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Témoignages Contrat Nouvelle Embauche.








[Boujour,

je suis une journaliste qui fait des recherches sur le contrat nouvel embauche. Pour ca je cherche des témoignages de salariés.

Est-ce que vous purriez me contacter pour me répondre quelques questions ou me donner quelques contacts de victimes ?

Merci d’avance.

Avec meuilleurs salutation, Erika Burri
06 727 03 24 erikaburri@gmx.ch.... 16 mars 2006. ]



[ Bonjour,

Je réalise un documentaire pour le magazine "zone interdite" sur les allocataires du RMI et souhaiterais entrer en contact avec ceux et celles qui touchent le RMI et voudraient apporter leur témoignage.

Vous pouvez me contacter : Michaëlle Gagnet o686267342 mgagnet@hotmail.com.... 31 mai 2006.]









(Lire aussi les témoignages publiés sur le forum en bas de page.)



Février 2006.


Je suis un jeune ayant obtenu son CAP en menuiserie aluminium en 2005.

En septembre , je trouve du travail en CNE à 30km de mon domicile sur ce métier. Je suis très content et motivé. Je n’ai pas encore le permis de conduire ni de voiture parce que je n’ai pas 18 ans. En train c’est compliqué et cela ne me laisserait plus de temps du tout, ni d’énergie.

Je pars du petit studio où j’étais, je ne vis déjà plus chez mes parents qui sont séparés et en situation difficile. Je trouve, grâce au concours de mon frêre qui se porte caution pour le paiement du loyer et grâce à d’autres personnes qui avancent les deux mois de caution et les frais d’agence, un petit logement à moins d’un km de mon travail. Même si mon vélo était dégonflé je pourrai y aller à pied !

Tout se passe bien : au bout d’un mois le patron me dit combien il est content de moi, m’encourage à continuer, à faire mon permis etc...Au bout de 3 mois il se déclare toujours content et m’annonce un vendredi ainsi qu’à d’autres que nous allons devoir aller en déplacement pour quelques jours le lundi. Je m’y prépare.

A notre arrivée le lundi, nous apprenons que le déplacement est annulé et que moi, dernier entré et le seul en CNE, je suis licencié ! Mon travail n’est pas en cause, l’on me recommendera si des futurs employeurs téléphonent...

Je suis pétrifié, sans réaction. Je savais que cela pouvait arriver mais je ne pensais pas que cela m’arriverait et si vite alors que tous les clignotants étaient verts pour moi... Un abîme s’ouvre à mes pieds. J’ai tout misé sur ce travail faute d’avoir eu le choix et je n’aurai pas le temps de me retourner, même pas de commencer à rembourser mes amis, ni de pouvoir retourner dans mon ancien logement bien moins cher. Je n’ai gagné que le smic majoré de quelques heures supplémentaires. Je dois encore travailler jusqu’au 20 janvier et c’est très difficile de rester cordial. L’espoir de pouvoir obtenir à mon départ une attestation mentionnant que mon travail n’est pas en cause dans mon licenciement, me fait tenir même si j’ai déjà à regretter certaines paroles.

Je me suis inscrit au permis de conduire, j’ai eu mes 18 ans le 1.12.2005, j’ai engagé pleins de frais annexes à mon démménagement et je ne pourrai faire face si je ne retrouve pas un emploi très vite.

Je suis heureux d’avoir pu lire vos articles car je peux me dire qu’au moins quelqu’un comprend ce qui se passe. Les jeunes comme moi n’ont pas la réelle possibilité déjà de comprendre les "acquis" de leurs aînés et je n’en connais pas un qui aie lu Zola dans mon entourage. Les salariés du bas de l’échelle n’ont aucune possibilité de refuser un CNE s’ils n’ont pas déjà un CDI.

Avant de vous découvrir j’avais écrit à une personne se plaignant elle aussi d’un CNE et elle m’a demandé de donner le nom de l’entreprise parce qu’elle voulait recouper les informations en lui téléphonant et que si je ne les lui donnait pas, elle ne pouvait rien faire ni en parler. Ce à quoi cette personne n’avait pas assez réfléchi c’est que si elle allait appeler mon employeur, j’aurai encore plus de difficultés jusqu’au 20 janvier et que cela pouvait avoir un retentissement sur mes recherches d’un nouvel employeur. J’ai donc choisi de taire mon identité et celle de mon employeur à cette personne.Je ne suis pas habitué à utiliser internet, je suis chez une amie qui rédige pour moi.

