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Palestine occupée : ce qui vous semble être un cauchemar est leur réalité

Á de rares exceptions, les générations contemporaines occidentales ne savent pas ce que vivre sous occupation veut dire. Et savent encore moins ce que signifie vivre en temps de guerre. Les seules approches qu’elles en ont se résument aux quelques reportages de médias sous contrôle des autorités qui y appliquent une censure en fonction de l’origine des images. Leur connaissance en est donc biaisée.

Pour le reste, Hollywood a depuis longtemps ‘fait le job’ et les jeunes générations ont de ces temps de guerre une idée complètement fausse, allant de l’insipidité à la bêtise en passant par la torsion historique des faits, jusqu’à l’absurde voire au déni. Ainsi, les esprits de ces générations épargnées sont à mille lieues de pouvoir comprendre les réalités de ce que des millions d’individus subissent parfois sans arrêt, tout au long de leurs vies.

De nos jours, le cas le plus criant en est assurément la Palestine, occupée depuis plus de 75 ans et régulièrement ensanglantée par des épisodes de guerre totale au point que les plus hautes instances internationales parlent aujourd’hui (enfin !) d’un génocide à Gaza.

Nous, de l’Occident si fier de claironner ses ‘valeurs’ aux quatre vents, nous n’en sommes pas seulement témoins. Nous en sommes complices ! Comment ? D’abord par notre passivité et notre manque de détermination à soutenir les victimes que sont les populations déplacées, spoliées, bombardées, emprisonnées, torturées, blessées, assassinées. Et aujourd’hui, affamées dans une Nakba qui n’en finit pas. Ensuite, par l’entremise de différents liens que nous avons tissé avec une entreprise coloniale baptisée ‘Israël’, que nous avons soutenue dès le départ, trop pressés de pouvoir ainsi marquer notre repentir et nous imaginer nous absoudre – sur le dos des Palestiniens – des atrocités qui ont été organisées dans nos régions contre les juifs par le régime nazi. Puis, ce faisant, nous nous sommes rangés docilement derrière les plus forts, les Etats-unis, devenant ainsi les vassaux de l’État le plus terroriste au monde, semant guerres et désolations partout où il pose le pied.

En vérité, nous ne sommes pas qui nous affirmons être. Si tel était le cas, notre prétention à nous présenter aux yeux du monde comme la civilisation la plus aboutie et la plus exemplaire aurait depuis longtemps réglé le conflit majeur qui se joue en Palestine ces décennies durant et n’aurait jamais toléré d’en arriver à la situation actuelle. Avec nos lois, nos règles, nos prestigieuses institutions internationales et la puissance technologique inégalée dont nous sommes si fiers, nous aurions depuis longtemps imposé aux plus récalcitrants de ces cinglés sionistes, la marche à suivre. Sans tergiversation.

Au lieu de cela, nous préférons la multiplication des réunions, des colloques, des assemblées, des congrès, des séminaires, des symposiums, des conférences, toujours ‘au sommet’, évidemment. La hauteur semble être d’ailleurs proportionnelle au vent que brassent ces innombrables grands messes dont il vaut mieux ne pas calculer l’indécence des coûts dont il y aurait assurément mieux à faire.

La situation en Palestine n’est pas une fatalité. C’est l’enchaînement de décisions politiques injustes, et souvent infâmes, mâtinées de sombre idéologie eschatologique et d’intérêts économiques inavoués. Pour en avoir une meilleure approche, certains d’entre nous se sont rendus sur place pour ‘voir’ afin de tenter de ‘comprendre’ si tant est que cela soit possible. Et il apparaît que, ce que l’on veut nous présenter comme un nœud gordien d’une incroyable complexité, quasi insoluble et inextricable, ne l’est pas autant que cela. Il y a clairement, depuis le départ, un occupant et un occupé, un agresseur et un agressé, un coupable et une victime. Et à partir de là, il ne manque que la volonté politique d’y apporter une solution et de contraindre le coupable à reconnaître sa faute et lui en exiger réparation selon la législation en cours. Tout le reste n’est que du blabla, de l’hypocrisie, du mensonge, de la couardise, de la malhonnêteté, de la trahison... Mais quoi d’étonnant à tout cela ? N’est qu’à voir après le coup de théâtre ‘macronien’, les acteurs qui ressurgissent tant à droite qu’à gauche, pour se rendre compte du vaudeville dans lequel ceux-là tentent de trouver leur petite place, quitte à accepter un strapontin, tant qu’il y a quelque avantage à la clé... Sinistres individus, qui nous demandent une fois encore de leur faire confiance par les urnes !

