RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

UE, Espace Schengen pour les forces de l’Otan (Il Manifesto)

La Commission européenne a présenté le 28 mars le Plan d’action sur la mobilité militaire, “En facilitant la mobilité militaire à l’intérieur de l’Ue -explique la représentante des affaires étrangères de l’Union, Federica Mogherini- nous pouvons réagir plus efficacement quand surgissent les défis”. Même si elle ne le dit pas, évidente est la référence à l’”agression russe”.

Le Plan d’action a été mis en œuvre en réalité non pas par l’UE, mais par le Pentagone et par l’Otan. En 2015, le général Ben Hodges, commandant des force terrestres étasuniennes en Europe (U.S. Army Europe), a requis l’institution d’ “un Espace Schengen militaire” afin que les forces EU, pour faire face à “l’agression russe”, puissent se déplacer avec la plus grande rapidité d’un pays européen à l’autre, sans être ralenties par des règlements nationaux et des procédures douanières. Cette requête a été faite précisément par l’Otan : le Conseil Atlantique-Nord, réuni le 8 novembre 2017 au niveau de ministres de la Défense, a demandé officiellement à l’Union européenne d’”appliquer des législations nationales qui facilitent le passage de forces militaires à travers les frontières” et, en même temps, d’ ”améliorer les infrastructures civiles de façon à les adapter aux exigences militaires”.

Le 15 février 2018, le Conseil Atlantique-Nord au niveau de ministres de la Défense a annoncé la constitution d’un nouveau Commandement logistique Otan pour “améliorer le mouvement en Europe de troupes et équipements essentiels à la défense”.
À peine plus d’un mois après, l’Union européenne a présenté le Plan d’action sur la mobilité militaire, qui répond exactement aux requêtes établies par le Pentagone et par l’Otan. Il prévoit de “simplifier les formalités douanières pour les opérations militaires et le transport de marchandises dangereuses de type militaire”.

Ainsi se prépare “l’Espace Schengen militaire”, avec la différence que ce ne sont pas des personnes qui circulent librement mais des chars d’assaut. Mais déplacer des blindés et autres véhicules militaires sur route et sur voie ferrée n’est pas la même chose qu’y faire circuler des véhicules et trains normaux. On doit pour cela supprimer “les actuelles barrières à la mobilité militaire”, en modifiant “les infrastructures non adaptées au poids et aux dimensions des engins militaires, notamment ponts et voies ferrées présentant une insuffisante capacité de charge”. Par exemple, si un pont n’est pas en mesure de supporter le poids d’une colonne de blindés, il devra être renforcé ou reconstruit.

La Commission européenne “identifiera les parties du réseau trans-européen des transports adaptées au transport militaire, en établissant les modifications nécessaires”. Celles-ci devront être effectuées le long de dizaines de milliers de kilomètres du réseau routier et ferroviaire. Cela demandera une énorme dépense à charge des pays membres, avec une “possible contribution financière de l’UE pour ces opérations”.

Ce sera de toutes façons toujours nous, citoyens européens, qui paierons ces “grands ouvrages”, inutiles pour des usages civils, avec de conséquentes coupes dans les dépenses sociales et les investissements en oeuvres d’utilité publique. En Italie, où se raréfient les fonds pour la reconstruction des zones sinistrées par les tremblements de terre, on devra dépenser des milliards d’euros pour reconstruire des infrastructures adaptées à la mobilité militaire. Les 27 pays de l’UE, dont 21 appartiennent à l’Otan, sont maintenant appelés à examiner le Plan. L’Italie aurait donc la possibilité de le rejeter. Ce qui cependant signifierait, pour le prochain gouvernement, s’opposer non seulement à l’UE mais à l’Otan sous commandement des EU, en commençant à se détacher de la stratégie qui, avec l’invention de la menace russe, prépare la guerre, véritable celle-là, contre la Russie.

Ce serait une décision politique fondamentale pour notre pays mais, étant donnée la sujétion aux EU, elle reste dans le domaine de la politique-fiction.

Manlio Dinucci

Edition de mardi 3 avril 2018 de il manifesto

Traduit de l’italien par M-A P.

3 avril 2018

»» https://ilmanifesto.it/ue-area-schengen-per-le-forze-nato/
URL de cet article 33165
   
Même Thème
L’horreur impériale. Les États-Unis et l’hégémonie mondiale
Michael PARENTI
Enfin traduit en français. Notes de lecture, par Patrick Gillard. La critique de l’impérialisme made in USA La critique de l’impérialisme américain a le vent en poupe, notamment en Europe. Pour preuve, il suffit d’ouvrir Le Monde diplomatique de novembre 2004. Sans même évoquer les résultats des élections américaines, dont les analyses paraîtront en décembre, le mensuel de référence francophone en matière d’actualité internationale ne consacre pas moins de deux articles à cette (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Sous une dictature, il y a une chose pour laquelle nous avons plus de chance que vous en Occident. Nous ne croyons à rien de ce que nous lisons dans la presse, à rien de ce que nous voyons à la télévision, parce que nous savons que c’est de la propagande et des mensonges. Contrairement aux Occidentaux, nous avons appris à voir au-delà de la propagande et à lire entre les lignes et, contrairement à vous, nous savons que la vérité est toujours subversive.

Zdener Urbanek

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.