Flocon


Mon épouse a travaillé pendant trois mois dans une clinique vétérinaire en CDD. A l’issue du CDD, son employeur lui a fait signer un contrat nouvelle embauche. 15 jours après elle a été virée sur simple lettre recommandée sans aucun motif , son employeur lui a même dit qu’il n’avait aucun motif pour la licencier ( nous ne savons toujours pas pourquoi, car quelques jours auparavant, il lui avait annoncée qu’il était satisfait de son travail ). Elle n’a aucun recours ( prudhomme, inspection du travail ). En plus, elle est obligée de travailler encore 15 jours avant son exclusion définitive. Que faire maintenant ? ? ? A noter qu’aucune secrétaire vétérinaire n’est restée plus de trois mois jusqu’à présent.

Thierry 16


J’avais un petit boulot pepere mais je plafonnais. J’ ai signé un contrat cne sans me poser aucune question. 4 mois apres mon embauche je me suis poser des questions ! ! ! ! ! Période creuse pour la societe pour laqu’elle je travaillai et hop ! ! ! Au revoir madame. Mon mari est intermittent du spectacle maintenant nous sommes deux.J e ne vous parle pas des enfants qui sont plus sereins que nous pour l’ instant ils vont encore a l ecole ! !

bondanese


Bonjour je viens de lire vos réponses je suis une femme de 30 ans ambitieuse qui souhaite evoluer dans sa profession je suis actuellement en CDI je viens de passer plusieurs entretiens pour une evolution de carriere qui m’ amenerait à un poste de direction. Mais voilà , partout, on me propose un CNE et je ne peux pas accepter ce risque. Je souhaite avoir des enfants (chose déjà mal vu dans le monde du travail) ce projet serait repousser à dans deux ans. Je recherche depuis quelques mois à acheter un appartement : Quelle banque m’ accordera un crédit avec un contrat de travail " précaire" : aucune ! ! ! Je ne prendrai donc pas de risque de dépendre pendant 2 ans du bon vouloir d’un patron. Je trouve normal que pour un poste à responsabilité il y ait des périodes d’essai plus longues mais 2 ans cela ne vous protège de rien surtout s’il n’ y a plus besoin de motif de licenciement. Alors voilà , je vais rester bien sagement à mon poste actuel où j’ai la sécurité de l’emploi ! ! ! ! Car toutes les factures qui tombent à la fin du mois, elles ne sont pas en CNE et ne peuvent être interrompues comme on le souhaite... Je comprends que quelqu’un qui n’a pas de CDI est content d’accepter ce contrat c’est mieux que de rester au chomage ou rmi mais aujourd’hui si on est déjà à l’abri autant y rester.

Je pense que Mr De Villepin ne devrait pas crier haut et fort la soit disant baisse du chômage car il n’y a pas de création d’emplois mais de nouveaux rmistes ou chomeurs radies de l’anpe ! Et on se dirige comme les anglais vers plus d’emlois certes mais tous précaires et mal rémunérés !

Sur ce bonne année à tous sophie

sphie


Bonjour, voilà une petite contribution pour plainte contre le CNE : j’ai été embauchée il y a 6 mois avec un Cdd de 6 mois avec promesse de CDI à la clé et voilà que l’on me propose le CNE alors que mon emploi est pérenne (je veux dire par là qu’il faudra toujours quelqu’un pour mon boulot), mais je n’ai pas le choix, il faut que je signe,n’ayant rien trouvé d’autre.....Je trouve çà hyper dévalorisant surtout qu’à 42 ans si la patronne me vire, bonjour les recherches pour retrouver un job... Merci d’avoir consacré 2 mn à me lire Cordialement, Agnès

Nanou-Agnès


Je m’apprête à embaucher un jeune. Mon comtable me conseille le CNE. Donc, je me renseigne, et tombe sur tous ces articles, des personnes mécontentes, et me dis que vous avez raison, la précarité est trop d’actualité, les gens sont de moins en moins sécurisés. Si ce peut vous consoler, je vais établir un bon vieux CDD à mon employé, et si la charge de travail le justifie au terme du contrat, pourquoi pas un bon vieux CDI ! Bon courage pour l’avenir ....

