Bonjour bonjours,
« Pierre, un français rentrant de Cuba m’a envoyé un texte. Puisque tu vas là -bas, peux-tu en vérifier la véracité ? » me dit un ami. Soit ! On va en lire ici quelques extraits, précédés de « Touriste », suivis de mes réponses : « R ».
En fait, Pierre, c’est moi. Je ne suis l’ami de personne (...). En réalité, j’ai donné mon avis sur Cuba en
réponse à un article de "Cuba Solidarity Project". Et cet article, et surtout ma réponse ont été repris ici.
Vous pouvez retrouver cet article à cette adresse, et donc mon commentaire qui va avec. Je vous invite
FORTEMENT à aller le lire.
http://vdedaj.club.fr/spip/article.php3?id_article=611
MERCI de vouloir replacer l’article dans son contexte, et de ne pas sélectionner que les quelques extraits qu’il vous arrange de contester.
Voici donc ma réponse.
Maxime : "Ces messages (politiques) ( N.d.l.r et hostiles au gouvernement cubain) ne sont guère
visibles du tronçon du Malecón".
Pierre : Pourriez vous nous indiquer de quel genre de
messages il s’agit ? lors de mon séjour, ces messages étaient du genre "Cuba est avant dernière au
classements mondial des pays pour la liberté de la presse."
Alors la "PROPAGANDE AGRESSIVE ET HOSTILE", elle provient de Reporters Sans Frontières, et se base surtout sur le nombre de journalistes emprisonnés dans ce pays. Même si la position de RSF vis à vis de Cuba est très critiquée, il s’agit de faits, ni plus ni moins.
Maxime : "Et c’est le quatrième, cher Pierre, que vous avez « spontanément » cru, celui qui accusait. Il eut fallu, cher monsieur, aller y voir à pied. La route était barrée aux automobilistes, pas aux piétons, si ?"
Pierre : Qu’il est facile de me faire dire le contraire de ce que je dis si vous ne citez pas mon texte :-)
Je suis donc bien allé à pied, et la route est bien barrée (par des policiers) aux piétons, c’est à dire qu’il ne m’a pas été possible de m’approcher.
Pourquoi suis plutôt amené à croire le dernier ? mais parce que je ne vois pas de raisons de vouloir cacher de tels messages. Et les autres ambassades ne bénéficient pas de tels niveaux de protection.
Maxime : "Dire que les Cubains ne parlent jamais de Castro est faux. J’en discute avec eux."
Pierre : Je rectifie donc : les cubains adorent dire du bien de Castro, SURTOUT s’ils sont en public, mais coupent court à la conversation si vous chercher à engager un débat plus poussé.
Mon opinion est que, parlant espagnol, je pourrais obtenir d’eux quelques confidences (sans
ambiguïté) qu’ils pourraient avoir à regretter par la suite. Et oui, c’est eux qui ne me faisaient pas
confiance.
Maxime : "J’ai un trou : c’est dans quel pays, déjà , que les citoyens rencontrant un touriste osent « lui
avouer en face » qu’ils veulent tuer leur chef d’Etat ?"
Pierre : C’est d’ailleurs exactement ce que je dis. Allez plutôt relire mon commentaire et ne me faites
pas porter des propos qui ne sont pas les miens.
Maxime : "La mort de Bush, peut-être ? "
Pierre : En tout cas, vous semblez plus la souhaiter que je ne souhaite celle du dirigeant Cubain !
Maxime : "Dans l’intimité d’un taxi cubain, j’ai parlé de politique et j’ai été scié par la connaissance du chauffeur sur les choses du monde."
Pierre : Au lieu de leur parler de la politique dans le monde, parlez leur donc de la politique à Cuba, vous verrez la différence !
Maxime : "Moi, j’ai rencontré des Cubains qui, en réponse à la question (dont ils doivent avoir marre) : « Et après Castro, que va-t-il advenir ? » disent : « Nada, il y a Raúl et tous les autres »."
Pierre : Mais ça ne veut pas dire qu’ils ne voient pas pour autant la situation actuelle comme "pesima" !
Maxime : "Et puis, cher touriste, évitez de vous contredire. Tantôt ils ne veulent pas parler
politique, tantôt ils en parlent pour critiquer (« pesima » : très mauvaise)."