La censure étant appliquée par le régime terroriste israélien qui a déjà assassiné plus de 150 journalistes au cours de ses criminelles représailles, l’on en est réduit à d’épisodiques témoignages et quelques courtes vidéos que l’on peut capter via les réseaux sociaux. Après réflexion, et pour contrer la censure des grands médias, nous avons pris la décision au Mouvement Citoyen Palestine (MCP) de diffuser un documentaire qui atteste ce qui se passe sur le terrain où la brutale réalité nous montre ce qu’est une guerre d’occupation et son génocide en cours. Le reportage proposé est terrible. Terrifiant. Insoutenable. Mais c’est cela que les jeunes générations doivent pouvoir regarder. Non pour s’en apitoyer, mais pour y prendre l’énergie et y puiser la force nécessaire pour se mobiliser et interpeller sans discontinuer ces responsables politiques afin de les forcer à agir dans la cohérence avec ce qu’ils déclarent en d’autres moments à propos des ‘valeurs’ qui fondent leurs ‘démocraties’... vides !

A ce jour, d’après différentes sources, le régime terroriste israélien aurait massacré près de 37 500 personnes (dont la majorité sont des femmes et des enfants), et en aurait blessé plus de 81 500 (il ne s’agit ici que de ceux qui sont recensés officiellement). Des experts en situation de guerre pensent que vu les dégâts aux infrastructures et à l’ensemble de l’habitat de la bande de Gaza, ces chiffres risquent d’être multiplié au minimum par deux.

Ce qui se passe en Palestine et particulièrement à Gaza est de l’ordre de l’indicible et surpasse toute préoccupation que chaque individu ayant gardé un minimum d’humanité, se devrait de dénoncer haut et fort, sans discontinuer, et faire passer pour la priorité absolue où qu’il aille, quoi qu’il fasse, et qui qu’il rencontre, ce que nous regardons (pour certains d’entre nous) saisis d’impuissance ne serait jamais toléré s’il s’agissait de nos enfants. Qu’on se le dise et qu’on le médite avec toute la gravité qui s’impose, car il est de sérieuses leçons à tirer de notre justice occidentale à géométrie toujours aussi variable.

Attention : les images que vous allez voir ne s’adressent en aucun cas aux enfants ni aux personnes de grande sensibilité. Mais pour ceux qui prendront la décision de regarder, rappelez-vous que ce reportage ne dure qu’1h30 et qu’il vous est loisible de le zapper s’il vous devient insoutenable, quand la population là-bas, encagée depuis plus de 17 ans, subit cet enfer génocidaire depuis des mois, nuits et jours, sans répit, et qu’il semble que pour le moment, aucune décision politique ne soit sur le point d’y mettre un terme. Et au neuvième mois de ce carnage absolu, croire qu’il n’y a qu’à attendre, passivement, que l’un l’emporte sur l’autre nous rend collectivement complices de ce génocide intolérable dont nous aurons un jour à rendre des comptes.

Daniel Vanhove -
19.06.24

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Daniel VANHOVE
D. Vanhove de formation en psycho-pédagogie, a été bénévole à l’ABP (Association Belgo-Palestinienne) de Bruxelles, où il a participé à la formation et à la coordination des candidats aux Missions Civiles d’Observation en Palestine. Il a encadré une soixantaine de Missions et en a accompagné huit sur le terrain, entre Novembre 2001 et Avril 2004. Auteur de plusieurs livres : co-auteur de « Retour de Palestine », 2002 – Ed. Vista ; « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos (…)
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Si vous avez déjà accordé de l’importance à ce qui se diffuse pendant un journal télévisé, si vous vous êtes déjà intéressé à ça pendant, disons, plus de 30 secondes, c’est que vous êtes soit un de ces étudiants en comm’ qui y croit encore, soit un de ces journalistes qui voudrait nous y faire croire encore, soit vous étiez malade et alité devant la télé. Sinon, vous avez un sérieux problème de perception.

Viktor Dedaj

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