Manou


Rentrée à l’inspection du travail : le CNE nouveau est arrivé...

Elle est là dans mon bureau, embauchée le 10 août dans un « Basprix », mais « déjà  » en train de se plaindre à l’inspection du travail.

Elle me raconte.

Elle a quarante ans, elle était en attente de travail depuis de longs mois, comme caissière de supermarché. Quand elle est arrivée au Basprix, elle a donc aussitôt été sollicitée, au mois d’août, peu de personnel, en temps normal, ils sont douze, mais là il n’y a que 7 salariés en tout, il faut « boucher les trous », alors le gérant, un « jeune », lui a fait faire des heures supp’ tous les soirs, a limité ses pauses du midi, et comme d’ordinaire dans ce genre de secteur, il lui a fait faire « ses caisses » en dehors des horaires, alors qu’elle était à temps partiel à 32 h, elle a « démarré sur les chapeaux de roue » et a fait prés de 45 h, « gratos ».

Comment se plaindre, elle est à l’essai pour deux ans, ils n’ont pas perdu de temps pour mettre en ouvre les « contrats nouvelle embauche de Villepin ».

Mais il s’est rajouté quelque chose : « j’ai fait une bêtise, dit-elle, rougissante, je suis allé manger un croque monsieur, avec mon ami, prés du Basprix, à la coupure ».

- Et alors ?

«  -Alors, il m’a vue... Il m’a demandé, gentiment, car il fait sympa avec tout le monde, si c’était mon mari, et, prise de court, je lui ai répondu, bêtement, « non, mon ami ». Le lendemain soir comme on finissait tard (20 h 15, j’aurais du finir à 19 h...) il m’a proposé de me raccompagner. Comment refuser ?

- Et alors ?

«  - Il m’a expliqué dans la voiture, en gros, dit-elle rougissante encore, que si j’étais gentille avec lui, il me ferait des horaires faciles. Comme je l’écartais, il m’a dit qu’il ne dirait rien à mon mari pour ma liaison avec celui avec lequel il m’avait vu déjeuner le midi.

- Et alors ?

Et il m’a changé mes horaires : « 9 h - 11 h puis 18 h - 21 h. »

«  - C’est illégal, dis-je, la coupure dans une journée à temps partiel doit être unique et ne doit pas dépasser 2 h dans une journée. »
Avant de me mordre les lèvres : comment faire appliquer cela avec un « Cne » ?

Gérard Filoche, Inspecteur du Travail


Petite contribution au débat sur le CNE.

En août dernier je suis contacté par une boîte pour un CDI.

En septembre je signe un CDI avec mention CNE dans la partie durée du travail.

Fin octobre je reçois un préavis de 15 jours avant licenciement. Explications : c’est juste au cas où la boite se trouve en difficulté d’ici début novembre, sinon je resterai toujours dans les petits papiers de la boite.

... Merci la droite ! ! ! !

Je


Mon mari est americain, il parle donc anglais, c’est donc difficile pour lui de trouver du boulot. On lui a proposé un boulot en octobre 2005 et il accepté sans savoir que ce serait un CNE. On lui a reproché en décembre dans une lettre avec ar de ne pas parler français (l’employeur etait biensur au courant quand il l’a embauché) ; fin décembre il a refusé d’effectuer des heures complémentaires (20 heures) car les heures ne lui étaient pas payées mais récupérées.. Son employeur ne l’a plus appeler pour lui donner son emploi du temps, nous nous sommes rendus sur le lieu de travail avec un temoin pour faire constater qu’il refusait de le faire travailler, il lui on dit de partir et qu’il ne le voulait plus la-bas sans l’avoir licencier. Depuis le 23 décembre nous attendions qu’il le licencie afin de pouvoir retravailler ou toucher les assedics (entre temps nous avons envoyés des courriers l’informant qu’il etait toujours son employé et desire travailler). Nous avons reçu aujourd’hui la lettre de licenciement. Il le licencie pour faute grave le privant des 2 semaines de préavis et de la prime de licenciement en pretextant que mon mari ne s’est plus rendu à son travail. Nous avons un bébé et plus de ressources depuis la fin décembre....Nous envisageons de les attaquer aux prud’hommes.Qu’en pensez vous ? ? Avons nous des chances de gagner ? ? ? Au fait, merci à notre premier ministre pour ces cne qui nous enfoncent dans la précarité...