Pierre : C’est à dire que j’ai eu la chance de tisser des liens étroits avec certains d’entre eux, avec qui
j’ai gardé le contact. Ce genre de confidence ne s’obtient que très difficilement, car il faut laisser
à la personne le temps de vous faire confiance.
Maxime : "Aller à Cuba et ne pas rencontrer un Cubain en accord avec son gouvernement, c’est un exploit dont je vous félicite, tout en rechignant à vous délivrer le diplôme de politologue."
Pierre : Ne vous en faites pas, chaque endroit touristique (ou lié au tourisme comme les stations de
bus) possède ses fans, inconditionnels défenseurs du régime cubain, toujours près à discuter avec vous et vous expliquer leur point de vue ! Mais ces gens là sont repérables très facilement.
Mais je vous retourne le compliment : voyager à Cuba, loin des sentiers touristiques, parler espagnol et sympathiser avec des Cubains sans rencontrer le moindre détracteur du régime me semble tout autant un exploit ! Je suppose que quelques uns de vos « amis » se sont occupé de vous faire visiter Cuba sous un angle très subjectif, et se sont assuré que vous ne rencontriez que des Cubains "biens comme il faut".
Maxime : "Les policiers sont bien payés car très peu de Cubains veulent jouer le rôle du méchant flic...."
Pierre : Merci de mettre la phrase complète, ça a beaucoup plus de sens ainsi :
"Cuba est un pays ou les policiers sont payes plus cher que les médecins. Pourquoi ? car très peu de
cubain veulent jouer le rôle du méchant flic qui va devoir empêcher son pauvre voisin de s’adonner a son « trafic » pour faire vivre sa famille."
Maxime : Vous me citez : "A La Havane, les policiers sont faciles à acheter."
Pierre : Merci de mettre la phrase complète, vous m’attribuez ce que des cubains ont dit (moi je
n’essaie pas d’acheter les policiers !).
"La Havane est une ville ou les gens sont décidement plus cool, car "les policiers sont plus facile a
acheter" comme on nous l’a dit, mais ce n’est plus pareil en province."
Maxime : "Trois ans ? Je croyais que c’était 30 (incompressibles) et pendaison en public si récidive."
Pierre : Ca a l’air de drôlement vous amuser, mais ce n’est pas le cas des Cubains.
Maxime : "Blague à part, la pratique du harcèlement des touristes est effectivement combattue. Et c’est bien."
Pierre : Je suis d’accord avec vous, dans une certaine mesure c’est bien. Mais c’est instrumentalisé pour
élargir le fossé qui existe entre les cubains et le reste du monde.
Maxime : "Pourquoi écrire « régime cubain » ? Qui écrit « régime français, états-unien... » ?"
Pierre : Pour ne pas mettre le peuple cubain et ses dirigeants dans le même sac. Un peuple n’est pas
toujours responsable de ce que font ses dirigeants.
Maxime : "Sortir du pays ? Il y a plus de médecins cubains en mission à l’étranger que de médecins de
tous les autres pays réunis. Pareil pour les enseignants et autres corporations (entraîneurs
sportifs, etc.)."
Pierre : C’est vrai. Mais ce n’est pas du tourisme.
Maxime : "Les contacts ? Cuba reçoit 2 millions de touristes qui vont et logent où ils veulent (vous
l’avez fait, en fraudant)."
Pierre : J’ai fraudé, mais bien malgré moi. Le prix était le même pour moi de toute façon, seule la
logeuse a fait des bénéfices, et je ne lui en veux pas vraiment. Je m’en suis rendu compte le lendemain en cherchant la plaque qui désigne une casa particular agréée.
Dire qu’on peut aller et loger ou on veut, c’est montrer de manière flagrante que vous n’avez pas
beaucoup voyager sur cette île, en tout cas en « autonome ».
Maxime : "Quant à Internet, il est surveillé partout dans le monde. Par les Ricains. Vous l’ignoriez ?"
Pierre : Croyez moi, je suis bien au courant de ça. C’est inacceptable, sauf que je peux écrire ce que bon me semble dans mes mails sans être inquiété par la NSA. Comme je l’ai dit, je corresponds régulièrement avec un cubain, et (on s’était entendu sur place) je dois faire extrêmement attention à ce que je raconte dans mes mails, pour ne pas lui créer d’ennuis. Attention en particulier aux mots pouvant être sélectionnés par l’échelon cubain.
