![De ces corps froids sur écrans plats que seule produit la barbarie d'Etat](local/cache-vignettes/L200xH250/arton8709-cc060.jpg?1684068094)
Bienvenue en l’an -3. Vincennes la belle applaudit en janvier à la nouvelle année avec son festival de cinéma. Quelle est donc l’avant-garde qu’on s’y risque à montrer ? En guise de nouveauté c’est la voiture-balai : un cinéma de "patrimoine". De vieilles bobines qui ont déjà tout dit, de ces multi-récompensées que les années ont fini d’achever. Bandelettes de momies qu’on met des mois à restaurer car même d’outre-tombe cette sous-culture doit s’épancher. Le fric y coule bien gras, plus goulument qu’à ceux qui meurent de froid. Que voulez-vous, il faut satisfaire le public !
Rien n’est trop beau pour une photo au bras d’une actrice rococo. Tout est bon pour l’édile quand vient l’heure de communiquer, euphémisme du propagandiste voué au culte des personnalités. C’est ainsi qu’on nourrit les vrais captifs du mythe bourgeois, ce grillage qui cadenasse les têtes et met l’esprit à la retraite. Alors on admire, on frissonne, on récompense l’audace du cinéaste, d’autant plus facilement que d’autres l’ont déjà fait, que sa flamme est soufflée et qu’elle ne peut plus nous brûler. Les voilà s’ébaudir devant les héros en personne ! Une pin-up hors d’âge retendue comme un sac croco, venue faire ses ménages, un acteur hidalgo bouclant son budget thalasso... enfin de ces simulateurs sur grand écran dont la vraie vie est plate et triste mais qu’on ose appeler des artistes.
Reprenons une part de divertissement ! Il est encore meilleur quand il abuse de faux-semblants. Cette année au rayon nouveauté on trouve un film israëlien sur la guerre des 6 jours, mélancolie de 67 dans un fauteuil velours. Prenons donc en photo sa superbe héroïne, son chevalier servant au sourire belles dents. Qu’ils sont beaux les festivaliers en ce soir de janvier !
Pourquoi est-ce choquant ???
C’est choquant parce qu’au même moment dans la bande de Gaza l’armée israelienne trucide femmes et enfants. C’est choquant parce qu’ils sont un million entassés sur quelques kilomètres carrés, encerclés, attaqués par une armée de faucons qui rêve d’une solution finale. C’est choquant parce que tout cela n’empêchera pas le "salon du tourisme israélien" de se tenir à Paris ni les bus d’afficher des publicités pour des voyages à prix cassés pour Tel-Aviv.
Mais dîtes-moi, pendant l’occupation, proposait-on des visites de Berlin ? Cars touristiques pour céliniens ? Et des séjours tout-compris pendant la guerre d’Algérie ? Remarquez puisqu’on peut proposer le napalm et avoir écoles et bibliothèques à son nom, pourquoi se gènerait-on ? Cynisme est un diminutif du mot capitalisme. Une rime riche comme scorie et bourgeoisie. Car désormais au Proche-Orient on peut exterminer sans affecter son PIB, et sans même géner le tourisme ! Quant à la propagande qui mène à un tel laisser-faire, c’est simple elle est partout. Depuis le festival de cinéma de Trifouilli les Oies jusqu’à la classe de nos enfants ou un certain "petit quotidien" leur parle d’une guerre qui oppose un Etat à de dangereux terroristes (nom générique donné à tous ceux qui résistent) et montre une carte des territoires totalement erronée comme si la situation était équilibrée, une carte de 1967 justement. Nous sommes en 2009 !
Au même instant dans la bande de Gaza, on n’a pas le loisir de concourir aux festivals, on n’a pas le coeur à gacher de la pellicule. Les journalistes non plus qui ne peuvent pas passer. Alors les films que les Palestiniens envoient ce n’est pas du grand Cinéma, ce sont des images prises au téléphone portable, vidéos amateurs qu’un web souterrain affiche sur nos écrans d’ordinateur. De ces corps froids. Souvent des enfants. Et puis les survivants qui hurlent ! Les plaies encore fumantes. Un enfer mais sur terre.
Mais que pouvons-nous faire ?
Presque rien. Pas grand chose. Au moins ne pas collaborer si c’est encore possible ? Alors on découvre l’abîme, le vertige : la liste sans fin des trusts mondio-euro-américains qui financent cet "effort de guerre". De ces frites de macdo qui se transforment en chars panzer, ces bouteilles de coca en ogives nucléaires. Et en armes non-conventionnelles. Les armes qu’on cherchait en Irak, elles se trouvaient en Israel.
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Bismillah al Rahman al Rahim
Paix aux martyrs
Victoire aux survivants.
Honneur aux conspis de daily et d’ailleurs
Eux qui ont vu l’horreur des chairs crues
De leurs yeux parcourant l’Hadès
Il fallait bien qu’une partie de l’humain regarde !
Les hommes qu’on massacre
Hurlant à ceux qui craignent d’être massacrés :
Aidez-nous ! Nous sommes entre eux et vous !
Mais que peut-on y faire ?
Il se tourne à la hâte des spots de résistance
On lance des boycotts
On lance des quêtes
On manifeste
Je me mèle à l’un des cortèges et j’en chiale
Sentir cette masse, cette présence implorer le ciel
Au loin sur un char j’aperçois deux des Indigènes
Derrière micros et sonos il y a Youssef le prof et un ami dont je ne me rappelle plus le nom
C’est cet ami qui pleure lui aussi lorsqu’il entonne avec la foule ce chant arabe dans les rues de Paris
Quel peut être le poids d’une prière ?
Et puis il y a ces dizaines d’associations françaises qui tentent un recours pour crimes de guerre
Ils bombardent des écoles !
Des hôpitaux !
Des ambulances !
Ils tuent civils et enfants !
Comment peut-on lutter contre un Etat qui ne reconnait pas ce type de lois ?
Comment lutter lorsque votre propre gouvernement collabore ?
Bismillah al Rahman al Rahim
Paix aux martyrs
Victoire aux survivants.
Sur le site du Grand Soir je lis cet article d’un médecin urgentiste français. Il est totalement ulcéré. Le convoi d’assistance qu’il vient de former avec des collègues volontaires se voit bloqué au tout dernier moment par une lettre du Quai d’Orsay : "la situation s’est améliorée". Améliorée ? L’uranium appauvri ça brûle les plaies pendant des mois, pendant des années !
Alors, vos mémoires éplorées, vos plaques victimaires à l’entrée des lycées, vous pouvez les garder ! Oui ces plaques-là c’est à l’entrée des ministères qu’il faut les accrocher : "Ici on déporta. Ici on tortura. Ici on fit tuer". Et à l’entrée des mairies : "Et ici on collabora". Pour que tous vos collègues n’oublient jamais !
En lieu et place, à l’entrée des écoles nous écrirons :
NOTRE CONSCIENCE N’EST PLUS UN TERRITOIRE QUE VOUS POUVEZ COLONISER
NOUS NE SOMMES PAS COUPABLES DES CRIMES DE VOS AINES !
NI DE CEUX DU PRESENT QUE VOUS FAVORISEZ
C’EST DE CETTE SCORIE DONT LES PEUPLES ONT ASSEZ
C’EST DE CETTE INFAMIE QU’ILS VEULENT RESSUCITER
COLS BLANCS ET COLLABOS - TREMBLEZ !
CAR LE VENT VA TOURNER.
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>>LE CRI #1<<
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