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Nouvelle-Calédonie : révolte kanak contre le colonialisme français

DIVERS

Depuis hier une révolte de très haute intensité se déroule en Nouvelle-Calédonie : pillages, destructions d’entreprises, lutte armée contre la police (cocktails molotov, tirs à balles réelles…), mutinerie en prison… Dans n’importe quelle autre région française, cela ferait la une de tous les journaux. Oui mais voilà, la Nouvelle-Calédonie n’est pas n’importe quelle autre région française, c’est une colonie, et à ce titre elle n’intéresse que peu la métropole et il est dur de comprendre ce qu’il s’y passe. Essayons de dénouer tout cela.

Retour en arrière : la colonisation de la Nouvelle-Calédonie

La Nouvelle-Calédonie est un ensemble d’îles situé en Océanie. Jusqu’au XVIIIe siècle, les peuples autochtones du territoire de la Nouvelle-Calédonie vivaient sans ingérence occidentale.

La situation change à partir de la fin du XVIIIe siècle mais surtout du début du XIXe siècle. Dans les années 1820, les marchands britanniques commencent à y construire des comptoirs, c’est-à-dire des structures étrangères, placées dans des points stratégiques, pour favoriser le commerce international.

Dans la foulée, les missionnaires débarquent vingt ans plus tard avec pour idée de changer les modes de vie de ceux qu’on appelle désormais les kanaks, de transformer leurs croyances et de les convertir au christianisme. Les choses ne se passent pas toujours aussi bien que prévues, puisqu’en 1847 les kanaks attaquent une des missions et décapitent le frère Blaise Marmoiton. Une base est posée : les kanaks seront peut-être colonisés mais ils ne se laisseront pas faire.

La Nouvelle-Calédonie : l’ancien goulag français

Les velléités occidentales sur la Nouvelle-Calédonie prennent une nouvelle dimension dans la décennie suivante.

Napoléon III (au pouvoir de 1848 à 1870) cherche un territoire pour y faire de nouvelles colonies pénitentiaires. La Nouvelle-Calédonie est officiellement colonisée par la France en septembre 1853.

Les français installent donc là-bas un bagne, c’est-à-dire un camp de travail pour prisonniers qui travaillent dans des conditions épouvantables. Ces derniers sont poussés à rester sur place une fois leur peine terminée, afin de favoriser la colonisation.

Si on y trouve des criminels de droit commun, la Nouvelle-Calédonie sera massivement utilisée pour déporter les opposants politiques, en faisant un vrai “goulag français”. Ainsi c’est là-bas qu’on déporte en masse les révolutionnaires de la Commune de Paris qui n’ont pas été exécutés sommairement, tout comme les résistants algériens à la colonisation française de 1830. Louise-Michel, qui y sera déportée, s’exprimera d’ailleurs sur “le problème kanak”. Les bagnards sont utilisés comme main d’œuvre quasi-gratuite pour construire les infrastructures coloniales.

Les capitalistes sont de plus en plus intéressés par cette colonie puisqu’on y découvre du nickel. L’activité minière et métallurgique s’y développe.

Jamais les kanaks n’accepteront passivement la colonisation française.

En 1878, Aitaï, “grand chef” kanak se présente auprès du gouverneur français, déverse un sac de terre et déclare “voici ce que nous avions”. Il déverse ensuite un sac de pierres puis affirme “voici ce que tu nous as laissé”. En effet petit à petit les colons français vont s’accaparer les terres cultivables déstabilisant en profondeur l’économie vivrière des Mélanésiens et laissant aux autochtones des terrains de moins bonne qualité.

Ataï, en collaboration avec d’autres chefs de tribus, commence à fomenter un plan pour prendre Nouméa (devenue capitale de la Nouvelle-Calédonie). Mais en juin 1878, après l’assassinat d’une famille de colons, les choses s’accélèrent : l’administration coloniale fait enfermer dix chefs de tribus.

De juin à août, les kanaks changent leurs plans et lancent des attaques de grande ampleur, tuant gendarmes et colons (environ 200 personnes).

L’insurrection est finalement matée par la France et la répression est extrêmement sanglante : Ataï est décapité et sa tête, placée dans du formol, est envoyée en trophée à Paris. Les autres chefs kanaks sont exécutés sans jugement et près de 5% des mélanésiens sont tués (environ 2 000 personnes). La barbarie sadique du colonialisme français est inscrite dans les mémoires.

Pendant la Première Guerre mondiale, des soldats kanaks se retrouvent à aller se battre dans une guerre qui ne les concernent pas. En plus de cela, les colons français accaparent encore davantage de terres pour répondre aux besoins croissants en approvisionnement.

En 1917, une guérilla s’organise autour de la figure de Noël, chef de la tribu de Tiamou. Celle-ci est réprimée au bout d’un an. Noël est lui aussi décapité et une soixantaine d’autres rebelles sont condamnés.

Après cette nouvelle révolte, les colons français tentent une nouvelle approche. Il s’agit désormais de former une “élite kanak républicaine” qui pourrait permettre de corrompre l’esprit de résistance de l’intérieur.

En 1931, des kanaks sont exposés, comme s’ils étaient des animaux, à l’exposition coloniale de Paris.

Après la Seconde Guerre mondiale, le statut de la Nouvelle-Calédonie change. Elle n’est plus officiellement considérée comme une colonie et la nationalité française est donnée aux kanaks. La population obtient le droit de vote en 1957. La Nouvelle-Calédonie devient 3ème producteur mondial de nickel et les autorités françaises encouragent une colonisation de peuplement. Cette arrivée de colons fait augmenter la population de 20% dans la première moitié des années 1970.

En parallèle, les idées indépendantistes se développent et préparent une nouvelle ère de révoltes anticoloniales dans les années 1980 : ce que la France appellera “les évènements”.

Les “évènements”

Dans les années 1960, les revendications nationalistes kanaks se formalisent. Des étudiants de gauche ayant participé à mai 68 reviennent en Nouvelle Calédonie. Nidoïsh Naisseline, militant d’extrême gauche, fonde les “Foulards Rouges” tandis que d’autres indépendantistes créent en 1971 le “groupe 1878” (référence à l’insurrection de cette année là). Ils demandent la restitution des terres et veulent préserver leur identité. Ils fusionnent pour créer le Parti de Libération Kanak en 1975. D’autres suivront comme le Parti indépendantiste en 1979.

Pierre Declercq, enseignant et partisan de l’indépendance, est assassiné chez lui en septembre 1981. Ses assassins ne seront jamais retrouvés. Des manifestations éclatent et des barrages sont mis en place. La situation continue de se tendre en juillet 1983 où des gendarmes sont tués.

Un référendum d’autodétermination est prévu pour 1989 mais les indépendantistes souhaitent que le corps électoral soit limité afin que ce soit les peuples autochtones, et non les colons, qui y votent. Cette revendication est d’abord refusée. En 1984 des militants indépendantistes kanaks se rendent dans la Libye de Kadhafi pour y suivre une formation militaire. Le Front indépendantiste devient Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) et ce dernier appelle à boycotter les élections territoriales de 1984 en raison de cette règle électorale qu’ils considèrent illégitime. Un des leaders indépendantistes, Eloi Machoro, brise une urne électorale pour symboliser ce boycott.