ysatis


10 mars 2006


Bonjour,

Je pense que mon témoignage pourra vous éclairer sur l’usage peu recommandable du contrat nouvelle embauche.

Je vous préviens l’histoire peut vous paraître longue et complexe mais croyez moi elle en vaut le détour.


Le 6 février 2003 je suis embauchée en CDD sur une Ste qui s’appelle B.

Courant 2004 je reçois une promotion et je passe donc sur une filiale du groupe qui s’appelle C.

Au mois de mars 2005 on me refait passer sur la Ste B dans le but de faire échouer les élections des délégués du personnel faisant toujours partie du même groupe (le groupe A) ces changements sont effectués par avenant au contrat.

En juillet 2005 je m’aperçois que sur ma fiche de paie à coté de l’intitulé B se trouve D. Je me renseigne donc de ce fait et j apprend que la Ste B a été rachetée par la D.

Aux alentours du 15 décembre 2005 notre directeur financier du groupe A convoque tout le personnel de la B dans le but de leur faire signer une démission. Il nous explique que la Ste B ET D est en liquidation judiciaire et qu’il consent à nous reprendre par l’intermédiaire d’un contrat nouvel embauche sur la Ste T (gérée par le cousin du gérant de la Ste A) en nous expliquant que par les temps qui courent mieux vaut un cne que le chômage.

Nous sommes donc environ une dizaine de personne à donner notre démission et à signer ce fameux contrat.

Il nous explique que cela ne changera en rien nos conditions de travail (même salaire même poste même lieu de travail). Effectivement les chauffeurs de la Ste T continuent de conduire des camions au logo du groupe A et moi je continue d’occuper le même poste au sein de le Ste.

Donc je lui donne ma démission dictée par ses soins sans avoir vraiment eu le temps de réfléchir aux conséquences. L’entretien a duré une heure environ, nous étions a l’approche des fêtes de noël, il m’a fait comprendre que si j’optait pour le licenciement économique je serais payée par le liquidateur judiciaire que cela prendrait du temps etc. etc. je vous passe les détails.

Le 13 janvier 2006 il me convoque dans son bureau et me remercie. La raison qu’il invoque est votre travail ne me convient plus vous n’etes pas à la hauteur. Je lui fait tout de même remarquer que le mois d’avant mon travail lui convenait puisqu’il me gardait.

Par la même occasion il licencie aussi mon collègue.

Je reçoit donc ma lettre de rupture datée du 13 janvier mais postée le 24 dans laquelle il n’oubllie pas de joindre 2 avertissements soit disant remis en mains propre (avertissement que je n’ai jamais vus avant).

Voila pour moi l’expérience du CNE.

A ce jour je me trouve donc privée d’emploi, privée d’allocation chômage, les Assedic refusant de me prendre en charge au vu de mon dossier puisque j’ai donnée ma démission et que je n’ai pas suffisamment travaillées entre temps. Pour moi le CNE me conduit faute d’avoir retrouvée du travail à demander le RMI

Voilà une belle image de la précarité pour un contrat ayant pour but de créer des emplois.

Je reste à votre disposition pour tous renseignements complémentaires et suis même prête à vous donner mon téléphone.

Cordialement, X.

- Source : Groupe "Victimes du CNE"
http://groups.google.fr/group/victimes_cne


Licenciés sous CNE, ils se tournent vers les prud’hommes.


Le Monde, 31 mars 2006.


Le contrat nouvelles embauches (CNE), créé en août 2005 et destiné aux entreprises de moins de 20 salariés, est un contrat à durée indéterminée (CDI) assorti d’une période de consolidation de deux ans.

