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Sarkozy, le disciple de Bush

« Le rêve américain, ce fut dès l’origine de prouver à tous les hommes à travers le monde, que la liberté, la justice, les droits de l’Homme, la démocratie, ce n’était pas une utopie mais au contraire la politique la plus réaliste qui soit et la meilleure politique pour améliorer le sort de chacun ». C’est avec ce lyrisme que Nicolas Sarkozy s’adressait au congrès américain le 7 novembre 2007 avant de rejoindre son ami George W. Bush. Car les deux hommes non seulement s’apprécient mutuellement, mais partagent la même vision du monde sur ces grandes valeurs et plus particulièrement celles qui concernent le respect des droits de l’Homme qu’ils « pratiquent » dans leur propre pays. L’attachement à ces Droits concerne également « tous les hommes à travers le monde » de l’Afghanistan à l’Irak en passant par Guantanamo à Cuba.

L’intervention militaire américaine en Afghanistan en octobre 2001 était menée au nom de cette même liberté dont parlait Monsieur Sarkozy dans son discours. L’opération a été baptisée d’ailleurs « Liberté immuable » (Enduring Freedom Operation). Elle a fait dans ce pays des milliers de morts innocents. Les missiles, bombes à fragmentation et autres mitraillages par les hélicoptères de combat ont tué, non pas les chefs talibans ou les dirigeants d’Al-Qaïda, mais l’afghan ordinaire, celui écrasé déjà par la misère et l’ignorance. L’immense majorité des victimes de cette « liberté immuable » sont des civils.

Un responsable du Pentagone déclarait après le massacre des paysans du village de Chowkar-Karez « les gens d’ici sont morts par notre volonté » (1). Rien que pour les huit premiers mois de l’année 2008, selon le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), le nombre de civils tués dans cette guerre atteint 1445 en augmentation de 39 % par rapport à 2007 (1040) dont 800 sont attribués aux talibans. Combien de victimes innocentes « liberté immuable » va-t-elle faire en 2009 ?

Sarkozy, lui, est déterminé à poursuivre cette guerre aux côtés de son ami Bush : « Ma détermination est intacte. La France est résolue à poursuivre la lutte contre le terrorisme, pour la démocratie et la liberté » (2) déclarait-il le lendemain de la mort de dix soldats français très jeunes pour la plupart. On les a envoyés dans ce pays « lutter contre le terrorisme, pour la démocratie et la liberté », ils sont revenus dans des cercueils. Et ce ne sont pas les hommages officiels qui vont apaiser la douleur des familles.

Aujourd’hui, cette guerre s’enfonce dangereusement à l’intérieur du Pakistan voisin. Les troupes américaines et alliées multiplient les frappes aériennes dans les zones tribales faisant des centaines de morts pour la plupart des femmes et des enfants et provoquant le déplacement de la population par centaines de milliers (3).

L’invasion et l’occupation de l’Irak par l’armée américaine et ses alliées ont fait entre 600 000 et un million de morts civils irakiens soit 2,5 % de la population (4). Là encore ces crimes ont été commis, comme en Afghanistan, au nom de la liberté puisque l’administration Bush a nommé cette guerre "Iraqi Freedom" (Liberté de l’Irak). On tue au nom de la liberté, de la démocratie et des droits de l’homme.

Mais la torture physique et morale est parfois jugée plus efficace que la mort. Il faut briser l’homme ou la femme qui résiste et qui, par ce seul acte, devient la négation vivante de la barbarie toute puissante. Car toute occupation porte en elle-même les germes de la résistance. Celle-ci devient insupportable pour l’occupant qui pense que la torture est capable de détruire totalement le résistant et partant, la résistance. Le résistant devient le mal absolu. Il faut l’humilier, le déshumaniser et l’animaliser. Et il faut montrer au monde entier, à travers la photo et l’image, la supériorité de l’occupant sur le résistant. Mais celui-ci sait qu’il n’est pas un animal. Son humanité réside justement dans son refus violent de l’occupation et de la domination.

Aux Etats-Unis la torture fût l’objet d’un débat approfondi avant d’être appliquée (5). Le 8 mars 2008, George W Bush a opposé son veto à l’interdiction du « Waterboarding » méthode d’interrogatoire simulant la noyade et dont l’origine remonte au moyen âge. Le camp de détention de Guantanamo, haut lieu de torture et de souffrance, n’est toujours pas fermé. Le statut du « combattant ennemi » et de « combattant illégal » crée par le « USA Patriot Act » adopté par le Congrès le 26 octobre 2001, permet, en violation de toutes les lois et de toutes les conventions internationales, à l’administration américaine d’arrêter, de détenir sans limite ni jugement toute personne qu’elle considère comme terroriste. Bush a obtenu la reconduction de cette loi le 6 mars 2006.

Il ne s’agit donc pas de dérives ou de bavures, mais de pratiques débattues, légalisées, planifiées, photographiées et filmées. Etrange démocratie !