C’est le début d’une quasi-insurrection.

En novembre 1984, des barrages sont dressés, le sous-préfet est séquestré, la gendarmerie est occupée dans la commune de Thio, cinq hélicoptères du GIGN sont désarmés. En décembre, des maisons d’européens sont pillées et incendiées.

Le gouvernement socialiste français envoie l’armée et la gendarmerie, interdit toutes les manifestations et fait surveiller étroitement les tribus.

Après un bref retour au calme, les tensions reprennent entre colons et indépendantistes.
En janvier 1985, le GIGN exécute Eloi Machoro, l’État d’urgence et le couvre-feu sont mis en place.

Pour calmer le jeu, le gouvernement de Laurent Fabius accorde davantage d’autonomie à la Nouvelle-Calédonie et met en place quelques réformes pour davantage de démocratie.

Cela ne dure pas bien longtemps puisque l’année suivante la droite revient au pouvoir avec le gouvernement de cohabitation mené par Jacques Chirac. Le statut “Pons I” est voté : il vise à contrer les velléités indépendantistes, à réduire les compétences qu’avaient obtenues les “conseils de région” et à organiser un référendum d’autodétermination.

Une fois de plus le FLNKS explique qu’il ne participera pas au référendum si les colons peuvent y voter au même titre que les kanaks.

Celui-ci est soutenu par le mouvement des non-alignés, c’est-à-dire les pays qui se refusent à être inféodés aux Etats-Unis ou à l’Union Soviétique. L’Assemblée générale de l’ONU vote une résolution affirmant « le droit inaliénable du peuple de la Nouvelle-Calédonie à l’autodétermination et à l’indépendance » et inscrit la Nouvelle-Calédonie dans la liste des territoires non autonomes des Nations unies, c’est-à-dire des territoires non-décolonisés « dont les populations ne s’administrent pas encore complètement elles-mêmes ».

Le référendum est boycotté par les indépendantistes et en septembre 1987 cette “autodétermination” est donc rejetée sans surprise. Ces derniers s’engagent également à boycotter l’élection présidentielle et les élections régionales. En octobre, les auteurs d’une embuscade dans laquelle dix indépendantistes avaient été tués en 1984 sont tous acquittés par un jury composé exclusivement d’Européens, ce qui déclenche la colère des kanaks.

Deux jours avant la présidentielle de 1988, des militants du FLNKS lancent une nouvelle offensive : c’est ce qu’on appellera la prise d’otages d’Ouvéa.
Une soixantaine d’indépendantistes attaquent une gendarmerie à Ouvéa et prennent une vingtaine de gendarmes en otage (quatre d’entre eux sont tués durant l’attaque). Une moitié des otages sera rapidement libérée, les autres seront conduits dans une grotte.

Le gouvernement français déclare l’île zone militaire et l’interdit aux journalistes. Les soldats français s’en donnent à cœur joie : des enfants sont maltraités, attachés aux poteaux des cases, devant leurs familles.

Alors que les gendarmes sont bien traités par les ravisseurs, Chirac discute avec le général Vidal et lui demande ce que feraient les israéliens et Thatcher dans un pareil cas. Le général répond qu’ils lanceraient une “intervention”, Chirac se décide alors à le faire.

Le 5 mai 1988, l’assaut est lancé, les kanaks laissent les otages s’enfuir sans leur faire de mal. La version officielle est simple : 18 ravisseurs auraient été tués au combat. Sauf que 12 d’entre eux seront retrouvés avec des balles dans la tête en plus de leurs autres blessures. Bref il s’agit d’exécutions sommaires. En juin, une loi d’amnistie s’applique à tous les faits de cette affaire ce qui permet de ne pas creuser ce qu’il s’est réellement passé. Michel Rocard confirmera d’ailleurs : “À la fin de l’épisode de la grotte d’Ouvea, il y a eu des blessés kanaks et deux de ces blessés ont été achevés à coups de bottes par des militaires français, dont un officier (...) Il fallait prévoir que cela finisse par se savoir et il fallait donc prévoir que cela aussi soit garanti par l’amnistie”.

Pour ramener le calme, les Accords de Matignon sont signés, acceptés notamment par le FLNKS. Ils sont ratifiés par un référendum sur l’autodétermination en Nouvelle-Calédonie qui donne le oui gagnant. iI prévoit qu’un référendum sur l’indépendance soit organisé dix ans plus tard.

Le référendum de 2021 contesté

Durant cette période les gouvernements français incitent à la construction d’usines et d’infrastructures. Les inégalités sur l’archipel restent majeures.
En 1998 les accords de Nouméa repoussent d’encore dix ans le référendum sur l’indépendance initialement prévu cette année-là.

Celui-ci a donc lieu en novembre 2018, seuls les kanaks et les “caldoches” (les descendants de colons et de bagnards installés depuis longtemps) votent. Le “non” à l’indépendance l’emporte à 56,4%. La loi prévoit que les kanaks puissent encore organiser deux autres référendums.

Un nouveau référendum sur l’indépendance est ainsi prévu en 2020. Il est légèrement reporté en raison de la pandémie de Covid-19. Le vote indépendantiste progresse mais perd de nouveau avec le “non” qui l’emporte à 53,2%.

Un troisième référendum est donc organisé en 2021 mais cette fois celui-ci est boycotté par les indépendantistes. En effet, l’Etat français refuse de repousser le référendum comme demandé par les indépendantistes en raison de la pandémie. Les indépendantistes ne votant pas, le référendum donne sans surprise une très large victoire au refus de l’indépendance (96%)

Mai 2024 : révolte contre la réforme constitutionnelle

Le gouvernement français tente de profiter de la défaite des indépendantistes pour changer les règles constitutionnelles et limiter la possibilité d’une indépendance future.

Il souhaite ainsi ouvrir le droit de vote à tous les résidents de Nouvelle-Calédonie habitant sur le territoire depuis au moins dix ans, ce qui permettrait de mettre petit à petit en minorité les kanaks.

En métropole, les députés ont commencé à se pencher sur cette loi le lundi 13 mai. Cela a déclenché un important mouvement de révolte : incendies de véhicules, pillages de magasins, dizaines d’entreprises et d’usines incendiées, affrontements avec la police, mise en place de barricades, mutinerie en prison.

La France Insoumise a demandé le retrait du projet de loi mais le vote est toujours prévu alors que le couvre feu vient d’être décrété, et que le gouvernement envoie quinze renforts du GIGN

Dans un contexte de révolte de haute intensité en Nouvelle-Calédonie, il est essentiel de comprendre les racines profondes de ces troubles. La colonisation de la Nouvelle-Calédonie a laissé des cicatrices profondes dans la société, marquées par des décennies d’oppression, de dépossession des terres autochtones et de répression brutale. Depuis les premières attaques des colons jusqu’aux révoltes anticoloniales des années 1980, l’histoire de la Nouvelle-Calédonie est celle d’une lutte constante pour la liberté et l’autodétermination.
Les accords de Matignon en 1988 ont semblé apaiser les tensions, mais les inégalités persistent, alimentées par une économie déséquilibrée et des disparités sociales criantes. Malgré les référendums sur l’indépendance, les tensions restent vives, avec des résultats serrés et des débats continus sur le chemin à suivre pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.