Durant cette période, comme pour le contrat première embauche (CPE), l’employeur n’a pas à justifier un licenciement. Paradoxalement, cette absence de motif pourrait amener les salariés licenciés à recourir aux conseils des prud’hommes.

Le syndicat des avocats de France (SAF) estime ainsi que "pour que les salariés ne demeurent pas dans l’ignorance des motifs de leur licenciement, ils devront assigner leur employeur en justice." Ce qui, prévient le SAF, montre que "l’employeur n’est donc pas, loin s’en faut, à l’abri d’une procédure judiciaire". Cinq salariés, qui se tournent vers les prud’hommes, racontent leur fin de contrat.



"L’employeur a cessé de nous payer." Mickaël, 25 ans, est passé d’un contrat à durée déterminée (CDD) de trois mois à un CNE. Chauffeur-livreur dans le Maine-et-Loire, il livrait des meubles dans des magasins franchisés.
Mais, son employeur a cessé de le payer, lui et son beau-frère, Carl, embauché dans les mêmes conditions.

"Novembre a été payé en décembre, et décembre n’a jamais été payé", dit-il. "L’employeur n’avait plus les moyens et il nous a demandé de démissionner", raconte Mickaël. Comme ils ont refusé, tous deux ont reçu une lettre de licenciement le 13 février. "Pas d’explication, le patron m’a juste dit qu’il avait autre chose à payer que nos salaires", ajoute-t-il.


"J’ai demandé à récupérer mes heures supplémentaires." Brice, technicien frigoriste, 23 ans, a été embauché en CNE par une petite entreprise du Cantal, au mois d’août. " Le patron avait surtout besoin que je le dépanne quelques semaines", raconte le jeune homme qui se rappelle les dizaines de kilomètres quotidiens parcourus. "Au début, on ne fait pas gaffe, explique-t-il. Quand je me suis inquiété, il m’a dit que je pourrai récupérer mes 84 heures supplémentaires à un moment plus calme."

Quand Brice demande à les prendre, son patron lui propose de récupérer une semaine, soit 35 heures. "Et quand je lui ai réclamé le reste des heures, il m’a envoyé une lettre recommandée me disant qu’il mettait fin au contrat", ajoute Brice, résolu à se tourner vers les prud’hommes.


"J’ai pris un congé parental." A Nice (Alpes-Maritimes), Patrick a réussi à négocier à l’amiable avec son employeur. Ce vendeur de 29 ans, spécialisé dans le textile, a débuté dans une boutique de prêt-à -porter de luxe niçoise par un CDD de trois mois. Le 1er février, son patron lui propose un CNE. Père d’une petite Paloma, Patrick demande un congé paternité (légal) de 14 jours. "Mon patron m’a dit de le prendre en février, parce que la période était plus creuse, ça l’arrangeait", raconte Patrick. La date du congé est fixée au 11 février. Le 22, le salarié reçoit une lettre recommandée de fin de contrat. "Il me payait le préavis et me dispensait de le faire", dit Patrick. Pas d’explication, juste l’"indication" que Patrick coûtait "trop cher".


"Le patron nous traitait de feignants." Vanessa, 21 ans, a été recrutée comme vendeuse dans un magasin de décoration de Douarnenez (Finistère). "On a fait beaucoup d’heures, 220 au lieu de 130", se souvient la jeune femme. "Le patron nous traitait d’incompétents, de feignants, c’était vraiment du harcèlement." Vanessa a été licenciée le 5 janvier sans motif. Certaines de ses collègues avaient déjà démissionné.


"Le chef pâtissier me disait "sale Arabe"." Après un CDD de trois mois dans une boulangerie marseillaise, Rafik s’est vu proposer un CNE début octobre. "Mon chef pâtissier n’aimait pas les gens d’origine maghrébine, il me traitait de "sale Arabe"", explique-t-il. Les relations se sont dégradées au point que le patron a convoqué le jeune de 25 ans, en mars, pour lui annoncer son licenciement. Rafik lui explique alors le racisme dont il a été victime. "Je préfère te renvoyer toi. L’autre, avec ses cinq ans d’ancienneté, me coûterait trop cher", lui aurait expliqué son employeur.

