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Le Foreign Office du Royaume-Uni tente de couvrir la trace de ses mensonges

Le pire, ce n’est pas le crime, c’est d’essayer de le dissimuler :

Lorsqu’un scandale éclate, la tentative de couvrir le délit est souvent considérée comme encore plus répréhensible que le délit lui-même.

Le gouvernement britannique tente de couvrir le fait qu’il a menti avec ses fausses allégations contre la Russie. Cela entraîne de nouveaux mensonges.

Hier, le chef du laboratoire britannique d’armes chimiques de Porton Down a déclaré que le laboratoire ne pouvait pas établir que le poison utilisé dans l’attaque présumée de Novichok à Salisbury avait été produit par la Russie. Cela a porté un coup sévère aux allégations du gouvernement britannique sur l’implication russe dans l’empoisonnement de Sergej et Yulia Skripal.

Maintenant, le gouvernement britannique essaie de camoufler le fait qu’il a dit que le poison utilisé dans le Salisbury avait été ’produit en Russie’ et que Porton down en avait apporté la preuve. Les médias alignés sur le gouvernement l’aident à enterrer l’affaire.

Nous devons tous faire de notre mieux pour que les nouveaux mensonges soient révélés au grand jour et que les tentatives pour changer l’histoire échouent.

Hier, le Foreign Office britannique a supprimé ceci de son compte Twitter :

Ce tweet du 22 mars, et effacé depuis, faisait partie d’un fil qui résumait la réponse du gouvernement britannique à l’incident de Salisbury, telle que l’ambassadeur britannique en Russie, le Dr Laurie Bristow, l’avait transmise à la communauté diplomatique internationale à Moscou.

Quand la discrète disparition du tweet a attiré l’attention publique, le ministère des Affaires étrangères a reconnu qu’il l’avait effacé :

Quand il s’est avéré mercredi que le tweet avait été supprimé, le Foreign Office a déclaré qu’il avait été effacé parce qu’il ’ ne rapportait pas avec exactitude ’ les propos de Laurie Bristow, l’ambassadeur du Royaume-Uni en Russie, que le tweet était censé citer.

Hmm – ils nous prennent sans doute pour des idiots ...

Tous les tweets du fil étaient entre guillemets, mais aucun n’était une transcription littérale du briefing de l’ambassadeur. Un seul des tweets a été supprimé. Un coup d’œil à la transcription et à la vidéo du briefing montre que tous les tweets, y compris celui qui a été supprimé, ’rapportaient avec exactitude’ la communication. Pour couvrir la déclaration mensongère de l’ambassadeur il a fallu faire au moins un nouveau mensonge.

Le tweet initial disait : ’L’analyse par des experts de renommée mondiale au Laboratoire des sciences et technologies de la défense de Porton Down a clairement indiqué qu’il s’agissait d’un agent innervant Novichok de qualité militaire produit en Russie ...’

La transcription du briefing de Moscou - ’dans les mots exacts qu’il a utilisés’ - est (encore) disponible sur le site web du ministère des Affaires étrangères.

L’ambassadeur, qui lisait un texte écrit, récapitule les événements et dit, selon le texte posté sur le site :

Quatre jours plus tard, les analystes de Porton Down, le laboratoire des sciences et technologies de la défense du Royaume-Uni, ont établi et précisé qu’il s’agissait d’une arme chimique de qualité militaire. De la série Novichok ; un agent innervant, comme je l’ai dit, produit en Russie. Porton Down est un laboratoire accrédité et désigné par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.

..

Premièrement, il ne fait aucun doute que l’arme utilisée lors de l’attaque était l’agent innervant de qualité militaire de la série Novichok. Cela a été confirmé par des spécialistes, nos spécialistes. Une mission de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques se trouve actuellement au Royaume-Uni pour confirmer cette analyse de manière indépendante.

Il ne fait aucun doute que Novichok a été produit en Russie par l’État russe.

La dernière ligne du texte - ’dans les mots exacts qu’il a utilisés’ - est un mensonge. Voici ma transcription d’une courte vidéo du Foreign Office du briefing (copie sauvegardée) qui inclut les deux derniers paragraphes cités ci-dessus, sans coupures :

.... il ne fait aucun doute que l’arme utilisée dans l’attaque était l’agent innervant de qualité militaire de la série Novichok. Cela a été confirmé par des spécialistes, nos spécialistes. La mission de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques se trouve maintenant au Royaume-Uni pour confirmer cette analyse de manière indépendante.

Il ne fait aucun doute que le Novichok a été produit en Russie par l’État russe.

La transcription écrite du briefing ’dans les mots exacts qu’il a utilisés’ dit ’.... que Novichok a été produit...’. A 0h20 dans la vidéo, j’entends clairement l’ambassadeur dire ’.... que le Novichok a été produit...’. Une différence apparemment minime mais en réalité très importante.