La récente tentative de réforme constitutionnelle par le gouvernement français a ravivé la contestation, alimentant un mouvement de révolte sans précédent. Les incendies, les pillages et les affrontements avec les forces de l’ordre reflètent la frustration et la colère d’une population qui se sent une fois de plus marginalisée et trahie.

Alors que la France de Macron risque de réprimer brutalement, il est crucial de reconnaître les aspirations légitimes du peuple kanak à l’autodétermination.

Rob Grams

Source : Frustration

Colonialisme en Kanaky : résumé en 40 secondes

Pour comprendre ce suprémacisme toujours en vigueur aujourd’hui, voici une vidéo de 40 secondes issues d’un reportage de l’émission Strip Tease, tourné en 1998, que vous pouvez visionner intégralement en ligne. On y voit un caldoche rudoyer son employé kanak avec des injures raciste très violentes, devant la caméra. Rien n’a changé depuis cette émission.

Si Youtube décide de censurer la vidéo voici une copie sur Contre Attaque

Kanaky : des milices de colons armés tuent plusieurs habitants

Des milices de colons blancs, souvent cagoulés, équipés de fusils à lunette ou de fusils à pompe. Ce sont les images effrayantes qui nous arrivent de Nouvelle Calédonie/Kanaky ces derniers jours. Ces groupes armés s’organisent par quartier, et certains ouvrent le feu. 3 Kanaks ont ainsi été abattus.

Ce territoire du Pacifique est surarmé. Selon les autorités, 64.000 armes sont déclarées et autant circulent illégalement, soit près de 130.000 armes pour 272 000 habitants. Cette situation folle est le fruit d’une décision des autorités locales en 2011, visant à faciliter, la possibilité de s’armer pour les Blancs surnommés les « caldoches ». Seuls une carte d’identité ou un permis de chasse sont exigés pour se procurer une arme, et les quotas de munitions ont été supprimés. Cette mesure a provoqué une explosion des achats dans les armureries. Une décision irresponsable et criminelle.

Depuis deux jours, trois Kanaks ont donc été assassinés. Deux hommes de 19 et 36 ans et une adolescente de 17 ans. L’un des défunts s’appelait Djibril Saïko Salo et était en première année de BTS. Le CCAT – Cellule de coordination des actions de terrain – qui représente les indépendantistes Kanaks détaille « les conditions dans lesquelles (il) a été abattu » et explique qu’il a été « abandonné sur la route comme s’il s’agissait d’une vulgaire bête sauvage, ou pire, d’un criminel récidiviste ». Le collectif ajoute : « Le caractère ignoble et volontaire de cet acte, nous le qualifions sans ambiguïté de meurtre avec préméditation, avec volonté assumée de laisser son cadavre exposé sur la chaussée en guise certainement de message à ceux qui veulent suivre son exemple ».

Une photo montre un colon braquer son fusil à lunette derrière un grillage prêt à tirer. Une vidéo, authentifiée par Le Monde montre un homme blanc tirant délibérément en direction de deux jeunes Kanak marchant sur la route à Nouméa. D’autres témoignages évoquent des expéditions punitives de colons.

Enfin, un gendarme a été tué par un tir qualifié “d’accidentel” par les médias. Les autorités disent pudiquement qu’il ne “s’agit pas d’un tir ennemi”. C’est donc la balle d’un autre gendarme ou d’un milicien qui a coûté la vie à cet homme.

En parallèle à cette violence paramilitaire, l’état d’exception est décrété dans l’archipel. Le gouvernement vient d’assigner à résidence cinq indépendantistes du CCAT, et les autorités envisagent de dissoudre le collectif. Gabriel Attal a annoncé le déploiement de l’armée en Nouvelle-Calédonie et interdit l’accès au réseau social Tiktok.

Ainsi, les milices et les forces régulières de la République française assurent, ensemble, la répression coloniale. Par son mépris et sa violence, le gouvernement Macron a fait voler un lent et fragile processus de paix en Kanaky. Et plusieurs vies ont déjà été volées.

Source : Contre Attaque

Comprendre la crise en Kanaky

Vous avez dit « grand remplacement » ?

Vu de France métropolitaine, la révolte en Kanaky et ses causes peuvent paraître complexes. C’est pourtant plus simple qu’on peut l’imaginer : imaginez une colonie de peuplement, où les habitants originaires sont dépossédés de leurs terres et progressivement mis en minorité, afin de ne plus pouvoir décider de leur sort, même dans le cadre d’élections.

Ce « grand remplacement » a été théorisé dès les années 1970 par le Premier Ministre français : Pierre Messmer. Le chef du gouvernement avait été résistant avant d’occuper différents postes de pouvoir, de lancer le grand programme nucléaire français et d’être nommé Premier ministre du président Pompidou. Il explique dans une lettre du 19 juillet 1972 à son secrétaire d’État aux DOM-TOM un plan pour coloniser la Nouvelle-Calédonie. Pour lui, les Kanaks, qui peuplent cet archipel depuis près de 5000 ans, doivent peu à peu s’effacer sous le poids démographique d’une population blanche.

Voici ce qu’il écrivait :

« La Nouvelle-Calédonie, colonie de peuplement, bien que vouée à la bigarrure multiraciale, est probablement le dernier territoire tropical non indépendant au monde où un pays développé puisse faire émigrer ses ressortissants.

Il faut donc saisir cette chance ultime de créer un pays francophone supplémentaire. La présence française en Calédonie ne peut être menacée, sauf guerre mondiale, que par une revendication nationaliste des populations autochtones appuyées par quelques alliés éventuels dans d’autres communautés ethniques venant du Pacifique.

À court et moyen terme, l’immigration massive de citoyens français métropolitains ou originaires des départements d’outre-mer (Réunion) devrait permettre d’éviter ce danger en maintenant et en améliorant le rapport numérique des communautés.

À long terme, la revendication nationaliste autochtone ne sera évitée que si les communautés non originaires du Pacifique représentent une masse démographique majoritaire. Il va de soi qu’on n’obtiendra aucun effet démographique à long terme sans immigration systématique de femmes et d’enfants. »

50 ans plus tard, c’est ce qu’il se passe en Kanaky. Et Macron, en voulant « dégeler » le corps électoral, c’est-à-dire permettre aux nouveaux arrivants de participer aux scrutins, veut achever le processus, en empêchant définitivement les Kanaks la possibilité même d’être majoritaires dans les urnes. Et donc rendre impossible toute autodétermination.

Ainsi, le gouvernement français pourra invoquer la « démocratie » en toute bonne conscience, puisque les votes sur l’indépendance de la Kanaky ne peuvent que lui être favorables. Machiavélique.