Rémi Barroux


 Source : Le Monde www.lemonde.fr



A Marseille, le CNE casse l’emploi, par Christophe Deroubaix.


L’ Humanité, Marseille, correspondant régional, 18 avril 2006.


Le CPE mort, il reste le CNE pour les entreprises de moins de 20 salariés. Et avec lui les premières victimes du licenciement express, sans motif. Reportage à Marseille.


Rendez-vous est pris à la sortie du métro Cinq-Avenues. Juste un accord de principe et un numéro de téléphone portable pour se contacter. Cela pourrait ressembler à un rendez-vous d’agents secrets. C’est tout simplement une rencontre avec Marc, un jeune homme dont le contrat nouvelle embauche vient d’être rompu.


« Je ne veux plus signer de CNE »

« J’ai vu une annonce à l’ANPE pour une petite entreprise de serrurerie à Saint-Menet, dans le 11e arrondissement de Marseille. Le 9 septembre, j’ai signé un contrat nouvelle embauche. Le patron m’a dit d’emblée que pour ne pas payer trop de charges, il me verserait le SMIC et qu’il me donnerait en plus un « cachet ». Un complément non déclaré, quoi. Évidemment, je ne l’ai jamais eu. Peu après, ma voiture est tombée en panne. J’ai fait un crédit pour en racheter une autre d’occasion. En décembre, j’ai eu des ampoules au pied à cause du froid car l’atelier n’était pas chauffé. Un médecin m’a mis un arrêt de travail de huit jours. Mais je n’ai pas demandé à le faire passer en accident du travail.

Au bout d’un moment, je lui ai posé la question du paiement des heures supplémentaires, car j’en faisais pas mal. C’est là que j’ai appris que je n’étais pas supposé en faire à l’atelier. Mais je les avais quand même faites sans que personne ne me dise rien. Elles ne m’ont jamais été payées. Sur le contrat de travail, il est écrit que je dois travailler 35 heures. En fait, on travaille 37 heures 30. « C’est la convention collective », m’a assuré le patron.

Au bout de quelques mois, j’ai fait des recherches pour un autre travail, car cette entreprise ne me plaisait pas. J’ai eu un rendez-vous, mais pendant les heures de travail. J’ai demandé au patron si je pouvais m’absenter quelques heures quitte à récupérer. Il a dit « OK » à condition de ramener un mot d’excuse. J’ai eu mon rendez-vous le matin. Je suis revenu dans l’entreprise à 13 heures. A 14 heures, il m’a demandé le mot d’excuse. Je ne l’avais pas, je n’y avais plus pensé. Il m’a demandé de tout laisser et de quitter l’entreprise. Je ne comprenais pas. Le médecin m’a donné un arrêt-maladie de huit jours qui a été prolongé de huit autres jours. Le 3 avril, je suis revenu au boulot. Le patron m’a remis une lettre de licenciement qu’il m’a fait signer tout de suite. Il est écrit : « Nous avons pris la décision de mettre fin à votre contrat nouvelle embauche. » Sans explications, même quand j’ai demandé.

Je suis arrivé de Martinique au début de l’été 2005. C’était mon premier boulot. J’ai neuf ans d’expérience dans ce métier et je n’avais jamais eu de problèmes.

Pourquoi mettre fin à mon contrat ? Il avait toujours des blagues à deux balles sur les Blacks. Mais ce n’est pas pour ça qu’il m’a viré. C’est parce que je lui ai tenu tête. Un jour, nous sommes allés en dépannage chez une vieille dame pour un volet roulant défectueux. Le patron a dit qu’il fallait changer le moteur : 700 euros. Moi, j’ai proposé qu’on regarde de plus près. En fait, c’est le capteur qui ne fonctionnait plus. Lui, il a insisté et on a fait changer le moteur à la dame.

Il y a deux autres CNE dans la boîte. Le premier a été embauché pour me remplacer, l’autre a remplacé le stagiaire blessé. Ca fonctionne comme des intérims.

Là , je suis dans mon mois de préavis. Le patron me parle mal. Je cherche autre chose. Je dois payer mon loyer et le crédit pour la voiture. Mais je ne veux plus signer de CNE. Je préfère l’intérim. »


Licenciée pendant son arrêt de travail

Marc est un des rares salarié à accepter de témoigner en direct. Mais les permanences syndicales et cabinets d’avocats fourmillent d’autres cas de rupture.

