Le Mouvement de la Paix ajoute : « L’encerclement de la Russie par les missiles de l’OTAN, dès 2010 à travers une véritable architecture globale de défense antimissile balistique en Europe (BMDE), couvrant tous les territoires des pays européens de l’OTAN n’est pas une solution pour la Paix, au contraire. Elle conduit à une augmentation des dépenses militaires de la Russie mais aussi des Etats membres de l’OTAN. Il en est de même de la campagne visant à faire de la Chine un pays menaçant alors même que les EU et l’OTAN disposent dans le Pacifique de 21 sous-marins d’attaque et 8 SNLE (Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engins), dont chacun peut être porteur d’une cinquantaine d’armes nucléaires. »
En Ukraine, les EU menacent d’une guerre... nucléaire !
D’autres informations sont également particulièrement inquiétantes. Roger Wicker, membre de la Commission pour les services armés du Sénat des États-Unis, a déclaré dans une interview à Fox News (8 décembre) qu’il n’excluait pas une intervention militaire directe des EU contre la Russie pour « défendre l’Ukraine » et, sans que l’intervieweur le lui ait demandé, a ajouté : « Vous savez que nous n’excluons pas l’action nucléaire en premier usage », c’est-à-dire d’utiliser les premiers les armes nucléaires. Les Ukrainiens ont déjà reçu 2,5 milliards de dollars d’aide militaire Etats-uniennes, 88 tonnes de munitions et le soutien de 150 conseillers militaires. La Finlande, membre de l’UE et partenaire de l’OTAN, a passé commande de 64 chasseurs F-35A de Lockheed Martin, pour un coût global (appareils + infrastructures + maintenance) de 28,4 milliards de dollars. Il s’agit d’avions nucléaires d’attaque qui seront déployés à 200 km de Saint-Pétersbourg !
Un renforcement des alliances des EU dans l’Océan Indien
Cela fait suite au renforcement de l’alliance militaire dite AUKUS (Australie-Royaume-Uni-EU) par la vente de sous-marins nucléaires (à uranium fortement enrichi) des EU à l’Australie, en septembre dernier, qui s’ajoute au « QUAD » réunissant les EU, le Japon, l’Australie et l’Inde (que la France soutient puisque sa marine patrouille aux côtés de celle de ces pays, dans la mer de Chine). Les Etasuniens n’ont que faire du Traité de Non-Prolifération des Armes Nucléaires... qu’ils ont pourtant mis en place ! Concernant les Australiens, n’auraient-ils pas mieux à faire ? Investir dans le social : leur taux de pauvreté étant supérieur (12,8%) à la moyenne de l’OCDE (11,9%) ? Prévenir les méga-feux : ceux de 2019 ayant eu des conséquences énormes sur la faune, la flore et les espèces endémiques ainsi que sur les populations déplacées ? Mettre fin à l’extraction charbonnière ? Entre la préservation de l’environnement et la guerre, il faut faire des choix...
Quand Biden réunit la Colombie, l’Inde et le Brésil pour « la démocratie »
L’enrôlement par les EU de ses alliés dans la militarisation et la préparation de nouvelles guerres ose tout : c’est d’ailleurs à ça qu’on le reconnaît. Ainsi, les 9 et 10 décembre, Joe Biden a organisé un sommet virtuel pour « la démocratie ». Des représentants de 110 pays y ont été invités. Parmi eux, de nombreux chefs de gouvernements d’Occident mais aussi... de Colombie, d’Inde ou du Brésil ! Pourtant, en Colombie, en 2020, plus de 250 dirigeants indigènes, militants des droits, écologistes ou anciens combattants des Farc ont été assassinés. Au cours du premier semestre de cette année, ce nombre a déjà dépassé 350. En Inde, des camps ont été construits dans le nord du pays pour y interner deux millions d’immigrants illégaux. Les organisations de défense des droits de l’homme y sont de plus en plus prises à partie. Au Brésil, 3 000 opposants politiques ont été tués et des dizaines de milliers torturés depuis 2019 ; plus de 60 000 Brésiliens sont tués par des armes à feu chaque année.
La « démocratie », le prétexte d’une nouvelle « guerre froide »
Les États-Unis eux-mêmes sont le plus grand fournisseur d’armes à toute une série de dictatures brutales. Le budget de la guerre des EU pour 2022 a été voté à 778 milliards de dollars, ce qui est une nouvelle augmentation. En matière militaire, Biden dépasse Trump. À Guantánamo, ils ont maintenu ouvert un camp où, depuis près de vingt ans, 780 personnes ont été détenues et torturées sans procès. Les tentatives étasuniennes d’instaurer « la démocratie » en Afghanistan, en Irak, en Syrie ou en Libye ont tourné à la catastrophe humanitaire. En tout état de cause, les EU n’ont aucune légitimité pour donner des leçons de « démocratie ». Mais, en raison du développement économique et technologique rapide de la Chine, ils risquent aujourd’hui de perdre leur suprématie. Biden veut éviter cela à tout prix : c’est pourquoi il forme un bloc, avec des pays choisis parce qu’ils acceptent une nouvelle « guerre froide ».
C’est de Paix dont nous avons besoin, pas de cette nouvelle « guerre froide »
Alors que l’humanité est menacée par une catastrophe écologique d’ampleur inédite, alors que la pandémie du Covid-19 exige une politique de coopération mondiale, c’est de paix dont nous avons besoin, pas de cette nouvelle « guerre froide ». Qui veut la paix ? La Russie a remis aux EU, le 15 décembre dernier, le projet d’un Traité et d’un Accord pour désamorcer la croissante tension entre les deux parties. On attend toujours la réponse des EU...
Pierre-Olivier Poyard, membre du Conseil National du Mouvement de la Paix,
auteur de Osez la Paix, éditions Le Temps des Cerises, 2021,