Source : Contre Attaque

 https://www.frustrationmagazine.fr/nouvelle-caledonie-revolte-kanak-colonialisme-francais/

COMMENTAIRES  

17/05/2024 09:05 par T 34

Palestine occupée, le colonisateur sioniste envahit le pays, vole les terres, massacre la population autochtone, les parque dans des réserves et importe des colons pour établir une colonie de peuplement puis ne respecte pas les accords d’Oslo et cela débouche sur la violence et ensuite l’armée et des milices de colons répriment la population autochtone quand elle se révolte.

Nouvelle Calédonie, le colonisateur français envahit le pays, vole les terres, massacre la population autochtone, les parque dans des réserves et importe des colons pour établir une colonie de peuplement puis ne respecte pas les accords de Nouméa et cela débouche sur la violence et ensuite l’armée et des milices de colons répriment la population autochtone quand elle se révolte.

Soutiens aux peuples colonisés qui luttent pour leur liberté que ce soit en Palestine, en Kanaky ou partout ailleurs dans le monde.

Vidéo : Kanaky : milices coloniales, répression militaire

19/05/2024 12:27 par tchoo

Le plus terrible dans tout ça, c’est quelque soit le degré de répression qu’emploie et qu’emploieront les macronistes, au final, la Kanaky deviendra indépendante avec, si cela ne se passe pas pacifiquement l’expulsion de tous les blancs, comme en Algérie en 1962 et la perte définitive de toute relation entre ce pays et la métropole.
L’imbécilité crasse de nos dirigeants politiques actuels aura encore une fois, ici comme ailleurs, provoqué et accéléré le déclin de notre pays.
Jusqu’a quand va-t-on les laisser faire ?

19/05/2024 23:53 par va savoir

"La Nouvelle-Calédonie est le troisième producteur mondial de nickel. Le nickel est un minerai qui sert à fabriquer des aciers spéciaux contemporains mais aussi des batteries pour les ordinateurs, les téléphones portables et les véhicules électriques. Il y a un intérêt géostratégique très important pour la France"

La Nouvelle-Calédonie apporte aussi une zone exclusive économique à Paris, au milieu du "lac anglo-saxon" constitué dans le Pacifique sud.

"C’est quand même un petit joyau. Certains y voient une sorte de porte-avions français dans un océan qui a été très longtemps un océan anglo-saxon. On est près de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande. Les États-Unis ne sont jamais très loin, notamment par leur présence à Guam ou dans les pays limitrophes, aux Samoa américaines. Dans ce lac anglo-saxon la présence française fait tâche"

et ce n’est pas moi qui le dit, vous savez bien, c’est l’autre !

Macron lâchera t-il le morceau pour le céder aux copains ? A suivre

21/05/2024 15:56 par bostephbesac

Petit problème : il y a pourtant bien eu 3 référendums, prévus avec les accords Matignon . Bon, pour le 3ème, les indépendantistes n’ ont pas voulu y participer, raison officielle "covid"..............alors que le plus gros de cette maladie était passé, et que les élections municipales de 2020 ont vu leur 2ème tour retardé (en plein boum de l’ épidémie (fini en 2021)), ce qui me paraît (ainsi) léger comme argument . En tout cas les accords de Matignon ont été respecté . Alors, un 4ème, puis un 5ème, puis un .................. jusqu’ à ce que un OUI à l’ indépendance émerge ? Si oui, cela ne vous rappelle pas une institution supranationale sur notre continent Européen ?

21/05/2024 16:01 par Auguste Vannier

La lucidité du député de NC qui a conseillé à Macron d’ y aller, parce que "le calme régnait" en NC et que la nouvelle loi électorale (en trahison de la parole donnée) ne ferait pas de vague semble d’une lucidité insondable sur sa circonscription et la NC.
A l’image de ce gouvernement qui fait preuve partout d’une "imbécilité crasse"...
A moins que ce ne soit un nouveau cadeau pour les "amis anglo-américains" ?
Cf la déclaration impeccable de JLM : https://melenchon.fr/2024/05/20/en-caledonie-la-paix-maintenant/

21/05/2024 17:43 par xiao pignouf

Petit problème

Vous oubliez que vous êtes en métropole. La NC est à 17000 kilomètres.

Fin juillet 2021, apparition du variant Delta.
Octobre : plus de 200 morts.
Novembre : 12000 cas

Source

Les Kanaks ont demandé au gouvernement un report d’une année en raison d’une période de deuil coutumière et surtout parce qu’à cause du Covid, ils n’ont pas pu faire campagne, en sachant que l’État français avait à ce moment-là abandonné son impartialité sur la question et faisait campagne pour le maintien de l’île.

De toute façon, il s’agirait d’appliquer à la France ce qu’on demande à Israël. La NC est une colonie française et il est temps que ça s’arrête. C’est au Kanaks et aux Caldoches de le décider et certainement pas à quelques métros qui déboulent là-bas pour se dorer la pilule.

Source

22/05/2024 08:04 par Julie

Les Kanaks ne sont pas aussi naïfs que le croient certains français dits de souche. Les accords de Nouméa reposaient sur la conscience qu’ils avaient de n’avoir aucune chance d’accéder à une indépendance réelle : Si la France lâchait le morceau, d’autres se jetteraient dessus. Encore fallait-il qu’il soit plus avantageux pour eux de rester sous la tutelle/protection de la France plutôt que sous celle d’un autre pays... plus proche géographiquement. D’où les négociations qui eurent lieu à l’époque, dans lesquelles le gouvernement français - une fois n’est hélas pas coutume - eut l’intelligence de respecter les intérêts/revendications des kanaks et qui aboutirent aux accords de Nouméa.

22/05/2024 08:14 par Julie

Les Kanaks ne sont pas aussi naïfs que le croient certains français dits de souche. Les accords de Nouméa reposaient sur la conscience qu’ils avaient de n’avoir aucune chance d’accéder à une indépendance réelle : Si la France lâchait le morceau, d’autres se jetteraient dessus. Encore fallait-il qu’il soit plus avantageux pour eux de rester sous la tutelle/protection de la France plutôt que sous celle d’un autre pays... plus proche géographiquement. D’où les négociations qui eurent lieu à l’époque, dans lesquelles le gouvernement français - une fois n’est hélas pas coutume - eut l’intelligence de respecter les intérêts/revendications des kanaks et qui aboutirent aux accords de Nouméa.

22/05/2024 12:30 par xiao pignouf

Si la France lâchait le morceau, d’autres se jetteraient dessus.

Justification typique des colonialistes : mieux vaut que ce soit à nous sinon ce serait à d’autres. Je suppose que par « d’autres » vous entendez la Chine. Je vous suggère de voir ce qu’en pensent les pays africains. Ou alors faites une expérience intéressante : sur Google Images, tapez « relations France Afrique » puis « relations Chine Afrique ». Observez la différence.

Encore fallait-il qu’il soit plus avantageux pour eux de rester sous la tutelle/protection de la France plutôt que sous celle d’un autre pays.