Il y a A., dix-huit ans et demi, embauchée en CNE dans un magasin de jardinerie. Une palette lui tombe sur le pied. Accident de travail. Pendant son arrêt, elle reçoit sa lettre de licenciement. Elle vient de louer un appartement avec son petit ami. Elle ne peut plus en payer le loyer.

Il y a aussi cette femme, employée dans une boulangerie, victime d’un accident de voiture. Une semaine d’arrêt-maladie. Et une lettre de licenciement comme cadeau de convalescence.

Il y a encore ce jeune homme, employé dans une brasserie du quartier Belsunce, en plein centre de Marseille. Mis en arrêt-maladie deux mois et demi après le début de son contrat. Licencié. Ou cette salariée qui a effectué trois CDD avant que son employeur lui fasse signer un CNE et la licencie.


Trois CNE signés en six mois

Avocate dans l’un des principaux cabinets spécialistes en droit social de Marseille, Me Élisabeth Sanguinetti a, elle aussi, constaté le phénomène : « J’ai reçu une dizaine de personnes concernant des ruptures de CNE. La plupart étaient employées dans le commerce et le contrat a été rompu un à quatre mois après sa signature. Souvent après un arrêt-maladie. J’ai même rencontré des salariés qui avaient signé deux ou trois CNE en l’espace de six mois. L’immense majorité des ruptures relève de l’abus de droit. » Pour autant, ces affaires « gagnables » n’iront pas plus loin, aucune personne n’a souhaité engager une procédure. « On a affaire à une clientèle un peu particulière qui est déjà fortement précarisée, explique l’avocate. Ils se disent que ce n’est pas la peine pour quelques mois de contrat. Engager une procédure a un coût. Or, il faut plusieurs mois avant d’obtenir l’aide juridictionnelle. Alors, ils laissent tomber. Le système du CNE se montre très dissuasif. »


Parole contre parole

Dans les permanences syndicales, les témoignages de ruptures sauvages ont commencé à affluer il y a quelques semaines.

Depuis, les organisations de défense des salariés se posent tous la même question que résume Marius Novelli, conseiller prud’homal CGT à Marseille : « Les employeurs ne parlent pas de licenciement mais de rupture de la période de consolidation. Tout le problème est de savoir ce qu’on peut plaider. Il faut regarder de près tous les dossiers. Car si l’on perd, cela fera jurisprudence. »

Comme, par nature, le CNE exclut toute motivation du licenciement, dans bien des cas, ce pourrait être parole (de l’employeur) contre parole (du salarié). Pour Dominique Blanc (FO), le seul angle d’attaque possible réside dans la preuve de l’abus de droit.

Mais, même si le CNE, véritable no man’s land juridique en plein coeur du droit du travail, ne respecte pas les conventions internationales de l’Organisation internationale du travail (OIT), tout le monde sait que la bataille judiciaire risque d’être longue et âpre.

Christophe Deroubaix


 Source : www.humanite.fr



26 mai 2006.


Bonjour

Début mars, j’ai effectué une mission intérimaire pour une entreprise de travaux publics d’une semaine, puis une 2ème et une 3ème.

A la fin de cette 3ème semaine, je signale au responsable que s’il prolonge d’une semaine supplémentaire, je ne serai plus disponible car j’ai un CDD de 2 mois qui m’attend début avril. A peine 3 jours après de début de mon CDD, je suis contacté par l’entreprise de TP qui me demande si je serais intéressé par un CDI chez eux. Bien sûr, j’accepte l’offre et je préviens que je ne pourrai pas continuer mon CDD.

Tout se passe bien, je signe mon CDI le 18/04/06 sans vraiment faire attention à la mention CNE. De toute façon, je n’avais aucune raison de me méfier car ce sont eux qui sont venus me chercher.

Hors, aujourd’hui, le 26/05/06, je reçois un Recommandé avec AR me signifiant la fin de ce CDI car je ne correspond pas au profil recherché... Il n’avait sans doute pas eu le temps de s’en apercevoir pendant mes missions d’intérim ! ! ! ! ! !

