:14 par Patric Kruissel

être contre le CPE c’est essentiel et même indispensable, mais il ne faut pas oublier de faire des propositions pour améliorer l’emploi des jeunes. Si vous souhaitez quelques propositions, vous pouvez télécharger le texte suivant

http://www.monde-solidaire.org/spip/IMG/pdf/analyse_chomage.pdf

cordialement Patric

03/02/2006 09:50 par solo

Excellent article, mais une erreur dans son titre le rend moins "percutant" : ce n’est pas le chômage que freine Vilepin, mais son RECUL (ce qui apparaît très bien dans la troisième partie de votre développement !)
Dommage pour le titre qui est bien moins pertinent !
Merci pour votre travail.
solo

03/02/2006 22:58 par Dementia vascular

Une bonne lecture sur le thème (pas trop récente mais toujours d’actualité) :

http://www.stopsuicide.ch/5/biblio/Population&Societe_no334.pdf

04/02/2006 23:28 par Anonyme

Bonjour à toutes et tous,

Par ce que et pour que l’homme ne soit pas qu’un loup pour l’homme, nous vous invitons à venir faire part de vos expériences du Contrat Nouvelle Embauche sur le groupe Google « Victimes du CNE ».

Ce débat sera important pour expliquer, sensibiliser, et donner de vrais arguments à celles et ceux qui aujourd’hui risquent de voir leur situation personnelle ou familiale se dégrader, se précariser du fait de l’introduction de nouveaux contrats qui cassent un peu plus les garde fous du droit du travail (Contrat Première Embauche et autres dispositions de « flexibilisation » (sans sécurisation, ni dialogue social) des règles du jeu du monde de l’emploi).

Merci de venir participer nombreux à ce débat vital.

Yves

http://groups.google.fr/group/victimes_cne

18/04/2006 12:35 par Anonyme

Il faut cesse de voir les entreprises comme les grands méchants loups qui cherchent à exploiter et à précariser les salariés.
De très nombreux dirigeants d’entreprise font le maximum pour assurer la pérennité de leur entreprise, parce que c’est leur passion, mais aussi leur devoir pour leurs salariés, leurs clients, leurs partenaires.
Leur problème principal n’est pas de pouvoir "virer" les salariés, mais de trouver des personnes motivées et compétentes qui s’impliqueront, et surtout resteront dans l’entreprise.

Ce sont les entreprises, de toutes tailles, qui créent les emplois : c’est donc les entreprises qu’il faut inciter à embaucher plus.

La première incitation est bien sûr la bonne santé de l’économie.

La seconde est un cadre légal simple et stable (d’où l’intérêt du contrat unique), dans une relation de confiance et des engagements réciproques

Ensuite viennent les aides (financières) ou la réduction des charges, et la souplesse des contrats, mais ce n’est qu’en troisième position.

Le marché du travail doit impérativement être plus fluide, pour permettre aux entreprises de rapidement s’adapter aux évolutions de leur marché (imposées par les consommateurs que nous sommes tous, y compris les opposants à toute évolution du code du travail), mais également pour permettre aux salariés de pouvoir facilement retrouver un emploi si nécessaire (y compris lorsqu’ils souhaitent eux même changer de poste).

Bien sûr, les lois visant à assouplir le contrat de travail, les aides financières, sont parfois détournés de leur but initial par certaines entreprises (mais également par certains salariés).
Mais est-ce parce qu’il y a des brebis galeuses que toute réforme doit être systèmatiquement rejetée. Certains, très minoritaires, abusent par exemple des Assedic : est-ce un motif pour supprimer l’assurance chômage ? Il faut aller de l’avant et travailler avec c eux qui jouent le jeu, pas tout bloquer à cause de quelques dérives (même s’il faut combattre ces dérives).

Au lieu d’opposer le "patronat" et les salariés, rapprochont ces 2 acteurs majeurs de l’entreprise, car le développement de l’entreprise est l’intérêt de tous.
Nous devons effectivement sécuriser les individus, mais sans se figer et en acceptant les réformes, et en aidant ceux qui dans un premier temps pénalisés par ses réformes (la solidarité nationale, financées par ls charges socilaes, est là pour "mutualiser" les risques).

Christophe Blanchot, Gérant Yziact SARL, membre du Centre des Jeunes Dirigeants.

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