La France n’est pas les Etats-Unis et Sarkozy n’est pas Bush. Mais Sarkozy est le disciple et l’admirateur de Bush : « When the Bush family looks back upon its past, it will have every reason to be satisfied. (lorsque la famille Bush regardera sur son passé, elle aura toutes les raisons d’être satisfaite) » déclarait Sarkozy lors d’un dîner offert à l’honneur des Bush (6). Ils défendent les mêmes valeurs et surtout les mêmes intérêts. Et pour Sarkozy le meilleur moyen de les défendre est de se maintenir, vaille que vaille, au pouvoir. Une des particularités de Sarkozy est de s’attaquer aux plus démunis. Pour lui, les ennemis de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme sont ces hordes de sans papiers qui déferlent sur la France. Ce sont également les jeunes des cités populaires, les lycéens, les syndicalistes, les enseignants, bref toutes celles et ceux qui refusent encore de baisser la tête.

Les souffrances que font endurer Sarkozy et Hortefeux à ces femmes, hommes et enfants que l’on appelle communément les sans papiers sont telles que les mots quelque soit leur force sont incapables de décrire. Chaque jour qui passe amène avec lui son lot de drames. Les exemples sont malheureusement trop nombreux. Le « dernier » en date, est celui de cette femme Josiane Nardi qui, dans un geste désespéré, s’est immolée le 18 octobre 2008 devant la maison d’arrêt du Mans pour protester contre l’expulsion de son ami arménien (7). Elle est décédée dimanche 19 octobre. L’humanisme de Sarkozy et de Hortefeux va jusqu’à permettre à son compagnon d’assister à ses obsèques en retardant son expulsion de 48 heures !

Les drames des sans papiers se succèdent et se banalisent dans une république qui se targue encore d’être le pays des droits de l’homme.

Ces droits de l’homme tant vantés par Sarkozy n’épargnent pas non plus les prisons françaises. Trois suicides dont deux adolescents en moins de quinze jours en octobre 2008 et 90 depuis le début de l’année en augmentation de 27 % par rapport à 2007 selon l’Observatoire International des Prisons (O.I.P.) (8). Et ces chiffres ne tiennent pas compte des autres décès dans les prisons françaises. Rachida Dati et les grands médias ont présenté le suicide des mineurs dans les prisons de Metz et de Strasbourg comme un jeu ! Le suicide n’est jamais un jeu. Mais c’est toujours un drame. Ces deux mômes avaient certainement envie, comme tous les adolescents de leur âge, de jouer, mais pas dans les prisons de Sarkozy devenues trop dangereuses et où l’on peut facilement perdre la vie. Le comité des droits de l’homme des Nations Unis et la Cour Européenne des droits de l’homme les ont déjà condamnées.

La surveillance totale des citoyens est l’autre domaine de prédilection de Sarkozy et de Michèle Alliot-Marie qui veulent tripler le nombre de caméras sur la voie publique d’ici 2009. Car la répression ne peut être efficace que si la population est quadrillée et fichée. Ardoise, Ariane, Judex, Stic, Edwige, Cristina, Edvirsp etc.ne sont que des noms qui masquent une volonté sans faille d’exercer un contrôle global et permanent sur chaque citoyen (9).

Face aux révoltes des banlieues, la police de Sarkozy mobilise des moyens, en hommes et en matériels, impressionnants. Il s’agit d’un véritable régime d’exception : CRS, escadrons de gendarmerie mobile, compagnies de sécurisation de la sécurité publique, les brigades anti criminalité (la fameuse B.A.C.) etc. Ces hommes en uniformes et en civil, seront équipés de Flash-Ball, de drones, d’hélicoptères avec spot d’éclairage, des fusils tirant des balles en caoutchouc, des caméras embarquées sur des véhicules ou agrafées à la poitrine des policiers etc. (10). Sarkozy se prépare à mener une véritable guerre, non pas contre le chômage, la misère, les discriminations et les injustices en tout genre, mais contre les enfants d’ouvriers des cités paupérisées, méprisées et abandonnées.

Bush va partir dans quelques temps avec le sang de centaines de milliers de morts innocents sur la main. Aucune institution, aucun tribunal n’aura suffisamment de pouvoir ni de courage pour le juger. Seule peut être l’Histoire rappellera aux générations futures la cruauté du système qui l’a engendré.

Les classes populaires et même les classes moyennes n’ont jamais autant souffert que sous son règne.

L’ultralibéralisme qu’il a poussé jusqu’à l’extrême s’est effondré sous ses yeux. Sarkozy, lui, restera jusqu’en 2012. Il n’aspire qu’à une seule chose : poursuivre, avec l’aide des forces qui l’ont porté au pouvoir, son travail de démolition.

Mohamed Belaali

(1) The Guardian, 20 décembre 2001. Seumas Milne

(2) http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/afghanistan_529/fr...

(3) « Zardari et l’avenir incertain du Pakistan ». Mohamed Belaali.

(4) Voir le Monde du 19 mars 2008

(5) http://www.bernardgirard.com/Torture.pdf

(6) http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2008/06/13/AR2008...

(7) http://www.ouest-france.fr/Elle-s%E

(8) http://www.oip.org/sinformer/communiques-oip/communique-09/10/08-448-156.html

(9) http://www.legrandsoir.info/spip.php?article6791

(10) Pour plus de détails sur ce sujet, voir Le Monde du 18 septembre 2008

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