À moi, il me semble que cette vision d’une France protectrice est plutôt celle des Caldoches que celle des Kanaks. Sinon comment expliquer cette impunité dans le racisme vis-à-vis des autochtones pendant des décennies ou dans la constitution de milices aujourd’hui. Pour eux, l’indépendance signifierait devoir traiter d’égal à égal les Kanaks. C’est ironique quand on réalise que ce sont les enfants de Louise Michel.

22/05/2024 21:55 par bostephbesac

En suite aux dernières lignes de votre dernier paragraphe, Xiao . C’ est justement pour ça que plusieurs électeurs arrivés "sur le tard" (20 ans si bonne mémoire) avaient été exclues des référendums . Mais, maintenant, cela ne s’ appliqué plus, les référendums étant passés................ou, alors cela devient de la discrimination - non positive, si déjà une discrimination peut être considérée comme "positive".

23/05/2024 17:17 par Auguste Vannier

Dans le passé France Télévision arrivait à faire un beau travail d’information et d’éducation :
https://reseauinternational.net/grotte-douvea-le-prix-du-sang/
La différence qualitative entre les personnes qui ont mené à la catastrophe et celles qui ont mené aux "Acccords de de Nouméa" est du même ordre que celles qui ont remis le feu aux poudres et celles qui pourront peut-être ré-engager vers la seule voie viable, celle d’une décolonisation (qui ne veut pas dire nécessairement indépendance séparatiste).

24/05/2024 17:39 par xiao pignouf

Mais, maintenant, cela ne s’ appliqué plus, les référendums étant passés

Le référendum de 2005 est passé aussi. Est-ce que cela le rend légitime pour autant ?

Je m’étonne que toi, Bosteph, qui fais si grand cas du souverainisme de la France, tu balaies d’un revers de la main celui des Kanaks.

24/05/2024 21:41 par Julie

Ça va Xiao ? Ai-je parlé de la Chine ? A l’époque de la grotte dOuvéa, des militants Kanaks ont fait le tour des lieux où il leur était possible de débattre de leur situation et de leurs luttes. J’ai participé à l’une de ces rencontres, pas en tant qu’antichinoise, mais en tant que soutien au peuple Kanak. Personne n’imaginait alors que la Chine envisageât de mettre la main sur la Nouvelle Calédonie, pas même la droite française ! La Chine à ma connaissance n’a pas encore colonisé l’Océan Pacifique et ses rivages ! Les colonisateurs potentiels ne manquaient pas sur ces derniers et, toujours à ma connaissance, la Chine n’en faisait pas partie.

J’ajouterai que les Kanaks s’intéressaient à la géopolitique, et ne souhaitaient pas plus suivre l’exemple de Madagascar, qui a payé le prix de son indépendance par un désastre économique, que se laisser bouffer par plus racistes que l’état Français. Ils ont préféré négocier une solution qui n’était pas l’indépendance, mais qui leur accordait un peu de place sur leur territoire ancestral.

C’est ce peu de place qu’on tente actuellement de leur retirer. Ça les fâche.

25/05/2024 02:49 par bostephbesac

Xiao, vous savez très bien que les conséquences "venues de Bruxelles", sur le résultat du référendum de 2005, ont accéléré le dégoût de nombres d’ électeurs envers "le devoir électoral".

Pour la Nouvelle Calédonie/Kanaky : référendum de 1987, avec 60% de Kanaks pour "rester loyalistes" à ma connaissance, puis après "1988", les accords de Matignon effaçant le résultat de 1987, et formation d’ un processus de trente années avec aboutissement de 3 référendums (avec gel du corps électoral de "loyalistes arrivés hors-délais" sur la Kanaky - après la date des accords de Matignon, c’ est compréhensible) qui finalement se sont tenus...................amenant chaque fois le résultat final pour "le maintien" auprès de la France, malgré le gel de près de 20% du corps électoral (réputé "hostile" à l’ indépendance) . Les indépendantistes ont boycotté le 3ème référendum sous prétexte sanitaire, alors qu’ en Métropole les élections ont eu lieu, pour moi ils doivent s’ en prendre à eux-mêmes.

Enfin, sauf erreur de ma part, les accords de Matignon ont notamment permis une fiscalité locale favorable au Kanaks en protection sociale . Pour un pays colonisateur, je trouve que c’ est pas anecdotique ça.

25/05/2024 10:15 par xiao pignouf

Julie, merci pour votre réponse, vous avez raison de me taper sur les doigts. Par les temps qui courent, la Chine est souvent accusée d’impérialisme donc ceci explique cela. Je m’excuse d’avoir interprété à tort vos propos. Ceci dit, il ne faut pas se mentir. Elle investit beaucoup dans le Pacifique. Le Vanuatu, que j’ai bien connu, a longtemps été sous perfusion australienne, mais dans les derniers mois où j’y ai vécu, la Chine commençait à financer certains projets, comme un lycée agricole ou un aéroport sur la deuxième île de l’archipel. Il est donc certain qu’une indépendance de la Kanaky favoriserait les échanges et les partenariats avec la Chine, et je ne parlais pas de colonisation évidemment, qui n’est pas le mode opératoire de la Chine.

En tout cas, je ne crois pas que le souhait des Kanaks soient un compromis : ils sont indépendantistes et veulent l’indépendance. Celle-ci n’est pas sans risque, mais il me semble aussi que leur désir n’est pas forcément de coller au modèle de société français ou occidental. Le seul compromis qui a été décidé à l’époque, c’est le processus long des référendums et la neutralité de l’État français dans l’affaire. Le gouvernement Macron dès son arrivée au pouvoir a remis en question ces deux aspects centraux : l’État français n’est plus impartial et il a profité de la situation épidémique pour leur « voler » le troisième référendum qui au vu des deux derniers résultats s’annonçait risqué pour les loyalistes. Les indépendantistes qui n’avaient pas pu faire campagne et la société kanake dans son ensemble ont boycotté ce troisième référendum après avoir demandé un report qui leur a été refusé et qui aurait dû être accordé en raison de l’exceptionnalité de la situation.

Bosteph, pardon, je voulais dire « souveraineté » et non « souverainisme ».

Je le répète : on ne peut pas déplorer le référendum de 2005 dont le résultat nous a été imposé et imposer celui de 2021 aux Kanaks. On ne peut pas condamner le colonialisme israélien et approuver celui de la France.

25/05/2024 15:48 par Julie

A Xiao,

Si la France "lâche le morceau" il est peu probable que ce soit pour l’abandonner à la Chine, même s’il advenait que les kanakes préfèrent les méthodes néocoloniales de cette dernière à celles de la France.

Pour info, Madagascar n’était plus une colonie depuis plus de 10 ans, quand elle a décidé de quitter la zone franc. Ce n’est même pas la France qui l’en a exclue. Elle s’est contentée de ne pas la retenir. Les Malgaches en souffrent encore. Du temps de Tsiranana, tout pote qu’il était avec l’ex-colonisateur, Madagascar était le seul pays d’Afrique capable d’assurer son autosuffisance, notamment alimentaire, et d’exporter une partie de sa production. La sortie de la zone franc s’est soldée par une catastrophe alimentaire, et l’apparition de mendiants dans les rues de Tananarive, ce que l’île n’avait jamais connu avant, à ce qu’on disait.

