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Sur la Chine

Gianni Fresu est l'un des principaux spécialistes italiens de Gramsci. C'est précisément pour cette raison qu'il a dû lutter pour trouver une place dans l'académie italienne. Après des années de petits boulots, malgré ses études et sa valeur, il a finalement réussi à trouver une place dans une université brésilienne. Il a vécu et raconté les années où l'extrême droite était au pouvoir au Brésil et la répression anti-marxiste dans les universités. Il y a un an, il a trouvé une place dans une université sarde, sa terre d'origine (ainsi que celle de Gramsci). Au cours des années précédentes, il a été secrétaire régional du Partito della Rifondazione Comunista.

Comme Losurdo l’a répété à maintes reprises, si l’URSS a perdu le défi technologique face à l’Occident, la Chine est en train de le gagner, ou du moins de ne pas succomber.

Cela remet en cause l’un des clichés les plus répandus de la rhétorique libérale : la supériorité supposée (en termes d’efficacité, de capacité de croissance et de progrès technique) des sociétés dans lesquelles toutes les relations sociales sont définies par l’autorégulation "naturelle" des lois du marché. Certes, il y a aussi de grandes contradictions dans la Chine d’aujourd’hui, mais il ne pouvait en être autrement pour une nation qui, en soixante-dix ans, est passée d’un sous-développement féodal et prémoderne à une croissance incroyable de ses forces productives. Un saut historique au cours duquel la Chine s’est libérée des chaînes historiques du colonialisme (direct et indirect), grâce auquel elle a avant tout vaincu la faim sur son territoire national (et si la balance mondiale n’a pas été négative ces dernières années, c’est grâce à elle), qui a coïncidé avec l’affranchissement de l’analphabétisme d’une population aux dimensions continentales.

Mais il y a un autre fait qui doit être souligné. La Chine est devenue la première puissance économique mondiale et a conquis en quelques décennies un rôle hégémonique de plus en plus important, sans avoir besoin d’occuper avec ses troupes et ses bases militaires les nations qui sont entrées dans son orbite. Les États-Unis ont remplacé la Grande-Bretagne dans le rôle de nation dirigeante depuis la Première Guerre mondiale, mais pour conquérir et conserver ce rôle, ils ont déclenché des guerres impérialistes sanglantes dans tous les coins de la planète, menant des raids, occupant et utilisant tous les moyens, y compris le terrorisme, pour défendre leur statut de nation élue et bénie par Dieu en présence de laquelle chaque peuple doit renoncer à sa souveraineté. Les campagnes antichinoises constantes et sans fin, quotidiennement prodiguées par les médias occidentaux, font partie de l’autre facette de cette activité offensive et défensive dans laquelle la force et l’hégémonie se confondent.

Par ces mots, je n’entends pas désigner un modèle dont il faudrait s’inspirer ; au contraire, je crois qu’il faut dépasser l’idée même (déterministe et anti-dialectique) d’un modèle. Le fait est que, contrairement à l’URSS, la Chine n’entend pas assumer ce rôle d’inspirateur pour d’autres formations économico-sociales, mais seulement se faire respecter dans sa subjectivité souveraine.

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