La personne qui a écrit les sous-titres officiels de la vidéo officielle du ministère des Affaires étrangères est d’accord avec ce que j’ai entendu et retranscrit.

L’ambassadeur a bien mentionné ’le Novichok’, le Novichok dont il a spécifiquement parlé plus tôt dans sa communication. Le Novichok qui a été analysé par Porton Down. La transcription sur le site Web du ministère des Affaires étrangères omet l’article défini ’le’. Cela donne l’impression que l’ambassadeur a fait référence au Novichok en général et non à la substance particulière que le laboratoire a analysée.

Le tweet effacé était une interprétation fidèle de ce que l’ambassadeur avait dit, il ’rapportait avec exactitude’ ses paroles. La transcription que le ministère des Affaires étrangères a affichée sur son site Web est mensongère. L’ambassadeur a clairement accusé la Russie d’avoir produit la substance que Porton Down a analysée.

Trois jours plus tôt, le patron de Bristow, le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, avait proféré le même mensonge (vidéo à 5:32) lors d’une interview à DW.

Porton Down a maintenant déclaré qu’il n’avait jamais rien affirmé de tel. La déclaration de l’ambassadeur était fausse. Le ministère des Affaires étrangères tente de dissimuler cela en supprimant son tweet et, en publiant une transcription pas tout à fait exacte, il ne fait qu’accentuer la fausseté des allégations initiales.

Dans le briefing, l’accent est mis sur les mots ’produit en Russie’. L’expression revient quatre fois.

...

Les affirmations de la Russie selon lesquelles Novichok aurait pu être produit ailleurs n’ont aucune crédibilité. Nous ne disposons d’aucune information indiquant que cet agent aurait pu être produit ailleurs qu’en Russie. Nous n’avons donc aucun doute que l’agent innervant a été produit en Russie.

...

Ainsi, le fait que le Novichok a été produit en Russie, le fait que la Russie a une histoire d’assassinats commandités par l’État et le fait que la Russie a réagi par la méthode habituelle de la désinformation et du déni ne nous a pas laissé d’autre choix que de conclure que nous sommes confrontés à un usage illégal de la force par l’État russe contre le Royaume-Uni.

Le ministère des Affaires étrangères essaie maintenant de prétendre que la répétition de l’expression ’produit en Russie’ faisait seulement référence à des décennies de recherche et de développement en Union soviétique, et non à l’affaire ’Skripal’. Mais les détails surlignés montrent qu’il n’en est rien. Tous ceux qui ont écouté l’ambassadeur du Royaume-Uni ont bien compris qu’il parlait de la substance spécifique analysée par Porton Down.

En fait, ce paragraphe de la communication de l’Ambassadeur Bristow comprend plusieurs autres mensonges. Les agents ’Novichok’ peuvent être et ont été produits dans d’autres pays que la Russie.

En 2016, cinq agents innervant de la série ’Novichok’ ont été synthétisés par des scientifiques iraniens en coopération avec l’OIAC. Les détails de leur production ont été publiés. En 1998, le Edgewood Chemical and Biological Center de l’armée américaine aproduit et catalogué des agents ’Novichok’. Le centre a fait enregistrer les données sur les substances à la National Institute of Standards and Technology Mass Spectral Library. Les données ont été supprimées par la suite et les diplomates américains ont reçu l’ordre d’empêcher toute discussion internationale sur les agents ‘Novichok’.

Les laboratoires militaires étasuniens d’armes chimiques travaillent en étroite collaboration avec Porton Down. Porton Down continue de recevoir des dizaines de millions de dollars de l’armée étasunienne pour ses expériences sur les armes chimiques, dont des tests sur les animaux. Le gouvernement britannique savait certainement que les agents ‘Novichok’ peuvent être et ont été produits par d’autres acteurs que la Russie.

Les médias britanniques et étasuniens se sont alignés sur la campagne anti-russe en cours et minimisent maintenant les accusations antérieures du gouvernement britannique.

BBC Radio 4 news a fait cette tentative comique à 6h31 aujourd’hui :

.... la Russie a demandé la tenue de cette réunion pour répondre à la suggestion du gouvernement britannique selon laquelle elle serait à l’origine de l’empoisonnement...

Le gouvernement britannique est loin d’avoir fait une simple ’suggestion’. Son ambassadeur et d’autres officiels ont affirmé catégoriquement que la Russie était coupable :

’.... le fait que le Novichok ait été produit en Russie... ne nous a pas laissé d’autre choix que de conclure... ’

Le New York Times d’aujourd’hui utilise également la formule ’suggestion’ (on se demande qui lui a ‘suggéré’ de le faire) :

Les autorités britanniques ont blâmé la Russie pour l’empoisonnement du 4 mars, et le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson a suggéré qu’il était ’plus que probable’ que le président Vladimir V. Poutine ait ordonné l’attaque.