Les canaques sont capables de s’armer... de fusils de chasse. Ils n’ont pas les forces armées requises pour pouvoir choisir eux mêmes, seuls, leur néo-colonisateur. Le Nikel et la position stratégique de la Nouvelle Calédonie risquent fort d’intéresser nos "amis" anglo saxons, comme c’est déjà indiqué dans des posts ci-dessus que vous n’avez pas dû lire.

Mobilisons-nous plutôt pour soutenir et faire aboutir leurs revendications décoloniales et égalitaires (malgré les apparences), que pour les pousser à revendiquer une indépendance qui ne pourrait être que virtuelle.

25/05/2024 16:53 par Auguste Vannier

L’occident global a un passé colonialiste qui a fait une partie de sa prospérité, comme du reste une actualité néo-colonialiste qui pour la France s’est vu dans ses relations avec l’Afrique, et se manifeste sans ambiguïté en Nouvelle Calédonie.
Les justifications qui ont été (sont toujours) avancées peuvent se résumer ainsi :
"Tous les pays doivent s’engager sur la voie frayée par l’Occident, celle de la démocratie et des droits de l’homme dans le cadre d’une économie financière de marché mondialiste sans hésiter à forcer la main à leurs peuples insuffisamment éduqués (sauvages, arriérés). Pour aider les pays à suivre notre exemple nous décrétons le devoir d’ingérence, pour chasser les dirigeants autocrates et fascistes, et changer leur régime politique, au besoin par des sanctions économiques, des opérations clandestines ou militaires directes. Ce droit nous le prenons en raison de la supériorité de notre civilisation avancée, qui doit s’imposer comme base de l’ordre mondial."
Hé ! bien je préfère le projet de la multipolarité avancé explicitement par la Russie, la Chine (et auquel semble adhérer les membres et candidats des BRICS+), la toute récente déclaration conjointe Xi-Poutine relève d’une toute autre "philosophie", nettement plus attractive (préférable à celle de l’hégémon ?) :
« « Tous les pays ont le droit de choisir indépendamment leurs modèles de développement et leurs systèmes politiques, économiques et sociaux en fonction de leurs conditions nationales et de la volonté de leurs peuples, de s’opposer à l’ingérence dans les affaires intérieures des pays souverains, de s’opposer aux sanctions unilatérales et à la « juridiction au bras long » sans base juridique internationale ni autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies, et de s’opposer à l’établissement de lignes de démarcation idéologiques. Les deux parties ont souligné que le néocolonialisme et l’hégémonisme sont totalement contraires à la tendance actuelle et ont appelé à un dialogue égal, au développement de partenariats et à la promotion des échanges et de l’apprentissage mutuel entre les civilisations ». » https://www.chinanews.com.cn/gn/2024/05-16/10217948.shtml
Bien sûr ce sont des mots, des paroles...on peut observer qu’elles se traduisent par des projets et des réalisations concrètes (BRI) qui semblent tout de même plus probante que "la démocratie par les bombes et le dollar" si largement diffusée par l’USOccident...avec les résultats objectifs que l’on sait.

25/05/2024 19:06 par bostephbesac

Je pense quand même qu’ on est pas au même genre de colonialisme (encore heureux), mais bon.....................

26/05/2024 05:07 par François Jacques

""Tous les pays doivent s’engager sur la voie frayée par l’Occident, celle de la démocratie et des droits de l’homme dans le cadre d’une économie financière de marché mondialiste sans hésiter à forcer la main à leurs peuples insuffisamment éduqués (sauvages, arriérés). Pour aider les pays à suivre notre exemple nous décrétons le devoir d’ingérence, pour chasser les dirigeants autocrates et fascistes, et changer leur régime politique, au besoin par des sanctions économiques, des opérations clandestines ou militaires directes. Ce droit nous le prenons en raison de la supériorité de notre civilisation avancée, qui doit s’imposer comme base de l’ordre mondial"

Ça c’est un miroir du passé pour l’’autoculpabilsation permanente. Or les citoyens et citoyennes français n’ont pas tous laissé des souvenirs exécrables aux quatre coins de la planète, particulièrement depuis que les classes moyennes peuvent voyager plus facilement, les années 60 en gros. Mais la diplomatie française a toujours eu une réputation d’excellence, sauf depuis que la sarkosie, la hollandais et surtout la macronie aient décidé d’y faire des coupes franches et de réduire au silence les ambassadeurs trop clairvoyants.

Vania, vous parlez de néocolonisatiin dans la deuxième partie de votre commentaire et cela résonne plus actuel. Il faudrait déjà prendre acte de ce que la France est néocolonisée depuis au moins une bonne trentaine d’années, hypnotisée par le mirage postmoderne, premièrement par les anglo-saxons, les visées étasuniennes étant les plus agressives, mais aussi par l’entité sioniste et par les intérêts germaniques. Sortir de l’ensemble unioneuropéiste c’est déjà mettre un pied hors du grand jeu de dévoration entre les plus puissances mondialistes suprémacistes. Et repartir sur les bases de la multipolarité que !a France manoeuvrait encore pas trop mal sous la période gaulienne et sous la droite républicaine, jusqu’à Chirac qui avait su entretenir nos cordiales relations diplomatiques avec le monde du Levant, le monde musulman, les pays comme la Japon, entre autres. Marie France Garaud était une souverainiste pure et dure aux côtés de par exemple de Villier. Tandis que les faucialistes du PS nous ont tous chanté l’Europe, l’Europe et prennent encore aujourd’hui Glucksmann comme tête d’affiche. Celui-ci fut entre 2009 et 2012 « conseiller spécial » du président pro-Occident Mikhaïl Saakachvili, un escroc désormais sous les verrous. Raphaël Glucksmann, fils de son médiatique père philosophe, est accusé par des comptes prochinois sur les réseaux sociaux d’être un agent de la CIA en Europe.

26/05/2024 10:10 par xiao pignouf

les méthodes néocoloniales de cette dernière

Ah, finalement, je n’avais pas si mal interprété vos pensées... Pouvez-vous décrire ces méthodes « néocoloniales », svp ?

Enfin, je ne vais pas me répéter. Je vous renvoie donc à mon commentaire en réponse à ces accusations récurrentes en ce moment quant au supposé impérialisme de la Chine.

Et puis comparaison n’est pas raison.

26/05/2024 11:05 par xiao pignouf

Je pense quand même qu’ on est pas au même genre de colonialisme

Tout est relatif en effet. Si l’oppression d’un état se calcule au nombre de victimes qu’elle fait, notre pole position est sérieusement menacée par Israël. Cela étant dit, pas d’inquiétude, la France ayant une histoire coloniale beaucoup plus longue, je pense qu’elle conservera quand même son leadership en la matière. Quoi qu’il en soit, à l’instar des Palestiniens, Kanaks et autochtones colorés de nos colonies diverses et variées ont toujours été traités comme des citoyens de seconde voire de troisième zone.