Je suis écoeuré du peu de cas que font les patrons de la situation des gens qu’ils prennent et jettent ensuite sans aucun principe. Je rajouterai que la rupture de contrat intervient au moment même où le chantier sur lequel je travaillais se termine...

Farouk17



25 août 2006.


BRAVO LE CNE

Je voulais faire partager une expérience personnelle arrivée à mon
fils la semaine dernière. LE 16 aout 2006 -

Il travaillait dans une très grande entreprise de consommation (genre
supermarché) depuis 3 ans -(2 ans à temps partiel car il était
étudiant) et 1 année à temps plein (mais pas encore 35 heures) en
temps que caissier. Donc il était en congés la semaine dernière et
devait reprendre son travail Lundi 21 Aout 2006 !

Le 16 Aout il se promène à paris et dans un magasin voit une
affiche "recherche vendeur etc..." Il se dit je vais donner mon
téléphone on ne sait jamais !

Le lendemain on l’appelle en lui demandant de se présenter et : OK on
vous prend vous commencer demain !

Il commence donc son travail à Paris dans une Société d’encadrement
de tableaux (c’est très classe) il est content !

Bien sur il remet en main propre à son chef de service de supermarché
sa lettre de démission et la demande de dispense de préavis.

Le samedi, il continue son travail, Lundi pareil, il est content il
arrive à vendre pas mal d’objets, des cadres, et fait de son mieux
pour apprendre, Mardi idem, il rapporte même des bouquins pour
apprendre un peu plus de choses sur l’art, les tableaux ...Mercredi il
fait un gros chiffre d’affaire, et aujourd’hui Jeudi 24 aout il
continue sa journée, vend même des tableaux à BAFFIE (qui est
vraiment très sympa) il fait une belle journée, a des compliments,
et le soir en partant son patron lui dit qu’il ne peut pas le garder
que finalement il ne fait pas l’affaire !!! Blabla bla .. Et qu’il ne
revient pas demain et aurevoir !

Sans le payer sans rien ! froidement !

Finalement mon fils retourne le voir et lui dit je veux une explication
franche et au bout de vingt minutes de mensonges lui dit que finalement
il donne le poste à son fils... Mais je n’y crois pas une seconde ! Je
pense qu’ils avaient un coup de feu et qu’il cherchaient un pauvre con
pour boucher le trou ! Et mon fils tout naif et plein d’entousiasme
qu’il est s’est fait avoir !

OK il est jeune il a 25 ans c’est son premier casse gueule, mais on
peut dire MERCI A VILLEPIN, car maintenant tous les patrons font ce
qu’il veulent ! C’est une honte ! Maintenant mon fils a tout gagner :
Il a laissé tombé son travail pour ce mec qui l’a jeté et
maintenant n’a plus de travail ! Et pourtant je l’avais mis en garde !
Mais cela lui servira d’expérience ! Tout n’est pas beau et rose !
loin de là 

Donc : à tout ceux qui ont un travail en CDI et bien gardez le, et ne
partez pas sans avoir trouver autre chose de sur et en CDI donc éviter
les entreprise de moins de 20 personnes !

Amicalement

Pénélope77


 Source : Groupe "Victimes du CNE"
http://groups.google.fr/group/victimes_cne




CNE - Sarkozy ? Girouette ou dissimulateur ? par Gérard Filoche.


Les vrais chiffres du chômage 2006 dissimulés pour cause d’élection, Alain Guédé - Le Canard Enchaîné.






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Stephen Bouquin (coordination) Louis-Marie Barnier, José Calderón, Pascal Depoorter, Isabelle Farcy, Djordje Kuzmanovic, Emmanuelle Lada, Thomas Rothé, Mélanie Roussel, Bruno Scacciatelli, Paul Stewart Rares sont les romans, même de science-fiction, fondés sur l’invraisemblance. Il en est de même avec les enquêtes en sciences sociales. Il existe néanmoins des vraisemblances négligées. Les résistances au travail en font partie. Le management contemporain a beau exalter l’individualisme, (…)
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Rien n’est aussi stupide que l’intelligence orgueilleuse d’elle-même.

Mikhaïl Bakounine

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