Fils du mouvement ouvrier et de la Guerre d’Espagne, je reste au PCF parce que je crois en un avenir pour un communisme de lutte des classes, ouvert, unitaire, créatif, d’innovations révolutionnaires. Je n’ai aucune nostalgie du passé, de ce qui a échoué, mais le PCF perdrait à se « décommuniser », à se décaféiner.
La spécificité de la crise que nous vivons : civilisationnelle, anthropologique, systémique... exige, pour la survie des individus comme de la planète, des réponses « radicales », de rupture, antidotes au capitalisme. Des réponses politiques, économiques, sociales, culturelles, écologiques, étroitement imbriquées. En Amérique latine, des militants de plus en plus nombreux travaillent sur « l’éco-socialisme ».
Hier, les communistes avaient un attachement presque filial à leur parti qu’ils considéraient comme quasiment infaillible. Les temps, les pratiques... ont changé, mais le bilan reste très préoccupant. Depuis plus de vingt ans, le PCF est confronté au vieillissement, à son manque de visibilité, d’attractivité, à son affaiblissement, comme s’il n’était plus qu’une fin de propulsion historique. Le PCF vit désormais une faible insertion dans les couches populaires, des départs d’adhérents, la plupart sur la pointe des pieds. Nombre d’adhérents du PCF vivent un « mal-être » qui peut déboucher sur le repli sectaire ou la recherche de boucs émissaires extérieurs aux difficultés internes. Pour le plus grand nombre, le PCF ne fait plus rêver, ne porte plus ni la colère ni l’utopie. Et pourtant, dans le spectre politique français, reconnaissons-lui le courage de soutenir le Venezuela, la Palestine, le peuple kurde, Cuba ...
Aujourd’hui, Mélenchon sert désormais, pour nombre de militants communistes, de repoussoir commode... Cette voie me paraît sans issue, sans avenir. Nous devons d’abord « balayer chez nous », ne pas rater trop de trains... Il est trop facile de dire : c’est la faute au voisin. Communiste, je considère Mélenchon comme un atout et non comme un handicap, et ce, malgré le rejet de militants excédés par son attitude actuelle envers les communistes.
Je souhaiterais de sa part une meilleure compréhension de la planète communiste et un peu moins d’esprit « hégémonique ». Nous sommes « condamnés » (le mot ne convient pas) à construire ensemble, et avec toutes les forces qui veulent en finir (dépasser, rompre, etc.) avec le capitalisme, ou à échouer ensemble. La situation actuelle recèle à la fois de lourds dangers, à commencer par celui de l’effacement définitif du PCF, mais aussi de fortes potentialités pour un nécessaire redressement, une remobilisation, des communistes. La colère populaire monte, telle la marée...
Oui l’unité est nécessaire afin de construire ENSEMBLE une société nouvelle, mais poser l’unité prioritairement en termes d’appareils devient signe de faiblesse et résulte contreproductif. Envisageons plutôt le rassemblement en perspective d’unité populaire, d’abord « en bas ».
Nous avons besoin d’une « ligne » politique, d’une proposition d’alternatives, enfin claires, dégagées de tout électoralisme ; combatives, plus horizontales, en prise avec les revendications, le « ressenti » de toutes les victimes du capital, pour que grandisse l’idée de changement structurel, de Révolution. On peut se réjouir que le PCF commence à se référer à nouveau à des « fondamentaux », à des « marqueurs », à des termes qu’il relégua pendant des années.
Travaillons ensemble, communistes de toutes sensibilités, à rendre le PCF plus internationaliste, plus révolutionnaire, plus attractif, plus désirable. Travaillons à l’unité dans la diversité, sans attitudes contraires à ce que nous prônons : « l’humain d’abord ». Les soucis d’appareil ne sauraient obérer la relation directe avec le peuple, avec la multitude de ceux qui désirent (oui, le désir !) un autre monde. Ça urge !!
Jean ORTIZ
(Les illustrations et le sur-titre ont été ajoutés par LGS).