26/05/2024 15:26 par burlesque

Julie votre commentaire sur Madagascar est tout simplement ridicule, Madagascar n’était absolument pas le paradis que vous décrivez sous Tsirana, si ce dernier a mis en place une politique économique où tout n’était pas à jeter, Madagascar restait extrêmement sous développé et ne devait sa survie que grâce aux perfusions de la France, perfusion qui a cessé lors de la Révolution qui a bouté Tsirana du pouvoir. Sous la deuxième république malgache le président communiste d’alors n’a pas su redresser son pays mais rien nous dit qu’un président proche de la France à sa place aurait fait mieux, d’autant que la politique mis en place sous le régime communiste ne fut pas la "descente aux enfers" du pays comme l’affirme la propagande capitaliste.

Pour la NC on voit que l’anti-imperialisme de certains est à géométrie variable, on crache volontiers sur l’impérialisme anglo saxon tout en défendant, sous peine de grosses contorsions idéologique, l’impérialisme français.

Je reviendrai juste sur 2 arguments pro colonie

"Si on abandonne la NC, une autre puissance se l’appropriera"
- Ce genre d’arguments était le même employé à l’époque de l’empire colonial pour justifier la conservation de nos colonies, si ce n’est pas nous elle reviendra forcément à un colon, outre l’arrogance incroyable du propos on remarquera que les colonies ayant gagné leur indépendance par la force (comme l’Algérie ou le Vietnam) sont réellement devenus indépendantes par la suite, argument assez bancal donc.

"Vaut mieux nous que les ricains"
- Celui me fait doucement rigoler parce que de fait être sous la tutelle de la France c’est être sous la tutelle des États Unis, ces derniers n’ont aucun intérêt à ce que la France perdent de son influence dans les résidus de son empire colonial, la France étant totalement arrimée au camp occidental. Par contre une indépendance peut mener à un rapprochement avec la Chine, ce qui est potentiellement bien plus dangereux pour les USA, donc très clairement les états uniens préféront une gestion du territoire par l’un de leurs vassaux (en l’occurrence nous) qu’une indépendance qui pourrait potentiellement renforcer les BRICS.

Je dirais pour terminer que les États-Unis ont toujours été de grands fans de l’empire colonial Française (malgré leur déclaration de façade prônant la décolonisation) tout simplement car elle leur permet de régencer indirectement des parties du globe qui échappaient à leur emprise. La présence française permettait en plus de contrer l’influence soviétique puis plus tard russo-chinoise. Donc oui défendre la politique coloniale de la France c’est bien défendre la politique impérialiste de l’OTAN et rien d’autre.

26/05/2024 16:25 par Julie

A Xiao

les méthodes néocoloniales de cette dernière

Je crois que vous êtes le seul à ne pas avoir compris de sens de cette phrase. Je vous renvoie au post de François Jacques qui éclaire parfaitement le sujet. Le néocolonialisme c’est l’assujettissement économique de pays politiquement souverains ou censés l’être à un autre pays qui peut être lui-même une néocolonie. Ce n’est pas toujours le cas, mais ce peut être sur un mode gagnant-gagnant comme dit Xi, un mode qui n’est pas a priori exclusivement réservé aux néocolonies de la Chine Populaire.

27/05/2024 08:03 par François Jacques

Pour ma part, je considère que l’État profond français (et européens)1, évoqué par le président Macron en 2019, véritable copier-coller de l’État profond néoconservateur US,est à la manœuvre pour les élections européennes 2024. Atlantiste, européiste, russophobe et sioniste, cet État profond entend faire en sorte que le parlement européen ne perde pas ces caractéristiques fondamentales qu’il affiche aujourd’hui.

En France, l’État profond s’est lancé dans une stratégie astucieuse comportant deux volets :

Comprenant que la Macronie entre dans une période de grande difficultés électorales, il s’agit de :

Favoriser la multiplication des listes dissidentes et souverainistes pour éviter que l’une d’entre elle puisse atteindre le seuil des 5% des suffrages exprimés permettant d’être représenté au parlement. Pas moins de 38 listes ont été enregistrées, ce qui constitue un nouveau record et contribue à épaissir le « brouillard électoral » dans lequel l’électeur devra se déterminer.
Promouvoir activement, avec la complicité active des médias, de l’ARCOM et des instituts desondage, la candidature d’une liste cochant les quatre caractéristiques de la Macronie en déclin : Atlantisme, européisme, russophobie, sionisme. Il s’agit de la liste Glucksmann.

S’il réussit son pari, l’État profond français récupérera les députés perdus par la Macronie avec les gains de la liste Glucksmann et strictement rien ne sera changé dans le vote de la France au parlement européen. Ce vote restera atlantiste, européiste, russophobe et sioniste.

Si les électeurs français ne se réveillent pas, continuent de se résigner et de se réfugier dans l’abstention, ils mériteront pleinement ce qui arrivera, non seulement à leur pays, mais aussi à leurs proches, à leurs familles et à eux-mêmes.

Parmi les mauvaises nouvelles, il y aura celle de la perte de « liberté financière » déjà en cours de réalisation.

Dominique Delaware
https://reseauinternational.net/elections-europeennes-4/

Autre exemple de néocolonialisme. En fait c’est un peu les poupées russes : vestiges de la colonie et de la Françafrique, ultralibéralisme bien agressif à la française avec grosse fracture sociale, inégalités flagrantes imbriquées dans le néocolonialisme étasuniens-sioniste, la loi du plus fort et du plus menancant pour tous... Même si l’Empire actuel est mortifère, ainsi ont procédé les autres empires historiques qui agrègent différents royaumes et cultures pour un intérêt partagé mais surtout unifié et unilatéral. Lorsqu’on reconnaitra la mainmise d’interêts étrangers dans notre pays, beaucoup de choses étranges de la dernière décennie prendont du relief. Peut-être qu’il faut arriver à un niveau de misère noire comme en 45-46 pour que les yeux s’ouvrent et que les volontés s’affirment.

27/05/2024 14:18 par Auguste Vannier

A propos du colonialisme et du néo-colonialisme, la dernière livraison de Manière de voir (LMD) s’intitule "Des non-alignés aux Brics, le Sud existe-t-il ? L’éditorial de Renaud Lambert rappelle l’importance de la Conférence de Bandung en 1955 et cite le Président indonésien Sukarno :

Je vous assure que le colonialisme est bien vivant...le colonialisme moderne se présente aussi sous la forme du contrôle économique (...) c’est un ennemi habile et décidé qui se manifeste sous diverses déguisements ; il ne lâche pas facilement son butin

70 ans après, cela reste d’actualité, n’est-ce-pas ?

28/05/2024 16:10 par Julie

Julie votre commentaire sur Madagascar est tout simplement ridicule, Madagascar n’était absolument pas le paradis que vous décrivez sous Tsirana,

Où ai-je écrit que Madagascar était un paradis sous Tsiranana ? Au lieu de déformer mon propos, je conseille au lecteur qui cherche à m’imposer silence de mieux s’informer, car il ne connait manifestement pas le sujet dont il semble se prendre pour un expert.