Le 16 mars, lorsque le NYT a rendu compte pour la première fois au des accusations de Johnson contre la Russie, on était bien loin de la simple ‘suggestion’ :

Les remarques de M. Johnson constituaient une escalade importante dans le conflit entre Londres et Moscou, reliant directement le dirigeant russe à l’empoisonnement de Sergei V. Skripal et de sa fille, Yulia, dans la ville anglaise de Salisbury.

La première ministre britannique elle-même est allée beaucoup plus loin que de simplement ‘suggérer’ que la Russie était coupable :

Le gouvernement a conclu qu’il était fort probable que la Russie soit responsable de l’acte perpétré contre Sergei et Yulia Skripal.

Sur la base de cette ‘conclusion’, le gouvernement britannique a expulsé 23 diplomates russes de leur ambassade à Londres. Cela n’avait rien d’une ‘suggestion’.

Off-Guardian note qu’une autre tactique pour détourner l’attention des fausses allégations antérieures est maintenant à l’œuvre ; elle consiste à accuser la Russie de ne pas avoir coopéré à l’enquête :

L’hystérie flagrante du Royaume-Uni au cours des dernières semaines, les cris de guerre, les insultes et les crachats sont tous balayés et remplacés par l’idée que le Royaume-Uni a demandé sa coopération à la Russie et qu’elle a refusé, préférant se livrer à de sordides insinuations.

Prétendre que la Russie n’a pas coopéré est un nouveau mensonge pour couvrir ceux qui ont été éventés. La Convention sur les armes chimiques, que la Grande-Bretagne et la Russie ont signée, dicte les procédures à suivre en cas d’allégations d’armes chimiques. Elles prévoient l’implication de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).

C’est le gouvernement britannique qui a rejeté la participation de l’OIAC à l’enquête. Et c’est l’insistance de la Russie qui l’a contraint à le faire :

Le ministre russe des Affaires étrangères, M. Lavrov, a ajouté qu’un cas d’utilisation présumée d’armes chimiques devait être traité par la voie appropriée, à savoir l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) - dont la Russie et la Grande-Bretagne sont membres.

’Dès que les rumeurs selon lesquelles l’empoisonnement de Skripal impliquait un agent produit par la Russie, rumeurs répandues par la quasi-totalité des dirigeants anglais, nous avons envoyé une demande officielle pour avoir accès à ce composé afin que nos experts puissent le tester conformément à la Convention sur les armes chimiques’, a déclaré M. Lavrov. Jusqu’à présent, la demande a été ignorée par la partie britannique, a-t-il ajouté.

La demande du gouvernement britannique à l’OIAC a été envoyée le 14 mars, dix jours après l’incident, deux jours après que la première ministre a fait ses accusations ’hautement probables’ contre la Russie et un jour après que Lavrov a insisté publiquement pour que l’OIAC soit impliqué.

C’est évidemment le gouvernement britannique qui a d’abord rejeté l’implication de l’OIAC et non le Kremlin.

L’OIAC est, selon la loi, une agence technique et non un tribunal. Il publiera une évaluation technique de l’agent concerné et non un jugement sur la responsabilité ou la culpabilité.

Les efforts du ministère des Affaires étrangères pour couvrir les mensonges du gouvernement britannique sur cette affaire ont d’ores et déjà échoués. Les efforts des médias pour réduire les violentes accusations initiales contre la Russie à simples ’suggestions’ sont tout simplement comiques. Les allégations selon lesquelles la Russie a tenté d’empêcher ou de retarder une enquête internationale sérieuse sont également mensongères. C’est la Grande-Bretagne qui a d’abord refusé de faire appel à la CAC et à l’OIAC.

Le comportement actuel du gouvernement britannique est l’aveu même qu’il n’a pas de dossier et qu’il a menti dans ses déclarations officielles au monde entier. Il essaie maintenant de couvrir ses traces avec d’autres mensonges.

Sur quoi d’autre le gouvernement britannique nous ment-il encore ?

Moon of Alabama

Traduction : Dominique Muselet

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En finir avec l’eurolibéralisme - Bernard Cassen (dir.) - Mille et Une Nuits, 2008.
Bernard GENSANE
Il s’agit là d’un court ouvrage collectif, très dense, publié suite à un colloque organisé par Mémoire des luttes et la revue Utopie critique à l’université Paris 8 en juin 2008, sous la direction de Bernard Cassen, fondateur et ancien président d’ATTAC, à qui, on s’en souvient, le "non" au référendum de 2005 doit beaucoup. La thèse centrale de cet ouvrage est que l’« Europe » est, et a toujours été, une machine à libéraliser, au-dessus des peuples, contre les peuples. Dans "La fracture (…)
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