Maxime : "Pierre, vous êtes partis à Cuba en y emportant votre vision de ce pays. En cherchant à la
vérifier, vous nous racontez Haïti et Saint-Domingue. Nombre de vos affirmations sont des interprétations et quelques-unes sont fausses. J’en témoigne d’ici."
Pierre : Et vous savez le pire ? j’étais TRES "anti impérialisme américain" (je le suis TOUJOURS), et
j’étais pro-cuba avant d’y aller. C’était pour moi un peu comme un vieux rêve d’aller sur cette île.
Autrement dit, j’étais conditionné à l’avance pour aimer Cuba. Mais ça n’a pas été suffisant, être honnête avec soi-même vous force à voir les choses en face, même des choses qui ne vous font pas plaisir à voir.
Maxime : "En tout cas, merci de me conforter dans ce constat : les amis de Cuba n’ont besoin que des
arguments de la vérité pour justifier leur soutien à ce peuple et à ses dirigeants."
Pierre : J’en conclus que vous ne faites pas partie des amis de Cuba alors. Sinon, pourquoi avoir
volontairement détourné mes propos ? C’est sûr, c’est plus facile d’argumenter de la sorte.
En conclusions :
Que les choses soient bien claires, sur tout ce qu’on entend dire sur Cuba, ils y a des choses vraies et
d’autres moins vraies.
Par exemple, le rôle des Etats-Unis est extrêmement critiquable, et leur attitude n’est pas justifiable,
c’est incontestable. Je pense à l’embargo (ou blocus), la tentative d’invasion (baie des cochons), l’emprisonnement des 5 cubains qui avaient infiltré la "mafia" de Miami, et les attentats terroristes qu’elle revendique, ses tentatives d’assassinat, sa politique d’immigration envers cuba, les restrictions aux américains d’origines cubains pour voyager ou échanger des devises avec leurs famille, et les représailles envers les compagnies étrangères qui travaillent avec cuba. Bref la liste est longue, mais ne suffit pas à laver les dirigeants cubains.
D’autres me paraissent déjà plus acceptables, je pense à ce qui touche à la communication, comme l’affichage sur l’ambassade américaine, le financement de radio ou télévision diffusées depuis la Floride, qui servent surtout à donner une seconde interprétation. Disposer de plusieurs points de vue ne peut pas faire de mal.
Ce sont les choses qui me faisaient être nettement en faveur de Cuba sur cette question. A cela s’ajoutaient les "réussites Cubaines" (santé et éducation, même si j’ai aussi apris à nuancer la porté de ces réussite). Mais il fallait que je me fasse une idée sur ce qu’est Cuba, "de l’intérieur" tellement on entend dire de choses contradictoires sur cette île en parcourant le web ou les médias. D’où ce voyage, meilleur façon de ne pas dépendre des autres pour avoir une opinion.
J’étais venu chercher l’exemple qu’une "seconde voie", qui ne soit pas celle du libéralisme à l’américaine pouvait réussir. Mais finalement, c’est la déception. J’y ai surtout trouvé un état qui ne laisse que peut de place pour la liberté d’opinion et d’expression. Et que voulez vous que je vous dise ? Que puis-je y faire ? Je suis le premier à avoir été déçu, mais c’est n’est pas au profit d’une vision pro étasunienne loin de là (oui c’est possible). Maintenant, mon regard se porte sur l’amérique du Sud, et son récent "virage à gauche", mais là encore, je n’aurai pas d’opinion tranchée avoir vu par moi même sa réussite.
Un conseil, vous êtes partis à Cuba en y emportant votre vision de ce pays, alors retournez y (encore et encore, car tous vos précédents voyages n’ont visiblement pas été suffisant), mais évitez les circuits touristiques, où vous attendent de toute façon tous ces « amis » qui s’assureront que vous repartez avec une vision « correcte » de Cuba, et alors soyez objectifs !
Et à tout les autres, je donne ce même conseil, si vous vous intéressé à « la question cubaine » ce débat ne sera rien qu’un débat de plus avec des pour et des contre. Rien de vaut le déplacement dans l’île pour se faire une idée, surtout si vous parlez espagnol, même à peine. De toute façon, les cubains parlant anglais sont plutôt à éviter car (en général) liés au tourisme. Fuyez Valadero, ne vous attardez pas dans la Havane et autres lieux trop touristiques, bref, allez à la rencontre de Cuba et des Cubains, vous vous forgerez votre propre avis, bien mieux qu’en lisant tout les débats existants sur le net.
Cordialement
Pierre