Cet article l’éclairera sur le rapport étroit entre la "deuxième révolution Malgache" et la révolte des kanaks :
https://hal.science/hal-00666993/document

Celui-ci lui fera peut-être comprendre pourquoi il vaut mieux appuyer la démarche décolonisatrice des Kanaks qui risque de prendre un peu de temps, plutôt que les pousser à une rupture brutale avec la puissance colonisatrice :
https://www.financialafrik.com/2023/09/19/franc-cfa-il-y-a-50-ans-la-mauritanie-et-madagascar-quittaient-la-zone-franc-apres-la-guinee-et-le-mali/

28/05/2024 19:33 par xiao pignouf

Le néocolonialisme c’est l’assujettissement économique de pays politiquement souverains ou censés l’être à un autre pays qui peut être lui-même une néocolonie

Non.

Le néocolonialisme « est une politique impérialiste menée par une ancienne puissance coloniale vis-à-vis de son ancienne colonie, utilisant diverses méthodes d’influence et de domination, à son propre intérêt ainsi que celui de ses entreprises. Le terme, qui trouve son origine chez Jean-Paul Sartre en 1956, fut repris pour la première fois dans un discours par Kwame Nkrumah, en 1965. Ce terme prolonge ainsi la notion de colonie entre les 16e et 19e siècles, pour décrire les relations de domination post-coloniales. »

« [C]ertains parlent du néo-colonialisme que la Chine exercerait sur le continent africain depuis une vingtaine d’années par l’intermédiaire de ses investissements, alors que paradoxalement la Chine a été une colonie, et non une métropole pendant une large portion du XIXe siècle. Le terme est particulièrement utilisé dans un sens péjoratif en vue de dénoncer une relation asymétrique entre deux pays. »

Notez le « certains ». Le prétendu néocolonialisme de la Chine n’est avéré par aucun consensus sur la question. Et ce n’est pas parce que vous le dites que ça devient vrai. D’après les commentaires ci-dessus, vous n’êtes pas toujours au fait sur les choses que vous racontez. Le néocolonialisme français étant attesté après presque 75 ans de Françafrique, on fera mieux de réserver son jugement sur ce que la Chine entreprend sur le continent au lieu de se précipiter comme vous le faites.

29/05/2024 06:40 par xiao pignouf

il vaut mieux appuyer la démarche décolonisatrice des Kanaks

Avec ça, on est d’accord. Et je pense comme vous qu’une rupture brutale n’est historiquement pas une solution. Mais elle a souvent été imposée de facto par le refus de la France de rendre leur indépendance aux territoires colonisés. Ce n’est pas le cas en NC/Kanaky. Les accords de Nouméa garantissaient un processus par étapes sur une période de 20 ans soumis à la condition de l’impartialité de l’état français sur la question qui était prise en charge par le premier ministre. Macron, comme à son habitude dès qu’il touche à quelque chose, a bouleversé ce processus. D’arbitre, l’état est devenu parti prenante de la question et le dossier NC a été confié à l’incompétence d’un sous-fifre, signifiant ainsi tout le mépris qu’il a pour les territoires ultramarins.

Les accords de Nouméa n’avaient en plus pas prévu le COVID dont on peut dire qu’à bien des égards il a été un gigantesque coup de bol pour Macron. La tenue du troisième référendum à un moment où le virus sévissait sur l’île, dans une dynamique qui voyaient les indépendantistes gagner du terrain sur les loyalistes, invalide son résultat et remet la France dans ses bottes coloniales, qu’elle n’a jamais vraiment quittées en réalité.

Elle est aux côtés d’Israël une nation colonisatrice. Certes, elle ne traite pas ses populations colonisées avec la même brutalité qu’Israël le fait en ce moment, mais en cas de remous indépendantistes, elle n’hésitera pas à le faire.

29/05/2024 10:17 par Julie

« [C]ertains parlent du néo-colonialisme que la Chine exercerait sur le continent africain depuis une vingtaine d’années par l’intermédiaire de ses investissements, alors que paradoxalement la Chine a été une colonie, et non une métropole pendant une large portion du XIXe siècle. Le terme est particulièrement utilisé dans un sens péjoratif en vue de dénoncer une relation asymétrique entre deux pays. »

Vous citez qui là ?

Est-ce qu’il vous est venu à l’esprit que la définition du néocolonialisme peut avoir évolué dans l’esprit de "[C]ertains" compte tenu de l’évolution de la macro-économie depuis l’époque de N’Krouma ? Croyez-vous que tout un chacun doit nécessairement s’incliner devant vos arguments d’autorité ?

Et si l’on remonte au déluge, la Gaulle aussi a été une colonie... du temps des romains.
A ce sujet savez-vous que du temps de Tsiranana, les petits Malgaches apprenaient encore que leurs ancêtres étaient gaulois (c’était écrit dans les livres d’histoire hérités de la France colonisatrice) ?
Sur ce point les choses se sont un peu améliorées, mais on apprend mieux avec le ventre plein.

29/05/2024 12:31 par burlesque

@Julie

Votre article publié par des défenseurs zélés de la francafrique ne m’intéresse guère, de plus vous répondez complètement à côté, sans même parler de votre concept abscon de néo colonialisme. Mais heureusement que vous êtes un "expert" vous hein...

La Chine ne propose que des accords économique, ne force pas la main pour les mettre en place, ne demande pas d’exclusivité commercial et surtout n’impose pas d’ajustement budgétaire particulier lorsque elle prête de l’argent ou finance des travaux. Tout le contraire des économies occidentale, je rappelle tout de même que commercer avec un autre pays ne veut pas dire que vous le colonisez... Pour résumer la Chine propose des accords gagnant gagnant, l’Occident impose ses accords (bien plus déséquilibré). C’est si dure que ça de faire la différence ?

Pour Madagascar je vais le réécrire vu que vous n’avez manifestement pas compris, l’unique raison du succès de Tsirana est l’apport de liquidités de la part de la France pour soutenir une économie balbutiante, ce soutien de la France apportait également une sécurité pour les investissements étrangers. Évidemment après la révolution ayant mené à la 2eme République, le pays perdait ces deux avantages, il allait forcément pâtir d’une situation économique difficile mais contrairement à ce que raconte la propagande libéral, le pays, au vu des circonstances, ne s’en ai pas si mal tiré notamment au niveau de la santé. Maintenant je reformule ma question, si un président proche de la France serait resté en place avec son franc CFA est ce que ça aurait été différent ? Probablement que non, la France n’aurait pas pu soutenir indéfiniment le pays sans contrepartie, notamment durant ses propres périodes de crises, sans compter qu’elle aurait probablement demander un remboursement de la dette contractée ou une coupe en règle de l’économie du pays par des multinationales française, certes le pays serait plus riche en valeur absolue mais cette richesse ne profiterait qu’à une minorité. En clair la situation serait la même, l’indépendance en moins. Pas sûr que les Malgaches auraient préféré.

29/05/2024 17:28 par Julie

à burlesque.

Il pourrait être profitable en effet aux habitants de Madagascar que la Chine y investisse et soutienne son économie. Si vous avez des infos à ce sujet, elles m’intéresseraient.

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